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Il'â Gal'perin-Kaminskij (Traducteur)Bernard Kreise (Auteur de la postface, du colophon, etc.)Marion Bataille (Illustrateur)
EAN : 9782842053833
101 pages
1001 Nuits (01/02/1999)
  Existe en édition audio
4.2/5   155 notes
Résumé :
"C'était le lendemain de la Saint-Nicolas d'hiver, qui était la fête de la paroisse et Vassili Andréitch Brekhounov, appartenant à la seconde guilde des marchands ne pouvait s'absenter. Il lui fallait être à l'église, il était marguillier et il lui fallait aussi recevoir et régaler chez lui les parents et les amis. Mais lorsque ces derniers hôtes l'eurent quitté, assili Andréitch se mit aussi en devoir de se préparer à partir." Vassili Andréitch Brekhounov et son va... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (39) Voir plus Ajouter une critique
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Aujourd'hui, histoire de vous rafraîchir un peu en ces temps de canicule, je vous propose une nouvelle servie bien frappée par le maître Tolstoï dont cet avis se fait le serviteur.

Et c'est une nouvelle qu'il ne faut pas trop prendre à la légère : car, oui, on se laisse emporter par l'histoire, oui, le style est plaisant, et oui encore ce format réduit autorise une pleine jouissance dans un temps réduit. On pourrait donc croire que Maître Et Serviteur n'est qu'une petite nouvelle agréable, un conte, une narration bien sentie et qui se suffit à elle-même. Mais on aurait tort, à mon avis, de sous-estimer le fond de cette nouvelle.

Tout d'abord il faut que je vous présente de quoi il retourne. Vassili Andréitch est un marchand aisé d'un gros village russe enfouit dans la campagne. Il se fait des choux gras sur à peu près tout le monde qui l'approche, à commencer par ses serviteurs, auprès desquels pourtant il arrive à se faire passer pour la Providence.

Personne n'est tout-à-fait dupe de cette affaire, mais tant que chacun y trouve son compte, cela reste supportable. Nikita est l'un des garçons de ferme de Vassili. Il n'est pas payé cher mais son maître lui offre un emploi, lui qui traîne un lourd passé d'ivrognerie bien qu'il se soit rangé depuis quelque temps.

Alors Nikita est indulgent avec son patron ; le métier n'est pas trop ingrat et Vassili lui passe deux ou trois écarts, tant que cela ne coûte rien. Nikita est aussi doué avec les chevaux et les choses de la ferme que Vassili l'est pour faire fructifier les roubles.

D'ailleurs, Vassili est sur un bon coup : une parcelle de forêt négociée à un vil prix. Il faut absolument conclure cette affaire rapidement avant qu'elle lui passe sous le nez. C'est le plein coeur de l'hiver russe et la météo n'est vraiment pas fameuse mais qu'importe, une affaire juteuse comme celle-ci n'attend pas.

Vassili prie Nikita d'atteler le bon cheval bai et les voilà partis tous deux sur le traîneau, malgré la mine dubitative de Nikita. Il a tellement neigé que la question se pose de savoir quelle route prendre pour faire les quelques verstes qui séparent la maison du négociant de celle du vendeur.

À chaque alternative, le bon sens paysan de Nikita se heurte au bon sens marchand de Vassili… Nikita malgré tout obtempère toujours : car un maître, c'est un maître. Mais la neige continue de tomber, de tomber… et le vent continue de souffler, de souffler… et il n'en finit pas de geler dans ce blizzard, de geler…

Aussi, ne vous êtes-vous jamais retrouvés totalement transis par le froid, le vent, la neige, l'épuisement et le manque d'équipement, dans une situation scabreuse, dont on ne peut prévoir la durée ? Lev Tolstoï possède l'art de nous faire ressentir cette expérience comme si l'on y était. On a un frisson à chaque paragraphe et l'on termine les pages avec l'onglée. On a des engelures rien qu'à imaginer ce pauvre cheval lancé dans le blizzard, on hurle de froid en imaginant les membres douloureux de l'infortuné Nikita.

Au-delà de cette histoire, Tolstoï nous questionne sur la condition de maître et celle de serviteur ou, plus généralement, celle de dirigeant et celle de subalterne. le dirigeant, habitué à diriger, dirige tandis que le subalterne, habitué à obéir, obéit et ce, quelles que soient les situations, même si le plus apte à diriger n'est pas le dirigeant ou si le subalterne aurait intérêt à ne pas obéir.

L'auteur nous questionne également sur la valeur de l'argent comparée à celle des êtres. Qu'est-on prêt à risquer pour de l'argent ? Quel est le sens de tout ça ? Aujourd'hui les acteurs seront un peu différents mais lorsqu'un chef d'entreprise met sciemment ses employés en danger pour un gain de compétitivité, sommes-nous très loin de la question de Tolstoï ?

N'y a-t-il pas quelque chose ayant trait à la valeur différentielle que ces personnes attribuent aux différentes catégories sociales d'êtres humains ? C'est ce que je vous laisse méditer au travers de cette nouvelle.

Ainsi, vous l'aurez compris, voici une nouvelle forte et intéressante bien que je la trouve en perte de vitesse sur la fin d'où mes sévères quatre étoiles au lieu de cinq. Mais ce n'est là que mon avis valétudinaire, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Tolstoi a-t-il lu Marx ?
Même si Trotski le juge comme un vestige de l'aristocratie, bien assis sur ses privilèges de possédant terrien, avec serfs à son service, image d'un monde révolu, Lénine au contraire donne des conférences sur son importance historique.
Dans le doute, lisons « Maitre et serviteur «.
Le maitre, Vassili Andreitch part pour affaire en traineau tiré par un solide cheval, en hiver, avec son serviteur Nikita, alcoolique repenti , dont la présence près de sa femme ne revêt pas tellement d'importance : elle vit depuis douze ans avec un tonnelier, pas de souci.

Vassili se considère comme un bienfaiteur pour Nikita et les autres : bien sûr il ne les paye pas, il leur cède au prix fort des denrées en échange de leur travail, cependant il continue à les employer gratuitement, certes, mais à les employer.

Voilà partis les deux compères, pour acheter une portion de forêt avant que d'autres ne le fassent.
Il neige, « l'on ne discernait pas la ligne de jonction entre la terre et le ciel ».
Vassili ne veut pas s'arrêter, Nikita voudrait bien passer la nuit chez des paysans qui, citant Pouchkine, les conjurent de rester, mais il est habitué depuis longtemps à obéir aux ordres et à ne pas faire valoir de volonté propre.
Ils se perdent dans la neige, reviennent sur leurs pas, une fois, deux fois, et Vassili abdique finalement pour suivre docilement le chemin indiqué par Nikita. Puis il s'en veut d'avoir écouté l'imbécile de Nikita, qui n'a rien à perdre, lui.

Ils sont vraiment trop bêtes ces paysans, ces ignorants.

Vassili continue à réfléchir toujours à la même chose « son unique but, le sens, la joie et la fierté de sa vie, à savoir combien d'argent il avait gagné », car s'enrichir c'est prendre des risques, et lui veut s'enrichir.
Pourtant, sa volonté de réussir, son dynamisme, sa certitude et sa détermination ne seront rien devant la tempête de neige : la nature est la plus forte.
Dans l'enfer glacé, où des ténèbres imparables recouvrent les chemins, ils finissent par s'arrêter, le maitre dans le traineau, recouvert de paille, Nikita dans la neige avec un peu de paille.

Mais Vassili a peur, le froid le ronge et puis le jour ne vient pas.
Peur, mépris, regrets, angoisse comme l'angoisse d'Ivan Ilitch, impatience et énervement, solitude, essai vain de se sauver sur le cheval, tous les sentiments de Vassili s'égrènent durant cette nuit qui les conduit vers la mort.


S'il y a une dialectique entre maitre et esclave, la fin de la nouvelle la présente de façon imagée, visuelle et tellement parlante : Vassili presque paralysé, se couche sur Nikita, pour le réchauffer ; il sait que la mort l'attend et l'attire et cela ne lui procure que de la joie.

Plus aucune différence, aucune distance entre Nikita et lui, ils sont un, sa vie n'est plus en lui mais en Nikita.
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Toute la maestria de Tolstoï en cent pages.
Nous voici partis en traîneau, pris dans une violente tempête, la nuit tombe, le chemin est recouvert par la neige, le vent souffle en bourrasque, nous avons froid nous inquiétons mais par chance nous arrivons dans un village.
Seulement, dans cet attelage, Vassili Andréitch n'a qu'une obsession conclure une affaire le plus rapidement possible. Il ne pense qu'à ses futurs profits.Les villageois lui conseillent d'attendre mais rien à faire, les voilà repartis dans la tourmente. Soumis son domestique Nikita l'accompagne et le sert de son mieux grâce à sa connaissance de la nature.
Dans ce récit, Tolstoï nous montre à quel point, l'homme est impuissant face à la nature, Vassili Andréitch l'apprendra à ses dépens et réalisera trop tard qu'il ne maîtrise que peu de choses. C'est aussi une belle leçon de lâcher-prise car Nikita, son serviteur, sait qu'il n'a pas grand-chose à perdre et accepte l'idée de sa mort tout en plaignant son maître, qui lui, à tant à perdre.
Toute la finesse de Tolstoï dans ces deux portraits où finalement le maître finit par réaliser qu'il a une vie à charge.
Une réflexion sur l'importance de la vie, la sienne et celle des autres.
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Tolstoï nous livre une réflexion sur le lien Maître et serviteur, employeur employé et sur le pouvoir que confère l'argent par rapport à celui qui doit obéir.

Il met en parallèle la sagesse de Nikita, proche de la terre, des éléments et des animaux qui sait d'instinct comment affronter la tempête, la neige, le blizzard, mais qui obéit aux ordres, même s'ils sont dénués de bon sens.

Face à lui, Vassili le maître obsédé par son affaire, il s'obstine à continuer la route dans la tempête mettant tout le monde en danger : il savait qu'il fallait s'arrêter au village la première fois où ils se sont perdus, mais l'appât de gain du maître est trop fort.

Il ne s'agit pas simplement de la relation entre deux hommes perdus dans la tempête, c'est aussi une critique de la société de l'époque (est-ce que cela a beaucoup changé ?)

Une mention spéciale pour la misogynie du maître : « ma femme ne saura pas se faire payer. Qu'elle est ignorante ! Elle n'a pas de savoir-vivre », pensa-t-il en se rappelant la façon dont elle avait reçu le commissaire de police qui lui avait fait visite la veille à l'occasion de la fête.

« Une femme, quoi ! Où aurait-elle pu s'éduquer ? Était-ce une maison convenable, celle de ses parents ? »

Tolstoï parle aussi de sa relation avec la mort : doit-on la redouter ou en accepter la fatalité : Vassili a peur de la mort, il pense même un moment, que Nikita peut bien mourir de froid, cela n'a pas grande importance, par rapport à sa propre vie.

Nikita, lui, ne redoute rien, la mort est une fatalité, quel est le prix de la vie pour lui ? il suit son instinct, sa propre expérience, pour se protéger, et tenter de protéger son maître et Moukhorty, le cheval qui est un être humain pour lui, il lui parle, le bichonne alors que pour Vassili, il n'est qu'un moyen de locomotion.

Les phrases sur la mort sont très belles.

« Mourait-il ou s'endormait-il ? Il ne le savait ; mais il se sentait également prêt pour l'une ou pour l'autre chose. »

J'ai lu cette nouvelle il y a très longtemps, à la même époque que la première lecture de « Anna Karénine », et la magie a fonctionné une nouvelle fois, j'ai retrouvé le texte qui s'était imprimé tout au fond de ma mémoire alors que je pensais l'avoir oublié…
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En 1870 Vassili Andreitch marchand pingre, avare et filou en affaire doit se rendre à Goriatschkino pour l'achat d'un petit bois estimé à 2000 roubles qu'il compte bien marchander.
Nikita, son serviteur, moujik de 50ans dont « tout le monde faisait cas pour son amour du travail, son habileté, sa vigueur, et surtout pour sa bonté et son heureux caractère. » prépare l'attelage. Et malgré la tempête de neige qui se lève l'équipage prend la route. Bientôt les difficultés arrivent, tempête glaciale, neige, brouillard, nos deux hommes tournent en rond, la nuit tombe, ils se perdent et sont obligés de bivouaquer.
Ce récit oppose le maitre au serviteur : celui qui dirige n'a qu'un souci faire une bonne affaire, il veut arriver au plus vite et n'évalue pas le danger qui les menace. le serviteur, celui qui doit obéir représente le bon sens paysan, de bonne humeur et aime les bêtes il sait reconnaître leur bravoure et il les épargne.
Dans ce récit où Tolstoï excelle dans son art, ce qu'il y a d'incroyable c'est que la magie fonctionne ! le récit est très vivant, les caractères bien campés et tandis que les éléments se déchainent on serait presque gelé en lisant cette nouvelle! On est happés dans le décor avec force et émerveillement.
Tolstoï aborde des sujets comme relations humaines maitre-serviteur l'un est calme, observe et connait de la nature l'autre est plein de cupidité et lorsque le danger arrive il est paralysé par la peur de mourir. Ainsi on remarque que petit à petit la peur, l'idée de la mort soumet le maitre devant le serviteur.
Génial Tolstoï qui fait de cette course dans la tempête de neige le symbole de nos luttes et nos peurs dans la vie et la bonne attitude à adopter.









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Citations et extraits (39) Voir plus Ajouter une citation
La pensée de mourir cette même nuit ne lui parut ni trop regrettable, ni trop effrayante. Pas trop regrettable parce que sa vie était loin d’être une fête continuelle, mais une servitude incessante au contraire et dont il commençait à se fatiguer ; pas trop effrayante, parce qu’outre les maîtres, comme Vassili Andréitch, au service desquels il se trouvait ici-bas, il se sentait soumis au Maître des maîtres, à celui qui l’avait envoyé sur cette terre, et il savait qu’en mourant il resterait encore au pouvoir de ce maître qui ne le molesterait pas.
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Mourait-il ou s'endormait-il ? Il ne le savait ; mais il se sentait également prêt pour l'une ou pour l'autre chose
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La pensée de mourir cette même nuit ne lui parut ni trop regrettable, ni trop effrayante. Pas trop regrettable, parce que sa vie était loin d'être une fête continuelle, mais une servitude incessante au contraire et dont il commençait à se fatiguer ; pas trop effrayante, parce qu'outre les maîtres, comme Vassili Andréitch, au service desquels il se trouvait ici-bas, il se sentait soumis au Maître des maîtres, à celui qui l'avait envoyé sur cette terre, et il savait qu'en mourant il resterait encore au pouvoir de ce maître qui ne le molesterait pas.
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" - Reine des cieux, saint père Nicolas modèle d'abstinence", - il se rappelait les actions de grâces de la veille et l'icône à la face noire dans son cadre doré, les cierges qu'il vendait pour cette icône, et qu'on lui rapportait aussitôt, à peine consumés, pour qu'il les cache dans son tiroir.
Et il se mit à prier ce même Nicolas thaumaturge de le sauver, en lui promettant actions de grâces et cierges;
Mais il comprit aussi très clairement, indiscutablement, que cette icône, ce cadre, ces cierges, ce prêtre, ces actions de grâces - que tout était important et nécessaire là-bas, à l'église, mais qu'ici cela ne pouvait lui servir à rien, qu'entre ces cierges, ces actions de grâces, et la situation misérable où il se trouvait à présent, il n'y avait et ne pouvait y avoir aucun lien.
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À l'entrée de la rue, le vent se faisait sentir encore et soulevait la neige, mais au milieu du village il faisait calme, chaud et gai. Près d'une maison aboyait un chien ; près d'une autre, une femme, se couvrant la tête d'un manteau d'homme, accourait et s'arrêtait sur le seuil de l'izba pour regarder les voyageurs. On entendait des chants de jeunes filles.
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