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EAN : 9782714306005
187 pages
José Corti (23/01/1997)
4.06/5   9 notes
Résumé :
Rua est un cas singulier de contexte urbain dans l'oeuvre de Michel Torga:un condensé de rues de gros bourg et de ville moyenne de la province portugaise,lieux de la vie doublée, du médecin et de l'écrivain.

S'y pressent en foule commerçants prospères et retors,artisans ou camelots besogneux et parfois romanesques,femmes douloureuses et jeunes filles sacrifiées,petits employés exploités en mal de reconnaissance sociele et d'amour;mais aussi l'émigrant... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique

**Découverte de cet écrivain dans les années 80--Relecture août 2019
Un recueil de nouvelles lu il y a fort longtemps... je viens de le relire,
l'empruntant à la médiathèque, pour le faire lire auparavant à un ami
lisboète, pour lui faire découvrir cet écrivain-compatriote, écrivain et
médecin sous le régime de Salazar...
Un recueil exceptionnellement consacré aux petites gens de la ville, alors
qu' habituellement, Torga décrit les paysans, les gens de la terre et des
montagnes... Comme le titre l'indique nous sommes immergés dans
les "Rues" de la cité...La couverture de l'édition de 1988 des éditions
du Tout sur le Tout est dans un accord absolu avec le contenu de ces
nouvelles. Très belle photographie en noir et blanc qui couvre les deux plats,représentant un homme,marchant tête baissée au milieu d'une rue pavée, les rails du tramway, bien apparentes; sur le second plat, une gamine est sur le seuil d'une porte, regardant la "Rue"...
Une petite parenthèse pour présenter cet écrivain -poète..Fils de paysans pauvres, Miguel Torga (1907-1995), de son vrai nom Adolfo Rocha – il a choisi Miguel pour Cervantes, et Torga comme la bruyère sauvage –,
passe par le séminaire, seul lieu d'études possible pour un fils de paysan et,
à l'âge de 13 ans, part pour le Brésil, où il sera garçon de ferme.Revenu au Portugal, Miguel Torga s'inscrit en médecine . Une fois diplômé, il exerce dans les campagnes et observe ses compatriotes ...Il est mal vu par les notables , et les autres médecins, issus de milieux aisés...
Il sera emprisonné, censuré, interdit de publication... Il finira par éditer ses textes à son propre compte....Pour nous, en France, cela sera l'éditeur d'origine corse; José Corti,qui nous le fera découvrir; le fera traduire par Claire Cayron et l'éditera !
Miguel Torga s'est beaucoup inspiré de ses patients, ouvriers, vignerons, paysans, des humbles qu'il a soignés toute sa vie... le quotidien, les attentes, rêves déçus des "vaincus" de la vie !!
Des textes , comme tout recueil de nouvelles avec des densités inégales...
Des récits toujours sensibles... je crois que l'un de mes préférés est celui qui clôt le volume , "Pension centrale"... totalement bouleversante sous une trame apparemment anodine ....
Une veuve , Dona Teresa, tient près de la gare une pension de famille, avec l'aide d'un homme à tout faire , Belmiro, et "rabatteur" de clients , à la gare. Il revient un soir avec un client des plus bizarres, qui ne fait rien comme les autres, impose ses horaires, ses manies..; au grand dam de Dona Teresa..Car cet original va faire fuir les autres pensionnaires, qui le prennent pour un fou; de plus, il ne fait aucun effort pour entrer en contact avec ses congénères !
"- Et alors, qu'est-ce qu'elle vous fait, ma vie ?
-C'est qu'elle cause beaucoup de dérangement...Vous voyez bien que si les clients ne se lèvent pas à la bonne heure, ne mangent pas à la bonne heure ...
(...)
Mais pour quelle raison les horaires des autres seraient-ils meilleurs que les miens ?
-Monsieur Macedo, pour l'amour du ciel ! Quelqu'un qui déjeune à quatre heures et demie de l'après-midi et qui dîne à onze heures du soir !...
-Et alors quoi ?
- Alors c'est pas comme tout le monde...Les autres vivent le jour et dorment la nuit...Tandis que vous...
- (...) Mais je vous le demande: vous êtes-vous déjà promenée par les rues le matin de bonne heure ?
-Je suis une honnête femme, Monsieur Macedo !
-Donc, c'est non. Alors partez du principe que jusqu'à ce jour vous avez été enterrée vivante et occupée à nettoyer les murs de votre tombe. (...)
-Et c'est dommage, parce que la ville a des aspects bien curieux.
Quand vous le pourrez, une fois le travail fini, au lieu d'aller vous coucher, montez par une ruelle qui prend un peu plus haut, au coin de la rue, et ouvrez les yeux. Juste au bout il y a une grande bâtisse toute illuminée.
C'est la Maternité. Appuyez-vous aux grilles d'un petit jardin qui est juste en face , et attendez une petite demi-heure. C'est merveilleux ! Au début on n'entend qu'un silence complet, qui prépare l'esprit . Puis, ce
sont des cris aigus et désespérés qui semblent trouer le ciel. Ne vous inquiétez pas. Enfin on l'entend. C'est un vagissement plein de fraîcheur, cristallin, qui vous entre dans le coeur comme une caresse. Vous n'imaginez pas la fraîcheur qui émane du premier cri d'un enfant, tombant comme une rosée sur la solitude nocturne ! Il faut l'avoir entendu pour savoir ce que c'est... (p. 127)
Mais il y a également -"La Leonor Bourlinguée" : Une vieille marchande des quatre saisons intrigue par son surnom qui fait rêver; une de ses camarades, plus jeune,travaillant comme boulangère, Julia, insiste pour connaître l'origine de ce surnom si évocateur d'une vie aventureuse... mais quelle ne sera pas sa surprise attristée de découvrir la vie de misère de cette vieille femme, entre le Brésil et son Portugal natal !!
"La Lettre" : histoire d'un facteur compatissant envers une jeune fille aux amours contrariés, guettant les missives de son amoureux...
"Les époux Estrella" : Estrella, la soixantaine passée, le barbier du quartier meurt subitement, son épouse le suivant de peu dans la mort. L'occasion pour les voisins d'évoquer ce couple uni, et leur unique escapade mémorable de trois journées dans la "Grande Lisbonne" !
"Cette douleur-là" : un Portugais après avoir bourlingué, vécu en Amérique, fait les 400 coups au temps de la prohibition, revient au pays, retrouvant une épouse aigrie et maussade. Cet homme meurt avec la seule lumière de son existence de migrant et de baroudeur: une "fille à lui", cachée, laissée en Amérique....
"Le bon Texeira": Monsieur Texeira, un épicier qui a créé sa boutique, vécu pour elle, sans se marier, se trouve alité pendant six mois. Remplacé par son employé, il est contraint à la réclusion dans sa maison, afin de se soigner ! Il est enfin autorisé à sortir de chez lui; la destination de cette première sortie ne peut être que son magasin. Il arrive, mais son employé ne semble pas très content de le voir, ayant pris "possession" mentalement
du petit commerce de son patron ...Désormais, il est de trop...
"Triste journée": La journée d'un médecin de famille, bouleversé par l'agonie d'un pauvre cordonnier, et d'autres misères ! Un début de rayon de lumière, croit-il, avec une jeune accouchée... mais il apprend qu'elle est seule, son compagnon et le père du nouveau-né étant décédé brutalement, peu avant. Décidément "Une triste journée" !
"La retraite" : un vieux policier doit prendre sa retraite après toute une carrière de bons et loyaux services, mais au lieu d'être joyeux, libéré, il se sent dépossédé de sa raison de vivre... Il se sent perdu, comme devenu subitement invisible !
"Musique !" : un jeune organiste ne vit que pour sa musique qu'il joue à
l'église; un jour son chemin croise croise celui d'une très jolie jeune femme, venant régulièrement se recueillir, seule ; il en tombe éperdument amoureux... jusqu'au choc de l'annonce publique de son mariage ! l'organiste sera au désespoir...La musique ne lui sera plus d'aucun secours !...
Chroniques douces-amères, et parfois tragiques de la vie citadine des "classes laborieuses"...avec le regard bienveillant, compatissant du médecin-poète !!
Un auteur dont j'aime depuis longtemps et toujours autant, après relecture... le style, la sensibilité, le Regard !... Je suis d'autant plus "fière" de l'avoir fait découvrir à cet ami lusitanien !!!


***La première édition portugaise de "Rua" date de 1942. La présente traduction a été faite à partir de la cinquième édition (1985)

Voir : https://www.telerama.fr/livre/trois-raisons-de-%28re%29lire...-miguel-torga,-le-medecin-poete,n5623993.php
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**Découverte de cet écrivain dans les années 80--Relecture août 2019

Un recueil de nouvelles lu il y a fort longtemps... je viens de le relire,
l'empruntant à la médiathèque, pour le faire lire auparavant à un ami
lisboète, pour lui faire découvrir cet écrivain-compatriote, écrivain et
médecin sous le régime de Salazar...

Un recueil exceptionnellement consacré aux petites gens de la ville, alors
qu' habituellement, Torga décrit les paysans, les gens de la terre et des
montagnes... Comme le titre l'indique nous sommes immergés dans
les "Rues" de la cité...La couverture de l'édition de 1988 des éditions
du Tout sur le Tout est dans un accord absolu avec le contenu de ces
nouvelles. Très belle photographie en noir et blanc qui couvre les deux plats,représentant un homme,marchant tête baissée au milieu d'une rue pavée, les rails du tramway, bien apparentes; sur le second plat, une gamine est sur le seuil d'une porte, regardant la "Rue"...

Une petite parenthèse pour présenter cet écrivain -poète..Fils de paysans pauvres, Miguel Torga (1907-1995), de son vrai nom Adolfo Rocha – il a choisi Miguel pour Cervantes, et Torga comme la bruyère sauvage –,
passe par le séminaire, seul lieu d'études possible pour un fils de paysan et,
à l'âge de 13 ans, part pour le Brésil, où il sera garçon de ferme.Revenu au Portugal, Miguel Torga s'inscrit en médecine . Une fois diplômé, il exerce dans les campagnes et observe ses compatriotes ...Il est mal vu par les notables , et les autres médecins, issus de milieux aisés...

Il sera emprisonné, censuré, interdit de publication... Il finira par éditer ses textes à son propre compte....Pour nous, en France, cela sera l'éditeur d'origine corse; José Corti,qui nous le fera découvrir; le fera traduire par Claire Cayron et l'éditera !

Miguel Torga s'est beaucoup inspiré de ses patients, ouvriers, vignerons, paysans, des humbles qu'il a soignés toute sa vie... le quotidien, les attentes, rêves déçus des "vaincus" de la vie !!
Des textes , comme tout recueil de nouvelles avec des densités inégales...
Des récits toujours sensibles... je crois que l'un de mes préférés est celui qui clôt le volume , "Pension centrale"... totalement bouleversante sous une trame apparemment anodine ....

Une veuve , Dona Teresa, tient près de la gare une pension de famille, avec l'aide d'un homme à tout faire , Belmiro, et "rabatteur" de clients , à la gare. Il revient un soir avec un client des plus bizarres, qui ne fait rien comme les autres, impose ses horaires, ses manies..; au grand dam de Dona Teresa..Car cet original va faire fuir les autres pensionnaires, qui le prennent pour un fou; de plus, il ne fait aucun effort pour entrer en contact avec ses congénères !

"- Et alors, qu'est-ce qu'elle vous fait, ma vie ?
-C'est qu'elle cause beaucoup de dérangement...Vous voyez bien que si les clients ne se lèvent pas à la bonne heure, ne mangent pas à la bonne heure ...
(...)
Mais pour quelle raison les horaires des autres seraient-ils meilleurs que les miens ?
-Monsieur Macedo, pour l'amour du ciel ! Quelqu'un qui déjeune à quatre heures et demie de l'après-midi et qui dîne à onze heures du soir !...
-Et alors quoi ?
- Alors c'est pas comme tout le monde...Les autres vivent le jour et dorment la nuit...Tandis que vous...
- (...) Mais je vous le demande: vous êtes-vous déjà promenée par les rues le matin de bonne heure ?
-Je suis une honnête femme, Monsieur Macedo !
-Donc, c'est non. Alors partez du principe que jusqu'à ce jour vous avez été enterrée vivante et occupée à nettoyer les murs de votre tombe. (...)
-Et c'est dommage, parce que la ville a des aspects bien curieux.
Quand vous le pourrez, une fois le travail fini, au lieu d'aller vous coucher, montez par une ruelle qui prend un peu plus haut, au coin de la rue, et ouvrez les yeux. Juste au bout il y a une grande bâtisse toute illuminée.
C'est la Maternité. Appuyez-vous aux grilles d'un petit jardin qui est juste en face , et attendez une petite demi-heure. C'est merveilleux ! Au début on n'entend qu'un silence complet, qui prépare l'esprit . Puis, ce
sont des cris aigus et désespérés qui semblent trouer le ciel. Ne vous inquiétez pas. Enfin on l'entend. C'est un vagissement plein de fraîcheur, cristallin, qui vous entre dans le coeur comme une caresse. Vous n'imaginez pas la fraîcheur qui émane du premier cri d'un enfant, tombant comme une rosée sur la solitude nocturne ! Il faut l'avoir entendu pour savoir ce que c'est... (p. 127)

Mais il y a également -"La Leonor Bourlinguée" : Une vieille marchande des quatre saisons intrigue par son surnom qui fait rêver; une de ses camarades, plus jeune,travaillant comme boulangère, Julia, insiste pour connaître l'origine de ce surnom si évocateur d'une vie aventureuse... mais quelle ne sera pas sa surprise attristée de découvrir la vie de misère de cette vieille femme, entre le Brésil et son Portugal natal !!

"La Lettre" : histoire d'un facteur compatissant envers une jeune fille aux amours contrariés, guettant les missives de son amoureux...

"Les époux Estrella" : Estrella, la soixantaine passée, le barbier du quartier meurt subitement, son épouse le suivant de peu dans la mort. L'occasion pour les voisins d'évoquer ce couple uni, et leur unique escapade mémorable de trois journées dans la "Grande Lisbonne" !

"Cette douleur-là" : un Portugais après avoir bourlingué, vécu en Amérique, fait les 400 coups au temps de la prohibition, revient au pays, retrouvant une épouse aigrie et maussade. Cet homme meurt avec la seule lumière de son existence de migrant et de baroudeur: une "fille à lui", cachée, laissée en Amérique....

"Le bon Texeira": Monsieur Texeira, un épicier qui a créé sa boutique, vécu pour elle, sans se marier, se trouve alité pendant six mois. Remplacé par son employé, il est contraint à la réclusion dans sa maison, afin de se soigner ! Il est enfin autorisé à sortir de chez lui; la destination de cette première sortie ne peut être que son magasin. Il arrive, mais son employé ne semble pas très content de le voir, ayant pris "possession" mentalement
du petit commerce de son patron ...Désormais, il est de trop...

"Triste journée": La journée d'un médecin de famille, bouleversé par l'agonie d'un pauvre cordonnier, et d'autres misères ! Un début de rayon de lumière, croit-il, avec une jeune accouchée... mais il apprend qu'elle est seule, son compagnon et le père du nouveau-né étant décédé brutalement, peu avant. Décidément "Une triste journée" !

"La retraite" : un vieux policier doit prendre sa retraite après toute une carrière de bons et loyaux services, mais au lieu d'être joyeux, libéré, il se sent dépossédé de sa raison de vivre... Il se sent perdu, comme devenu subitement invisible !

"Musique !" : un jeune organiste ne vit que pour sa musique qu'il joue à
l'église; un jour son chemin croise croise celui d'une très jolie jeune femme, venant régulièrement se recueillir, seule ; il en tombe éperdument amoureux... jusqu'au choc de l'annonce publique de son mariage ! l'organiste sera au désespoir...La musique ne lui sera plus d'aucun secours !...

Chroniques douces-amères, et parfois tragiques de la vie citadine des "classes laborieuses"...avec le regard bienveillant, compatissant du médecin-poète !!

Un auteur dont j'aime depuis longtemps et toujours autant, après relecture... le style, la sensibilité, le Regard !... Je suis d'autant plus "fière" de l'avoir fait découvrir à cet ami lusitanien !!!




***La première édition portugaise de "Rua" date de 1942. La présente traduction a été faite à partir de la cinquième édition (1985)


Voir : https://www.telerama.fr/livre/trois-raisons-de-%28re%29lire...-miguel-torga,-le-medecin-poete,n5623993.php



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Rua, c'est la rue en portugais. Et cette rue, ces rues populaires, Miguel Torga romancier et poète, en prend le pouls, nous livre leurs âmes.
Rua, c'est un recueil de treize nouvelles au registre émotionnel riche et aux formules poétiques foisonnantes (ex:"ils souriaient comme s'ils avaient volé à la vie un grain de sable magique, une minute d'or).
Une porte s'ouvre et le lecteur pénètre dans l'intimité de son propriétaire dont le destin va tourner ou tourne au drame, un drame presque toujours lié à une trop grande crédulité, des désillusions ou l'amour.
N'allez pas plus loin démontre qu'il y a un seuil à ne pas dépasser dans des relations et qu'un pauvre employé ne peut frayer avec son patron humiliant même si ce dernier est le parrain de son fils.
La lettre évoque l'implication d'un facteur "messager du destin" dans une correspondance amoureuse.
Les époux Estrela sont complices jusqu'à la mort.
Cette douleur là est la douleur d'un ex-taulard qui a payé sa dette mais porte un lourd secret qui le mine.
Le bon Texeira est un épicier convalescent comprenant que sa place est prise.
Triste journée relate la rude journée d'un médecin entre doutes,scrupules et confidences.
Musique est l'amour inavoué d'un organiste émerveillé.
La retraite soulève le problème de la mise à pied d'un agent de police pour lequel son métier était sa vie et qui de simple matricule se retrouve rien de rien.
La Leonor Bourlinguée dénonce les illusions d'une trop jolie jeune fille incapable de résister au "diable".
Senhor Cosme relate l'histoire cruelle (qui tourne à la folie) d'un mariage arrangé entre un employé timide et la fille (enceinte d'un autre) de son patron qui le méprise.
Un combat se joue entre un médecin ulcéré et son patient, colonel et diabétique réfractaire à tout traitement.
Le charlatan vend son "talisman du bonheur" en racontant ses malheurs. Vérités ou mensonges?
Pension Centrale évoque l'arrivée d'un client bizarre, noctambule,irrespectueux des horaires qui provoque la fuite de la clientèle dérangée dans ses règles de vie.
Que de drames se jouent dans une rue populaire!
Que de vies se perdent pour de mauvaises raisons ou par manque de discernement.
Et pourtant ce n'est pas triste, ce sont des tranches de vies!
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Pension centrale

- Et alors, qu'est-ce qu'elle vous fait, ma vie ?
-C'est qu'elle cause beaucoup de dérangement...Vous voyez bien que si les clients ne se lèvent pas à la bonne heure, ne mangent pas à la bonne heure ...
(...)
-Mais pour quelle raison les horaires des autres seraient-ils meilleurs que les miens ?
-Monsieur Macedo, pour l'amour du ciel ! Quelqu'un qui déjeune à quatre heures et demie de l'après-midi et qui dîne à onze heures du soir !...
-Et alors quoi ?
- Alors c'est pas comme tout le monde...Les autres vivent le jour et dorment la nuit...Tandis que vous...
- (...) Mais je vous le demande: vous êtes-vous déjà promenée par les rues le matin de bonne heure ?
-Je suis une honnête femme, Monsieur Macedo !
-Donc, c'est non. Alors partez du principe que jusqu'à ce jour vous avez été enterrée vivante et occupée à nettoyer les murs de votre tombe. (...)
-Et c'est dommage, parce que la ville a des aspects bien curieux. Quand vous le pourrez, une fois le travail fini, au lieu d'aller vous coucher, montez par une ruelle qui prend un peu plus haut, au coin de la rue, et ouvrez les yeux. Juste au bout il y a une grande bâtisse toute illuminée. C'est la Maternité. Appuyez-vous aux grilles d'un petit jardin qui est
juste en face , et attendez une petite demi-heure. C'est merveilleux ! Au début on n'entend qu'un silence complet, qui prépare l'esprit . Puis, ce sont des cris aigus et désespérés qui semblent trouer le ciel.
Ne vous inquiétez pas. Enfin on l'entend. C'est un vagissement plein de fraîcheur, cristallin, qui vous entre dans le coeur comme une caresse. Vous n'imaginez pas la fraîcheur qui émane du premier cri d'un enfant, tombant comme une rosée sur la solitude nocturne ! Il faut l'avoir entendu pour savoir ce que c'est... (p. 127) [ cf.Le Tout sur le Tout, 1988]
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Musique !

Lorsque le saint homme mourut, il fut son successeur indiscuté. Toutes les partitions, les doigts du disciple savaient les déchiffrer, en les interprétant de surcroît avec le feu de la jeunesse. (...) Les temps étaient durs.
Un vent de désespoir balayait le monde.Et ceux qui cherchaient Dieu avec sincérité avaient soif de musiques semblables,à la fois belles et poignantes.(p. 56) [cf. Le Tout sur le Tout, 1988 ]
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-La Leonor Bourlinguée

Ni son coeur ni son étal de fruits ne lui permettaient de faire plus de dix pas à la suite. Aussi passait-elle des mois d'affilée à entendre des chalands les nouvelles du quartier. Elle était donc comme un tombeau où tout venait s'ensevelir. (...)
Vieille déjà, mais d'une vieillesse conciliante, un jour, sans qu'on sache d'où ni comment, elle était apparue là, placide, et s'était mise à empiler des pommes sur l'étal. (...)
Et elle était entrée, sans lettres de créance, dans le quotidien de la rue. (...)
- Vous connaissez la petite vieille du banc de fruits avec qui vous avez parlé tout à l'heure ?
-Très bien ! Qui ne connaît pas la Leonor Bourlinguée ?
-La Leonor Bourlinguée ?
-oui. Ce n'est pas comme ça qu'on l'appelle par ici ?
-Non, La Leonor, seulement.
(...)
Le sobriquet avait rempli un vide que le temps n'avait pas réussi à combler. Ce "Bourlinguée", s'il ne fournissait pas l'explication de ce que soupçonnaient les imaginations, éclairait, jusqu'à un certain point, le mystère. Il suggérait une vie aventureuse, où passaient des navires, des trains, des pays lointains, et Dieu sait quoi encore...(p. 76-77)[ cf.Le Tout sur le Tout, 1988]
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Pension centrale

Une rue déserte ! Vous n'en avez jamais vu ? Eh bien ! Je vous le dis, vous ne connaissez pas la merveille des merveilles. De jour les maisons qui la bordent s'éteignent, se taisent, l'air de soldats au garde-à-vous, alignées, toutes pareilles et anonymes. Sur les milliers de gens qui passent devant elles, qui est capable de les individualiser, de les distinguer, de remarquer le dessin d'une porte, la grâce d'une fenêtre, le profil d'un angle de rue ? Personne bien sûr. C'est pourquoi elles se dépersonnalisent, se défigurent, se couvrent en somme de banalité. Mais les voir la nuit... Pas une qui n'ait quelque chose à dire, une histoire à raconter... Même les bancs ! Même les grosses maisons cossues ! (p. 128) [cf. Le Tout sur le Tout, 1988]
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Comme d'habitude, à huit heures, le soleil commença d'entrer dans la chambre. Mais il ne put, comme les autres fois, descendre de l'appui de la fenêtre, inonder le plancher, monter sur le lit, dévorer peu à peu la courtepointe blanche, incendier un bout de l'édredon rouge, et finir par taper en plein dans leurs yeux. L'un d'abord et l'autre ensuite, ils étaient partis.
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Video de Miguel Torga (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Miguel Torga
Ana Maria Torres, traductrice de "Folles mélancolies" de Teresa Veiga nous parle de sa région de coeur Trás-os-Montes au PorTugal et de l'auteur qui en parla le mieux dans la littérature : le grand Miguel Torga. Merci à elle et bon visionnage !
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