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sur 267 notes
Les trois nouvelles réunies ici explorent le thème de la possibilité (ou de l'impossibilité) du bonheur conjugal. C'est d'ailleurs le titre que porte la première d'entre elles, dont le ton est pourtant très différent des deux suivantes, bien plus sombres.
La sonate à Kreutzer, sans doute la plus connue des trois, est une condamnation sans équivoque de l'amour charnel, sous toutes ses formes, donc même au sein du mariage. On peut se demander si Tolstoï était sincère quand il prônait la chasteté, alors qu'il était lui-même père de treize enfants. Cela fait immanquablement penser à Rousseau qui dissertait sur l'éducation des enfants peu après avoir confié les siens à l'assistance publique ! Sans disqualifier complètement leurs propos, il faut quand même reconnaître que ce genre de contradiction n'aide pas à les prendre au sérieux. Je pense d'ailleurs que la morale de l'histoire, avec laquelle chacun s'accommodera comme il l'entend, n'est pas forcément ce qu'il y a de plus intéressant dans ce texte. En revanche, le constat d'origine que fait Tolstoï au sujet de l'inégalité des droits en fonction du sexe est toujours d'une actualité brûlante. Il critique avec force la société de son temps qui considère que seule la sexualité masculine a le droit de s'exprimer avant le mariage, ce qui rend indispensable l'existence de la prostitution, considérée comme un mal nécessaire. Encore ne s'agit-il pas de tous les hommes, car ce sont surtout ceux qui possèdent un rang social élevé qui peuvent s'y adonner. Tout le corps social encourage cette débauche tout en se couvrant les yeux pour ne pas la voir. de leur côté, les femmes sont ravalées au rang d'objet de séduction ou d'instrument de plaisir, à la merci de n'importe quel mariage arrangé. Depuis leur plus tendre enfance, elles se doivent de cultiver leur charme et leur beauté afin de trouver le meilleur parti possible, au prix évidemment de l'abandon de leurs personnalités et de leurs intérêts véritables. Elles réussissent si bien dans leur entreprise que les hommes sont bien souvent trompés par leur beauté, au point de ne pas voir que l'amour peut n'être qu'une illusion. En se montrant préoccupé par la situation des femmes en général, et des prostituées en particulier, Tolstoï était clairement en avance sur son temps. Il prônait l'émancipation des femmes pour mettre fin aux rapports conflictuels engendrés par cette double hypocrisie, allant même jusqu'à condamner toute activité sexuelle, l'humanité dût-elle en périr ! La troisième et dernière nouvelle, intitulée le diable, reprend ce thème de l'impossibilité de rapports conjugaux normaux du fait d'une libido masculine effrénée. Elle se conclut d'une façon tout aussi inattendue, et ce alors même que l'événement à l'origine du drame peut nous sembler parfaitement anodin. On est là face à une sorte de « saut », qu'on ne peut comprendre sans admettre que, pour atteindre au fond des choses, l'auteur aille au plus court.
Le bonheur conjugal est une nouvelle que Tolstoï semble-t-il détestait. Peut-être voulait se dédouaner d'avoir publié un texte qui ne fût pas aussi radical que les autres, ou dont le dessein social ne fût pas aussi clair. C'est pourtant son ambiguïté qui, à mon sens, fait tout l'intérêt de cette nouvelle. Un homme déjà trentenaire tombe amoureux d'une toute jeune fille, qui ne connaît absolument rien de la vie ni des sentiments. Il sait fort bien que s'il l'épouse il devra accepter qu'elle vive comme elle l'entend, de la même façon qu'il a lui-même profité de sa jeunesse quelques années auparavant. C'est un risque qu'il prend, avec le secret espoir que cela ne durera qu'un temps et que leur amour en sortira grandi. Et, en effet, l'engouement des premiers jours, la candeur des premiers instants, le bonheur de l'intimité partagée laissent rapidement place aux premières déceptions. Peu à peu, Maria Alexandrovna se lasse de la vie mesurée et tranquille de la campagne et Serge Mikhaïlovitch l'emmène à Saint-Pétersbourg où elle fait son entrée dans le monde. La capitale, les bals, les compliments et les flatteries, l'attention qu'on lui porte font tourner la tête de la jeune femme. L'amour peut-il résister à une telle crise ? Maria finit par ressentir de l'indifférence à l'égard de son mari et les conjoints commencent à s'éloigner l'un de l'autre. Après avoir traversé toutes les tentations, elle doit se rendre à l'évidence et admettre que la vie de couple ne ressemble en rien à son rêve de jeune fille. Son mari essaie de lui expliquer que l'amour a ses propres périodes, qu'il l'aime toujours autant et que la force antérieure de ses sentiments ne pourra jamais lui être rendue. Comprendra-t-elle que personne ne l'a jamais aimée autant que lui ?
Tolstoï, dans cette histoire, nous montre-t-il que l'amour ne disparaît pas d'un coup, qu'il a des hauts et des bas, que la force du sentiment amoureux peut s'estomper, mais que l'amour lui-même ne disparaît jamais ? Ou bien nous montre-t-il l'inéluctabilité de l'affaiblissement de l'amour, qui n'est qu'une attirance sexuelle momentanée, le mariage une convention sociale destinée à se déliter et à se terminer en crime conjugal ou en simple communauté de vie sans passion, dans le meilleur des cas ? En résumé, le bonheur conjugal existe-t-il ? Pour être honnête, on est bien embarrassé pour répondre à cette question après la lecture de la nouvelle et chacun pourra en tirer sa propre conclusion. En ce qui me concerne, je veux croire que Tolstoï, même s'il s'est renié par la suite dans La sonate à Kreutzer ou le diable, a vraiment envisagé la possibilité du bonheur conjugal. On ne peut que se réjouir de voir que le vieux sage, l'ermite impitoyable des dernières années, ait pu concevoir, dans la force de l'âge, que le secret du bonheur résidait dans une tendresse réciproque. Les époux du Bonheur conjugal ne traversent qu'une crise passagère, que symbolise parfaitement l'averse qui tombe au beau milieu du printemps, bientôt remplacée par un flot de lumière. L'idéal d'un amour permanent, comme au premier jour, nous est inaccessible. Est-ce un aveu de faiblesse que d'y renoncer ? Non, ce qu'il nous faut, ce n'est pas un idéal, mais une conduite accordée à nos forces. Serge l'a bien compris. Sa grande sagesse me touche. C'est un homme magnanime qui ne se souvient pas du mal, quelqu'un de reconnaissant pour tout (le bonheur que nous accorde le destin est trop fragile et parfois fugace), capable de pardonner et de ne pas se souvenir des mauvaises choses, d'aimer pour rien, juste pour aimer. Sa jeune épouse finit par comprendre qu'il est vain de chercher à retrouver l'amour fou des premiers jours. L'amour passionnel doit nécessairement entrer dans une nouvelle phase, fondée sur le respect réciproque et l'amour des enfants. Est-ce avouer sa faiblesse que de substituer une infinie tendresse à cet amour originel ? Je ne crois pas et sans doute beaucoup de gens autour de nous éprouvent ce sentiment, bien heureux de vivre avec celle ou celui qui partage leur vie, dans un amour à notre mesure. Je le prends comme un texte sur la générosité et la tendresse qui sous-tendent toute union profonde.
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J'ai lu (ou plutôt dévoré) La Sonate à Kreutzer y a deux ou trois ans, chef d'oeuvre absolu bien trop peu connu de ce cher Tolstoï... Une merveille du romantisme et de la littérature russe. C'est avec cette nouvelle que je fis la connaissance du maître, et je me demande si Anna Karénine ou Guerre et Paix sont aussi poignants et passionnés.

Tout commence par une scène pour le moins singulière : un vieillard reclus dans un train, se mêle aux conversations conjugales des passagers, et livre un raisonnement qui surprend autant ses compagnons que le lecteur : l'amour tel qu'on le conçoit n'existe pas, il n'y a qu'attirance sexuelle et le mariage est une farce menée à s'étioler ou à finir en crime passionnel. Vient alors le récit détaillé de son expérience, où son ménage fut détruit par le temps, l'arrivée d'un rival, et l'effet de la fameuse Sonate à Kreutzer que jouaient ensemble sa femme et le bellâtre, devenu hymne de cet adultère musical, qui rend fou notre doyen appelé Pozdnychev. Vous devinez le dénouement, dans le sang, le final d'opéra tragique, bref, tout ce qu'on aime dans le XIXème romantique... L'image de fin est des plus émouvantes, et on se souvient longtemps de ce court récit pourtant relativement mineur dans l'oeuvre de Léon Tolstoï... D'autant plus quand on le découvre ainsi! Un régal, qui s'adresse autant aux connaisseurs qu'aux initiés!

J'ai bel et bien dans mon édition le Bonheur conjugal et le Diable, mais je n'ai jamais pu trouver le temps de les lire... Je publierai ma critique augmentée quand ce sera le cas!
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Au cours d'un long voyage en train, ce mode de déplacement jouant un rôle essentiel dans l'oeuvre de Tolstoï, le narrateur se trouve dans un compartiment avec trois personnes: Une femme déjà âgée, un ami à elle qui se révèlera être un avocat et un homme sans âge aux cheveux blancs.

La femme et l'avocat parlent des relations homme-femme et de l'augmentation du nombre de divorces, l'homme aux cheveux blancs qui était jusque-là réservé se joint à la conversation et prétend que l'amour n'existe pas, qu'il s'agit tout au plus d'une attirance physique qui ne dure pas. Puis il se présente, il s'appelle Pozdnychev et il a tué sa femme.
Il va confier ensuite ce qui l'a amené à tuer sa femme.
Il s'agit d'un drame de la jalousie.
Comment est venue cette jalousie?
Tout d'abord il est clair que l'union de Pozdnychev avec sa femme est un échec, l'indifférence va succéder aux disputes. Devant l'état dépressif de sa femme, le héros va lui présenter un violoniste, Troukhatchevski, qui va accompagner sa femme au piano.
La jalousie de Poznydchev va éclater clairement lorsque les deux musiciens vont interpréter en duo la célèbre sonate de Beethoven, sonate n°9 en la majeur pour piano et violon, dite "sonate à Kreutzer", et qui va donner le titre de l'ouvrage.
Le drame va vite éclater.
Drame qui selon Tolstoï aurait pu être évité si le personnage principal avait reçu une éducation plus appropriée.
Et c'est justement l'objet de la postface écrite par Tolstoï lui-même devant la multitude de correspondances qu'a déclenché son oeuvre.
Il va ainsi exprimer sa condamnation des travers de la société russe de l'époque (et notamment la trop grande indulgence, pour ne pas dire l'encouragement donné aux jeunes hommes à avoir une vie sexuelle intense, entraînant ainsi un développement de la prostitution, véritable fléau social)
Tolstoï se montre très concerné par la situation des femmes et notamment des prostituées ce qui à l'époque était clairement avant-gardiste.
Il en vient à donner les clés de ce qu'il appelle une civilisation idéale, mais que l'on pourrait trouver totalement utopique, voire dangereuse et totalitaire, avec notamment le contrôle de toute activité sexuelle, et la limitation de celle-ci à la reproduction, l'éducation des jeunes sans "trop de mollesse", pour ne pas les assimiler à des animaux de compagnie...!!
Tolstoï va très loin dans ses recommandations.
Il est clair qu'il ne vaut pas mieux tout prendre au premier degré.
Quoi qu'il en soit, cette oeuvre est très intéressante et sort des "sentiers battus" et de ce que l'on peut imaginer de la littérature classique russe du 19ème siècle.
Un autre visage de Tolstoï à découvrir ou redécouvrir...
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Préparant mon sejour pour Saint-Pétersbourg,j'ai ressenti le besoin de me plonger dans sa litterature et qui mieux que Tolstoï me fait vivre autant de bonheur;la vie quotidienne des différentes classes sociales et ses descriptions sociales m'ont directement plongee dans ce magnifique pays.
Tolstoï:j'adore.
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Je ne suis pas sûr que cette traduction de la Sonate revête un minimum de conditions exigées pour la vulgarisation de l'oeuvre, ici en français, en toute conformité, d'autant que les traductions existantes sont déjà nombreuses et parmi elles d'excellente qualité. Considérant la personnalité polémique des auteurs qui ne sont pas les mieux indiqués pour ce genre d'exercice, la postface célèbre écrite un an après la publication de ce texte qui passe ici en préface, qui n'est pas une mise en garde, ni pertinente à cause des déflorations du sujet, les libertés et fantaisies de nature "orientée" prises avec le texte initial, personnellement je rejette et mets en garde le lecteur contre cette traduction. Les 2 euros de ce Librio qui sort aujourd'hui sous le label culture, la culture oui bien sûr mais pas à n'importe quel prix !
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Le nom de Tolstoï évoque inévitablement ses oeuvres principales, ses romans fleuves, Guerre et paix ou Anna Karenine.

Pourtant il fut également l'auteur de courts romans, dont trois nous sont proposés ici par les éditions Folio : le bonheur conjugal, la sonate à Kreutzer et le Diable. Trois récits liés par un fil conducteur : le lien conjugal.

N'y voyez pas une célébration du mariage ou de l'amour, mais plutôt l'opportunité pour Tolstoï de développer des concepts qui lui sont chers.

Le tout étant très moralisateur : critique de la vie de débauche menée par les hommes avant le mariage, dénonciation de la recherche du plaisir à travers l'amour charnel… La Sonate à Kreutzer sera d'ailleurs considéré comme un écrit misogyne par la propre femme de l'auteur, Sophie, qui publiera un récit en réponse à celui de son mari.

Tolstoï étant Tolstoï, les récits sont magnifiquement écrits, les description (notamment dans le bonheur conjugal) retranscrivent à merveille la vie dans la campagne russe.

Bref, j'ai aimé la forme mais beaucoup moins le fond des trois récits.
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Cette nouvelle de Léon Tolstoï est judicieusement éditée dans un recueil regroupant La sonate à Kreutzer et le bonheur conjugual. Bien qu'ayant lu les deux récits pré-cités, je ne connaissais pas ce court texte qui s'y inscrit parfaitement pour témoigner de l'évolution " morale " de l'auteur ( la sexualité en démon ) et de son talent d'écriture. A cette lecture, je n'ai pu que regretter n'avoir toujours pas pris le temps de lire le recueil présentant, à la suite de la sonate à Kreutzer développant la passion amoureuse et de la jalousie extrême, la réponse de son épouse Sophie à Tolstoï dans son texte intitulé A qui la faute ? .

En variation, dans cette nouvelle, l'auteur raconte, et condamne, le désir brut qui peut s'emparer de l'homme jusqu'à la folie, jusqu'à la pulsion meurtrière. Celui qui veut posséder est possédé, au sens satanique comme l'exprime ce titre le Diable portant majuscule. Il est à noter que si Tolstoï relate, en violence, en tragédie, l'attirance sexuelle, il ne blâme ni la femme, se gardant d'en peindre un portrait maléfique de provocatrice indigne, ni l'homme dont le désaveu vient de son incapacité à surmonter ses pulsions. Damnés plus que condamnés, bannis de l'Eden que serait, selon l'auteur, le bonheur conjugual.

Car, dans ce récit, Eugène Ivanovitch Irténiev est un homme de valeur, sérieux, engagé dans le projet de sa vie de propriétaire terrien de reconstruire le domaine fermier de son père. Stepanida est la jeune paysanne qui répond à son désir lorsqu'il y succombe, la sachant mariée, s'étant lui-même heureusement marié. Tolstoï décrit le véritable combat que se livre cet homme, sa conscience douloureuse de l'emprise à laquelle il est soumis. Stepanida n'a pas réellement de présence, de personnalité, dans ce texte, elle est l'incarnation de ce désir ravageur ( contrairement à l'épouse que l'auteur met en scène à traits fins ). Tolstoï raconte la passion au premier sens du terme; le Tolstoï mystique, moraliste, toujours grand auteur.
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Les Russes

Message Kashima Aujourd'hui à 9:34


Dans un train, des voyageurs engagent une conversation sur les femmes, l'amour, le mariage. Un homme semble prendre le sujet à coeur, bien plus que les autres. Quand les voyageurs descendent, il reste cet homme et le narrateur. le premier entreprend de raconter comment il en est venu à tuer sa femme.
Avec une grande distance et du cynisme, il nous livre son sentiment sur l'amour, les leurres du mariage. Il nous montre comment la jalousie est née en lui par la présence d'un violoniste chez lui qui accompagnait sa femme au piano.
...
Lien : http://edencash.forumactif.o..
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Tolstoï est l'un de mes auteurs préférés. Guerre et Paix notamment me paraît toujours inégalé. La Sonate à Kreutzer est un roman écrit beaucoup plus tard en 1889 par Tolstoï, à l'époque où, influencé par la philosophie de Schopenhauer, il entame une profonde réflexion philosophique, idéologique et mystique qui fera de lui un modèle pour Romain Rolland comme pour Gandhi.
Dans La Sonate de Kreutzer, son héros Pozdnychev raconte à son interlocuteur comment et pourquoi il en est arrivé à tuer son épouse, la mère de ses cinq enfants. Dans le cours de son récit, il se livre à une remise en question du mariage, de la fidélité, de l'amour, de la sexualité. En même temps, il reconstitue avec une précision extrême ce qui l'a conduit au crime et même les détails de ce crime. La Sonate de Kreutzer de Beethoven et en particulier son premier mouvement joué devant lui par son épouse et celui qu'il prend pour l'amant de son épouse constitue ainsi aux yeux de Pozdnychev une étape essentielle de son inexorable avancée vers le crime.

Pozdnychev est-il un sage ? Est-il un fou? Pour son interlocuteur comme pour le lecteur, cela semble impossible à déterminer. Cette interrogation entretenue par le narrateur principal qui note sans cesse les changements de physionomie de Pozdnychev contribue à tenir en haleine le lecteur ou l'auditeur.
Je remercie BABELIO de m'avoir fait découvrir cette édition du roman aux Editions Thélème, en un CD de 3 h 09 composé de 28 MP3. La lecture est de Guillaume Rivoire, un extrait, l'évocation de la sonate est donné sur mon blog.

Lien : http://aller-plus-loin.over-blog.com/article-tolstoi-leon-la-sonate-a-kreutzer-107226791.html
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Au cours d'un long voyage en train, le narrateur fait la connaissance d'un homme étrange, au passé douloureux, qui lui raconte son histoire. Pozdnychev a épousé une jolie jeune femme sur le tard. Au bout de quelques années sa passion est intacte mais la jalousie, sentiment obsessionnel qui le ronge, le poussera à commettre un acte irréparable.
Un drame de la passion a priori bien banal, mais c'est sans compter l'immense talent de Tolstoï, et le contexte particulier de ce livre.

Le début met immédiatement mal à l'aise par la sordide description du voyage de noces, qui annonce donc le ton du roman et l'idée de Tolstoï. de même que la personnalité de Pozdnychev, indiscutablement déséquilibré, contradictoire et ambigu sur les femmes et le mariage, tour à tour misogyne, libertin et puritain.

En effet, à l'époque où Tolstoï rédige ce roman, il traverse une grave crise morale et mystique. Il décide de tenter d'atteindre l'idéal chrétien et se sert du roman pour montrer la voie à ses contemporains. L'abondance du courrier qu'il reçut l'obligera à ajouter une postface au roman, dans laquelle nous découvrons un Tolstoï torturé et exalté. Il veut lutter contre la débauche et la paresse, prône la chasteté (le mariage est source de tous les maux) et prodigue des conseils pour l'éducation des enfants qui feraient frémir les parents aujourd'hui.
A titre d'exemple, voici quelques unes de ses recommandations : "les enfants trop choyés, tout comme les animaux trop bien nourris, voient se développer prématurément en eux une sensualité anormale qui est à l'origine de souffrances terribles..." et de suggérer de supprimer lecture, danses, spectacles et friandises. Ou plus loin "...l'amour charnel, le mariage constituent un culte de soi-même et par conséquent forment un obstacle au service de Dieu et de l'humanité, donc, du point de vue chrétien, c'est une déchéance, un péché".
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