Spirou et Fantasio, tome 42 : A Moscou

Alors qu'ils s'apprêtaient à partir en vacances à Tahiti avec pour seuls bagages des maillots de bains et des affaires légères, non deux héros, sans oublier Spip (mon chouchou) se retrouvent à Moscou par une température d'environ -35 ° C...avouez qu'ils sont loin d'être ravis ! D'autant plus que sur place, une importante mission leur est confiée ; celle de se faire passer pour deux agents du KGB afin de déjouer les plans machiavéliques du chef de la mafia russe, un certain Tanaziof. Ce dernier se prétend être l'héritier du trône mais nos deux détectives sont loin d'être dupes et ont très vite repéré, derrière un masque qui ne trope pas, le visage de leur plus vieil ennemi ! Vous voulez savoir de qui je parle ? Je suppose que vous l'aurez déjà deviné mais afin cependant de faire perdurer un peu le suspense -si suspense il y a car pour les fans de Spirou et Fantasio, il ne leur faudra guère de temps pour comprendre à qui je fais allusion - , je ne vous révélerai pas le nom !

Un ouvrage un peu trop exagéré à mon goût dans le sens où je trouve superflu de la part des auteurs d'avoir écrit à l'envers afin de faire raisonner l'accent russe mais une bande-dessinée néanmoins originale, remplie de gags qui mérite d'être découverte !

Alors qu'ils devaient partir en vacances, destination Moscou, cette fois-ci pour nos héros, dans un contexte de services de renseignements, d'espionnage et de mystère.

Le rythme est enlevé, les aventures et les rebondissements sont nombreux. C'est amusant, l'histoire est basée sur quelques éléments d'information sans bien sûr se vouloir historique.

Les personnages sont évidemment caricaturés et les traits sont grossis, mais c'est à mon avis un des albums de Spirou les mieux travaillés au niveau du dessin (Parmi ceux que je connais).

Un album pour lequel j'ai toujours été partagé, même quand je l'ai découvert très jeune.

D'un côté il y a un côté exotique, dépaysant. Il y a beaucoup de péripéties et d'action. Beaucoup d'humour aussi. Et puis Zantafio revient, plus inquiétant que jamais. Je trouve qu'il a une certaine aura dans cet album, qu'il n'avait que rarement auparavant. Donc des arguments solides.

De l'autre, il y a ce côté beaucoup trop facile, au point de vue du scénario et de l'humour notamment. Tome reprend le principe de Spirou à New York : il place ses héros dans une ville étrangère de renom et les plonge dans une autre culture. le problème, c'est qu'il ne reste qu'à la surface. On a l'impression d'être dans un bête guide touristique... Et puis que de clichés ! Il y en avait beaucoup dans Spirou à New York, mais là c'est un vrai festival, et malheureusement ils ne sont pas très drôles, car terriblement déjà vus et revus...

En outre, l'album est trop gaguesque, on peine à être vraiment inquiété. Les auteurs n'arrivent pas à instaurer une véritable atmosphère, contrairement à leur fameux diptyque précédent.

Au total, je reste avec l'impression d'un album bâclé, réalisé à la va-vite, qui avait des atouts mais les perd bêtement dans la partie... Pour autant, cet album a un je-ne-sais-quoi d'attachant, j'ai donc été content de le relire.

Je peux admettre qu'un héros évolue. Qu'il ne soit pas durant plus de 40 épisodes le même qu'à ses débuts. Heureusement, d'ailleurs.

Avec Spirou, on est bien forcé de l'admettre, car chaque auteur a mis sa patte, ses envies, ses préoccupations dans le dessin et les scénarios. Adolescent je n'aimais pas Fournier, que je ne comprenais pas, alors qu'adulte je l'adore au vu des implications politico-environnementalistes de ses BD.

Ici, je n'ai rien retrouvé de Spirou et Fantasio. On a un récit d'aventure, improbable et échevelé, sans la dose d'humour que j'aime chez le groom et ses amis.

Dessin et propos sont inutilement sérieux, sombres et (en ce qui me concerne) gênants. Bien sûr on retrouve Zantafio et de telles retrouvailles ne peuvent que se dérouler dans un climat sombre. le frère est revenu pour devenir l'héritier des Romanov. On aurait quand même pu imaginer mieux sur un tel (maigre) scénario. Entre cliché et caricature, le lecteur est malmené. J'ai eu davantage l'impression de lire un épisode de Ruby ou de Soda à Moscou... Reste un rythme très soutenu qui tient en haleine, et qui aide à faire passer le tout.

Le fond de l'histoire de cet album n'est pas bien compliqué : alors qu'ils s'apprêtent à partir en vacances, Spirou et Fantasio se font enlever par les services secrets français en vue d'être utilisés comme monnaie d'échange. Destination : Moscou, où le KGB réclame leur aide pour se débarrasser d'une menace de plus en plus gênante : la Mafia, dont le chef (un certain « prince blanc ») serait bien connu de nos deux aventuriers. Grosso modo, cet album de Tome et Janry contient la plupart des ingrédients qui font un bon album de Tome et Janry : c'est rigolo, souvent ironique, vachement dynamique, consistant, et tout simplement prenant. Il s'intègre aussi tout à fait à la série de part certains de ses personnages. Mais bref.

La raison pour laquelle j'aime particulièrement cet album n'est pas seulement là. Ce qui me plaît beaucoup, c'est que Spirou et Fantasio à Moscou fut publié en 1990. A l'époque, le mur de Berlin est déjà tombé, le bloc de l'est est en pleine désintégration et la Gorbimania fait fureur à l'ouest. Moins de deux ans plus tard, l'URSS explosera comme un vulgaire plat préparé laissé trop longtemps au four à micro-ondes, mais ça, personne ne peut le deviner à l'époque. Or, c'est en plein dans ce contexte que débarquent Spirou et Fantasio. J'aime beaucoup l'idée de voir de tels héros classiques coopérer avec le KGB, un peu forcés peut-être, mais en dehors du contexte de la guerre froide. Si cet album avait été écrit cinq ans plus tôt, ou cinq ans plus tard, il aurait probablement été tout à fait différent. En fait, j'ai l'impression de voir là une espèce de photographie (toutes proportions gardées, on parle bien d'un album de Spirou et Fantasio, eh), de cette courte période qui suit la guerre froide mais qui précède la chute définitive de l'Union Soviétique.

Concluons avec le colonel Lafidmèrev : « Pour une fois, faire confiance. Guerre froide terminée. Nous plus manger enfants maintenant ! », et de terminer par un grand rire sonore : « Nous autres Russes aimer humour… »
Lien : http://nonivuniconnu.be/?p=969