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EAN : 9782889273706
352 pages
Editions Zoé (04/11/2016)
3.8/5   5 notes
Résumé :
En 1930, l'élève Gerber s'apprête à entrer dans sa dernière année de lycée, laquelle doit se conclure par le difficile examen de fin d’études (Maturité). Il est brillant mais non sans quelques faiblesses : les mathématiques, un amour immodéré pour la jeune et volage Lisa et un fichu caractère. Aussi, lorsque le nom de son professeur de mathématiques tombe : Kupfer, Gerber reçoit le conseil avisé de changer de lycée, ce qu'il refuse. Il affrontera le surnommé Kaiser ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
32 élèves en classe terminale du Lycée moderne XVI, quelque part en Autriche il y a grosso modo un siècle, espèrent obtenir au bout de 10 mois d'efforts soutenus leur diplôme de maturité (une sorte de bac) et poursuivre ainsi leurs études à l'université ou entamer une carrière de leur choix.

Ceci est notamment le cas de Kurt Gerber, surnommé Scheri, élève intelligent mais amoureux de la belle Lisa Berwald et n'aimant pas trop les maths.

Or, c'est exactement le prof de math et de géométrie, le vaniteux Arthur Kupfer, qu'il lui faudra convaincre pour le diplôme de fin d'études, d'autant plus que "Kaiser" (empereur - son surnom révélateur) Kupfer a été nommé titulaire de la classe et qu'il est plus qu'un simple fanfaron, en somme un caractériel qui nécessite des soins psychiatriques appropriés.

le capitaine Kupfer (son autre titre de gloire) a une quarantaine d'années, vit seul et éprouve le plus grand plaisir en humiliant et terrifiant ses pauvres élèves. À ce point même que pour lui les vacances scolaires représentent un "exil" frustrant !

La confrontation psychologique de ce prof et de son élève Gerber plonge la lectrice et le lecteur dans une analyse psychologique digne d'une expertise professionnelle par le contemporain et compatriote de l'auteur, l'illustre Sigmund Freud.

L'auteur, Friedrich Torberg, est en effet né comme Friedrich Kantor à Vienne, le 16 septembre 1908, et a été un journaliste et critique à Vienne et Prague. En tant que Juif, il a fui aux États-Unis en passant par la France, en 1938. En 1951, il est retourné à sa ville natale, où il est mort le 10 novembre 1979, à l'âge de 71 ans.
Pour son oeuvre littéraire, il a reçu de nombreux prix. En Français ont été traduits : "Me voici, père" (1948) et "Le Retour du golem" (1968). Il a aussi écrit un superbe livre plein d'anecdotes marrantes "La tante Jolesch et le Déclin de l'Occident" en 1975.

Bien que la version originale de "L'Élève Gerber" soit sortie en 1930, la thématique du récit fait très moderne, voire actuel, et le style d'écriture de Friedrich Torberg n'a manifestement pas beaucoup vieilli.

Je suis persuadé par ailleurs que nos ami-e-s actifs dans l'enseignement apprécieront davantage d'éléments liés à la relation spécifique entre professeur-e et élèves.

Sur la couverture du roman figure l'autoportrait du célèbre peintre autrichien Egon Schiele de 1910.

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Le jour qui entame la dernière année que Kurt Gerber doit passer au lycée est doublement funeste. Il y constate tout d'abord l'absence de la belle et sulfureuse Lisa, avec qui il a entretenu un vague flirt, la jeune fille ne quittant plus, depuis, ses pensées, et il apprend par ailleurs qu'il aura pour professeur principal Artur Kupfer, surnommé à juste titre par les élèves "Kaiser Kupfer". L'école est en effet le lieu où ce professeur de mathématiques, dont la vie privée est le règne de la médiocrité et de l'insignifiance, peut exercer en toute impunité son omnipotence et assouvir son besoin maladif et vicieux de domination.

Le jeune Gerber, unanimement reconnu comme intelligent par l'ensemble de ses professeurs, est un garçon au fort caractère, plus âgé, plus mur, et plus réfléchi, que la plupart de ses camarades. Son attitude parfois indocile, sa capacité à contrer les arguments de ses aînés peuvent le faire passer pour insolent, mais sa fougue fait l'objet d'une certaine bienveillance de la part des enseignants, qui y voient surtout l'expression d'une rafraîchissante sagacité.
Artur Kupfer considère quant à lui cette attitude d'un autre oeil : il ne le connait que de réputation, mais sait déjà qu'il est de ceux qu'il se fait fort de mater, de ravaler au rang d'inférieur que son statut de professeur lui permet d'écraser, concrétisant ainsi l'idée de sa propre supériorité. Il prend d'autant plus de plaisir à rabaisser les élèves qui, comme Kurt, sont issus d'un milieu bourgeois et cultivé, qu'il sait qu'il pourra compter sur l'inconsciente collaboration de certains lycéens socialement et/ou intellectuellement moins bien lotis, qu'il prendra soin de dresser contre sa cible.

"L'élève Gerber" est le récit d'une lutte perdue d'avance, parce qu'au-delà d'opposer deux êtres disposant d'armes inégales, elle est celle d'un individu contre un système d'autant plus inique, voire absurde, lorsqu'il est confié aux mains de décideurs partiaux, auxquels il confère leur légitimité. La fin du lycée est alors concrétisée par l'obtention de la "Maturité" -le roman date de 1930-, examen dont l'intitulé même révèle la dimension saugrenue, puisqu'il s'agit de définir l'accession au statut d'adulte à l'aune de notes obtenues dans les matières considérées comme déterminantes -il est d'ailleurs significative que la philosophie, pourtant dispensée en cours d'année, en soit exclue-, en infantilisant des élèves dont l'autonomie de pensée doit se restreindre aux limites fixées par des règles arbitraires.

Kurt, fragilisé par une sensibilité qu'exacerbent l'inconstance de Lisa et l'autorité abusive de son professeur de mathématiques, se perd dans les affres d'une instabilité psychique qui met à mal son estime de lui-même. Tiraillé entre son instinct de rébellion, son refus de rentrer dans le moule, et l'angoisse d'un échec qui décevrait un père au coeur fragile, il oscille entre découragement et regains de motivation, ces derniers le menant à de bonnes résolutions qui s'effondrent rapidement en l'absence de résultats durables.

Friedrich Torberg décrit ce drame intérieur avec une grande finesse d'analyse, détaillant les étapes qui peu à peu conduisent l'élève Gerber à une forme de démence, tant la torture que subit son esprit devient insupportable. Dans une communion liant fond et forme, sa plume précise et élégante se fait plus chaotique, plus tourmentée, à l'approche d'une issue que l'on devine forcément tragique.

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
" Par trois choses le monde subsiste : la vérité, l’équité et l’amour. "

Rabbi Simon ben Gamaliel (10 ans av.J.-C - 70 ans ap. J.-C.).

(page 5).
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Video de Friedrich Torberg (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Friedrich Torberg
Présentation de ce premier roman viennois par sa traductrice, Françoise Toraille. Paru en 1930, alors que son auteur, Friedrich Torberg, n'a que 22 ans, "L'Élève Gerber" n'avait jamais été publié en français, jusqu'à aujourd'hui. Disponible depuis le 3 novembre 2016 dans toutes les bonnes librairies. http://editionszoe.ch/livre/l-Eleve-gerber
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