Une elfe, un nain et un mage sont amenés à prendre la route ensemble pour accomplir une mission pendant que le royaume d'Evondia connaît des changements politiques.
Ce roman se passe trois siècles après les l'affrontement des Aspects (grosso modo nature vs progrès) dans le premier tome de cette duologie. S'il s'agit d'un roman qui peut se lire de manière indépendante, je pense qu'il est quand même bien mieux de lire le premier pour comprendre toutes les références.
Les deux romans sont construits sur le même schéma avec des petits chapitres par personnages. J'avais un peu peur que ce soit répétitif mais ce n'est pas le cas. Ce tome est plus rythmé que le précédent et nous réserve de nombreuses surprises ! Une très bonne lecture.
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Des fois on se demande ce qu'un énième roman de fantasy va apporter de nouveau au genre. J'ai eu de très bonnes surprises en lisant ces 400 pages. Original en reprenant et en faisant évoluer les bases de la fantasy ou tout simplement inventif. Les nains rois de l'évolution et de la technologie, les elfes un peuple en dégradation, des êtres très variés... Tout ça avec des personnages très nombreux, différents et loin d'être stéréotypés, nous réservant des rebondissements inattendus. Quant à l'histoire, elle est loin d'être cousue de fils blancs, elle se tient et elle est très distrayante.
On se laisse embarquer, emporter dans cet univers. Je n'ai qu'un regret c'est d'avoir lu ce livre de manière entrecoupée. Contre ma volonté bien sur ! Mais du coup parfois je m'y perdais un peu entre tous les différents personnages cités qu'à certains moments.
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Quand on en a assez des codes rigides de la fantasy et qu'on a besoin de renouveau, un livre qui se permet de bousculer le genre est comme un vent tiède en plein Sahara.
Ça soulage.
Alors, bien sûr, La Maison des Mages reste, en un certain sens, le digne héritier de Tolkien – comme des centaines de romans des littératures de l'imaginaire. Encore une fois c'est une histoire de quête avec un objet unique et précieux, de héros jetés sur les chemins du Destin, de grand méchant qui veut modeler le monde à son gré et contre lequel seule une poignée de personnes peuvent lutter.
Mais Adrien Tomas parvient à ajouter de nouveaux éléments et à les marier très agréablement avec les classiques.
Que je m'explique.
Les protagonistes ne sont PAS des héros. Tiul est le plus mauvais mancien de la Maison des Mages. Les cours de magie ne l'intéressent guère, il est hué par ses camarades et professeurs mais il n'en a cure parce ce que tout ce qui l'intéresse est la prochaine cuite. Peu lui chaux l'honneur et la réussite. Peu lui chaux d'être en classe avec des élèves beaucoup plus jeunes que lui. Peut lui chaux d'avoir presque trente ans et d'être encore sur les bancs de l'école. C'est un raté, et il assume.
Qiruë, elle, est une des dernières Elfes. Issus d'une lignée prestigieuse et savante qui a autrefois gouverné le monde avant d'être déstituée par les Humains, les Elfes ne sont plus que l'ombre de ce qu'ils étaient. Désormais tous consanguins, les handicaps, malformations et maladies sont monnaie courante parmi eux. Mais Qiruë fait figure d'exception : bien que chétive, peureuse et dotée d'yeux globuleux peu seyants, elle ne souffre d'aucun problème génétique majeur. Mieux : elle est l'Élue, la prophète choisie par le Grand Esprit pour diffuser sa bonne parole. Malheureusement, les dirigeants de son peuple sont trop bouffis d'orgueil et de sénilité pour écouter ses conseils et la voilà réduite au rôle de Cassandre. Au moment où l'histoire commence, elle est contrainte de prendre son courage à deux mains et de partir sur les routes, à la recherche… qu'on ne sait quoi. Tout le monde lui rit au nez : ELLE, partir de Sassavaï ? Être livrée à la violence du monde et à ses dangers ? Le Grand Esprit a perdu la tête !
Les autres personnages suivent tous à peu près le même schéma.
J'ai juste été un peu déçue par leur évolution au fil du récit : Qiruë prend du poil de la bête jusqu'à en IMPOSER, Tiul réalise soudainement que les cours de magie peuvent être plutôt utiles et devient un bon élève, le vénal Anthalus se découvre un honneur, Ythern, le roi d'Évondia, devient un leader charismatique (alors qu'à l'origine, même sa propre garde se moque de lui), Alishr, le jeune écuyer à demi kharan (et donc sous-humain), devient un puissant paladin…
Dommage qu'ils deviennent aussi badass.
Mais heureusement, l'auteur a su un peu compenser en mettant en place des retournements de situation très audacieux et plutôt bienvenus – notamment concernant le rôle d'Anthalus.
Sans trop vous en dire, j'ajouterai que tout ce qui imposerait le respect dans un univers de fantasy standard est rabaissé, voire ridiculisé. C'est cela, accompagné de la qualité d'écriture, qui donne une ambiance nouvelle, fraîche.
Que je vous parle de l'univers, maintenant.
Il existe cinq royaumes et une forêt centrale abritant la plupart des créatures surnaturelles – le fameux Sixième Royaume. La magie existe, mais n'est réservé qu'à une poignée d'initiés occupés à se tirer dans les pattes. Les chamanes luttent contre les sorcières, qui sont les ennemis jurées des manciens. Ce beau monde est méprisé par les Elfes, qui ont enseigné la magie aux Humains et qui s'estiment encore bien supérieurs à eux dans ce domaine.
Luttes politiques et guerres intestines sont le lot quotidien des royaumes humains, qui façonnent le monde à leur image. La nature de l'homme (actuellement au faîte du pouvoir) est dévoilée dans ses plus sombres penchants : avidité, égoïsme, orgueil, malfaisance. Ces troubles politiques sont au coeur des événements puisque, pour le dire succinctement, la Maison des Mages, apparue il y a seulement un siècle, est en train de prendre le pas sur les Étoiles Grises, l'école de magie multimillénaire des sorcières. Les machinations de chacun pour conserver et développer leur puissance, pour asseoir leur influence auprès des têtes couronnées, sont en train de faire basculer le monde.
Mais plus l'histoire avance, plus on se rend compte que tout est trop bien orchestré et qu'il ne peut qu'y avoir qu'un grand manitou qui agit dans l'ombre. Un esprit machiavélique, tordu et extrêmement intelligent.
Ce qui est intéressant c'est que la seule véritable magie est celle des esprits. Pour avoir du pouvoir, les êtres de chair doivent se servir de leur Lien avec les Limbes, dans lesquels vivent les créatures spirituelles, afin de les soumettre à leur volonté. En toile de fond, se pose la question de l'esclavage, puisque lesdites créatures spirituelles parlent, éprouvent, pensent – il ne leur manque qu'un corps pour avoir des expériences physiques. Manciens et sorcières ne posent pas la question : ils traitent les esprits comme leur paillasson. Mais pour les chamanes, c'est un sacrilège.
Plus intéressant encore : la magie est à la portée de tous puisque tous les êtres pensants possèdent un Lien. Mais encore faut-il être formé pour savoir s'en servir. Une minorité de personnes s'arroge la connaissance afin de contrôler la majorité – le parallèle avec notre société est vite fait.
Conclusion : une superbe découverte. Je ne relève que deux points négatifs : l'évolution des personnages (un peu trop idéalisée) et les quelques petites coquilles qui parsemaient le texte. Pour le reste, j'ai adoré l'univers, j'ai complètement accroché aux personnages et je suis fan de l'écriture, cynique et efficace.
Malheureusement, j'ai eu la mauvaise idée de ne pas commencer avec le premier tome – car il faut savoir que La Maison des Mages est la suite du Sixième Royaume. J'ai quelques fois été un peu embêtée (il y a beaucoup d'informations à assimiler), mais cela restait ponctuel. Globalement, je m'en suis bien sortie.
Le Sixième Royaume est désormais au sommet de ma PAL...
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