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Michel Aucouturier (Éditeur scientifique)Jean Fontenoy (Traducteur)Brice Parain (Traducteur)
EAN : 9782070304318
272 pages
Gallimard (08/07/2004)
3.94/5   116 notes
Résumé :
Hadji Mourad est un chef caucasien dont Tolstoï a fait le héros d'une ultime grande œuvre. Malgré ses dimensions modestes, elle nous présente un vaste et saisissant tableau de la " guerre de pacification " du Caucase, à laquelle le romancier avait lui-même pris part un demi-siècle plus tôt et dont il avait rapporté Les Cosaques. Le choix d'un tel personnage est profondément révélateur : sa mort héroïque en fait un symbole de la vie même dans ce qu'elle a de plus irr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Dans le bonheur conjugal, Tolstoi décrit plusieurs fois les bardanes, teigneux ressemblant aux chardons, laissant entendre le peu de soin accordé au jardin.
Dans Hadji Mourad ( El Hadj ?) , l'écrivain tente de couper une de ces bardanes sauvages, il n'y arrive pas, car elle se défend avec énergie ; il finit par l'abandonner, à moitié morte, commentant qu'elle avait chèrement vendu sa vie, alors que l'homme , dont lui, était un destructeur irraisonné: « il semblait qu'on lui avait tranché une partie du corps, qu'on lui avait labouré les entrailles, arraché un bras, un oeil et cependant elle restait debout, ne cédant pas à l'homme qui avait détruit autour d‘elle toutes les plantes, ses soeurs. »
Cette bardane, dit-il dans la dernière phrase de son récit, lui a fait penser au héros tchéchène, fier et incorruptible, et la métaphore de la bardane prend tout son sens, lorsque Tolstoï décrit la destruction et le pillage d'un village près de Grozny (la Féroce) par l'armée russe.
Depuis sa retraite mystique à Isnaïa Poliana, Tolstoï admire, se sent même inclus dans ce peuple debout, ce monde de musulmans, qui honorent leur Dieu, qui ont renoncé comme lui aux richesses de ce monde , dont la fierté l'émeut, et dont le héros Hadji Mourad se bat héroïquement, avec orgueil, debout, méprisant ces cochons de Russes, et voulant aussi se venger d'un autre iman, Schamyl , puis est obligé par amour, pour sauver les siens,, toujours avec honneur et panache, la tête haute, de faire la paix avec les Russes.

Si Tolstoï invente le personnage haut en couleur d' Hadji Mourad, et date de 1851 l'épisode, c'est pour mieux nous faire toucher du doigt la lutte des montagnards tchéchènes, héritiers des Huns, des Mongols et des Tatares, ralliés à l'islam soufi, jamais soumis malgré les invasions successives russes, ce depuis des siècles.

De plus Schamyl , cet autre chef charismatique et vrai personnage historique se rendra (comme Hadji l'a fait, à ses dépens) en 1859, et la fin de la guerre , longue, sanglante, où les deux forces se sont affrontées verra non pas seulement le massacre de Hadji,- raconté longuement et rappelant la mort du chardon - mais les déportations, l'exil forcé , la destruction totale d'une terre annexée sous la terreur.

Passionné plaidoyer contre la guerre, ( la guerre vue par une femme : « Des bouchers ! de vrais bouchers ! La guerre ? Quelle guerre ? Des assassins, voilà tout ! » où le futile héroïsme des cosaques « ils fumaient, plaisantaient, narguant la mort qui pouvait, d'un moment à l'autre, frapper l'un d'eux » jouxte la corruption des élites militaires.
Nicolas 1· paraît presque un pantin, le ventre saillant, contemplant la servilité de ses acolytes, pétri d'ego : « Qu'adviendrait-il sans moi, non seulement de la Russie, mais aussi de toute l'Europe ? », en fait le tzar a pour projet « d'extirper l'esprit révolutionnaire »(tiens, tiens) des Tchéchènes.
Revendiquant après-coup les décisions qu'il n'a pas prises, retors, cruel, donnant l'ordre de bastonner à mort un étudiant pour prouver que la peine de mort n'existe plus en Russie, il règne sur un Empire où la courtoisie diplomatique convole avec les basses trahisons, l'alcool et le jeu, les calculs et les rivalités.
Il va de soi que Tolstoï a pu écrire ce témoignage, son dernier écrit, parce que Nicolas 1· était mourant, et pour dénoncer des faits historiques qui nous sont précieux il a dû les dissimuler derrière un hommage intime et romantique envers cet orgueilleux combattant, Hadji.
La censure a frappé lors de sa parution en 1896, nous pouvons de nos jours lire l'édition complète de ce roman, un peu long sur la fin, témoignage de la séculaire guerre menée par l'Empire Russe.


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Nous sommes à la fin de 1851, au Caucase, là où la guerre fait rage entre Russes et Tchétchènes. Un homme a juré de venger par le sang les affronts infligés à sa famille : sa bravoure et sa valeur militaire sont légendaires, sa fierté et sa noblesse d'âmes admirées de tous.
À travers ce texte court mais dense par sa dimension d'épopée chevaleresque, Léon Tolstoï va faire de Hadji Mourad, cet intrépide et intelligent guerrier avar, le héros d'une ultime grande oeuvre.
N'étant pas forcément passionné par les faits de guerre, j'ai cependant apprécié le sens du récit développé ici par le grand maître russe, l'écriture acérée, le sens du détail, la lucidité pour dépeindre ce héros courageux, fier et malheureux dans son destin, avec pour toile de fond, un décor géopolitique qui semble à jamais immuable.
Ce récit, que Tolstoï n'a cessé de récrire pour le tendre à la perfection, n'a rien perdu de son actualité : il permet de déchiffrer la cruelle Histoire contemporaine sur un territoire vaste où les enjeux de conquête continuent d'attiser les querelles ancestrales et servir le narratif russe dans toute son horreur hégémonique.
À la faveur des lignes de front qui bougent, des alliances contre nature, Hadji Mourad en vient à se retrouver l'adversaire du Cheikh Schamyl, imam du clan des Avares et principal opposant au Tsar Nicolas.
Pourtant, Hadji Mourad, mu par une haine farouche contre le traitre Schamyl qui tient en otage la famille d'Hadji Mourat, choisit de se rallier aux Russes pour parvenir à ses fins. Mais victime des manoeuvres politiques des hauts fonctionnaires russes et du tsar Nicolas, Hadji Mourad comprend peu à peu qu'il ne peut compter que sur lui-même et sur ses fidèles murides pour sauver les siens, détenus par Schamyl.
Les scènes entre Hadji Mourad et ses fidèles compagnons sont des moments de fraternité qui offrent de belles respirations à ce texte belliqueux.
C'est le coeur rebelle d'un homme à la grandeur d'âme qui sera trahi, sacrifié par le pacte non respecté aux motifs que les enjeux de pouvoir prévalent avant toute chose à la parole donnée.
Les horreurs commises par l'armée tsariste font froid dans le dos, dans des descriptions saisissantes de cruauté, qui laissent penser qu'hier comme aujourd'hui, la terreur a toujours été utilisée par le régime russe dans cette région pour affirmer son pouvoir.
Ce texte dit la fierté des peuples minoritaires qui se sont levés devant les invasions séculaires de l'Empire russe, les massacres, les déportations massives, les exils forcés, la destruction totale des terres annexées sous la terreur et dans le sang.
Ce texte est un magnifique plaidoyer contre les guerres, toutes les guerres. Ici, le tyran est le Tsar Nicolas, comme si chaque génération avait le sien, étrange Hydre de Lerne, dont les têtes coupées n'en finissent jamais de repousser.
J'ai ressenti une très grande tristesse en lisant ce récit. Est-ce à cause des instants intimes où Hadji Mourad croit encore possible de retrouver les siens parmi ses montagnes natales ? Ou bien est-ce à cause de la dimension universelle de l'Histoire qui continue de faucher les vies fragiles, inutilement, dans cette guerre absurde de civilisations ?
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Re, re, re, relu Hadji Mourat cime de fraicheur et de génie littéraire signée Léon Tolstoï qui a dû reprendre ses notes d'antan pour finaliser en un tour de main en 1902, ce joyau qu'est ce roman, il a alors 74 ans. Ce sera son dernier roman si on met de côté son roman inachevé le Mystère de Fédor Kouzmitch entrepris en 1905. Dominique Fernandez dira de cette oeuvre qu'elle est un polyèdre de cristal ; et Romain Rolland de noter qu'elle correspond à un besoin physique d'écrire, comme un exercice alors que l'auteur est au sommet de son génie narratif. Ce n'est bien sûr pas Romain Rolland qui dirait du mal de son ami, mais lire un épisode de la guerre du Caucase dans les années 1850 semble ne pas être la tasse de thé de cet intellectuel pacifiste qui préfère louanger tout le reste sauf le sujet

Je dédie ma lecture de la pépipe Hadji Mourat de Léon Tolstoï à notre ami écrivain russe Zakhar Prilepine qui a bien failli laisser sa peau dans l'attentat à la voiture piégée de samedi survenu dans ses quartiers à Nijni Novgorod situé à 400 kms à l'est de Moscou, attentat duquel il en sort vivant par miracle. le hasard de la vie si tant est qu'il y a des hasards dans la vie a fait que c'est normalement lui qui devait se trouvait aux commandes de la voiture déchiquetée, qui malheureusement n'a pas épargné son chauffeur et assistant Alexandre Shubin.

Je lui la dédie pourquoi, d'abord parce que j'ai une pensée pour lui en cet instant. C'est en voyant un gros chardon qui pousse devant chez moi qui fait écho à mes artichauds qui sont derrière -c'est de la même famille -, que j'ai pensé à l'entrée en matière de Hadji Mourat qui porta d'ailleurs un laps de temps le titre le Chardon proposé par l'intéressé. Et j'ai lu que c'est l'insigne exemple du jeune officier écrivain Tolstoï qui avait poussé Zakhar Prilepine à prendre les armes de combattant en début de siècle pour aller défendre la patrie dans des guerres protéiformes comme non seulement son illustre aîné l'a fait, mais aussi comme il était de tradition pour tout jeune officier russe de surcroît romantique et artiste d'aller guerroyer par pur patriotisme inhérent à l'époque dans les foyers nombreux déclarés au 18 et 19e siècles. Zakhar Prilepine a écrit dans cet esprit : Officiers et poètes russes (2019)

Alain Bauer nous dit dans son dernier livre : "au Commencement était la guerre" que nous sommes en paix par défaut à travers tous nos armistices et compromis de paix, signés avec nos ennemis, j'ai le sentiment que le romantique et traditionnaliste Zakhar Prilepine est là-dedans et qu'on aurait tort de l'assimiler à ces nationalistes de tout poil qui font la guerre par désoeuvrement et que celle-ci convoque leurs plus bas instints- il y a au fond de chacun d'entre nous un petit dictateur qui sommeille qui convient de circonscrire et ne pas conjuguer avec ce concept dangereux de nationalisme, selon le mot de Mittérrand.

Bon alors l'histoire de ce roman, n'en déplaise à Romain Rolland, est un épisode de guerre du Caucase en 1851 où Tolstoï renoue dans une sorte de paix intérieure avec le roman à travers ce qu'il aime : la rebellion et la nature, ce sentiment de bien-être et de jouissance qui n'est autre que l'altérité. Il se retrouve dans les traits d'un chef rebelle tchetchène : Hadji Mourat qui est pourchassé pour cause de brouille par Chamil grand chef de guerre tchetchène qui résiste et qui se trouve à la merci des russes. Hadji Mourat est donc en cavale, cherche appui dans un premier temps auprès des forces russes qui lui prodiguent tous les honneurs, mais les choses vont se gâter quand les russes vont suspecter sa loyauté envers eux ..
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Je ne livre que mon interprétation, je ne sais pas si mes hypothèses sont justes selon la propre biographie et les idées de Tolstoï lui-même.
J'ai d'abord eu l'impression que Tolstoï prenait pour héros un musulman tchétchène pour mieux étudier - et critiquer - la société de son temps, tel les Persans de Montesquieu. A première vue, Hadji Mourad est un homme frustre qui parle peu, habillé pauvrement, toujours à cheval, qui ne pense qu'à la guerre. Nous le rencontrons pour la première fois dans la pauvre cabane d'un village. C'est donc une figure de l'altérité, qui serait comme une figure du barbare, face aux Russes incarnant la civilisation. Il y a même quelques touches d'humour dans les incompréhensions mutuelles.
Mais, progressivement, notre regard sur Hadji Mourad change : c'est un homme très pieux, très attaché à sa famille, respectueux de sa mère, parlant plusieurs langues, aux moeurs pures... Par contraste, les Russes semblent avoir dégénéré : les femmes sont honteusement décolletées, les officiers intriguent ou boivent, les simples soldats songent à leur pipe en bois plus qu'à l'honneur du combat... Même l'Empereur apparaît comme un incapable, vaniteux, dominé par ses désirs physiques.
Le coeur du roman semble donc être une réflexion sur l'identité, sur l'identité russe. Qui est digne d'être russe ? L'homme d'honneur, respectueux des normes, des valeurs religieuses, familiales et sociales, ou l'officier brillant qui parle mieux français que russe, qui ne pense qu'à son avancement, et ne voit dans son affectation dans un endroit éloigné qu'un moyen pour progresser dans la carrière, non comme un moyen de servir son pays. Que doit donc être la Russie ? Pour régénérer les moeurs de ses habitants, elle doit donc s'agrandir, intégrer d'autres populations, différentes, "primitives", mais restées pures.
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J'aime Tolstoï, sa perception surprenante de l'histoire où les chefs ne sont que des étiquettes sur des évènements historiques dont ils ne maitrisent rien ou si peu. Hadji Mourat, un superbe chardon....
J'ai ressenti une grande tristesse à la lecture de ce récit. Une histoire universelle, celle des compromis inévitables. Cette tristesse est celle de mon âme qui a du aussi faire des compromis pour survivre. Celui qui n'en fait pas est broyé. Compromis est un synonyme d'hypocrisie. Hadji Mourat apprend à survivre dans l'hypocrisie entre les indépendantistes et les pro russes. On retrouve cela en Corse, partout où il existe des petits pays, des petits territoires envahis par plus puissants qu'eux. Comment survivre? le chène se fait abattre très vite. Il est trop visible. Il faut fléchir un peu et garder sa fierté, garder son âme. Vraiment pas facile. le dilemme de tous les petits pays envahit et dominés par plus puissant qu'eux. Se battre contre ou s'accommoder d'une occupation?
Je comprend mieux les hésitations de Tolstoï face à ce récit. Sommes nous tous des résistants face à un système bien plus puissant que nous, celui du collectif? Comment s'adapter et survivre et même prospérer? C'est amusant, Napoléon le corse a su très vite s'adapter, et se servir des circonstances pour dominer. Hadji Mourat ne peut pas faire cela. L'armée Russe du Tsar est la plus puissante. Il n'est pas possible de dominer, alors il reste le choix des compromis en restant un fier chardon. Cela fait penser au chêne du Prince Bolkonski dans Guerre et Paix . Tolstoï semble aimer ce genre d'images puisées dans une patiente observation de la nature. La vie est belle. Il faut lutter encore et toujours pour elle.
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Pour rester dans la botanique qui ouvre Hadji Mourat d'une magnifique métaphore dont Tolstoï n'abuse pas habituellement, un chardon (*) s'est invité dans mon jardin. Il fait écho à un artichaut qui se trouve derrière chez moi, même feuille, qui est de la même famille et que lui j'ai invité par contre.
Mon chardon qui dépasse le mètre est resplendissant, il se dresse là à l'entrée comme un fortin (du Caucase). Je ne sais pas encore quelle sera la couleur de ses fleurs, mais elles ne seront pas bleues, plutôt noires à mon avis.. J'aime pourtant le bleu du chardon ! Mon artichaut lui se trouve à côté de la noire de Crimée dans mon jardin, et immanquablement il fera de belles fleurs bleues, vendues 5 euros la pièce au marché parisien...

Manifestement le chardon de Hadji Mourat qui souffrira d'un labour et de l'indifférence des hommes n'a pas de prix pour l'auteur russe et semble annoncer un combat perdu pour toujours, dame nature depuis l'écriture de ce roman ne fait qu' aller de mal en pis. Alors en souvenir de cet épisode tolstoïen, mon chardon noir ou bleu aura toute ma protection.

"Ces fleurs avaient été rouges, elles étaient noires maintenant.."


(*) Ce chardon fait maintenant 1 mètre 50 de haut, a résisté à la tempête force 5 de la nuit passée, alors que les jeunes bambous ont plié, et mes noires de Crimée également, et je ne sais toujours pas quelle fleur il va nous faire, les chardons sont de la grosseur des boulets qui sortent du sac de billes des gosses, super-protégés par des piquants !.. L'artichaud semble fier comme un bar tabac, la tige qui le porte a pris 20 cms en 5 jours : on le voit pousser comme le bambou .. (17 06 2021)

Mon chardon sera bleu (21 06 2021)

Oui mon chardon est bleu, d'un bleu légèrement violacé, cinq fleurs ont éclos sur la centaine de bourgeons que compte le même pied. Pas difficile de savoir quelle sera la prochaine fleur, il faut que la boule atteigne la grosseur d'une grosse bille de gosse : ça se profile comme un blaireau à barbe. Ce sera donc très bientôt comme un gros bouquet garnissant l'entrée, un festival de touches bleues sur un feuillage vert bouteille comme la tonalité du champagne Pommery ; les feuilles ont résisté aux tempêtes : elles sont dentelées et offrent peu de résistance au vent, les tiges sont fibreuses, puissamment énergiques. Mon chardon fait maintenant 1M80, à hauteur d'homme ..

"Non seulement la tige piquait de partout.., mais elle était terriblement solide, si bien que je dus me battre avec elle pendant cinq minutes en brisant les fibres une par une.. Mais quelle énergie, quelle force de vie ! pensais-je en me rappelant les efforts qu'il m'avait fallu pour l'arracher ? Comme elle s'était défendue âprement, comme elle avait vendu chèrement sa vie !".

Je comprends qu'on les éradique préventivement dans les cultures à fourrages pour les bêtes, les piquants sont partout, et la sécheresse par dessus doit rendre ces piquants intraitables. (25 juin 2021)
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« Ça y est ! Je l'ai perdue ! grommela avec humeur Panoff. Je l'ai oubliée ou perdue en route.
_ Qu'est-ce que tu cherches ? Demanda l'un des soldats d'un ton joyeux.
_ J'ai perdu ma pipe, le diable sait où !
_ Et le tuyau, tu l'as ? Demanda la voix enjouée.
_ Le tuyau ? Le voilà.
_ Alors enfonce-le dans la terre.
_ Mais non ! On ne va pas faire ça.
_ Nous allons arranger cela en un tour de main. »
Il était normalement interdit au guet de fumer, mais celui-là n'était pas très rigoureux : c'était plutôt une garde d'avant-poste envoyée là afin que les montagnards ne pussent, comme ils l'avaient fait autrefois, avancer un canon et tirer sur la forteresse ; aussi Panoff ne trouvait-il pas nécessaire de se priver du plaisir de fumer, et finit par acquiéscer à la proposition joyeuse du soldat.
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Ce Hadji Mourad était le caïd de Schamyl, célèbre par ses exploits. Il ne sortait jamais sans ses insignes ni sans être escorté de quelques dizaines de murides qui galopaient autour de lui; mais ce soir-là il était enveloppé d'un bachelik et d'un manteau de drap à col de fourrure sous lequel apparaissait son fusil, et accompagné d'un seul muride. S'efforçant de se faire remarquer aussi peu que possible, il fixait de ses yeux noirs et mobiles les visages des habitants qu'il rencontrait sur son chemin.
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Nicolas 1· fronça les sourcils. Il avait fait beaucoup de mal aux Polonais. Pour se justifier, il cherchait à se convaincre qu’ils étaient tous des crapules. Et de ce fait, il les haïssait en proportion du mal qu’il leur infligeait.
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Personne ne disait mot, n'extériorisait son mépris pour les Russes. Le sentiment que tous les Tchétchènes éprouvaient, du plus petit au plus grand, était du reste plus fort que le mépris. Ou plutôt, ce n'était pas du mépris, c'était le refus de reconnaître à ces chiens de Russes la qualité d'êtres humains, c'était le dégoût qu'ils éprouvaient devant la bassesse, la folie avec laquelle cette expédition avait été conduite; et le désir d'exterminer ces maudits comme on extermine les rats, les araignées venimeuses et les loups devenait, chez les Tchétchènes, un sentiment aussi puissant que l'instinct de conservation.
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