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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'ai entendu quelques parts ("Le Patient anglais") que le coeur est un organe de feu. Je présume que cela voulait dire qu'à la fois il nous procure chaleur et quiétude mais aussi douleurs et peines. Anna Karenine est un livre sur deux voies, deux itinéraires de deux coeurs (et on découvre cela clairement à la fin de la lecture) celui d'Anna Arkadiévna et celui de Constantin Lévine. Un coeur qui a mené à la paix de l'âme et l'amour de tous, et un coeur qui a conduit à la haine et au désespoir.

Pour ce faire, il fallait tout un décor pour voir ce mouvement des deux coeurs (comme l'astuce des nuages derrière les avions dans l'un des films de Howard Hughes montrant le mouvement avec plus de réalité). le mouvement du coeur d'Anna a commencé par un regard et un friselis ; un sentiment d'euphorie à la découverte de l'amour après une existence misérable sentimentalement. Cet émoi devient une passion coupable. Par ailleurs, le chemin du coeur de Lévine est tout le contraire. C'est à la fin du parcours qu'arrive ce coup de foudre (fortuit ? aucunement, il s'agit d'un résultat) qui lui apporte un éclaircissement pour comprendre le sens de sa vie et lui fait découvrir le but de son existence.

Ainsi Anna Arkadiévna dans le second tome essaie de rendre sa situation plus acceptable au vue de la société hypocrite qui l'entoure. Les femmes la condamnant non pas parce qu'elle mène une relation adultère mais parce qu'elles n'ont pu l'imiter et acceptent de vivre dans le chagrin et l'ennui de leur ménage. Son coeur cherche le confort et le bonheur dans cet amour coupable. Mais elle ne peut le faire ; elle perd ce qui a le plus compté pour elle au début. Elle a perdu la foi, sa conviction que Vronski l'aimait, que les sacrifices peuvent lui apporter le bonheur auquel elle aspirait, que tout pouvait aller comme elle le désirait. Elle n'en pouvait plus !

Du côté de chez Lévine c'était différent. Ses relations avec le monde était difficiles ; nébuleuses. Sa vie interne et ses opinions singulières ne pouvaient le rapprocher des communs. Il n'était pas le meilleur des hommes (il le sait et ne le nie pas) mais il était différent. Il a vécu ce tiraillement entre la tentation de se frotter à la société qui l'entourait et l'appel de la solitude. Il cherchait où réside le sens de son existence et la paix de l'âme qui en résulte. A la compagne, aux champs, à la ville, dans les bals, dans les discussions et la vie mondaine ; partout il a cherché. Et comme pour l'inspiration, cette illumination est venue au moment qu'il ne s'y attendait plus !

Tout au long du roman, Tolstoï expose les idées les plus singulières sur le mariage, l'éducation, les relations humaines, l'art contemporain, la politique, la religion, la guerre…variant les points de vue selon ses personnages, et menant les oppositions dans les dialogues et les pensées internes. Avec art, il a su amuser son lecteur avec les épisodes les plus divers (partie de chasse, visite chez le portraitiste, maladie du frère de Lévine, aveu d'amour manqué de l'autre frère, les scènes de ménage entre Vronski et Anna, la découverte de la foi de Karénine, la visite de Stiva chez ce dernier, l'accouchement de Kitty, les crises de jalousie de Lévine, sa visite chez Anna, le désespoir de cette dernière et sa visite de la gare, les pensées de Lévine à la fin et sa discussion avec son frère concernant la guerre…) introduisant à chaque fois un nouvel invité. Deleuze dit dans son Abécédaire qu'on apprécie les gens par leur sens de l'humour, celui de Tolstoï est d'une finesse sublime. du reste, l'auteur russe ; en pleine possession de ses talents exprime et dépeint le tragique et le comique avec beaucoup de justesse et de profondeur, sans jamais exagérer ; ainsi la scène finale de la septième partie est un sommet du pathétique, alors que celle de Stiva qui s'endort devant les sermons de Lydie est hilarante.

Ce qui fait de ce roman une oeuvre universelle, intemporelle et immortelle est le fait de présenter les événements et les conflits humains ainsi que les sentiments profonds d'une manière qui parle à tous et qui touche les lecteurs les plus différents.
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C'était donc avec enthousiasme que je m'attaquais à ce tome 2.
Cela commençait bien, avec Levine et Kitty pour qui, je l'avoue, j'ai une petite faiblesse de coeur, Levine étant mon personnage préféré dans tous ceux que j'ai croisés ici, criant de la vérité autobiographique de Tolstoï, forcément...

Cependant, au fur et à mesure que j'avançais, j'ai eu de plus en plus de mal à reprendre ce livre... En fait, tous les passages avec Anna et Vronski ont commencé à m'agacer sérieusement, j'ai trouvé Anna de plus en plus désagréable et incohérente. Je sais, c'est pas la réaction la plus évidente (j'ai vu passer pas mal d'empathie et de compréhension pour elle, mais moi j'ai juste eu envie de lui fiche des baffes pendant tout le second tome), mais c'est la mienne. J'ai davantage compris les réactions de Vronski face à son délire, j'ai donc eu plus de compassion pour lui que pour elle... Ce qui est plus ou moins le monde à l'envers, vu qu'au départ, Anna, éprise de vérité et de liberté, me plaisait vraiment beaucoup, et que je trouvais Vronski superficiel et antipathique.

Je sais pourquoi, hein. C'est pas un secret. J'ai un vécu difficile face au chantage au suicide et à la souffrance et au chantage à l'amour, "si tu m'aimais tu serais..." qui fait que... Merci papa merci maman... La liberté, ça vaut pour tout le monde, et pas que pour soi, madame Karénine "je vois que mon nombril". C'est pas parce qu'on a souffert et qu'on souffre que ça nous donne tous les droits, non mais... C'est un bouquin qui parle aux tripes, hein ! ;-)

Du coup, j'ai pas mal galéré sur ce second tome.
Jusqu'à ce que je réalise (à partir des 3/4 du tome) que c'était voulu par Tolstoï. Non mais quel talent !!!

Pour finir, le personnage principal de ce roman, c'est l'aristocratie russe, la société russe que nous décrit Tolstoï avec tant de brio... Anna n'en est qu'une infime poussière qui cristallise tout ce qu'elle a de dramatique et de faux, de "paraître", en étant elle-même un archétype des contradictions, voire de la folie que peut engendrer la vie dans de telles conditions. Une simple poussière balayée par le vent, comme en témoignent les derniers chapitres, qui m'ont été un vrai pensum à lire, sisi, mais je tenais à aller jusqu'au bout, j'allais pas m'arrêter à quelques pages du mot "Fin" !

Bref, malgré mes difficultés, je ne peux que saluer l'immense talent de Tolstoï, ressentir tant d'émotions diverses intenses quand on lit un livre, ce n'est pas si courant.
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Anna Karénine, tome II
Léon Tolstoï, 1873-1875, Iasnaïa Poliana

Autant j'abdique pour résumer Anna Karénine, cette oeuvre charnelle immense d'un des plus grands écrivains que la terre ait jamais portés, que je vois comme Maillet-Joris, Anna Karénine c'est Tolstoï dans sa démesure, se cassant le nez sur l'inaccessibilité de la femme et sur la vérité des hommes jusqu'à sa mort, autant je crois possible d'aborder Tolstoï, non par sa face nord, mais humblement, par le détour d'une séquence où il nous surprend toujours, étant sûr de ce qu'on peut dire sur lui, d'ailleurs comme lui quand il disait : " Il ne faut écrire que lorsqu'on sent en soi quelque chose d'absolument nouveau, d'important, qu'on voit mais qui est inintelligible aux autres, et que le besoin d'exprimer cette chose ne vous laisse pas en repos"

Nous sommes dans le drame, la rupture entre les deux protagonistes Anna et Vronski se consomme sous nos yeux ; extérieurement c'est à peine perceptible, il faut suivre ici ! Un petit détail très tolstoïen dans sa manière d'éclairer la scène, manifestement plus littéraire que théâtrale, nous renseigne sur l'état de leur relation :

"Elle avala quelques gorgées de café : le bruit de ses lèvres et le geste de sa main qui tenait la tasse le doigt levé agaçaient évidemment Vronski ; elle s'en aperçut en lui jetant un regard à la dérobée".

On se souvient qu'un autre détail ainsi avait cristallisé le sentiment cette fois en amont de leur relation, après une conversation nocturne entre elle et lui, quand elle regarde du wagon la gare de Petersbourg, où elle se rend compte soudain que Karénine, c'est frappant, a les oreilles décollées.

Ainsi, il en va de la vie des hommes. Perso, je n'ai pas vu en lisant cela le drame égal pour les deux protagonistes -est-il égal une fois d'ailleurs, oui comme le temps d'un baiser à la Munch ? C'est la chute immanquable pour Anna ; quant à Vronski, Tolstoï a un regard plus détaché, presque indigne de considération tant la différence est frappante : le beau rôle dans sa détresse est celui d'Anna. C'est aussi une pierre dans le jardin de ceux qui osent conclure que Tolstoï était misogyne.

Que reste-t-il de cette relation ? Comme le vers du poète : "Seule la rose est assez fragile pour exprimer l'éternité"

Georg Lukacs le philosophe dans son Tolstoï dit à ce propos des choses avec ravissement et pertinence :
" de tels détails sont dramatiques au sens le plus profond du terme : ce sont des objectivations visibles, palpables, vécues violemment, de tournants spirituels significatifs dans la vie des hommes. c'est pourquoi ils n'ont rien de la mesquinerie des détails, aussi parfaitement observés soient-ils, des écrivains récents, détails qui en soi ne sont que des observations, mais n'ont pas de véritable fonction dans l'action. C'est justement la spécificité de Tolstoï que de permettre, par une concentration de la sorte, d'intégrer de telles scènes, avec leur dynamique dramatique interne, dans le grand flot large et tranquille du récit. Elles animent ce flot, elles le structurent, sans empêcher son écoulement ultérieur large et tranquille .."

Je me permettrais votre honneur, Monsieur le philosophe juste d'appuyer votre analyse sur un point : "le détail n'était chargé de n'intégrer de telles scènes", il était l'éclairage de la scène, nullement descriptif, impressionniste ..
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Je ne suis ni une femme de Lettres, ni une critique littéraire ou un libraire. Je conçois donc que cela puisse paraître pompeux de faire un billet sur un MÉGA chef d'oeuvre du XIXème siècle et je prie d'excuser nos connaissances écrivains, critiques et autres si ces considérations leur apparaissent comme illégitimes…



Anna Karenine a été mon partenaire pendant 4 semaines de passion et je suis très triste aujourd'hui de devoir passer à autre chose. Vraiment, à tel point que je ne sais absolument pas quoi lire maintenant. Heureusement, mais heureusement, que Tom la Patate et une collègue du bureau me l'ont recommandé, sinon je serais passée à côté de cet ouvrage absolument… Grandiose, à tout point de vue.



Ce livre, qui pourtant date de 1877, est extrêmement moderne et a pour mérite de nous initier de façon limpide à la littérature russe. Selon moi, c'est une littérature assez compliquée à appréhender car il y a souvent une foule de personnages, chacun ayant plusieurs noms selon les contextes (et des noms pas simples pour nous, occidentaux !). Ne vous laissez pas décourager par les deux tomes et les 1200 pages, car elles se lisent excessivement facilement, chaque tome étant découpé en 3 parties, elles-mêmes découpées en tous petits chapitres.



J'ai pour principe de ne pas raconter l'histoire des livres que nous présentons chez les Coincés chez nous, mais pour fois, je vais y déroger, car il est impossible, avec un tel livre, de ne pas entrer au contact des protagonistes. Certains lecteurs perçoivent cette histoire comme celle de deux couples principaux, avec un troisième en arrière-plan. Ce qui est assurément vrai, puisque d'ailleurs le titre originel voulu par Tolstoï était Deux couples, deux histoires. Mais, personnellement, j'y ai surtout vu l'histoire de deux personnages principaux, qui se trouvent être en couple et en être profondément affectés, d'une façon ou d'une autre.

D'un côté, vous avez la belle Anna Karenine, mariée à un homme (Alexis Karenine) qui se veut sur le principe exemplaire, et mère d'un petit garçon qui s'appelle Serge. Anne mène une vie mondaine et sage, jusqu'au jour où elle rencontre le jeune Comte séducteur Vronski (plusieurs orthographes existent selon les traductions). La passion va littéralement envahir ces deux personnages, au point qu'Anna abandonne mari et fils pour la vivre. A la fois sévèrement jugée par l'aristocratie de l'époque, et en même temps enviée, Anna ne se pardonnera jamais vraiment cet « écart » de vie et le fera payer, inconsciemment puis volontairement, à son amant.

De l'autre côté, vous avez Constantin Lévine, beau, réservé, timide, et fuyant les mondanités. Ce personnage est censé représenter Léon Tolstoï dans son rapport au monde. Fuyant les prétentions de la ville pour vivre dans son immense propriété agricole à la campagne, Constantin s'interroge énormément sur le sens du travail paysan, ainsi que sur le sens de la vie. En perpétuel mouvement intérieur, Constantin évolue lui-aussi, trouvant chez sa jeune femme Kitty, l'amour de sa vie, un début de bonheur.



Ces deux personnages ne se rencontreront qu'une fois, vers la fin du livre. Pourtant, leurs vies sont indéniablement entremêlées. Et ils ont tous deux énormément de points communs. Ils aspirent tous deux à être heureux, à trouver un sens à leurs actions et à ce qu'ils vivent. Ils tombent tous deux follement amoureux, lisent énormément, et sont peu enclins aux mondanités, vivant facilement reclus à la campagne ou dans les petits hôtels du monde… Anna tombe gravement malade lorsque Constantin accompagne son frère dans la mort, Anna lit énormément pour accompagner son amant dans chacune de ses passions (architecture, peinture etc.) quand Constantin lit énormément pour comprendre les différents modèles économiques possibles, le sens et l'ordre des choses. Pourtant, ils se différencient par les chemins qu'ils vont prendre. Malgré elle, Anna va se perdre dans la vanité et la passion : elle ne voudra plus que tester ses charmes, sa féminité, son intelligence. Elle n'arrivera plus à vivre pour elle-même, et cherchera, chez son amant avant tout, la flamme qui lui permettra de tenir debout. Constantin, lui, n'aura de cesse que de refouler les sentiments humains « mauvais » comme la vanité, l'ostentation etc. Il réalisera à la fin que c'est d'ailleurs cette foi en le « bien » des humains qui lui permet de donner un sens à sa vie, et à celle de la famille qu'il construit. J'ignore si la leçon que Tolstoï veut faire passer est que la vanité peut nous tuer, quand la foi peut nous sauver, mais c'est en tout cas ce que j'ai retenu du livre.



Je me suis demandée, pendant la lecture, pourquoi ce livre s'intitule Anna Karenine alors que Constantin Lévine y a une place tout autant importante. Je pense – mais sans prétention – que c'est parce qu'Anna va systématiquement influer sur la vie des gens qu'elle croise, et hélas toujours pour leur malheur. A force de vouloir vivre dans le regard d'autrui, elle « bouffe » littéralement les gens qu'elle rencontre. Son influence est présente tout le livre, y compris malgré elle souvent dans la vie de Lévine. Constantin ne fait pas cet effet nocif aux autres, même s'il les marque, car il n'est pas dans la même quête existentielle narcissique…



Au-delà de cette histoire très détaillée et travaillée, Anna Karenine est un chef-d'oeuvre d'écriture à bien des égards. Les descriptions de la Russie de l'époque sont parfaites, je voyais mentalement les images en même temps que je lisais. Chaque ville, chaque course épique, chaque chasse est décrite avec une précision qui nous fait vivre l'évènement. L'odeur de la terre, les saisons qui défilent, rien n'est laissé au hasard. Et que dire de la façon dont Tolstoï retrace les trajectoires psychiques de ses personnages, y compris dans tout ce qu'ils ont de plus laid. C'est absolument dingue.



Dans le métro, dans le lit, dans le train, dans l'avion, j'ai lu Anna Karenine. Un petit chapitre par-ci, un petit chapitre par-là. J'ai souvent éteint ma Kindle à regret pour passer à une autre activité…



Franchement, sans hésitation, lisez ce livre. Ce serait vraiment dommage de faire une vie de lecteurs en passant à côté d'un tel bijou.
Lien : http://coincescheznous.unblo..
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Chef d'oeuvre et monument de la littérature russe, à travers les parcours de couples et d'individualités, Tolstoy construit un récit dense ou l'itinéraire de personnages hauts en couleurs dans la société russe aristocrate et bourgeoise bien pensante et traditionnaliste. Un destin tragique pour l'héroïne Anna mais une intrigue résolument moderne.
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"En écho à cette tragédie programmée, on entend toute l'âme d'un peuple et les premiers craquements de l'empire russe en train de se lézarder. L'inoubliable Anna Karénine, c'est l'apogée du génie littéraire de Tostoï".
Ce tome est aussi intéressant à lire que le premier. L'histoire est aussi triste.
Ce tome se lit aussi facilement que le premier tome. J'ai autant apprécié ce tome que le premier.
Le style est parfait. Excellente histoire. La couverture ainsi que le titre correspondent à l'histoire.
Roman à lire.
Auteur à suivre
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