La dimension identitaire du rugby se fonde aussi largement, cela va sans dire, sur les prouesses de l'équipe nationale et, en tout premier lieu, sur la triomphale tournée que l'équipe nationale (surnommée "The Originals", composée de 27 joueurs sélectionnés, blancs, maori et métis, portant un maillot noir frappé d'une feuille de fougère argentée), effectua dans les îles britanniques et en France en 1905-1906 (l'écrivain Lloyd Jones la relate puissamment dans son roman intitulé "The Book of Fame" [note 21. Penguin, Auckland, 2000], par le biais de la voie narrative collective des personnages-rugbymen).
Plutôt que de supprimer ces sports collectifs autour d'un ballon, ces pensionnats et leur proviseur (on pense à Thomas Arnold, qui dirigea Rugby School de 1838 à 1841) décidèrent de les organiser, promettant aux parents de ces nouveaux pensionnaires une éducation chrétienne, une formation à la discipline et aux bonnes manières, un contrôle des comportements potentiellement anarchiques, tous principes qui feraient de leurs fils des "gentelmen of manners". Ce type d'éducation sera décrit dans le classique "Tom Brown's School Days", de Thomas Hughes (1857), ancêtre, peut-on dire, de la littérature de pensionnat qui va voir son apogée avec Harry Potter: l'auteur y donne des descriptions très vivantes de la pratique scolaire du rugby.
En Grande-Bretagne, par exemple, le folk football voyait s'affronter, dans les rues des villes ou dans les près, des hommes avec parfois la contribution des femmes, avec ou sans cheval ou crosse, au gré des rites religieux et des festivités villageoises, en quête d'amusement ou parfois d'occasions de régler des querelles, dans des pugilats sans aucune règle, sans aucun contrôle du nombre de participants, ni même sans spectateurs car ceux-ci, mal vus, se retrouvaient enrôlés dans la bagarre. l'anarchie qui prévalait à ces affrontements de "hordes" entraînait moult blessures, souvent fatales. le folk football s'éteignit au cours du XVIIIè siècle, sans que, pour autant, les jeux de balle ne perdent de leur popularité bagarreuse.