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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Décidément, cette rentrée littéraire d'hiver affiche de très bons premiers romans. Justin Torres décrit avec sauvagerie et tendresse une vie de famille particulière. L'atmosphère m'a rappelé le roman La route de McCarthy avec des conditions difficiles mais un esprit de famille très fort, proche de l'instinct de meute.
Trois jeunes enfants métis de 10 à 7 ans vivent auprès de leurs parents, une mère qui a eu son premier enfant à 14 ans et un père porto-ricain attentionné et violent à la fois. La vie est décalée puisque la mère travaille de nuit, le père quand il peut. Les enfants mangent, jouent et rêvent au milieu de ce cloaque. Les trois frères sont très liés. L'imaginaire ou la tentative de fugue sont des fuites vers un monde meilleur. Chacun leur tour un membre de la famille tente de quitter le domicile mais toujours revient au sein de lieu familial. Malgré ses difficultés quotidiennes, cette famille connaît aussi de grands moments de joie partagée, de complicité. C'est tout l'art de l'auteur de fusionner ces périodes de violence et de joie.
Puis, le ton change. le narrateur, dernier des garçons dont on ne connaissait pas le prénom se révèle. Il parle à la première personne, on connaît son prénom. Les trois frères ont grandi en affirmant leur personnalité. Une telle enfance provoque irrémédiablement des failles. Les aînés héritent de la violence du père et le petit dernier affirme sa particularité.
La fin est inattendue et pourtant prévisible, toujours dans une succession de violence et de tendresse.
Le récit est court mais complet, enrichi par sa force et son rythme. L'écriture est simple, belle et imagée et permet au lecteur de sentir l'atmosphère de cette vie de famille, l'intensité des sentiments entre les personnages.
Lien : http://surlaroutedejostein.o..
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Les trois frères grandissent ici comme des petits sauvages. Leurs parents sont bien trop jeunes et désoeuvrés pour s'en occuper correctement. Ils se chamaillent, crient, fuguent et admirent secrètement leur mère, et craignent un peu leur père. Ils se mordent, se donnent des coups, font peur à leurs voisins, mais au final ce sont juste des enfants. Un premier roman coup de poing, où l'on a envie de recopier la majeure part. Je l'ai lu en anglais, première lecture de 2019 et il est toujours ancré en moi.
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Publié en 2011 («We the animals», traduit en 2012 en français aux Éditions de l'Olivier par Laetitia Devaux), le premier roman de l'américain Justin Torres, en grande partie autobiographique, est un choc intense et poignant.

«On en voulait encore. On frappait sur la table avec le manche de nos fourchettes, on cognait nos cuillères vides contre nos bols vides ; on avait faim. On voulait plus de bruit, plus de révoltes. On montait le son de la télé jusqu'à avoir mal aux oreilles à cause du cri des hommes en colère. On voulait plus de musique à la radio ; on voulait du rythme ; on voulait du rock. On voulait des muscles sur nos bras maigres. On avait des os d'oiseaux creux et légers, on voulait plus d'épaisseur, plus de poids. On était six mains qui happaient et six pieds qui trépignaient ; on était des frères, des garçons, trois petits rois unis dans un complot pour en avoir encore.»

En chapitres courts – tels les vignettes d'une chronique familiale -, le narrateur, le plus jeune des trois frères, né d'un père d'origine portoricaine et d'une mère blanche comme l'auteur, rend compte de la pauvreté, de la souffrance, de la sauvagerie mais aussi de la tendresse qui règnent dans cette famille très pauvre, et de l'énergie féroce et collective des trois frères pour se défendre et grandir, malgré la faim, la violence et la confusion d'une mère et d'un père trop pauvres et devenus parents si tôt. Dans ce chaos affectif et matériel, les trois frères collés les uns aux autres comme de petits animaux guidés uniquement par leur instinct, sont toujours prêts à tout recevoir, l'obscurité, la folie ou l'amour, et de temps en temps de quoi subsister.

«Ma s'est penchée pour murmurer à mon oreille, elle m'a répété qu'elle avait besoin que je reste à six ans. Elle m'a chuchoté ce besoin si immense, l'absence totale de douceur avec Paps et les garçons qui devenaient des Paps. Ce n'étaient pas simplement des mots chuchotés, mais la profondeur de sa voix mêlée de souffrance, la proximité chaude de ses bleus, qui m'ont électrisé.
En me tournant vers elle, j'ai vu les bosses sur ses joues et la peau violette bordée de jaune. Ces bleus avaient l'air si sensibles, si doux, si pleins de douleur, qu'une excitation, un courant a jailli de mon ventre, s'est répandu dans ma poitrine, un sale chatouillis, a gagné mes bras puis mes mains. Je l'ai attrapée par les deux joues et je l'ai attirée à moi pour un baiser.
La douleur est montée à ses yeux et a transformé ses pupilles en deux grands ronds noirs. Elle a écarté son visage du mien et m'a jeté à terre. Elle m'a maudit, elle a maudit Jésus, ses larmes ont coulé, et j'ai eu sept ans.»

Enfant différent, plus sensible et efféminé, et amoureux des livres, le narrateur réussit à raconter de façon très singulière, éblouissante et poétique, son parcours vers l'âge adulte et son détachement violent de son milieu d'origine et de cette fratrie fusionnelle.
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"C'est plus simple de couler que de nager". La vie d'une fratrie qui se construit dans la complicité et la complémentarité, en créant une harmonie familiale en dépit des difficultés du quotidien, dans une vie qui est un combat quotidien pour trouver une place. Jusqu'à la rupture brutale lors de la révélation de l'inconcevable déviance au sein de cette famille émigrée aux Etats-Unis et l'éviction du moins "animal".
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C'est avec une écriture crue, violente, vibrante, que nous est racontée la vie de 3 frères dans la jungle urbaine, à travers de courtes scènes d'une grande intensité. Ces 3 garçons grandissent dans un univers chaotique, entourés d'une mère jeune et abîmée, d'un père violent et imprévisible. C'est cette vie animale qui nous est décrite, sans enchainements logiques, passant d'une émotion extrême à l'autre, sans continuité.
Et puis le narrateur, le plus jeune des frères, nous livre son propre parcours initiatique pour devenir lui meme...
C'est bouillonnant, c'est dur, c'est tendre aussi parfois, c'est plein de vie et ça ne laisse pas indifférent.
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L'enfance est douceur, tendresse et innocence, dites-vous? Ma fille, quand elle veut m'embrasser, se jette sur moi si fort que j'ai peur pour mes dents et mes arcades sourcilières. Tout aussi soudainement, elle s'échappe, mon feu follet, vers de nouvelles histoires, claquant au passage les portes et les cuisses de son frère. C'est cet appétit, cette voracité de vivre, cette fantaisie, cet amour monstre que j'ai trouvés dans les 3 frères de Vie animale.
Parce qu'il y a toutes sortes d'enfance. Que l'enfance, c'est aussi une liberté effrénée, la sauvagerie d'une imagination qu'aucune conscience des normes n'a encore polie.
J'ai aimé l'écriture qui claque et caracole, qui éclabousse et transforme la boue en or.
J'ai aimé ces fragments de vie dans une fratrie portée, meute et refuge, qui grandit comme elle peut auprès de parents trop jeunes, trop pauvres et trop tristes pour protéger ou aimer.
J'ai aimé ce sentiment de marcher sur un fil, toujours prête à basculer, de la joie de vivre à la tragédie.
J'ai aimé la fin.
Ce roman-là, je ne l'oublierai pas de si tôt.
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Sauvages, réactifs à l'extrême, ils sont trois garçons qui grandissent tant bien que mal, entre jeux et désarroi, dans un couple très jeune oscillant entre haine et amour.

Usant d'une langue âpre et lyrique, l'auteur rend compte de ces années d'enfance survoltées et fusionnelles, pleines de violence et d'amour, de cris et de silences, de jeux et de bagarres.

Puissant et saisissant.

Ca commence comme ça, et le reste est à l'avenant :

On en voulait encore. On frappait sur la table avec le manche de nos fourchettes, on cognait nos cuillères vides contre nos bols vides ; on avait faim. On voulait plus de bruit, plus de révoltes ; On montait le son de la télé jusqu'à avoir mal aux oreilles à cause du cri des hommes en colère. On voulait plus de musique à la radio ; on voulait du rythme ; on voulait du rock. On voulait des muscles sur nos bras maigres. On avait des os d'oiseaux creux et légers, on voulait plus d'épaisseur, plus de poids. On était six mains qui happaient et six pieds qui trépignaient ; on était des frères, des garçons, trois petits rois unis dans un complot pour en avoir encore."
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