Si je comprenais. La force et l'apparence, les deux murs porteurs de mon existence depuis l'enfance.
Première leçon dans la cour de l'école, où des chiées de gosses déchaînés se bidonnaient quand ma grand-mère se pointait à quatre heures. Elle était vieille et grosse, elle portait des imprimés à fleurs qui lui allaient comme un casque à un lapin et une tiolée de bigoudis dans les cheveux, n'empêche qu'à chaque sortie elle me serrait contre elle comme si elle avait eu peur de ne jamais me revoir, et cette sensation-là, je m'en souviens encore aujourd’hui, c'est ce qui me console quand j'ai envie de crever.
Parce que la gamberge, ça vous éparpille pire qu'une mine antichar.
- Souviens-toi qu'il est parfois difficile d'identifier l'illusion...
- Souviens-toi qu'il est parfois salutaire d'écouter son instinct...
Eternels recommencements ,plaies cachées .Avancer sans connaitre l'objectif .Combattre l'ennemi invisible .
Un sentiment de soulagement et de sécurité m'a aussitôt enveloppée,réchauffée,j'ai su que je pourrais dormir,que les pensées,les images,la sensation du coeur tassé dans la poitrine,celle du souffle court,rien de tout celà ne pourrait m'atteindre ici,les voix étaient feutrées,les regards bienveillants,ceux des soignants comme ceux des patients-arrivés presque tous sur la même indication-il n'y avait nul besoin de s'expliquer:nous savions la débacle qu'avait vécue l'autre qu'elle qu'en soit la forme,l'épuisement,le harcèlement,le sentiment d'humiliation,la guerre,l'asphyxie,nous savions tous que bientôt,d'une manière ou d'une autre,nous en aurions terminé avec la douleur.
C'est à vous de jouer, m'avait glissé Jean lorsque j'étais partie. Contentez vous d'être et le reste suivra.
Il suivait.
Dieu bénisse cette Constance.
Le plus dur, c’était d’éviter de penser. Parce que la gamberge, ça vous éparpille pire qu’une mine antichar.
"Je peux le dire aujourd'hui: l'amour mort vous terrasse et vous cimente le coeur."
Chacun de nous peut un jour être confronté à sa propre impuissance,glisser,chuter et même mourir,par ignorance mais surtout par solitude.Aide-toi le ciel t'aidera,prône la morale de la fable.Mais la vérité,c'est que l'on se relève rarement seul.La vérité ,c'est que bien souvent le malheur exclut et que si certains ont la chance d'être aidés sans réserve,nombreux sont ceux qui, une fois à terre,sont incompris,rejetés ou tenus à distance,y compris par leur proche.Ils pénètrent la spirale de l'isolement, du repli sur soi, de la désespérance.
Il y a longtemps que je l'ai compris, l'ignorance est plus dangereuse qu'une grenade dégoupillée.