Roman paru en 1945,
Vendange emmène le lecteur sur les rives du Douro, au nord du
Portugal, où est récolté le raisin qui donnera le vin de Porto. Les
vendanges approchent : nous sommes en septembre. le senhor Lopes, ancien ouvrier devenu patron d'une florissante exploitation, accueille les
vendangeurs venus des villages voisins. C'est le temps du travail de la terre qui exige patience et force ; c'est aussi un temps particulier, hors des habituelles règles de vie du village. C'est le temps des drames, domestiques - un ouvrier a la main broyée - et sentimentaux. C'est le temps des rivalités silencieuses entre les Lopes, parvenus et riches, et les Meneses, ancienne famille puissante dont l'exploitation périclite.
Les passions sont violentes mais silencieuses : on aime sans se le dire, on se donne sans y croire. Les enfants des Lopes et des Meneses rêvent d'autres choses que de l'exploitation familiale : Alberto Lopes est un jeune homme au pessimisme inquiétant et Catarina, sa cousine, est une poétesse mystérieuse, indifférente au monde qui l'entoure. Il y a enfin deux personnages comme deux intrus : le docteur Bruno, aux manières élégantes mais aux pratiques hypocrites, et le Rouquin, rival de Lopes par lequel il a été humilié et qui apporte une aide financière aux Meneses, alors même que ceux-ci étaient prêts à donner leur fille aux Lopes pour recevoir de l'argent.
L'écriture simple de
Miguel Torga rend hommage au pays du Douro. C'est un pays de montagnes rudes et de vignes heureuses. le travail du vin est mis en avant : récolte, foulage ... C'est aussi une histoire de paysans qui partagent la même vie et qui ne s'en plaignent pas. le roman répond ainsi parfaitement à la définition que donnait
Torga à la littérature : "l'universel, c'est le local sans les murs".