Honey money

Ce qui a toujours manqué aux faussaires, vois-tu, c’est l’imagination. L’idée géniale a été de s’associer à des génies. Un artiste, graveur et imprimeur, et un électronicien… Naturellement, on ne peut pas faire entièrement confiance à ces gens-là. Ce ne sont pas des gens comme nous… Ils sont feignants, alcoolos, baiseurs, et à moitié pédés… Sans ça, ils ne seraient pas des artistes, pas vrai ?

Son meilleur atout était l’incapacité des hommes à imaginer l’intelligence d’une femme.
Il suffisait de les entretenir dans l’idée qu’ils étaient irrésistibles en affaires comme au pieu. Et comme elle leur faisait l’amour avec orchestre et violons, ils se prenaient vite pour des maestros de la baguette alors qu’elle était la seule à connaître la partition.
Elle ne pouvait s’empêcher de se trouver cent fois plus intelligente que ces gangsters minables qui pouvaient à peine réfléchir plus vite qu’une bûche de Noël, ou même que ce photographe d’occase, trop gentil, trop con, et dont la seule ambition semblait être la copulation frénétique avec le plus grand nombre de nanas comme s’il devait amortir son multispires avant la fin de l’année en cours.

C’est très mauvais de ne jamais éternuer. En tout cas, sache une chose, je suis encore trop jeune pour faire une veuve ! Alors, oublie tes ennuis et trouve en toi suffisamment de volonté pour t’arrêter définitivement. C’est que je voudrais que tu vives le plus longtemps possible pour me rendre heureuse, trésor… Ce qui compte le plus au monde, c’est ta santé, et mon bonheur. Alors, cesse une fois pour toutes de me faire du mal !

La baiser ? Sûrement. Pas pour deux briques, de toute façon. Aucune femme ne valait ce prix-là, même si le pape s’était dérangé personnellement pour lui bénir la foufounette.

— C’est fou ce que ça tient peu de place, dix millions de dollars.
— Une fois dans la poche, ça fait pourtant gros.