Trouver la force. Imaginer qu’un jour on parviendra à vivre sans ce sentiment de n’être plus qu’un fragment de soi-même.
À onze ans des événements étranges surviennent. Le corps change, le postérieur des filles s’arrondit, les seins poussent, pas toujours les deux en même temps. Les garçons se sentent investis d’un pouvoir sans limites. Ils sont plus petits, mais plus forts et mieux organisés. Ils savent repérer les fragiles, les blessées, les timides. Leurs hormones se mettent à hurler et le bruit qu’elles font couvre les plaintes des filles.
Peut-être que le monde à parfois un hoquet... Il est programmé d'une certaine façon, et puis quelque chose ou quelqu'un décide de tout changer à la dernière minute.
Un instant, j'ai pensé à ces phrases fantômes, ces réparties féroces, ces milliers de répliques jamais envoyées, demeurées suspendues, invisibles, ces griffes fières, jamais sorties de mon corps.
– Au fait, Charlie, est-ce que tu y penses à chaque fois que tu prends le métro ?
– À chaque fois, Paulo. Le pire qui pourrait m’arriver, tu sais, ce serait d’oublier.
Peut-être que le monde à parfois un hoquet...Il est programmé d'une certaine façon, et puis quelque chose ou quelqu'un décide de tout changer à la dernière minute.
Je les connais si bien, ces regards détournés. Cette façon maladroite de masquer la surprise, car oh, bien entendu, une telle réaction est loin d'être politiquement correcte.
Ensuite, il sera temps de réfléchir à tout cela. De prendre du recul et de t'interroger sur cette étrange journée au cours de laquelle tu as successivement envisagé de démissionner, eu l'opportunité tant attendue de présenter les fruits de ton travail et finalement essuyé le pire camouflet de ta carrière, ce qui d'une certaine manière te renvoie à la première proposition. (p.93)
Pas besoin d'être médium pour savoir que personne ne broncherait. Tous, ils baisseraient la tête, fouilleraient dans un tiroir, feraient mine d'être occupés au téléphone. Tellement contents de m'avoir pour paratonnerre.
je ne leur en voudrais pas : je n'agirais pas autrement à leur place. Il y a longtemps que je me suis fait une raison, la classe des opprimés a sa propre hiérarchie. Moi je suis tout en bas de l'échelle. (p.12-13)