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sur 4739 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Quel trouble m'envahit à l'heure d'écrire ce billet !

J'ai lu le premier tome cet été alors que je voyageais en Russie, notamment à Moscou où j'ai pu visiter la maison où Tolstoï s'était retiré avec sa famille, ayant atteint la cinquantaine. Je n'aurais pu souhaiter meilleures conditions pour me plonger dans ce monument de la littérature que je pensais naïvement connaître mais dont, en réalité, on ne m'avait révélé que la partie émergée. Je viens d'achever le second tome et mon émotion est grande. « Anna Karénine » est une grande fresque romanesque comme seuls les Russes savent en écrire, c'est-à-dire en y mêlant de manière totalement inextricable toute la passion, la poésie et le spleen de l'âme slave.

Anna Karénine, bien qu'elle donne son nom au roman, n'est en rien son pivot, c'est du moins mon point de vue. « Anna Karénine » trace la destinée de trois couples : Anna et Vronski, Kitty et Lévine, Stépane et Dolly. Les deux premiers de ces couples forment comme la double hélice d'une chaîne d'ADN unie grâce au troisième. Ils sont parfaitement indissociables les uns des autres ; leurs destinées sont étroitement liées, que ce soit par les liens du sang, les relations sociales ou les sentiments. Parce qu'ils sont trinitaires et indivisibles, ces trois couples vont évoluer ensemble, compter les uns sur les autres et se « nourrir » des uns des autres ; c'est pourquoi Tolstoï a décidé de les aborder ensemble, de front, dans une intermittence narrative ponctuée de croisées de chemins. Ce choix peut, je le conçois, perturber le lecteur en semblant alourdir sa lecture.

La lecture d'une telle oeuvre, je vais être parfaitement honnête, peut quelquefois sembler bien poussive quand l'intérêt de l'auteur s'attache aux personnages qui suscitent chez le lecteur le moins d'intérêt. Mais il faut pardonner au grand auteur qu'est Tolstoï et chercher à comprendre, à assimiler et à accepter qu'un auteur russe ne peut pas s'empêcher d'écrire non pas un roman sur la vie de quelques personnages russes mais un roman sur la société russe dans laquelle évoluent quelques personnages. La Russie est toujours le coeur d'un roman russe ; elle en est toujours le personnage principal et l'on retrouvera ces mêmes fausses digressions et vrais plaidoyers sur l'économie, la politique et les cultures russes chez Dostoievski, Pouchkine, Tourgeniev ou Pasternak, pour ne citer quelques uns de ces grands hommes de lettres qui ont tenté de coucher sur le papier un peu de l'âme russe, celle-la même qui échappe depuis des siècles avec ténacité à tout carcan identitaire, résolue à vivre uniquement dans le coeur des Slaves, notamment par leur folklore et leur poésie.

Revenons à nos couples et passons rapidement sur le synopsis. Anna Karénine est une femme du monde, de la haute société, mariée sans amour et mère de Sérioja. Cette femme, jeune encore, va connaître une grande passion auprès du comte Alexei Vronski, homme riche, libre de toute attache, passionné et lui aussi très épris. Lévine, quant à lui, est un « gentleman farmer » qui n'aime pas Moscou, un vrai rat des champs. Amoureux de la jeune et jolie Kitty, elle-même courtisée par Vronski avant qu'il ne s'éprenne d'Anna, Lévine est un homme torturé, perpétuellement en quête d'idéal, voulant vivre en équilibre et en toute justice avec le monde qui l'entoure mais se connaissant si mal et connaissant l'existence si superficiellement qu'il est emprunté et gauche dans quasiment toutes ses entreprises et est incapable de gérer ses émotions. Stépane, enfin, frère d'Anna et beau-frère de Kitty, grand ami de Lévine, heureux caractère que rien ne semble pouvoir décourager, éternel optimiste, est marié à Dolly, une femme patiente et résignée et dont l'affection pour son époux ne se mesure qu'à l'aune de sa dépendance sociale.

Bien que mon personnage favori soit loin d'être Anna ou Lévine mais bien Stépane (Stiva) sur qui je pourrais développer une thèse dont l'introduction seule aurait le don de vous faire bâiller, je vais seulement vous parler d'Anna. Combien exaspérante et égoïste peut paraître cette héroïne et pourtant, quel courage et quelle beauté renferme son âme. Courage du choix dramatique qui change sa vie, qui la plonge dans une situation désespérante ; beauté de l'amour qu'elle porte à celui auquel elle sacrifie toute son existence.

Anna est généralement jugée égoïste et cruelle. Moi non plus, à la base, je n'ai pas d'affection particulière pour elle et pourtant, me remettant dans le contexte de cette haute société russe de la fin du XIXème siècle, toute pétrie des codes de conduite occidentaux, je ne peux qu'être admirative du courage qu'il lui aura fallu pour se séparer de son époux, renonçant ainsi à sa position sociale, se condamnant à une vie de recluse, se forgeant une réputation indélébile de « femme de mauvaises moeurs ». Traitée en pestiférée par ses cercles, Anna aura peu à peu le sentiment déprimant d'avoir tout donné pour n'être finalement que la dupe « d'un amour qui finit et laisse place à la haine ». Rejetée, doutant de tout et de tous, à commencer par elle-même, Anna, tel un oiseau au ramage sublime, aura voulu prendre son envol, aura cru à la liberté pour choir lamentablement, liée à la réalité de sa condition par le fil invisible de la morale bourgeoise. En un temps où renoncer à son enfant ne signifiait pas convenir d'une garde alternée mais véritablement abandonner la chair de sa chair, en un temps où la bienséance imposait le diktat permanent de l'hypocrisie, en un temps où la femme ne pouvait agir que dans le cadre de la dépendance à autrui, mari ou parents, Anna a osé rêver qu'elle pouvait vivre pour elle-même et se réaliser. Sa vie fut un leurre.

L'histoire d'Anna, comme celle de Lévine, comme celle de Dolly, comme celle de tous les protagonistes de ce magnifique roman, se résume à une quête. Quête du bonheur, mirage parmi les mirages, mal défini, indéfinissable et aussi difficile à atteindre qu'à se le représenter. D'espérances en désillusions, de jouissances en épreuves, d'amours en désamours et de grandeurs en décadences.
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Rien de tel que les grandes vacances pour me plonger dans un bon gros classique.
Cette fois, j'avais décidé que Tolstoï m'accompagnerait un petit bout de chemin.
Disons que c'est plutôt moi qui l'ai suivi, car St-Pétersbourg et sa campagne m'y invitaient follement.
Moscou aussi, à vrai dire, mais St-Pétersbourg me parait encore plus romantique…

Ah la Russie de la fin du 19e siècle! Ses aristocrates superficiels et égocentriques, ses femmes amoureuses et jalouses, ses hommes joueurs et jaloux…de leur liberté, ses paysans roublards, ses amantes voluptueuses et méfiantes, ses commères à la langue vipérine, ses parasites fauchés et vivant aux guêtres des plus riches, ses tuberculeux, ses villes flamboyantes et vicieuses, ses opéras où les mondains se retrouvent pour s'épier, sa campagne abondante où se réfugient les riches et où triment les pauvres…

Quel contexte ! Quel chatoiement de contradictions !
Pleurs, rougeurs (bon Dieu ce que les gens peuvent rougir à tout instant ! ), embrasements, méfiance, colère, transports amoureux, séduction volatile et joueuse, désespoir infini : les personnages eux-mêmes en sont pétris et c'est ce qui fait le sel de ce roman romantique à souhait.
Anna Karénine est belle et elle le sait. Quand elle rencontre Vronsky, c'est l'amour fou qui soufflera tout sur son passage. Elle en oubliera son mari, mais elle a un petit garçon…

Autour de cette icône de la beauté et de la féminité, gravissent des personnages essentiels, tous liés par des liens familiaux ou amicaux, dont nous ferons la connaissance et dont nous suivrons les méandres de la vie sur quelques années.

Roman de la vie familiale et sociale, roman d'amour, « Anna Karénine » est aussi et surtout un roman russe, typiquement russe. L'âme slave y est sublimée et raillée à la fois. La religion, la philosophie, la politique, l'administration, le jeu, tout concourt à créer un écrin où évoluent les aristocrates, englués dans leur ennui ou voulant à tout prix participer au bien de l'humanité.

Je quitte cette « bonne » société, fière de l'avoir fréquentée pendant plusieurs jours, d'avoir côtoyé l'esprit de Tolstoï, russe et romantique.
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Quelle est cette « vérité immortelle » dont parle Dostoïevski à propos du livre de Tolstoï ? N'est-ce pas la passion ?
Un beau classique, un beau style, qui pose une question universelle : Peut-on résister à la passion d'amour ?
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Moscou, fin XIXè. La princesse Dolly s'aperçoit que son mari, le charmant Stiva, haut fonctionnaire, la trompe.
Sa soeur cadette Kitty hésite entre deux prétendants : l'homme de la campagne, franc et loyal Lévine, pour qui penche son père, qui le connaît, puisqu'il est le frère de son beau-fils Stiva, et le « dandy » comte Vronski, arrivant juste de Pétersbourg. Celui-ci veut juste une amourette, mais ne le dit pas, alors que Kitty imagine un engagement sérieux. La princesse, sa mère penche pour le charmeur Vronski.
Au bal, la lumière dégagée par Anna écrase involontairement le succès qu'attendait Kitty auprès de Vronski. Celui-ci, à son tour, est pris au piège de l'amour. Anna, femme mariée, pense qu'elle gâche le futur bonheur de Kitty, et repart précipitamment pour Pétersbourg. Mais Vronski, envoûté, la suit. Or, par malchance, le mari d'Anna, Alexis, haut fonctionnaire "psycho-rigide", ne s'occupe pas d'elle, et Anna, à son tour, est prise au piège de la passion pour Vronski ;elle est comme un poisson qui se débat dans une nasse.
Que fera Anna ? Son cerveau opte pour son devoir d'épouse, mais son coeur incline vers les délices de la passion…..
Sait-elle que la passion est dévastatrice ( passio= souffrir ) ?
Il faut souligner, outre les passages sur l'aristocratie que le comte Léon Tolstoï doit bien connaître, de beaux morceaux sur la Nature, que Tolstoï apprécie, ainsi que sur les gens de la campagne, modestes et simples, quand l'auteur revient sur Lévine rentrant dans ses terres, et lui donne la parole, sa parole, lui qui a donné ses terres à ses paysans ! J'aime beaucoup Constantin Lévine : il est beaucoup plus « vrai » que la plupart des personnages qui gravitent dans ce livre.
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« Je ne suis pas froissé de voir les paysans acheter nos terres. le propriétaire ne fait rien, le paysan travaille et prend la place de l'oisif. »
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Le comte Léon Tolstoï est un personnage étonnant. Son observation du milieu aristocratique russe a sans-doute contribué au succès de ce roman, « Anna Karénine », sorti en 1877.
Mais, comme Hugo ou Zola, Tolstoï se tourne en ensuite plus fortement vers les questions existentielles, philosophiques. Schopenhauer l'interpelle.
Il ne méprise pas l'anarchie, et influencera Ghandi.
Il se pose les grandes questions sur le sens de la vie, la religion, la patrie.
Son dernier roman, « Résurrection », doit être passionnant 😊
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Nota : j'ai eu la chance de voir Pétersbourg et Moscou : je préfère de loin la première, qui est, à mon avis, plus belle, et a plus d'âme ; voir le Palais d'Hiver sur la Neva gelée, est de toute beauté.
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Je remercie Nastasia qui m'a conseillé ce roman en 2016 ; je viens de le relire.
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C'est pendant mon adolescence que j'avais découvert Leon Tolstoï par le biais de son oeuvre peut-être la plus connue : Guerre et Paix. J'avais beaucoup aimé, même si je trouvais à l'époque que certaines parties étaient un peu trop longues à mon gout. Evidemment, je m'étais complétement attachée aux personnages de Natacha Rostov et de Pierre Bezoukhov. Cependant, je ne m'étais jamais aventurée à lire Anna Karénine, la raison principale était que je connaissais (je ne sais plus par quel biais ) le destin tragique d'Anna et que cela me faisait un peu peur.
Finalement, c'est clairement grâce au challenge BBC de Gwen que je me suis lancée dans cette fresque qui ne compte pas moins de 1024 pages. J'ai mis à profit mes congés pour m'aventurer dans la lecture de ce pavé.
J'ai été happée par l'écriture et le style de Tolstoï dès le début de ma lecture. Quel talent ! Il avance tranquillement, nous permet de découvrir les moindres états d'âmes de ses personnages, et surtout, quels personnages !
Comment ne pas être marquée par les différents personnages (et personnalités) que l'on va croiser. Car même si Anna a donné son titre au roman, il y a eu bien d'autres personnages dont j'ai aimé suivre le destin. Pour n'en citer deux parmi toute la galerie: Kitty et Levine.
Ce roman est certes le roman d'un adultère et surtout d'un amour passionné, mais pas seulement. C'est aussi une superbe restitution sociale et psychologique d'une partie de l'aristocratie russe de l‘époque. Et il faut avouer que j'ai dévoré et savouré cette histoire, (ou si vous préférez ces histoires) emportée par l'écriture de Tolstoï, qui n'a pas usurpé sa réputation de monument de la littérature russe.



Challenge BBC
Challenge Pavés 2022
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A travers le destin d'un quatuor de la noblesse russe, Tolstoï dresse un portrait brillant de la Russie du 19e siècle. Avec des personnages travaillés, des réflexions poussées sur le sens de la vie, les contraintes sociales, la religion, l'amour, le devoir etc., il réussit à rendre un pavé de 850 pages dynamique et envoutant. de plus, ses traits d'esprits et la construction réaliste de son récit sont admirables.

Sentimentalement, le couple Anna/Vronski ne m'a pas touché. Ce n'est pas le cas de Levine et Kitty pour qui j'ai ressenti un réel attendrissement. Pour autant, chaque péripétie, chaque émotion, a été vécue avec avidité. Transportée par la prose de Léon Tolstoï, il me semble que ce n'est que le début d'une longue histoire entre nous.
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Peut-on s'attaquer aux monuments de la littérature mondiale en toute impunité ? Est-il besoin d'ajouter sa voix à ce qui a déjà été dit sur ce roman culte ? Là vous vous dites : ça y est, elle va massacrer ce chef-d'oeuvre, ne faire qu'une bouchée d'une des plus belles histoires d'amour que l'histoire ait jamais portée, la bougresse! Que va-t-elle nous sortir ? Nous démolir Anna Karenine à coup de cuillère à pot, nous achever Vronski sans vergogne, descendre en flamme Levine et Kitty ?! Mais non les amis, comment oserais-je ?

Que vous dire mise à part des banalités : j'ai plongé dans la Russie tsariste de cette fin XIX siècle avec une délectation romantique proche de celle qui m'a accompagnée toute ma jeunesse lors de mes visionnages de Sissi. Voilà, tout est dit : Anna l'indomptable romantique qui sacrifie son rang, sa famille et sa fierté pour un homme beau et orgueilleux. Vronski, le valeureux et viril officier éperdu d'amour pour cette femme mariée, inaccessible, et que rien n'arrête dans sa poursuite du bonheur amoureux. Levine, le gentleman farmer aux idées arrêtées, si peu mondain et pourtant fou de la jolie et douce princesse Kitty qui ne jure que par le ténébreux Vronski. Ah magie des amours compliquées.

Tolstoï nous entraîne de salons en antichambres, dans les demeures les plus sublimes, au coeur du gratin russe, entre Moscou et Saint Petersbourg, et hop une valse de Strauss, et hop une virée en calèche le long des domaines gigantesques et fertiles où gambadent de jolis animaux. Mais accrochez-vous bien : derrière les strass de la bienséance sourd une colère populaire. Derrière une belle robe de soie portée par une aristo, se cache une gouvernante ; dans les champs regorgeant de richesses se terrent des paysans récemment libérés des affres du servage; derrière les progrès du chemin de fer, ce sont des ouvriers aux mains et à la figure noircies de suie. Croire qu‘Anna Karenine ne se résume qu'à une histoire d'amour serait si peu comprendre l'oeuvre de Tolstoï et son ambition. Tout dans ce roman n'est que prétexte pour décrire sa vision sociale et politique : doit-on instruire les plus pauvres, renoncer aux privilèges de classe, abandonner l‘ancien système féodal et ouvrir la Russie aux idées nouvelles, au progrès ? le socialisme n'est déjà pas si loin dans ce roman et l'on sent les prémices de la révolution d'octobre de 1917.

Profondément romantique, terriblement actuel, romanesque tout autant qu'essai social et politique, démesurément russe dans ce qu'il a d'excessif, Anna Karenine est un monument, oh oui pas de doute possible. Et même si les 30 dernières pages ont été un supplice tant j'étais épuisée par l'ampleur des 1000 pages que j'avais déjà ingurgitées, comme si je gravissais les 100 derniers mètres de l'Everest, j'ai vibré comme rarement cela m'a été donné de le vivre.
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Fresque de la vie quotidienne en Russie dans les années 1870, Anna Karénine n'est pas simplement le roman d'une femme. C'est le roman d'une époque, d'une culture, d'un mode de vie. L'écriture de Tolstoï est limpide, sans difficultés majeures. Les épisodes tragiques qui bouleversent la vie d'Anna sont réellement superbes et poignants. Tolstoï utilise l'histoire d'Anna pour aborder, entre autres, la condition féminine et la noblesse de l'époque en Russie, et ce n'est pas brillant. J'ai adoré l'histoire d'Anna, elle est belle et tragique à la fois. J'ai plus de réserves sur les parties du roman où le personnage central est celui de Lévine. La description de la vie paysanne de l'époque est certes intéressante (si j'en excepte les scènes de chasse), en revanche, les questionnements métaphysiques et philosophiques de Lévine (Tolstoï?) m'ont semblé d'un ennui... de plus j'ai été surprise par la dernière partie du livre, le destin d'Anna est remisé à un fait divers et on se concentre sur L Histoire, l'envoi de volontaires russes en Serbie, début de l'état de guerre avec la Turquie, et encore une fois sur les sentiments de Lévine. Je comprends que Tolstoï puisse avoir été influencé par son actualité mais pourquoi intégrer ce passage au roman ?
Au final, ce roman m'a paru un peu "fourre-tout" ce qui est peut-être dû à la durée de son écriture (environ 5 ans). Donc, bien qu'il soit superbement écrit, je l'ai trouvé un peu en demi-teinte, j'aurais aimé que ce soit vraiment le roman d'Anna Karénine, mais bon, à tous les amoureux de Tolstoï, ce n'est que mon ressenti.
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Après la découverte de la littérature russe à travers Crime et châtiment de Dostoievski, je me devais de lire du Tolstoï. Etant pacifiste, j'ai fait l'impasse sur Guerre et paix pour me tourner vers Anna Karénine, la seconde oeuvre majeure de Tolstoï. Ce roman considérait, à juste titre je pense, comme féminin voir féministe ne me faisait nullement peur puisque nourris aux grands classiques du cinéma sentimentale par ma grande soeur!
Dès les premières pages, on sent le talent de l'auteur. J'étais bluffé par le style de l'auteur et surtout la description des personnages. Tolstoï parvient à décrire ses personnages de manière totalement détachée, sans en juger les pensées ou les actions. C'est très fort. Chaque personnage agit selon ses convictions et qu'importe ses motivations, on ne sent aucune envie de l'auteur de rendre un personnage antipathique. Ceci est remarquable notamment pour des actes allant contre la moralité de l'auteur.
La création des personnages est un atout majeur de la littérature russe (que j'ai lu, en tout cas) et ça tombe bien puisque ce roman est remplit de personnages tous différents, tous très fouillés et très loin des stéréotypes. D'ailleurs, un reproche à ce roman, pourquoi Anna Karénine? C'est certes, l'élément perturbateur du début de roman mais ce n'est pas le personnage central, ni le plus intéressant selon moi. En plus, à mi roman, on sait quasiment ce que sera la vie d'Anna dans la suite du roman. J'ai largement préféré le personnage de Lévine, ses péripéties amoureuses, son questionnement sur la société et le travail. Nous y voyons les prémices d'une idée noble au départ qui est le communisme. Immersion dans la société russe de la fin du 19e serait un titre, certes moins beau mais plus représentatif du roman selon moi.
J'ai beaucoup aimé ce roman même si j'avais un peu hâte de le finir dans les 200 dernières pages. Ça traine en longueur d'autant que l'égoïsme de Vronski vers la fin m'a littéralement insupporté. J'ai davantage apprécié le personnage principal de Dostoieski pour son coté torturé, ici, il n'y a pas de vrai personnage principal mais la description de la société russe de l'époque qui est d'une justesse incroyable. Si je ne devais retenir qu'une scène, je dirais la déclaration d'amour de Lévine empreint de de pudeur, de respect et d'émotion. Rien que pour cela, la lecture de roman est essentielle et par la même occasion, vous visiterez la Russie bourgeoise de la fin du 19eme!
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****

Au bout de trois cent pages, je me demandais quel mouche m'avait piquée d'entamer ce que tous acclament comme un chef d'oeuvre, là où je ne voyais personnellement pas le Flaubert russe, mais plutôt une romance que j'aurais eu avantage à lire à l'époque où j'avais lu "Autant en emporte le vent" ou "Jane Eyre".

Page après page, néanmoins, j'ai apprécié de plus en plus cette analyse de société, du mouvement communiste, de la condition paysanne et surtout, puisque c'est quand même un des thèmes du livre, de la condition de la femme dans la Russie du dernier tiers du 19e siècle. le moins que l'on puisse dire, c'est que ce n'est pas brillant.

Toutefois, toutefois, même cette étude de société reste largement en-deçà, je trouve, et ce n'est que mon humble avis, de ce que l'on peut trouver chez Dostoïevski et lire qu'Anna Karénine a été écrit à la même époque que Les Démons m'interpelle assez. Car clairement, il n'y a pas photo.

Ceci dit, ne fût-ce que parce qu'elle est proclamé chef-d'oeuvre incontournable, il faut lire l'histoire d'Anna Karénine et l'avoir lu jusqu'au bout pour se forger son opinion et conforter ses points de comparaison et ses coups de coeur littéraires surtout lorsqu'ils sont autres.
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«Anna Karénine», un vieux livre qui traîne dans ma bibliothèque depuis pas mal de temps déjà, et que j'avais même presque oublié. Il faut que j'avoue qu'en le récupérant de la bibliothèque familiale à l'époque, je m'étais dit : «Tiens un classique que je devrais lire», mais je m'étais dit aussi : «un classique russe du 19ème qui doit être bien laborieux, je m'y pencherai plus tard...» Ignorante que je suis !
Si mon ami jeeves_wilt ne m'avait pas alerté sur ce livre, le lisant lui-même, mes préjugés mèneraient encore la vie dure à ce chef d'oeuvre de Léon Tolstoï. Merci Wilt :-)

J'ai été en fait plus qu'agréablement surprise par l'écriture de L. Tolstoï ! Je l'ai trouvé très moderne, vraiment facile à lire. Par ailleurs, le livre est découpé en plusieurs parties (8), chacune composée de nombreux petits chapitres. On a donc l'impression de lire vite, d'autant que chaque chapitre relate un évènement, petit ou grand, de l'histoire. Difficile à chaque fois de résister à l'envie de lire le suivant...
Malgré tout, la lecture est assez longue. Un pavé de plus de 1000 pages quand même... Je conseillerais à ceux qui hésiteraient à se lancer de le lire plutôt lorsque l'on a du temps de libre (congés...) pour ne pas avoir la frustration de devoir s'arrêter, ou de s'endormir dessus le soir après une journée de travail...

Dans ce roman, il y a toute une galerie de personnages, mais on suit en particulier deux couples : Anna/Wronsky et Kitty/Lévine ; deux relations amoureuses qui évoluent très différemment. Contrairement à ce que le titre pourrait laisser penser, on a pour moi deux personnages principaux, Anna Karénine mais aussi Lévine, que l'on suit alternativement.

A travers le personnage d'Anna, mais aussi des autres personnages féminins, Tolstoï nous montre la situation des femmes (aristocrates) russes au 19ème, leur manque d'indépendance, et surtout le poids des convenances et la pression de l'opinion publique. C'est en tout cas ce qui m'a le plus marqué.
J'ai eu un peu de mal avec le personnage d'Anna. J'ai eu tour à tour de l'émotion pour elle, de l'empathie, mais aussi de l'agacement. Elle a un rôle tragique pour moi, mais il y a des moments où je lui aurais bien filer des baffes. Pauvre Wronsky ! Lui qui m'était plutôt antipathique au départ, il a eu franchement toute ma sympathie par la suite.
Par Lévine, l'auteur met en avant ses interrogations sur l'économie rurale, le partage des richesses, la religion, la mort... Par ses yeux, il brosse un tableau magnifique de la campagne russe, de la valeur du travail et du peuple russe. C'est le personnage que j'ai préféré.

J'ai trouvé plaisant cette photographie qui nous est dévoilée de la Russie. On dirait presque parfois un documentaire sur les différents aspects de la société russe d'alors. Je ne vous cacherai pas que certains passages tirent un peu en longueur à mon goût ; sur un gros pavé comme ça, c'est sans doute inévitable ; mais cette impression reste cela dit tout à fait personnelle.

Au final, je suis bien contente d'être allée au bout de cette lecture, ce fut une heureuse découverte. Merci Monsieur Tolstoï !
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