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Critique de Northanger


Il s'agit de ma première rencontre avec l'auteur de Guerre et paix et Anna Karénine. Cette nouvelle a été publiée en 1889.

Tandis que le narrateur – dont nous ne saurons riens - voyage à bord d'un train, il s'intéresse à une conservation animée entamée par d'autres voyageurs sur le thème du mariage. Deux conceptions s'opposent, celle de l'amour-passion et celle de la soumission reconnue comme normale, de la femme à l'homme. le débat s'enflamme quand, à la surprise générale, un certain Pozdnychev avoue qu'il a tué sa femme parce qu'il ne supportait plus l'hypocrisie ni le quotidien d'un mariage sans amour et surtout, rongé par la jalousie. p. 85 « Nous étions deux forçats nous haïssant mutuellement, attachés à la même chaîne, nous empoisonnant mutuellement l'existence tout en nous efforçant de ne pas le remarquer. J'ignorais alors que quatre-vingt-dix-neuf pour cent des ménages vivent dans l'enfer où je vivais et qu'il ne pouvait en être autrement. » Il commence alors à raconter son histoire...

Après des débuts assez classiques à la Maupassant - un récit-cadre et des questions-brûlantes -, le récit prend une tournure pesante et tourmentée. Les préoccupations de Pozdnychev semblent faire écho à celles de Tosltoï, à la personnalité complexe et à la pensée pessimiste, inspirée de Schopenhauer. L'amour est synonyme de dépravation, de jalousie ; il ne suscite que de bas instincts et est voué à l'échec. Alors que la vie conjugale de Pozdnychev est tissée de querelles incessantes, la Sonate à Kreutzer de Beethoven va devenir la tragique complice d'une relation entre son épouse et le violoniste Troukhatchevski. En effet, ils s'engagent tous deux dans un projet de concert et cette intimité forcée va les rapprocher. Loin d'adoucir les moeurs, la musique provoquera l'irréparable. Pozdnychev explique que la musique le transporte dans un état second, reflet de l'intention du compositeur losqu'il a créé son oeuvre. Or, le premier mouvement, Presto, impétueux, a été taxé de « terrorisme artistique » par les critiques de l'époque...

Ce fut une lecture particulière. J'ai apprécié l'écriture sinueuse de Tolstoï ainsi que les interrogations torturées de Pozdnychev – bien que je ne les partage pas, évidemment. C'est une approche sans tabous de nombre de questions cruciales : l'amour, le mariage, la sexualité, l'instinct maternel, la condition féminine, aux inflexions étonnamment modernes. C'est sans nul doute un auteur passionnant et enrichissant, à lire cependant quand on a le moral car c'est un univers on ne peut plus pessimiste, en tout cas, dans ce récit.
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