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Jean Léger (II) (Traducteur)
EAN : 9782714444004
504 pages
Belfond (08/01/2009)
4.21/5   107 notes
Résumé :
Stupéfiant d'imagination, de drôlerie et de profondeur, un premier roman époustouflant, finaliste du prestigieux Man Booker Prize. Porté par une véritable dynamite verbale, un mélange détonant entre roman d'aventures, farce jubilatoire et conte philosophique. Une flamboyante odyssée familiale, du bush australien au Paris bohème et à la jungle thaïlandaise, des années 1960 à nos jours. Toute sa vie, Jasper Dean a hésité entre détester, plaindre, adorer et assassiner ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
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Ovnidéjantéloufoqueculterocambolesque... Il ne doit pas exister de mot juste pour cette bombe de drôlerie saugrenue venue d'Australie, à la silhouette philosophique désenchantée sur l'humanité. Le genre de roman au profil culte immédiat dont on est parti pour se souvenir, une fois fini on peut être amené à considérer béatement l'objet et savoir longtemps sa place précise dans la bibliothèque.
Les personnages sont déjantés. En tête de gondole pointe le père du narrateur, Martin Dean, à l'enfance en partie comateuse et au reste ombrageux, sociopathe convaincu, « prophète aux révélations limitées » selon lui-même, éclipsé par son frère Terry futur redresseur de torts et icône australienne. Jasper le narrateur est fils du premier, se demande s'il est son contraire ou sa réincarnation vivante. La trame suit surtout la relation père-fils, elle est sujette à rebondissements rocambolesques issus souvent de la turbine cérébrale et infernale de Martin, capable d'envoyer son monde folklorique valdinguer de projets fous en projets fous, justifiés par une philosophie autodidacte, misanthrope et inouïe.
Mais si l'histoire invraisemblable confine au farfelu, parfois à l'hystérie burlesque ou au délire à la limite du psychédélisme, l'écriture est un trésor de pépites langagières, bourré de comparaisons sidérantes de justesse et d'originalité, de réflexions philosophiques à retourner tout cerveau ancré dans l'océan de la platitude, de répliques méchamment drôles et sarcastiques. Un dépoussiérage de la pensée commune, du cliché et de la réflexion convenue, susceptible de vous prendre à contre-pied au détour d'un mot au premier degré ou d'une réplique jouissive, à vous faire souvent tonitruer le rire.
Il est à lire à mon avis, peut-être même à relire malgré ses 800 pages (en version poche), en tout cas à garder à portée de butinage pour ses perles jubilatoires.

«Par exemple elle disait que je n'étais pas romantique comme Brian, juste parce que j'avais dit un jour :« Je t'aime de tout mon cerveau. » Est-ce ma faute si elle n'avait pas compris à quel point le coeur s'est approprié les mérites de la tête, que les sentiments follement passionnés proviennent en fait de l'ancien système limbique qui se trouve dans le cerveau, et que je ne faisais qu'essayer d'éviter de faire référence au coeur comme à l'entrepôt véritable de tous mes sentiments quand ce n'est, après tout, rien qu'une pompe détrempée et un filtre ? Raison pour laquelle il ne faut jamais offrir un conte allégorique à la race humaine – en moins d'une génération, elle en fera une vérité historique, témoins oculaires à l'appui. »
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Une partie du tout. Un titre énigmatique pour un livre monumental, extravagant, déconcertant. Une lecture distrayante pour les uns, rébarbative pour d'autres... Et qu'en ai-je pensé moi-même ? demandez-vous. – J'ai pris beaucoup de plaisir dans certaines parties, j'ai dû m'accrocher dans d'autres. – Mais ai-je aimé le livre ? insistez-vous. – Quelques minutes après l'avoir terminé, je n'aurais pas su quoi répondre. Quelques jours plus tard, après m'être penché sur sa structure et en avoir relu certains passages, je reste partagé mais ce sont quand même les bons côtés qui prennent le dessus. Une partie du tout, en quelque sorte !

Voilà qui me semble cohérent : j'ai bien aimé mais je reste réservé. Car je doute que tous les lecteurs aillent au bout des cinq cents pages écrites par le romancier australien Steve Toltz.

Une partie du tout est l'histoire d'un homme. Mais duquel ? Est-ce de Martin (ou Marty) Dean, le père ? de Jasper Dean, le fils ? Ou de Terry Dean, le frère… à moins qu'il ne soit l'oncle… on s'y perd un peu, au début. En fait, Terry est le frère de Martin et l'oncle de Jasper. Vous y êtes ?

Terry est un ancien grand champion sportif qui a mal tourné tout en restant une idole nationale en Australie. Une étoile inaccessible pour son neveu Jasper qui ne l'a pas connu. Une étoile noire qui aura absorbé toute la lumière auquel son frère Marty aurait pu prétendre, ce dont ce dernier ne se remettra jamais. Terry Dean, un gangster mythique dont l'éclat obscur rayonne jusqu'à la fin du roman.

Un roman en forme de puzzle, dont la construction très originale nécessite un minimum d'explications. le narrateur du roman, c'est Jasper. Mais Jasper laisse volontiers la parole à Marty, son père. Il nous branche ainsi en direct sur un très long monologue de Marty : vingt-deux heures d'affilée, transcrites en un chapitre de cent cinquante pages, pour raconter à Jasper son enfance dans l'ombre de Terry ; quasiment un roman dans le roman. Plus loin dans le livre, Jasper nous fait déchiffrer l'intégrale du journal intime tenu par Marty, lors de pérégrinations à Paris, juste avant la naissance de son fils ; puis peu avant les derniers événements du roman, il nous dévoile un ouvrage inachevé : l'« Autobiographie sans titre de Martin Dean, par Martin Dean », un non-titre saugrenu donnant le ton humoristique, parfois hilarant, qui caractérise l'ensemble de l'ouvrage. Comprenez donc, quand vous lisez « je », que ce peut être Jasper ou Marty qui s'exprime. de l'importance de savoir dans quel chapitre vous êtes, si vous ne voulez pas vous embrouiller !

Au fur et à mesure de la découverte des pièces du puzzle, c'est la vie et la personnalité de Martin Dean qui s'affichent : un misanthrope, philosophe, moraliste, indécis, dépressif, fragile, autodestructeur, probablement génial, peut-être carrément fou… Pour Jasper, la narration est un parcours initiatique à la recherche de lui-même au travers d'une relation père - fils complexe. Un père à l'évidence soucieux de ce que deviendra son fils, mais souvent incohérent dans ses actions. Un fils qui voit clair dans les traits de caractère de son père, mais qui a du mal à faire le tri entre les positifs et les négatifs, conscient qu'il en héritera naturellement certains et qu'il lui appartiendra de choisir, parmi les autres, ceux qu'il adoptera. C'est la loi de la transmission de père en fils : opter pour la bonne partie du tout. Pour le complément, on a une mère, et Jasper comme tout le monde…

Haïr plutôt qu'aimer, punir ! Un début d'envie chez Jasper comme chez Marty ; juste une velléité. Un père ne sait pas s'il aime son fils parce qu'il a les mêmes défauts que lui, ou au contraire parce qu'il a d'autres qualités. Et quand il n'y a que l'amour et pas de haine – comme moi avec mon père et mes deux fils – c'est de fierté ou de regret qu'il s'agit. Mais sait-on jamais ce qui est positif chez soi-même.

Une partie du tout est un roman philosophique. On y évoque l'Homme, sa peur de la mort, sa peur de la peur de la mort, sa propension à construire son chez soi au centre d'un labyrinthe, sinueux comme la formation des idées et impénétrable comme les voies de Dieu. Les personnages s'interrogent, dissertent, débattent. Des commentaires pertinents, drôles, très drôles souvent, mais parfois incompréhensibles, longs, très longs et sans intérêt…

Le livre est aussi une saga romanesque bien maîtrisée, passionnante, amusante, aux péripéties surprenantes, originales, loufoques, qui pour l'essentiel prennent place en Australie, une démocratie éloignée et pourtant très similaire à la nôtre : une population de consommateurs en quête de sens, un microcosme de médias manipulateurs et manipulés, un monde politique à la recherche de l'efficacité, notamment face à l'immigration de Clandestins, un mot que l'auteur écrit avec un C majuscule, comme si c'était une nationalité ou une ethnie.

Et comme souvent, l'amour est la cause involontaire des pires trahisons. Celles qui font tout basculer.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Epoustouflant, déroutant, foisonnant.
Certains critiques l'ont comparé à « La Conjuration des imbéciles ». On y retrouve certes ces personnages déjantés, asociaux et géniaux, mais l'écriture est ici virtuose : j'ai mis un mois à le lire, parce que je m'y suis promenée, (et c'est une longue rando, 500 pages écrites serrées) avec la certitude de nouvelles découvertes à chaque page tournée, non dans l'histoire (encore que l'on se balade d'Australie à Paris puis en Thaïlande et que les rebondissements sont nombreux) mais dans le style.
le pseudo-philosophe autodidacte qu'est le père du narrateur ne donne pas que dans la psychologie de bazar. C'est aussi une profonde réflexion sur le sens de la vie (ou de la mort ?).
Quant à la relation père-fils, c'est un filigrane permanent tout au long du roman.

Après un succès largement mérité pour ce premier roman, l'auteur se fait rare pour ne pas dire muet : dommage.
A lire et à relire

Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Une partie de tout fait partie des romans dont on sait dès les premières pages que le plaisir sera au rendez-vous, et pour le coup Steve Toltz réussit un formidable roman flamboyant, bourré d'humour, avec un talent incroyable pour créer des situations qui flatte notre imaginaire. L'odyssée de ces deux frères est d'autant plus attachante que Toltz n'a pas son pareil pour nous émouvoir et éviter tout sentimentalisme. Un conteur né qui livre un premier roman foisonnant, riche, culotté. Jubilatoire. Ne ratez pas ce roman c'est du bonheur tout du long. Tout simplement génial.
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Jasper Dean a été en conflit avec sa père jusqu'à la mort de celui-ci. Martin Dean, cet homme qui a vécu dans l'ombre de son grand bandit de petit frère, a eu une sacrée vie. Jasper Dean nous la raconte, par la voix paternelle, des carnets ou par sa présence auprès de lui.

Un sacré livre ! La vie de Martin Dean est un sacré labyrinthe, on se perd dans les descriptions pleines d'humour de l'auteur, mais on retombe finalement bien sur ses pattes à la fin. J'ai beaucoup aimé la prose de l'auteur parfois complexe, parfois frisant l'inconvenant mais ne lâchant pratiquement jamais cet humour qui donne à la biographie de Martin, une couleur et une saveur surprenante. Des longueurs parfois mais une belle découverte, merci pour ces bons moments Monsieur Toltz !
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Citations et extraits (41) Voir plus Ajouter une citation
Les humains sont uniques dans ce monde parce que, contrairement aux autres animaux, ils ont développé une conscience si avancée qu’elle génère une conséquence terrible : ce sont les seules créatures conscientes de leur mortalité. Cette vérité est si terrifiante que, dès leur plus jeune âge, les humains l’enterrent profondément dans leur inconscient, ce qui les transforme en machines à sang rouge, en usines de chair qui fabriquent du sens. Ce qu’ils ressentent est canalisé dans leurs projets d’immortalité, tels que leurs enfants, ou leurs dieux, ou leurs œuvres d’art, ou leurs affaires, ou leurs nations, dont ils pensent qu’ils leur survivront.
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Les trahisons les plus insidieuses se font simplement en laissant le gilet de sauvetage sur son cintre parce que tu te persuades qu’il n’est probablement pas à la taille du type en train de se noyer. C’est comme ça que nous dérapons et, tandis que nous glissons, nous attribuons les problèmes du monde au colonialisme, à la bêtise de l’homme blanc et à l’Amérique, mais il n’est pas nécessaire de donner un nom au responsable. L’intérêt individuel : voilà la source de notre déclin.
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Plaignez-nous, nous enfants de rebelles. Tout comme vous, nous avons le droit de nous rebeller contre les façons d’être de nos pères. Mais comment se rebeller contre la rébellion ? Cela signifie-t-il un retour au conformisme ? Ce n’est pas une bonne chose. Si je faisais cela, alors un jour mon propre fils, en rébellion contre moi, se retrouverait à la place de mon père.
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Bien que l’Australie soit une contrée fertile en événements, ce qui s’y passe est à peu près aussi captivant qu’un journal étranger titrant « Une abeille est morte en Nouvelle-Guinée après avoir piqué un arbre par erreur ». Ce n’est pas notre faute : nous sommes trop loin. C’est ce qu’un célèbre historien australien a appelé la « tyrannie de la distance ».
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Tu sais ce qu’est l’ironie ? Eh bien, tu viens d’en avoir un exemple. Si tu crois en l’immortalité, tu peux te tuer, mais si pour toi la vie est une brève danse entre deux vides immenses à quoi l’humanité est injustement condamnée, tu n’oseras pas.
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