Avec ce tome 8 intitulé "Le Goût de la ciguë",
Mari Yamazaki et
Tori Miki continuent de nous offrir 2 mangas pour le prix d'1 !
D'un côté nous avons le périple presque picaresque de la Team Pline qui entre action, humour et culture se frotte aux merveilles du monde. Elle arrive à Alexandrie, et si Pline est largement occupé à explorer les savoirs de la Bibliothèque et du Musée, Euclès admire la magie des premières machines et Félix admire la magie de gent féminine tandis que le petit phénicien sympathise avec les dauphins. Pline semble chercher quelque chose en particulier (j'espère qu'il ne s'agit pas des kikaijûs de l'Empire Mykénien, comprenne qui pourra), et sur les conseils de Hiéron il décide de rejoindre la Crète pour y rencontrer un savant issu de l'École de Mécanique de Rhode*. A l'image du tome précédent, Félix et Euclès courent eux-mêmes au devant des ennuis en explorant les ruines d'un palais-labyrinthe où ils finissent par tomber sur le Minotaure / le Talos...
D'un autre côté nous avons le game of throne romain avec Néron, Poppée, Sabinus et Tigellin (« prêt à tout et au reste » selon l'expression inventée pour ce monstre à visage humain), où chaque sénateur veut être empereur à la place de l'empereur et où les purges succèdent aux exécutions. Poppée qui a oublié d'être conne finit par reconstituer le puzzle de l'incendie de Rome. Elle décide de se dresser entre son époux qui l'a toujours aimée et son principal conseiller qui l'a toujours manipulée : bien mal lui en prend, et son destin est scellé… GRR Martin n'aurait pas mieux fait ! En deuil de son épouse et de son enfant à venir, l'empereur adoré par le peuple mais haï par l'aristocratie ne saint plus à quel saint se vouer : il fait mander Pline, qui lui au moins ne lui a jamais menti…
Qu'est-ce qui fait le lien entre les deux histoires : la dernière lettre de
Sénèque à Pline qui lui explique la situation politique où c'est maintenant Tigellin qui décidera de la date et de la manière de se débarrasser de Néron. Pline compte bien pousser vers l'Orient pour mettre le plus de distance entre lui et la cour impériale, mais Néron décide de venir en Grèce en compagnie de Vespasien rappelé en urgence de ses plantations de choux en Afrique.
La série connaît désormais au Japon la consécration : elle ne paraît plus dans un magazine manga mais dans un magazine littéraire !(et oui parce que le Japon est un pays où on lit plus, mais alors là beaucoup plus qu'en France où on se regarde trop le nombril avec des autofictions postmodernes). Et j'adore quand les auteurs déclarent en appendices ne pas savoir si
Steve Jobs ressemblait plus à Néron ou à Tigellin... Par contre attention, les grandes pyramides sont à ce qui allait devenir la ville du Caire et non à Alexandrie !
* Oui parce que les machines à vapeur existent depuis au moins le IIe siècle avant J.-C., mais l'aristocratie trouvait que c'était plus cher, moins pratique et moins rigolo à commander et à châtier que des esclaves… Tandis que des aristocrates comme
Sénèque réfléchissaient au sens de la vie en buvant des vins fins dans des coupes en argent grâce à leurs rentes issues de la spéculation foncière ou financière, des gens du commun vivant au jour le jour essayaient d'améliorer le sort de leurs prochains… Plus les choses changent, et plus elles restent les mêmes ?