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Le génocide arménien, horreur du 20ème siècle dont les livres d'histoire ne parlent pas, toujours non reconnu par les turcs à ce jour ! Valérie TORANIAN, elle, a décidé d'en parler, à travers le destin d'Aravni, sa grand-mère paternelle, surnommée Nani par tous ses petits-enfants.

L'étrangère, c'est elle. Une survivante qui préfère se taire. Mais sa petite-fille aimerait pourtant qu'elle lui raconte son histoire. Elle, enfant issue d'un mariage mixte, continuellement écartelée entre ces deux origines, française et arménienne. Elle devra pourtant attendre que celle-ci, tout à la fin de sa vie, accepte d'en livrer quelques bribes ! Valérie découvrira alors l'horreur.
Car Aravni a tout vécu ou presque : la perte de tout ses proches (exceptée sa tante), la déportation, « les marches de la mort », la famine, les massacres...Et enfin la survie, envers et contre tout. Mais au prix de tant de souffrances et de sacrifices ! Seul son immense amour pour son fils lui apportera un peu de lumière et de bonheur.

Vous l'aurez compris, j'ai adoré ce roman, qui est un magnifique hommage d'une petite fille à sa grand-mère, un merveilleux portrait de femme courageuse, absolument émouvant. L'écriture de Valérie TORANIAN est poignante, tous les sentiments humains y sont décrits : la haine, la lâcheté, l'horreur, mais où l'amour restera plus fort que la haine, à travers l'héritage arménien qu'Aravni tient par-dessus tout à transmettre à ses petits-enfants, et arrière petits-enfants.
C'est également un témoignage de l'auteur sur sa propre vie, qui raisonne particulièrement en moi, issue également de parents « d'origine et de confession » différentes.

Pour conclure, ce roman raisonne comme un hommage à tous ces rescapés de génocide, quel qu'il soit, qui ont décidé au plus profond d'eux-mêmes d'être plus fort que la haine. A lire à tout pris.

Pour finir deux passages forts, qui m'ont particulièrement marqué, parmi tant d'autres qui résument à eux seuls ce splendide roman :

"Le fait que les Turcs refusent jusqu'à aujourd'hui de reconnaître le génocide des Arméniens rend fou. Ce serait comme dire aux descendants des Juifs dans une Europe où les nazis auraient gagné la guerre : il ne s'est rien passé..."

« L'entreprise d'extermination totale passe par la déshumanisation des victimes : faites-en des animaux, hagards, prêts à tout pour survivre ; ils oublieront qu'ils ont été des hommes et des femmes, ils perdront leur éducation, leurs valeurs, leur solidarité. Une fois qu'ils auront déserté l'espèce humaine, il n'y aura plus d'obstacle moral à les tuer tous….. » Ma grand-mère, drapée dans son admirable orgueil,......., refusait de devenir la bête qu'ils voulaient qu'elle devienne ».

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Amassia, juillet 1915. Aujourd'hui, l'on fête Artavar. La fête jusqu'ici préférée d'Aravni. Mais, aujourd'hui, il n'y a pas de messe, ni de prêtre. Les hommes ont tous été arrêtés il y a quelques jours. Dont le père et le mari d'Aravni. Elles apprennent qu'apparemment les Turcs les auraient même exécutés. Aujourd'hui, la jeune femme, âgée de 17 ans, accompagnée de sa mère, de sa petite soeur et de sa tante n'ont d'autre choix que de fuir ce pays. Emportant les quelques richesses qui leur restent, celles qui n'auront pas été pillées par les Turcs, elles embarquent dans le premier convoi. En chariot ou à pied, c'est un long cortège qui laisse derrière lui Amassia, une ville qui, d'ici dix jours, sera vidée de ses 13000 arméniens. Un convoi qui s'éclaircira au fil des jours, soumis aux viols, aux enlèvements d'enfants et à la maladie...
Valérie adore sa grand-mère, Aravni, alias Nani. Mais, elle en a un peu honte. Pas vraiment belle, un corps masif, une grosse poitrine, un peu bizarre. Et trop étrangère, trop différente de sa famille maternelle. Gamine, elle allait sans hésiter s'empiffrer de ses tire-bouchons et prenait du plaisir à regarder la télé, alors interdite par son père, et suivre avec Nani les feuilletons. Ne parlant que quelques mots de français, sa présence compensait à elle-seule le manque de conversation. Pourtant, Aravni en aurait des choses à raconter... le génocide, l'exil, les horreurs...

Avec beaucoup d'émotions, Valérie Toranian nous plonge à la fois dans le passé de sa grand-mère et dans ses propres souvenirs lorsqu'elle était plus jeune. Elle retrace, pas à pas, le parcours ô combien difficile d'Aravni. La fuite, la misère, les séparations, la maladie, les morts autour d'elle... et le génocide arménien que les Turcs, encore aujourd'hui, refusent de reconnaître. Aravni, une femme forte et courageuse qui se sera battue toute sa vie durant. Un portrait de femme saisissant raconté aujourd'hui par sa petite-fille qui alterne brillamment ses propres souvenirs et le destin tragique de sa grand-mère. Un portrait puissant et émouvant d'une grand-mère si attachante, parfois têtue et revêche. Un récit sensible et étonnant où l'humour n'est jamais bien loin. Pour ne pas oublier...
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Que faire face à la carapace du silence, non celle de l'oubli, mais au contraire, d'une mémoire trop vive, trop présente ? Comment pouvoir transmettre, se souvenir quand on nous interdit l'accès à notre histoire familiale, si dure et innommable soit-elle ? Comment arriver à retisser ce lien pour se réapproprier ses racines ?

Les parents pensent qu'il suffit de ne pas en parler pour que la douleur s'amenuise, pour que le coeur et l'esprit oublient et qu'on puisse enfin exister. Les enfants s'étourdissent dans des commémorations et des batailles nécessaires contre l'oubli et son travail de sape, au risque de se perdre et ne plus vivre dans cet ici-maintenant qui de toute façon, ne ferait plus sens, sans ce combat mené. Et les petits-enfants entre rien et tout, ne savent pas comment vivre avec, faire comprendre ou partager ce mal-être.

Aravni, Vram (qui se fait appeler Georges), Valérie (que l'on nomme Astrig) sont les 3 générations de l'étrangère qui, chacune à leur manière, vont devoir batailler avec cette horreur que la Turquie a de plus en plus de mal à faire passer pour une guerre civile, doublée d'une famine : le génocide arménien. Les faits historiques sont tenaces et n'ont que faire de la volonté des uns ou de la mémoire des autres. Ils ne disent, n'acquiescent ni ne nient : ils sont.

"Le fait que les Turcs refusent jusqu'à aujourd'hui de reconnaître le génocide des Arméniens rend fou. Ce serait comme dire aux descendants des Juifs dans une Europe où les nazis auraient gagné la guerre : il ne s'est rien passé..."

Aravni a eu ce destin tragique des victimes de ce génocide ; entre chance inouïe et instinct de vie, elle s'en est sortie. Valérie Toranian, nous raconte là, autant l'histoire d'Aravni, que la sienne propre. Celle d'une gamine qui s'accroche aux jupons de sa Nani et s'empiffre de pâtisseries orientales, d'une adolescente qui, contre l'indifférence et le négationnisme, veut « savoir », pouvoir brandir cette vérité tue, puis d'une future maman qui, tel un scribe, cherche à lutter contre l'oubli en recueillant la parole avant qu'elle ne s'éteigne, avec au creux du ventre, un petit bout d'homme et d'Arménie…

Il faut lire ce livre, cette danse incertaine à la recherche de la vérité, ce fil tendu à craquer de la parole désirée, entre Aravni qui ne peut dire et Valérie qui veut entendre pour consigner les faits, les inscrire dans l'histoire familiale pour pouvoir « tenir debout », génération après génération.

Entre malice et réelle souffrance – palpable – Aravni lézarde, ruse face à Astrig – entre compréhension et exaspération – hantée par l'urgence de savoir avant qu'il ne soit trop tard.

Et cet épilogue...
Lien : http://page39.eklablog.com/l..
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Aravni est Arménienne. A 15 ans, elle est obligée de fuir et de traverser les pires situations lorsqu'elle est confrontée au génocide en 1915. De sa traversée de Turquie, dans les convois, à son arrivée à Paris plusieurs années plus tard, Aravni ne dit rien. Elle préfère ne pas se rappeler en espérant que sa mémoire oubliera...
Valérie Toranian signe ici un magnifique hommage à sa grand-mère paternelle. Tendre et aimante, elle évoque la vie de cette femme forte et courageuse, tant à travers les souvenirs de son passé, que ceux de sa vie en France, au milieu de ses petits enfants. D'une écriture émouvante, parfois dure, Valérie Toranian nous touche profondément...
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Valérie Toranian rend hommage à sa grand-mère paternelle, Aravni, arménienne, arrivée en France dans les années 1920 après avoir échappé au génocide perpétré et non reconnu par les Turcs.
Valérie, petite fille, jeune fille, jeune maman, nous raconte son enfance aux côtés de sa grand-mère, de sa famille.
Très agréable à lire, avec des personnages touchants, le roman se partage entre les chapitres de l'enfance de Valérie et le récit très douloureux de la fuite de sa grand-mère devant l'horreur.
Celle-ci doit se résigner à perdre les siens, à errer sur les routes, dans les convois.
Aravni va être abritée en Syrie, à Alep puis avec son deuxième mari, ils vont entreprendre un voyage et arriver à Marseille et ensuite à Paris où elle ne sera pas au bout de ses peines.
Grâce à Aravni et à son fils Vram, ses trois petits-enfants fréquenteront des cours à l'école arménienne et ne perdront pas le lien avec leur culture paternelle.
La mère de Valérie est française, professeur de latin. Aravni va être choquée par sa belle-fille mais les deux femmes s'entraideront, se respecteront et s'estimeront beaucoup.
C'est un livre magnifique, d'une très belle écriture avec des scènes douloureuses mais aussi des passages très humoristiques lors de l'enfance et la jeunesse de Valérie. Le choc des cultures est désopilant. Valérie ressent aussi l'injustice envers ses amies juives dont le passé cruel est reconnu et pas le sien.
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La déportation, les camps, les coups, les morts... Non, je ne vais pas vous parler de l'Holocauste des Juifs mais du génocide arménien. Non, je ne vais pas comparer ces deux tragédies. Elles sont aussi violentes l'une que l'autre.
La première a été reconnue par les Allemands. La seconde a toujours été niée par les Turcs. Alors comment vivre, comment se reconstruire dans le silence, comment partager l'insoutenable quand toute revendication est balayée par le temps, par l'oubli.

Le génocide arménien fait partie de l'histoire de Valérie Toranian. Cette tragédie est inscrite dans son sang. Elle est fille et petite-fille d'Arméniens. Et c'est en discutant avec sa grand-mère, rescapée du génocide de 1915, qu'elle a pu mettre des mots sur l'histoire familiale.
« Ma grand-mère est une « rescapée du génocide ». Ces trois mots la définissent, la contiennent et l'isolent du reste de l'espèce. Son drame se confond avec elle : c'est une identité et une fin en soi. »

Et c'est avec beaucoup de délicatesse et pas mal d'humour que l'auteure alterne les chapitres consacrés à sa grand-mère fuyant la barbarie et son installation en France, et ceux consacrés à sa propre enfance et son amour partagé entre une grand-mère un peu bourrue, parlant à peine le français, aux cheveux noirs et bouclés et sa mère blonde aux yeux bleus, professeur de français latin-grec. Une dualité peu à peu effacée par la connaissance de ses origines.

Une écriture pleine de sensibilité et de tendresse pour apaiser la lecture de pages pleines d'effroi. Une lecture pour comprendre le génocide arménien, pour le devoir de mémoire, pour mieux appréhender le sort des réfugiés.
A lire !
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Voilà un roman qui mérite un vrai coup de coeur. A travers le destin d'Aravni, rescapée du génocide arménien en 1915. Puis, la vie qui reprend le dessus, à Paris malgré tout, le temps peut-il assécher les larmes ? Drapé dans le silence, c'est par la voix de sa petite fille que l'histoire émergera.
Valérie Toranian nous offre un vrai bonheur de lecture avec ce portrait de femme qui brasse une foule d'émotions. Alternant avec un égal plaisir pour le lecteur ses souvenirs d'enfance et l'histoire terrible d'Aravni. Valérie Toranian redonne la parole à une femme de caractère a qui on a volé son adolescence. C'est bouleversant et remarquablement écrit. A ne pas rater.
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Quand on parle de génocide, l'horreur nous glace le sang et on pense inévitablement à l'extermination du peuple juif par les nazis. Plus proche de notre époque, on évoque le génocide rwandais. L'un comme l'autre, même s'ils connaissent leurs négationnistes, cela reste des comportements isolés, et condamnables. Il en est un autre qui celui-là fait l'objet d'un négationnisme d'état et qui dans le concert des nations peine à faire reconnaître sa réalité, c'est le génocide arménien de 1915. L'éloignement dans le temps n'est pas la cause de ce manque reconnaissance. La cause est à rechercher dans le traité de Lausanne de 1923.

Cet accord qui met un terme à la première guerre mondiale dans cette région du monde sous la coupe de l'empire ottoman comporte entre autres clauses l'amnistie des crimes commis par les Turcs entre 1915 et 1922. Il ôte de facto aux Arméniens la possibilité d'engager des procès en reconnaissance du massacre de leur population, permettant à leurs bourreaux de travestir la destruction organisée d'un peuple en victimes collatérales d'une guerre civile.

Double peine pour un peuple minoritaire en son pays : un passé de martyr, un avenir d'oubli.

Valérie Toronian est la descendante du côté de son père de ces Arméniens qui ont dû fuir la Turquie pour échapper aux persécutions. Vivant à Paris dans la proximité de sa grand-mère paternelle qui a connu ces effrois et perdu toute sa famille, elle cherche à recueillir son témoignage pour faire échec à l'oubli organisé. L'étrangère est l'histoire arrachée au silence de cette personne au crépuscule de sa vie. Cet ouvrage est selon les termes de Valérie Toromian une reconstitution romancée de l'histoire d'une personne qui a vécu la tentative d'anéantissement perpétrée contre son peuple.

Ce sujet lourd est magnifiquement traité par cette auteure qui nous invite au coeur de sa famille. Il relate en termes dénués de tout esprit de vengeance la reconstruction d'une femme, sa grand-mère, qui tente par ses mots et gestes quotidiens de faire vivre une culture qu'elle sait menacée par son assimilation dans le pays qui l'a accueillie. Un pays dont la société, insouciante ou accaparée qu'elle est par ses propres déboires, ne cherche pas à connaître la cause de son expatriation. C'est une noble intention que celle de cette auteure de donner de l'audience au silence que s'est imposé sa grand-mère dans ce pays pour qui elle est devenue et restera une étrangère. Elle le fait avec conviction, sens de la filiation et beaucoup de simplicité, sans sombrer dans la grandiloquence larmoyante. C'est ce style qui est le plus à même de contrecarrer l'oubli institué. C'est très réussi.
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« Coupable d'oser prétendre au statut de victime alors que je n'ai aucune preuve convaincante. Mon dossier est vide. »

C'est avec le film Mayrig d'Henri Verneuil sorti en 1991, que je découvre l'existence du génocide arménien. Mayrig, la mère interprétée par Claudia Cardinal, m'aura complètement bouleversée.

Avec l'Étrangère, j'ai reçu une forte charge émotionnelle à la lecture des évènements historiques, visuellement très forts.

C'est en voulant faire de la place sur mes étagères que j'ai ouvert l'Étrangère, en me disant qu'une fois lu, ce livre suivra son chemin dans une ruche de partage. Je l'avais eu en cadeau suite à l'achat de deux livres. Je me souviens l'avoir choisi entre le rayon décoration et la caisse, à demi en équilibre avec une pile de bouquins… Et pourtant...
Catégorie roman, l'Étrangère est l'ouvrage qui m'aura le plus remuée depuis cette année.


En 1987, le génocide arménien a été reconnu par le Parlement européen, puis par vingt-neuf pays en avril 2017. La position turque, quant à elle, maintient un refus ferme de reconnaissance en présentant la cruauté des faits comme une tragédie consécutive à la Première Guerre mondiale.
Le gouvernement Ottoman de 1915 s'est surtout acharné à détruire toutes les preuves…

Voilà pourquoi le dossier de Valérie Toranian est vide…
Vide comme le crâne d'un squelette prenant la poussière quelque part dans les déserts ottomans…

Depuis avril 1915 jusqu'à une date non définie, certains parlant de juillet 1916, voire 1923, les deux tiers des arméniens périssent suite aux déportations, massacres, famines, marches de la mort, d'une ampleur massive.
Ce génocide coûte la vie à plus d'un million deux cent mille arméniens, sous l'ordonnance du parti Jeunes-Turcs, alors en place, les accusant de collaboration avec l'ennemi.
Un mois après le début de l'extermination, en mai 1915, les alliés accusent la Turquie de « crimes contre l'humanité et la civilisation ».


L'autrice, à travers les yeux et les souvenirs de sa grand-mère, rend le plus singulier, le plus émouvant des hommages. Il s'adresse en premier lieu à Aravni, sa tatik, mamie en arménien. Aravni porte en lumière le vibrant témoignage de tout un peuple, grâce au récit poignant de sa petite-fille.
Valérie Toranian avance avec prudence, à pas de velours, pour parcourir la mémoire en souffrance d'une veille femme…
L'autrice y conjugue passé et présent avec force et subtilité.

« Comme les enfants qui ne se lassent pas d'entendre la scène augurale de l'histoire d'amour entre leurs parents, je rêve d'un chapitre romanesque pour ma grand-mère, un épisode qui la détache du tragique. Je voudrais équilibrer les émotions de la spectatrice que je suis. Je voudrais qu'au coeur du malheur surgisse un coucher de soleil sur le Bosphore. »

J'ai aimé ses formes et sa griffe. Elle touche avec discrétion l'impardonnable et l'incompréhensible. Elle explique son ressenti avec une grande sincérité. Elle reste à l'écart, spectatrice de l'histoire d'un peuple dont elle est un des fruits, puis elle devient actrice d'une confession à fleur de peau.

Étrangère là-bas et pourtant chez elle, étrangère ici et pourtant accueillie. Valérie Toranian se demande jusqu'à quel point l'étrangère n'appartient à aucune civilisation. L'étrangère est rayée de la carte comme une erreur. Alors l'étrangère s'appartiendra à elle seule, et saura se reconnaître pleinement.

« Et je t'attache à moi par tes papilles, par ton petit ventre dodu d'enfant qui n'a jamais connu la faim, et tous ces gâteaux, c'est ma revanche sur la vie, ou plutôt sur la mort... »

Aravni, éclate ! Flamboyante comme une fleur gorgée de soleil. Acharnée de vivre. Pour elle, pour eux, pour tous. La reconnaissance n'est pas facultative. Ni oubli, ni excuses… Justice et réparations pour le peuple arménien.

« Et je t'attache à moi par le sucre et le sel, par ses épices douces-amères dont ta mère ignore même l'existence, et à chaque nouvelle bouchée je te fais mienne aussi sûrement que ta mère t'a fait sienne lorsqu'elle t'a sortie de ses entrailles en poussant un grand cri. »

Les livres offerts par hasard sont parfois les plus marquants...

Lu en mai 2021
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Un pur bonheur que ce petit livre ! Valérie Toranian plonge à la source des origines de sa grand-mère arménienne et évoque avec justesse le martyre d'un peuple dont le génocide n'a jamais été reconnu par la Turquie.
Dans un texte touchant et truffé d'humour, Valérie Toranian décrit les liens charnels qui l'attachent à son aïeule, qu'elle ne peut cependant s'empêcher de comparer à son autre grand-mère fine, distinguée et élégante… au détriment bien sûr de sa grand-mère arménienne, vraiment pas sortable !
Il est émouvant de constater qu'elle aura d'abord attendu de maîtriser la langue de sa grand-mère, puis que celle-ci lui aura imposé d'attendre son accouchement avant de lui raconter son histoire et celle de son peuple.
Un petit plus qui m'a amusée, Valérie et moi avons visiblement le même âge : nous avons regardé la Demoiselle d'Avignon, Belle et Sébastien et Amicalement vôtre, et avons été affublées des mêmes kilts et pantalons de velours …
Très intéressant et facile à lire, à conseiller à tout le monde pour découvrir ou redécouvrir l'histoire du génocide arménien.
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