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Critique de FMK


FMK
29 novembre 2020
J'avais déjà entendu parler de ce manga, et j'étais intrigué par son titre et sa belle illustration de couverture. Aussi, quand j'ai vu qu'il figurait dans la sélection de la dernière Masse Critique Jeunesse de Babelio, j'ai tenté ma chance… Et je l'ai reçu ! Merci donc aux éditions Akata et à Babelio pour cette chance, je suis vraiment content d'avoir pu découvrir cette série !

Dans un futur indéterminé, la vie sur Terre est devenue impossible. Les survivants de l'humanité vivent à présent dans plusieurs stations spatiales, baptisées « Cocoons », qui sont ancrées à la surface du globe. Dans un souci de préservation de l'espèce humaine, des expériences génétiques ont été menées et ont abouti à la création des « néotenes », des humains dont le développement est ralenti, ce qui les rend plus aptes à cette vie dans l'espace. Arata, Caesar, Tina et Louis ont ainsi une vingtaine d'années, mais leurs corps sont semblables à ceux d'enfants de 12 ans. Ces quatre individus sont «partenaires primaires" depuis leur enfance, et sont de véritables célébrités dont les moindres faits et gestes sont commentés sur les réseaux. Issus des familles les plus influentes de quatre « Cocoons » différents, ils sont destinés à un grand avenir. Mais dans cette société où les rapports humains sont ultra-codifiés et où les systèmes d'informations sont omniprésents, il est très difficile pour eux d'avoir une vie privée.

Une nuit, Louis, le plus extraverti des quatre néotènes, embarque Arata et Caesar dans une de ses virées secrètes dans le quartier des plaisirs de Kyoto Cocoon. Alors qu'ils errent au milieu des projections holographiques des humains du passé qui peuplent cet endroit malfamé, une jeune femme légèrement vêtue vient à leur rencontre. Cette femme, prénommée Gion, va éblouir Louis par la beauté de ses yeux verts et de ses longs cheveux ondulés de la même couleur. Ils vont même aller jusqu'à partager un repas, assis l'un à côté de l'autre, alors qu'ils ne sont pas «partenaires secondaires» ! Qui est donc cette jeune fille, pour avoir des manières aussi légères ? Louis serait-il en train, ce qui serait totalement immoral et scandaleux, de tomber « amoureux » ?

Il fallait que je passe par cette longue introduction pour vous présenter cette chronique, sans quoi vous auriez été aussi déboussolé que moi lorsque j'ai commencé ma lecture. En effet, on dispose d'assez peu d'explications à ce sujet, mais dans cette société le sentiment amoureux est devenu, depuis longtemps, quelque chose d'inconcevable et de tabou. Il est même interdit de faire simplement mention des histoires des temps anciens, et les ouvrages qui les contiennent sont, bien entendu, proscrits. Sous prétexte d'un souci de préservation de l'espèce humaine, les relations humaines sont régies par un code moral extrêmement strict, et y déroger est tout bonnement inconcevable. Ainsi, le moindre regard ou compliment sur le physique d'une personne par un autre que son « partenaire secondaire » (aussi appelé « kissing partner ») est considéré comme du harcèlement sexuel. Cependant, dans cette société, le genre semble ne pas avoir d'importance : le tout est de trouver son « partenaire », et cela est exposé d'une manière très naturelle, ce qui est très appréciable et sort des clichés habituels.

Difficile de le dire avec certitude après ce premier tome, mais ce côté social sera sans doute au coeur de la série, et les personnages principaux s'interrogeront sans doute sur la signification de « l'amour » et les raisons pour lesquelles il est désormais interdit. En tout cas, moi, j'ai envie d'en savoir plus !

Une autre source d'interrogation pour le lecteur est l'existence des néotenes. On ne sait pas par qui ils ont été créés (même si la famille d'Arata semble y avoir joué un rôle important) et dans quelles circonstances, et leur rôle est également assez flou. En tout cas, c'était assez déroutant dans ce tome de voir des enfants avoir des conversations d'adulte sur les relations de couple, le sentiment amoureux, le plaisir sexuel, etc. L'ellipse à la fin du tome nous montre un Arata plus adulte, cette impression sera donc moins présente par la suite.

Graphiquement, c'est assez réussi. Les traits de ces enfants âgés d'une vingtaine d'années sont fins, et leurs visages très expressifs. Les regards, en particulier, sont profonds et en disent plus que tout dialogue. Il y a un joli travail sur les corps, les cheveux, sur les vêtements qui flottent du fait de l'apesanteur quasi-permanente et sur le vide spatial derrière les vitres des stations « Cocoon » qui renforce le sentiment de solitude ressenti chez les néotènes dont la condition particulière les isole naturellement des autres terriens. Les décors des différentes stations « Cocoon » aperçues dans ce tome sont assez détaillés, chaque station possédant des éléments architecturaux différents selon la ville terrienne qu'elle représente.

La narration est bien menée, et alterne de longues phases de dialogue avec des moments plus contemplatifs. Mais pour ce qui est du scénario global, ce tome sert vraiment de prologue, on ne peut donc pas vraiment envisager clairement vers où elle va se diriger. Je ne peux pas en dire plus, au risque de faire un gros spoil, mais cela tournera sans doute autour d'Arata, et des recherches qu'il a décidées d'entreprendre suite aux événements décrits ici.

Cette lecture m'a intriguée par son univers et les questionnements qu'elle pose sur les relations humaines, mais aussi par sa qualité graphique. Je pense donc continuer cette série qui a su éveiller mon intérêt, et j'espère vivement ne pas être déçu. Si vous avez envie de lire un manga de SF loin des méchas et des guerres interplanétaires, mais plutôt centré sur les émotions et la réflexion que sur l'action, vous pouvez, vous aussi, tenter l'expérience !
Lien : https://lesaffamesdelecture...
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