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EAN : 9782021286434
368 pages
Seuil (01/09/2016)
3.42/5   6 notes
Résumé :
En Chine dans les années 1980, trois adolescents vivent dans la rue des Cédrèles : Baorun, un garçon balourd, Liu Sheng, un séducteur, et Princesse, une orpheline séduisante. Après plusieurs rendez-vous ratés avec Princesse, Baorun laisse le champ libre à Liu Sheng qui la viole. Ce dernier est disculpé et Baorun est condamné à dix ans de prison. Princesse refait sa vie comme hôtesse de luxe.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Dans un petit village de la Chine des années 80, trois adolescents, Baorun, Liu Sheng et Princesse se rencontrent. Princesse, est une petite orpheline qui a été recueillie par le jardinier de l'hôpital psychiatrique. Liu Sheng est un séducteur qui a un certain pouvoir sur les deux autres car sa famille a acquis une relative prospérité. Baorun vit dans la pauvreté avec ses parents et Grand-père.
Mais voilà que Grand-père commence à perdre la tête (il "perd son âme") et se met à creuser des trous partout au pied des arbres, à la recherche d'une lampe qui contiendrait d'après ses dires un véritable trésor, c'est-à-dire deux os ayant appartenu à ses ancêtres qu'il lui faut honorer d'urgence, s'il veut retrouver sa raison. Les parents de Baorun décident de le placer à l'asile, où il commet tant de bêtises que la famille décide de mettre en place une surveillance étroite. C'est finalement Baorun qui s'en charge. Il devient un expert dans l'art d'attacher son grand-père sans lui faire mal, pour éviter qu'il ne s'enfuit de l'asile d'une part, mais aussi de creuser partout ce qui l'épuise, et coûte très cher à la famille qui doit à chaque fois payer les dégâts ainsi occasionnés.
Ses deux amis viennent lui prêter mains fortes.
Les trois jeunes gens se disputent en permanence. Princesse est l'objet de toutes les attentions des garçons qui sont tous deux tombés amoureux de cette jeune fille coléreuse et injuste.
Ils vont saborder par leur maladresse toutes leurs chances...
Mais un soir tout bascule car les garçons commettent l'irréparable : ils violentent la jeune fille. Un des deux devra payer...ce sera Baorun.
Nous les retrouverons dix ans plus tard !

C'est un roman que j'ai trouvé très difficile à aborder et dans lequel j'ai mis beaucoup de temps à entrer. La mise en place m'a paru longue, bien qu'on comprenne rapidement les liens qui unissent les personnages entre eux.
L'auteur situe son histoire dans les années 80, une période où la société chinoise est en pleine évolution puisque la Chine est en en route vers le capitalisme.
Il y a un mélange d'humour qui vire parfois au loufoque (surtout autour de la folie du grand-père), d'une certaine poésie que l'on retrouve chez les auteurs chinois et d'une dureté de propos qui peut choquer.
Le roman est divisé en trois parties, chacune mettant à l'honneur un des personnages mais les autres sont tout de même présents.

La condition de la femme est mise en avant, mais aussi la vie quotidienne de cette génération de jeunes qui vivent pour la première fois dans l'espoir d'une vie meilleure mais qui perdent peu à peu leurs repères et les valeurs ancestrales transmises depuis des générations. En fait, c'est une génération sacrifiée ou presque, car aucune amélioration de leur condition de vie n'est possible dans l'immédiat.
J'ai trouvé ce roman très long à lire, trop tortueux bien que très réaliste et je me suis souvent perdue dans sa lecture, tant il y a de digressions et de scènes qui n'apportent rien à l'histoire elle-même, ni à l'ambiance. Aucun des personnages ne m'a paru réellement sympathique, à part le grand-père qui reste finalement le plus humain de l'histoire.
J'ai cependant aimé les descriptions de la vie quotidienne dans la petite rue des Cédrèles, un quartier qui conserve encore les traditions ancestrales, un véritable refuge pour les différents personnages.

C'est donc une lecture à réserver à celles et ceux qui aiment la littérature chinoise...
Lien : http://www.bulledemanou.com/..
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Les veines du burlesque et du pittoresque se retrouvent dans de nombreux romans chinois contemporains, entre autres dans ceux de Mo Yan et de Yu Hua, pour ne citer que deux représentants émérites. Su Tong se situe un peu à part, notamment dans son livre le plus célèbre, Epouses et concubines. Cependant, le dit du loriot pourrait presque se rattacher au style évoqué plus haut : l'intrigue est en effet sinueuse et l'auteur nous gratifie de scènes parfois loufoques ou grotesques (évitons le terme surréaliste mis à toutes les sauces) avec une certaine verdeur pour ne pas dire crudité dans ses moments les plus "relâchés". En gros, le thème apparent est celui de la relation entre une fille et deux garçons, ces deux derniers ayant violenté la première et le moins coupable l'ayant payé en purgeant une peine de prison de 10 ans. le dit du loriot est scindé en trois parties, chacune d'entre elles s'attachant plus particulièrement à l'un de ces personnages tout en précisant que les deux autres larrons ne sont jamais très loin. Portrait générationnel de la Chine de l'ère capitaliste ? Oui, dans un certain sens, Su Tong insistant sur l'absence de moralité et la perte d'un certain nombre de valeurs ancestrales. Pour ajouter au tableau, l'autre figure importante du roman est "Grand-père", lequel, pauvre de lui, a perdu son "esprit", littéralement s'entend, et le recherche partout sans succès. Si l'intrigue générale est assez tortueuse et les digressions abondantes, les pages les plus réussies du livre concernent la vie dans une rue d'une petite ville provinciale où le poids de la rumeur et des réputations reste de première importance alors que, peu à peu, les nouveaux riches font leur apparition. Aucun des protagonistes de le dit du loriot n'est à proprement parler sympathique, ils semblent plus ou moins perdus dans une société en évolution rapide qui gomme tous les repères. le livre étire parfois trop sa trame narrative mais séduit en grande partie par sa vivacité et son alliance de réalisme et de fantaisie.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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J'adore cette histoire pleine de rebondissements, d'anecdotes, de circonstances annexes, qui décrivent une Chine complexe, où la bureaucratie et la corruption coexistent avec l'enrichissement et la consommation, les commérages avec les superstitions. Ça commence par un grand-père qui a perdu l'esprit, et court après les esprits de ses ancêtres, que sa famille juge opportun d'expulser à l'asile, pour récupérer sa chambre et la louer. Belle scène de démantèlement du vieux lit ancien, en bois, fourgué à un antiquaire qui en retirera un bon prix.
Baorun, le petit-fils balourd, se voit dédié à la surveillance dudit grand-père, fugueur et creuseur invétéré, toujours en quête des mânes de ses ancêtres. Entrent en scène la petite fille mal élevée, Princesse, qui provoque l'attirance et le rejet, Liu Sheng, le copain malin qui arrange des combines, et la séance foireuse de patinage au Palais du Peuple, qui engendrera un processus fatal de vengeance, duperie, machination. On retrouve les protagonistes 10 ans plus tard, la petite peste est devenue une vraie salope, le petit malin un magouileur efficace, et le balourd l'est resté.
Tout ça donne une peinture sociale très vivante, pleine de renseignements sur la vie des Chinois petits, moyens et grands, embarqués dans la course à l'enrichissement, où le pragmatisme et l'avidité, le mépris des valeurs ancestrales, coexistent avec un certain respect des codes et règles sociales (particulièrement dures aux femmes, qui deviennent des putes ou des épouses, et particulièrement dures aux pauvres, qui n'ont pas les moyens de corrompre quiconque). On en retient qu'il est difficile d'échapper à son destin, ou à la fatalité, ou à l'injustice du monde. On regarde disparaître le monde d'avant, un monde où le palais du peuple et sa patinoire représentaient un must en matière de distraction (la séquence sur le dresseur déchu et ses chevaux de cirque est émouvante). Et on se réjouit, parce que cette noirceur du monde est écrite avec humour et vivacité.

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Ce livre de Su Tong a reçu le prix Mao Dun, un des plus grands prix littéraire chinois, ce qui m'a rendue curieuse et m'a donné envie de le lire.
Dans ce roman, il est question de noeuds, de château d'eau, de folie et d'injustices. Étrange mélange me direz-vous, mais c'est en réalité beaucoup plus complexe que ce simple résumé.
Su Tong nous décrit les péripéties de trois jeunes gens, deux garçons et une fille dans les années 80, moment de profonds changement en Chine après la période catastrophique de la Révolution culturelle. C'est en effet le lancement des réformes de Deng Xiaoping et d'une avancée économique qui permet à certaines personnes de s'enrichir.
Mais la richesse peut entraîner des catastrophes, de la corruption et de très grandes injustices.
La folie est également au coeur du roman et c'est par là que tout commence. Folie du grand-père qui a perdu son âme et la recherche avec frénésie. Folie d'un jeune riche très porté sur la chose. Folie d'un vétéran communiste qui tire pour un rien dans l'asile. Ce qui prouve finalement que tout le monde peut devenir fou.
Je ne me remets toujours pas de cette injustice et de l'engrenage dans lequel se sont ensuite retrouvés les trois protagonistes. Leur destin semblait écrit, et impossible d'y échapper. Peu importe ce qu'ils ont fait, ils sont toujours revenus dans cette ville, dans la petite rue et au château d'eau, avançant vers un destin tragique mais irrévocable.
J'ai été frappé par ces jeunes ayant l'air complètement perdu et n'ayant aucun espoir en l'avenir. Quelle désillusion !
Su Tong nous y décrit donc une société dure, très amère et marquée par le passé, ayant des difficultés à s'adapter à l' époque. Je pense qu'il veut faire passer de nombreux messages sous-jacents, par exemple pourquoi finalement ne reste-t-il que le grand-père fou ? La folie, l'oubli et la non-connaissance de nombreuses choses sont elles les conditions pour pouvoir continuer à vivre ?
Idem cette histoire de noeud est très intrigante et je me demande quel est le sous-entendu. J'ai d'ailleurs été très étonné que la censure n'est pas fait tomber son couperet concernant le désir du grand-père d'être toujours attaché avec le "noeud démocratique" !
J'ai un goût très amer à la sortie de cette lecture, trop d'injustices, trop de désillusions, quelle tristesse que cette jeune génération qui a perdu tout repère et ne semble plus faire la différence entre le bien et le mal...
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Les riverains de la rue des Cédrèles se divisèrent en deux écoles, celle de la déduction logique et celle de l’imagination romantique : les tenants des os et les tenants de l’or. Cela va sans dire, avec la politique de réforme et d’ouverture, avec la relance économique, que ce soit les partisans des os ou ceux de l’or, tout le monde caressait l’espoir de devenir riche en une nuit. Certains faisaient dans la tête leurs petits calculs : que les dires de Grand-père soient vrais ou faux, au final il ne fallait qu’un coup de bêche ou de pioche, pas besoin d’investir ou de prendre des risques. Qui trouverait des os jouerait de malchance, qui trouverait de l’or ferait fortune.
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Ses larmes coulaient sur les mains de Baorun. Il en essuya soudain une sur la corde, qui l'absorba en silence. Les liens avaient été noués par un expert en la matière, simples et coulants, traçant des lignes géométriques ; tant qu'elle ne bougeait pas, ce n'était pas trop inconfortable. Elle se fit obéissante, peut-être par intelligence, peut-être par désespoir. Ils arrivèrent à l'asile...La camionnette s'arrêta devant le château d'eau. Baorun relâcha sa prise, la dévisagea, écrasa une larme au coin de son œil, un si joli visage, il est tout enflé maintenant, dit-il. Pourquoi pleurer ? Tu me dois dix ans, dix ans de liberté...
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La majorité des riverains de la rue des Cédrèles n’avaient pas d’instruction et ils imaginaient par habitude un esprit comme une colonne de fumée. Certains qui attisaient des poêles à charbon au bord de la rue eurent dans leur tête un déclic en voyant la fumée bleue qui en émanait : fumée, esprit, le crâne de Grand-père ! Quelques intellectuels, en revanche, qui avaient des notions de religion et de culture générale, soutenaient fermement que l’esprit était un rayon, et non allez savoir quelle fumée, un rayon sacré, que normalement seuls les grands hommes, les saints ou les héros méritaient de posséder, ce qui n’était pas le cas de Grand-père. Et encore ils étaient gentils, aucun d’eux n’était allé lui faire part de vive voix de cette conclusion cruelle qu’il n’avait pas d’âme, qu’il était juste un cadavre ambulant.
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Les mangeurs de viande devraient tous passer par eux, tout le monde savait cela. La viande de porc fraîche et les abats fumants engendrent le pouvoir et compromettent les sentiments ; la place de cette famille dans la rue allait sans dire, elle était l’une des plus respectées.
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Liu Sheng devait faire profil bas, et la blessure de sa vie n'était pas complètement cicatrisée. Baorun le hantait encore, il lui apparaissait à tout moment, de jour comme de nuit. Un matin, alors qu'il passait à vélo sous le pont de la voie ferrée, un train passa au-dessus de lui, à grand fracas ; une ombre noire s'en échappa et vola vers lui, frôla son épaule et s'accrocha au cadre de son vélo. Il se ressaisit et regarda, c'était une boucle de corde de nylon, verte, du diamètre qu'il fallait pour y passer la tête...
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