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Aujourd'hui, histoire de vous rafraîchir un peu en ces temps de canicule, je vous propose une nouvelle servie bien frappée par le maître Tolstoï dont cet avis se fait le serviteur.

Et c'est une nouvelle qu'il ne faut pas trop prendre à la légère : car, oui, on se laisse emporter par l'histoire, oui, le style est plaisant, et oui encore ce format réduit autorise une pleine jouissance dans un temps réduit. On pourrait donc croire que Maître Et Serviteur n'est qu'une petite nouvelle agréable, un conte, une narration bien sentie et qui se suffit à elle-même. Mais on aurait tort, à mon avis, de sous-estimer le fond de cette nouvelle.

Tout d'abord il faut que je vous présente de quoi il retourne. Vassili Andréitch est un marchand aisé d'un gros village russe enfouit dans la campagne. Il se fait des choux gras sur à peu près tout le monde qui l'approche, à commencer par ses serviteurs, auprès desquels pourtant il arrive à se faire passer pour la Providence.

Personne n'est tout-à-fait dupe de cette affaire, mais tant que chacun y trouve son compte, cela reste supportable. Nikita est l'un des garçons de ferme de Vassili. Il n'est pas payé cher mais son maître lui offre un emploi, lui qui traîne un lourd passé d'ivrognerie bien qu'il se soit rangé depuis quelque temps.

Alors Nikita est indulgent avec son patron ; le métier n'est pas trop ingrat et Vassili lui passe deux ou trois écarts, tant que cela ne coûte rien. Nikita est aussi doué avec les chevaux et les choses de la ferme que Vassili l'est pour faire fructifier les roubles.

D'ailleurs, Vassili est sur un bon coup : une parcelle de forêt négociée à un vil prix. Il faut absolument conclure cette affaire rapidement avant qu'elle lui passe sous le nez. C'est le plein coeur de l'hiver russe et la météo n'est vraiment pas fameuse mais qu'importe, une affaire juteuse comme celle-ci n'attend pas.

Vassili prie Nikita d'atteler le bon cheval bai et les voilà partis tous deux sur le traîneau, malgré la mine dubitative de Nikita. Il a tellement neigé que la question se pose de savoir quelle route prendre pour faire les quelques verstes qui séparent la maison du négociant de celle du vendeur.

À chaque alternative, le bon sens paysan de Nikita se heurte au bon sens marchand de Vassili… Nikita malgré tout obtempère toujours : car un maître, c'est un maître. Mais la neige continue de tomber, de tomber… et le vent continue de souffler, de souffler… et il n'en finit pas de geler dans ce blizzard, de geler…

Aussi, ne vous êtes-vous jamais retrouvés totalement transis par le froid, le vent, la neige, l'épuisement et le manque d'équipement, dans une situation scabreuse, dont on ne peut prévoir la durée ? Lev Tolstoï possède l'art de nous faire ressentir cette expérience comme si l'on y était. On a un frisson à chaque paragraphe et l'on termine les pages avec l'onglée. On a des engelures rien qu'à imaginer ce pauvre cheval lancé dans le blizzard, on hurle de froid en imaginant les membres douloureux de l'infortuné Nikita.

Au-delà de cette histoire, Tolstoï nous questionne sur la condition de maître et celle de serviteur ou, plus généralement, celle de dirigeant et celle de subalterne. le dirigeant, habitué à diriger, dirige tandis que le subalterne, habitué à obéir, obéit et ce, quelles que soient les situations, même si le plus apte à diriger n'est pas le dirigeant ou si le subalterne aurait intérêt à ne pas obéir.

L'auteur nous questionne également sur la valeur de l'argent comparée à celle des êtres. Qu'est-on prêt à risquer pour de l'argent ? Quel est le sens de tout ça ? Aujourd'hui les acteurs seront un peu différents mais lorsqu'un chef d'entreprise met sciemment ses employés en danger pour un gain de compétitivité, sommes-nous très loin de la question de Tolstoï ?

N'y a-t-il pas quelque chose ayant trait à la valeur différentielle que ces personnes attribuent aux différentes catégories sociales d'êtres humains ? C'est ce que je vous laisse méditer au travers de cette nouvelle.

Ainsi, vous l'aurez compris, voici une nouvelle forte et intéressante bien que je la trouve en perte de vitesse sur la fin d'où mes sévères quatre étoiles au lieu de cinq. Mais ce n'est là que mon avis valétudinaire, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Tolstoi a-t-il lu Marx ?
Même si Trotski le juge comme un vestige de l'aristocratie, bien assis sur ses privilèges de possédant terrien, avec serfs à son service, image d'un monde révolu, Lénine au contraire donne des conférences sur son importance historique.
Dans le doute, lisons « Maitre et serviteur «.
Le maitre, Vassili Andreitch part pour affaire en traineau tiré par un solide cheval, en hiver, avec son serviteur Nikita, alcoolique repenti , dont la présence près de sa femme ne revêt pas tellement d'importance : elle vit depuis douze ans avec un tonnelier, pas de souci.

Vassili se considère comme un bienfaiteur pour Nikita et les autres : bien sûr il ne les paye pas, il leur cède au prix fort des denrées en échange de leur travail, cependant il continue à les employer gratuitement, certes, mais à les employer.

Voilà partis les deux compères, pour acheter une portion de forêt avant que d'autres ne le fassent.
Il neige, « l'on ne discernait pas la ligne de jonction entre la terre et le ciel ».
Vassili ne veut pas s'arrêter, Nikita voudrait bien passer la nuit chez des paysans qui, citant Pouchkine, les conjurent de rester, mais il est habitué depuis longtemps à obéir aux ordres et à ne pas faire valoir de volonté propre.
Ils se perdent dans la neige, reviennent sur leurs pas, une fois, deux fois, et Vassili abdique finalement pour suivre docilement le chemin indiqué par Nikita. Puis il s'en veut d'avoir écouté l'imbécile de Nikita, qui n'a rien à perdre, lui.

Ils sont vraiment trop bêtes ces paysans, ces ignorants.

Vassili continue à réfléchir toujours à la même chose « son unique but, le sens, la joie et la fierté de sa vie, à savoir combien d'argent il avait gagné », car s'enrichir c'est prendre des risques, et lui veut s'enrichir.
Pourtant, sa volonté de réussir, son dynamisme, sa certitude et sa détermination ne seront rien devant la tempête de neige : la nature est la plus forte.
Dans l'enfer glacé, où des ténèbres imparables recouvrent les chemins, ils finissent par s'arrêter, le maitre dans le traineau, recouvert de paille, Nikita dans la neige avec un peu de paille.

Mais Vassili a peur, le froid le ronge et puis le jour ne vient pas.
Peur, mépris, regrets, angoisse comme l'angoisse d'Ivan Ilitch, impatience et énervement, solitude, essai vain de se sauver sur le cheval, tous les sentiments de Vassili s'égrènent durant cette nuit qui les conduit vers la mort.


S'il y a une dialectique entre maitre et esclave, la fin de la nouvelle la présente de façon imagée, visuelle et tellement parlante : Vassili presque paralysé, se couche sur Nikita, pour le réchauffer ; il sait que la mort l'attend et l'attire et cela ne lui procure que de la joie.

Plus aucune différence, aucune distance entre Nikita et lui, ils sont un, sa vie n'est plus en lui mais en Nikita.
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Toute la maestria de Tolstoï en cent pages.
Nous voici partis en traîneau, pris dans une violente tempête, la nuit tombe, le chemin est recouvert par la neige, le vent souffle en bourrasque, nous avons froid nous inquiétons mais par chance nous arrivons dans un village.
Seulement, dans cet attelage, Vassili Andréitch n'a qu'une obsession conclure une affaire le plus rapidement possible. Il ne pense qu'à ses futurs profits.Les villageois lui conseillent d'attendre mais rien à faire, les voilà repartis dans la tourmente. Soumis son domestique Nikita l'accompagne et le sert de son mieux grâce à sa connaissance de la nature.
Dans ce récit, Tolstoï nous montre à quel point, l'homme est impuissant face à la nature, Vassili Andréitch l'apprendra à ses dépens et réalisera trop tard qu'il ne maîtrise que peu de choses. C'est aussi une belle leçon de lâcher-prise car Nikita, son serviteur, sait qu'il n'a pas grand-chose à perdre et accepte l'idée de sa mort tout en plaignant son maître, qui lui, à tant à perdre.
Toute la finesse de Tolstoï dans ces deux portraits où finalement le maître finit par réaliser qu'il a une vie à charge.
Une réflexion sur l'importance de la vie, la sienne et celle des autres.
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Tolstoï nous livre une réflexion sur le lien Maître et serviteur, employeur employé et sur le pouvoir que confère l'argent par rapport à celui qui doit obéir.

Il met en parallèle la sagesse de Nikita, proche de la terre, des éléments et des animaux qui sait d'instinct comment affronter la tempête, la neige, le blizzard, mais qui obéit aux ordres, même s'ils sont dénués de bon sens.

Face à lui, Vassili le maître obsédé par son affaire, il s'obstine à continuer la route dans la tempête mettant tout le monde en danger : il savait qu'il fallait s'arrêter au village la première fois où ils se sont perdus, mais l'appât de gain du maître est trop fort.

Il ne s'agit pas simplement de la relation entre deux hommes perdus dans la tempête, c'est aussi une critique de la société de l'époque (est-ce que cela a beaucoup changé ?)

Une mention spéciale pour la misogynie du maître : « ma femme ne saura pas se faire payer. Qu'elle est ignorante ! Elle n'a pas de savoir-vivre », pensa-t-il en se rappelant la façon dont elle avait reçu le commissaire de police qui lui avait fait visite la veille à l'occasion de la fête.

« Une femme, quoi ! Où aurait-elle pu s'éduquer ? Était-ce une maison convenable, celle de ses parents ? »

Tolstoï parle aussi de sa relation avec la mort : doit-on la redouter ou en accepter la fatalité : Vassili a peur de la mort, il pense même un moment, que Nikita peut bien mourir de froid, cela n'a pas grande importance, par rapport à sa propre vie.

Nikita, lui, ne redoute rien, la mort est une fatalité, quel est le prix de la vie pour lui ? il suit son instinct, sa propre expérience, pour se protéger, et tenter de protéger son maître et Moukhorty, le cheval qui est un être humain pour lui, il lui parle, le bichonne alors que pour Vassili, il n'est qu'un moyen de locomotion.

Les phrases sur la mort sont très belles.

« Mourait-il ou s'endormait-il ? Il ne le savait ; mais il se sentait également prêt pour l'une ou pour l'autre chose. »

J'ai lu cette nouvelle il y a très longtemps, à la même époque que la première lecture de « Anna Karénine », et la magie a fonctionné une nouvelle fois, j'ai retrouvé le texte qui s'était imprimé tout au fond de ma mémoire alors que je pensais l'avoir oublié…
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Une belle nouvelle où à chaque avancée survient une interrogation sur les relations humaines...en effet on se retrouve dans trois différents rapports entre le maître et le serviteur: dans un premier temps le maître est celui qui ordonne et le serviteur celui qui exécute et qui prend sur soi tous les délits de son maître, ensuite face à la rigueur du temps, le maître et le serviteur se retrouvent dans un rapport d'égal à égal, enfin, face à la providence ou à la sagesse, tout semble se renverser, le maître devient le serviteur et le serviteur devient le maître...

Alors dans chaque situation de la vie, à quel moment l'homme est-il maître ou serviteur?
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En 1870 Vassili Andreitch marchand pingre, avare et filou en affaire doit se rendre à Goriatschkino pour l'achat d'un petit bois estimé à 2000 roubles qu'il compte bien marchander.
Nikita, son serviteur, moujik de 50ans dont « tout le monde faisait cas pour son amour du travail, son habileté, sa vigueur, et surtout pour sa bonté et son heureux caractère. » prépare l'attelage. Et malgré la tempête de neige qui se lève l'équipage prend la route. Bientôt les difficultés arrivent, tempête glaciale, neige, brouillard, nos deux hommes tournent en rond, la nuit tombe, ils se perdent et sont obligés de bivouaquer.
Ce récit oppose le maitre au serviteur : celui qui dirige n'a qu'un souci faire une bonne affaire, il veut arriver au plus vite et n'évalue pas le danger qui les menace. le serviteur, celui qui doit obéir représente le bon sens paysan, de bonne humeur et aime les bêtes il sait reconnaître leur bravoure et il les épargne.
Dans ce récit où Tolstoï excelle dans son art, ce qu'il y a d'incroyable c'est que la magie fonctionne ! le récit est très vivant, les caractères bien campés et tandis que les éléments se déchainent on serait presque gelé en lisant cette nouvelle! On est happés dans le décor avec force et émerveillement.
Tolstoï aborde des sujets comme relations humaines maitre-serviteur l'un est calme, observe et connait de la nature l'autre est plein de cupidité et lorsque le danger arrive il est paralysé par la peur de mourir. Ainsi on remarque que petit à petit la peur, l'idée de la mort soumet le maitre devant le serviteur.
Génial Tolstoï qui fait de cette course dans la tempête de neige le symbole de nos luttes et nos peurs dans la vie et la bonne attitude à adopter.









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Dans le froid intense d'une tempête de neige, un maître et son serviteur se rendent dans une ville voisine pour conclure une affaire. Face aux éléments déchaînés, le bon sens voudrait qu'ils fassent demi-tour, c'est ce que pense Nikita face à l'obstination de son maître. Mais la cupidité de celui-ci est supérieure à son instinct de survie. Ils vont se perdre et le serviteur ne pourra sauver son maître.
Une nouvelle admirable, glaçante et... morale.
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Le surlendemain de la Saint-Nicolas 1870, Vassili Andréitch Brekhounov veut partir en traineau pour aller acheter un petit bois qu'il négociait depuis longtemps par crainte qu'il soit acquis par quelqu'un d'autre.

Malgré la neige qui tombe il fait atteler son traineau et à la demande de sa femme il se fait accompagner par son serviteur Nikita. La neige tombe de plus en plus et le vent se renforce. Les repères de la route deviennent invisibles et ils se perdent plusieurs fois. Après un arrêt dans un hameau où ils passaient pour la seconde fois, Vassili Andréitch refuse l'hospitalité proposée alors que la nuit était tombée.

Ils se perdent une fois de plus, le cheval est épuisé, Nikita est transi, ils vont passer la nuit sur place ! L'avidité et l'orgueil de Vassili vont le conduire à sa perte pendant qu'il énumère ses richesses et celles qu'il convoite. Nikita fait preuve de résignation, connaissant bien mieux la réalité de la nature et de la vie.

Tolstoï met en parallèle deux conditions bien définies dans son titre sans beaucoup de mots ni trop de longueurs. Il montre toutes les différences de pensée et de comportements. Hâbleur et fanfaron habitué à ce que rien ne lui résiste, le Maître croit qu'il sait et dirige leur duo. Nikita, dressé à obéir, obéit et finit par se résigner à leur sort sans révolte mais démontre qu'il est plus à même de comprendre ce qui se passe et de savoir se prémunir !

Un conte moral qui prête à réfléchir même si dans l'absolu les hommes en sont toujours au même point et que ça ne semble pas près de changer !

Jolie prose où l'on ressent le froid, la gifle glacée du vent, la peur d'être égaré et celle de mourir ! Courte histoire mais dans laquelle il est facile de se couler !

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Le géant de la littérature russe serait certainement étonné d'apprendre que la plupart de ses écrits, dont la nouvelle « Maître et serviteur, » parue en 1895, continue de faire écho dans la société actuelle - et je ne pense pas qu'à la Russie - presque deux siècles plus tard.

C'est cela la magie d'un bon classique! Cette capacité de continuer à vivre de manière intacte dans l'histoire humaine sans perdre aucunement le propos initial.

Parce qu'avec Léon Tosltoï on a toujours droit à des personnages extraordinaires et à une véritable critique de la société russe, avec des réflexions pleine de bon sens, ce court format est un régal.

Maître et serviteur » est l'un de ces contes typiques de l'auteur, où le pauvre domestique habitué à ne réclamer pas davantage de miettes que ce qu'on lui donne, semble plus entier, plus riche d'enseignements que don « Maître », inhumain, désolidarisé de la réalité, vaniteux et cupide. 

Les ambitions sociales démesurées ont toujours corrompu et corrompront toujours certaines âmes humaines.

La plume incisive et férocement satirique de Tolstoï fait mouche à chaque fois.

Dans cette petite nouvelle de moins d'une centaine de pages, l'auteur russe cherche à montrer la transformation profonde des personnages face la mort et le crépitement de lucidité qui peut étinceler dans les moments fatidiques, faisant voler en éclats une vie menée de manière bien peu humaine.


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Maître et Serviteur
L'histoire se passe, "dans les années 1870". Un riche négociant, Vassili Andréitch Brekhounov se trouve à une fête et doit partir rendre une visite importante à un propriétaire voisin en vue d'acheter du bois dans le domaine de Goriatchkino. Il est impératif qu'il arrive avant ses concurrents.
Toutefois la tempête approche mais le négociant décide de partir quand même et il emmène avec lui un paysan, Nikita. Ils partent en traîneau avec un seul cheval.
Le temps est de plus en plus menaçant, ils s'arrêtent un moment chez des paysans qui leur proposent de passer la nuit chez eux, mais Brekhounov refuse, l'appât du gain est le plus fort...
Cet entêtement du négociant à conclure ses affaires malgré des conditions météorologiques très difficiles va avoir des conséquences dramatiques.
Maître et serviteur vont affronter la mort à armes égales.... Celui qui survivra finalement sera celui qui est "le plus en phase" avec la Nature...
Une nouvelle d'une puissance inouïe
La description de la violence de l'hiver a rarement été aussi forte. On ne peut que penser aux récits de Soljenitsyne et de Chalamov qui vont suivre au XXème siècle.
Une violence climatique qu'on ne peut qu'associer aux extrémités de la violence politique tant au 19ème siècle qu'au 20ème siècle.
Ce qui est intéressant c'est que dans ce trio en quelque sorte soudé par la violence des éléments et formé par le maître, le serviteur Nikita et le cheval, seul le maître a peur de la mort.
C'est aussi pour cela que le serviteur survit.
La présence du froid et de la tempête est la plus forte à chaque instant, les prières du négociant à Saint Nicolas, patron de la Russie, n'y font rien, laissant entrevoir ici la vision de la mort de Tolstoï.
Cette oeuvre reste très forte aussi car elle explore le moment qui sépare la conscience que l'on va mourir de la mort proprement dite.
Chacun des trois personnages va l'éprouver à sa manière.
Enfin la structure de la nouvelle est remarquable car autour du rapport maître/serviteur et à la dialectique du maître et de l'esclave qui sous-tend le discours du texte, le cheval a un rôle important et fournit la possibilité du triangle.
C'est autour de lui que se développe la problématique de la compassion et de l'échange des places.
Une oeuvre très puissante, qui semble aussi ouvrir sur la possibilité d'une rédemption, ou d'une réparation grâce au froid.
Rarement la violence climatique, élémentaire, aura été aussi bien rendue.
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