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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
C'est pas sa faute, à Remigio. Il n'a pas tué la petite Anamari qui a disparu, il l'a juste trouvée morte dans son puits encore en eaux quand ceux de tout le petit village d'Icamole sont à sec depuis des mois. Il aurait pu prévenir tout le monde d'arrêter les recherches, certes. Mais ç'aurait été reconnaître que depuis tout ce temps, lui disposait encore du précieux or bleu. Alors il enterre le corps et cherche de l'aide auprès de Lucio, son père, libraire esseulé d'un village qui ne lit pas. Lucio tente de reconstruire l'histoire du meurtre de la fillette grâce à ses lectures...

Quelle idée originale et fraîche que la trame de ce roman bien particulier ! Un lecteur acharné qui épluche les livres de sa bibliothèque que personne ne lit et vire tous ceux qui ont la moindre parcelle de stéréotype et ridicule (jubilatoire, pour un lecteur comme moi qui déteste romans de gare, chicklit et sentimentalisme fanatique), des personnages intrigants et des actions tout aussi étranges, un monde mélangeant littérature et réalité... Y a de quoi surprendre, surtout avec un style qui rappelle celui de José Saramago, sans ponctuation ou clarification sur la focalisation, sans narrateur précis, sans parfois savoir si on touche à la fiction/citation littéraire ou non.
Si l'idée est géniale, on finit quand même par se lasser à la moitié du roman. Les choses n'avancent pas ou peu, Lucio, ce personnage qui vit clairement dans une réalité qui n'est pas la nôtre, perd le lecteur avec ses digressions littéraires et surtout ses interprétations hors norme. On est dans l'absurde, mais un absurde atypique. C'est ce qui fait qu'on est tour à tour charmé et lassé dans sa lecture, une expérience intéressante, en soi.
Ce qui est finalement dommage, c'est que le meurtre qui lance l'histoire et surtout introduit l'idée de sa résolution par la littérature ne trouve pas de fin. C'est finalement l'essence même de ce livre, que de perdre son lecteur dans les tourments de l'interprétation sans apporter de vraie solution. Un concept qu'il n'est toutefois pas donné à tout le monde d'apprécier...
On pourrait, pour terminer, s'interroger sur le titre espagnol conservé (El Último Lector). le choix n'est sans doute pas anodin, car sa traduction reviendrait à faire un choix entre deux possibilités et réduirait son sens à une seule définition. Si "ultimo" désigne bien évidemment le terme "ultime" en français qui veut dire "dernier", l'espagnol et le français nous offrent tous deux un synonyme à ce terme qui lui donne alors un sens nouveau et surtout plus profond : "ultime" dans le sens "extrême". Oui, Lucio est un lecteur extrême qui va au bout de sa passion, se débarrassant des livres qu'il ne supporte pas, mais surtout qui vit dans l'excessif en analysant la vie et le meurtre notamment de la fillette via la littérature. Il est certes le "dernier" lecteur d'Icamole, mais aussi le plus enragé. On prend réellement conscience de cette dualité quand, déjà on se pose la question du pourquoi ne pas avoir traduit le titre, mais aussi quand on voit sa traduction en anglais (langue dans laquelle je l'ai lu) "The Last Reader" et qu'on se dit qu'il y a perte monumentale dans ce parti pris. Surtout quand le Français lui-même utilise l'expression "c'est le truc ultimate" pour faire référence à quelque chose d'extraordinaire et de puissant. D'autant plus qu"ultimate", en anglais, possède lui aussi le double sens. Quelle perte dans le titre anglais !! Quelle perte sur le fond même de l'histoire !!! Bref, voici le pourquoi du comment.
Un roman donc particulier, à découvrir, peut-être en français pour ma part, mais pas forcément pour tout le monde.
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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Etrange et unique dans son genre ! de bonnes analyses sur l'être humain, les écrivains et les romans. le fils du bibliothécaire (zéro lecteur) retrouve une fillette dans son puits. Son père associera tout à des textes de romans. de l'humour noire qui peut ne pas plaire à tous.
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Dans le village accablé de sécheresse d'Icamole, Remigio découvre une petite fille morte au fond de son puits. Il cherche conseil auprès de son père Lucio, tombé dans la lecture par accident après le décès de sa femme, ancien bibliothécaire du village – ancien car la bibliothèque n'est plus financée par l'état faute de lecteurs. Donc Lucio meurt de faim faute de lecteurs et de financement. Mais, toujours dans les livres, il fait sans cesse le pont entre vie et papier et, lecteur implacable, livre à la censure, la dévoration par les cafards (qui eux souffrent donc plutôt d'indigestion), tous les livres qu'il juge trop faciles, usant de clichés, d'artifices et de placement de produits comme on dit au cinéma.

«Lucio respecte les fourmis pour leur persévérance à se construire leur propre palais. En revanche, il déteste l'opportunisme des cafards, qui prennent d'assaut n'importe quel conduit, caverne, creux, égout ou entassement de livres. Toutefois, c'est précisément ce mépris qui l'encourage à les élever et à les nourrir dans la pièce voisine ou il jette les livres censurés, considérant que leur fin doit être ignoble. […] Ces insectes doivent régurgiter des prix, des succès et surtout de grotesques éloges qui vantent une prose efficace, un chef d'oeuvre majeur, témoignage de l'exceptionnelle qualité littéraire de l'écrivain, un sommet des belles lettres susceptible de le faire entrer au panthéon des grands auteurs, occupant une place à part, ainsi que bien d'autres tentatives destinées à pousser des livres dépourvus d'énergie propre.»

La solution pour Remigio vient donc de la littérature et notamment de « La mort de Babette », d'un écrivain français Pierre Laffitte, l'histoire d'une petite fille assassinée le 14 juillet 1789.

L'histoire est divertissante, le propos très habile, mais j'ai trouvé tout ça un peu gros, la littérature plus réelle que la grande Histoire avec le personnage de Babette et en fil rouge celui de Porfirio Diaz, la littérature comme échappatoire à la misère du réel, la littérature plus vraie que nature, et enfin la transmission au fils. Pas pour les cafards mais sans coup de coeur, au final un sentiment plutôt mitigé.
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Premier roman roman de cet écrivain mexicain à être traduit en français, il raconte l'histoire étrange qui se produit dans le petit village d'Icamole, pas très loin de la ville de Monterrey. Terre de sécheresse et de pauvreté, cette région doit faire appel à l'État pour être ravitaillée en eau potable. C'est l'étrange Melquisedec qui est chargé de cette tâche jusqu'au jour où les gendarmes l'arrêtent pour le meurtre présumé d'Anamari, petite-fille de douze ans disparue sans laisser de traces.
Pourtant, Remigio, lui, sait où se trouve l'enfant. Il est le seul à avoir encore un peu d'eau au fond de son puits, et c'est là qu'il découvre le petit corps sans vie, un oeil gris encore ouvert, abandonné. Il s'ouvre de cette horreur auprès de son père, Lucio, et cherche une solution pour échapper à d'inévitables soupçons. Lucio est un homme étrange, veuf inconsolable depuis la mort d'Herlinda, tuée par la piqûre d'un scorpion. Fou de lecture, il s'instaure bibliothécaire dans un village où personne ne lit. Il reçoit ainsi des dizaines de livres qu'il parcourt soigneusement, écartant sans pitié ceux qu'ils jugent indignes, mal écrits, sans intérêt. Censeur impitoyable, il jette en « enfer » les livres condamnés, c'est-à-dire dans une pièce où les cafards se chargeront de les détruire. Lecteur fou et passionné, il recherche la vérité quant au crime dans ses lectures, mêlant de façon anarchique et subtilement logique faits réels et faits écrits. le lecteur que nous sommes finit par s'y perdre, à la recherche d'une improbable logique. Ce poète ne perd pourtant pas le Nord quand il demande à Remigio de vérifier si la culotte de la petite a été mise à l'envers, ce qui supposerait aussitôt un crime sexuel !

Quand l'enquête commence, père et fils se débarrassent du corps en l'entrelaçant dans les racines de l'avocatier, référence à un prétendu livre d'un soi-disant auteur français, « La mort de Babette », de Pierre Lafitte, où l'enfant enlevée et tuée finissait entre les racines d'un pommier dont les fruits prenaient la forme de visages d'enfant.
La mère d'Anamari apparaît à la bibliothèque et tombe sous le charme du vieil homme. Lectrice assidue, elle aussi, elle connaît le roman de Lafitte et se laisse entraîner dans le délire de Lucio.

L'avocat, à la peau aussi douce et lisse que celle d'une femme, est le prétexte à images érotiques, omniprésent dans le livre, comme le symbole même du Mexique.

Absurde, poésie, fantastique, pseudo-références historiques s'entrelacent avec un récit somme toute assez pauvre en événements. le tout déconcerte, fascine par moments, lasse à d'autres. Une écriture étrange et originale qui donne envie de lire d'autres romans de David Toscana.
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Lucio est bibliothécaire au village d'Icamole, au Mexique. Son fils, Remigio, retrouve au fond de son puit, la cadavre d'une jeune fille. Ce dernier demande conseil à son père qui lui conseille de l'enterrer comme l'aurait fait le personnage du livre "La fille du télégraphiste". Lucio va même jusqu'à comparé la jeune fille morte au personnage du livre, l'appellant ainsi Babette. le bibliothécaire semble ainsi mélanger fiction et réalité...

L'histoire de ce bibliothécaire un peu fou, nageant dans la réalité comme dans la fiction, m'a attiré par son côté loufoque ! de plus c'était une bonne occasion vu que je me suis inscrite récemment au challenge "Le nez dans les livres" de George !
Je précise tout de suite que nous rentrons ici dans un univers assez spécial, où il est difficile pour le lecteur de savoir ce qui est réel et ce qui ne l'est pas. En effet, la typographie du texte ne donne aucun indice au lecteur : pas de guillemets, pas de citations, et très peu de paragraphes... Il s'agit donc ici d'une lecture assez difficile ou du moins qui demande réflexion et attention.
Cependant, en tant que bibliothécaire et lectrice, j'ai bien aimé le personnage de Lucio qui m'a amusé : sa façon de censurer certains livres réservés aux cafards, sa façon de repousser les lecteurs dans SA bibliothèque... bref vous l'aurez compris, un personnage très "space" :)
La fin m'a laissé quelques interrogations, mais m'a également fait sourire puisqu'elle est assez attendue !

J'espère que je ne vous aurez pas détourner de ce livre par mes différents avertissements ;)
Lien : http://lespetitslivresdelizo..
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Avec " El Ultimo lector " David Toscana entraîne le lecteur dans le délire obsessionnel de Lucio, le bibliothécaire de Icamole, village du Mexique en proie à une sévère sécheresse. Remigio, son fils, à la recherche d'un peu d'eau, découvre dans le fond de son puits, le corps d'une fillette. Lorsqu'il révèle sa macabre découverte à Lucio, celui-ci se plonge dans les romans qu'il a lus, ceux qu'il vénère, autant que ceux qu'il a censurés, pour mener l'enquête. A travers des extraits, dans lesquels il trouve des similitudes avec la situation qu'ils vivent, il guide les actes de Remigio, il trouve les mots pour s'adresser à la mère de la fillette disparue, pour la consoler, pour guider la police, pour la mettre sur la piste du coupable, et pour retrouver sa femme Herlinda. Ce roman est une ode à la lecture et aux livres, on est un peu perdu dans les fictions qui s'imbriquent les unes dans les autres, mais, on est entraîné si l'on partage avec Lucio, la passion pour la lecture, qui atteint son paroxysme lorsqu'il veut devenir un fossile de lecteur que des scientifiques découvriront dans des millions d'années. David Toscana fustige les romans, produits commerciaux, qui font la part belle aux marques, aux descriptions surchargées, à la dramatisation racoleuse, et aux dialogues inutiles. Il nous pousse à être exigeant sur la qualité de nos lectures. A travers son roman, malgré sa construction qui entremêle les fictions il nous met en garde de ne pas confondre la vraie vie et la littérature, en rappelant que les romans et les mots qu'ils contiennent si forts soient-ils, ne sont pas la vie, ni la mort. (page 157). Si l'on réussit à sortir de ce labyrinthe, on ne se souvient pas par ou l'on est passé, mais on sait que l'on sort d'un moment de littérature, fait de fictions, de bibliothèques, et de livres, à la lisière entre le roman et le conte.
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Je suis plutôt partagée à la suite de cette lecture. D'abord, j'étais contente de découvrir la littérature mexicaine avant une virée au Salon du Livre, qui plus est chez Zulma avec une très jolie présentation, la quatrième de couverture était particulièrement alléchante… Bref, un avant-goût tout à fait enthousiasmant. Bon, je ne dirai pas que j'ai été déçue, pas vraiment, j'ai lu le livre jusqu'au bout, sans déplaisir, mais je crois que la littérature sud-américaine, ou mexicaine du moins, n'est pas faite pour moi !
Le petit village d'Icamole est en pleine sécheresse lorsque Remigio trouve dans son puits le corps d'une fillette. Craignant d'être accusé de l'avoir tuée, il cherche le conseil de Lucio, son père, bibliothécaire plus ou moins « autoproclamé » du village, qui ne lui est pas d'un grand secours, car il ne vit que dans ses livres, tout du moins ceux qu'il n'a pas jeté au pilori pour diverses raisons. La police enquête, la sécheresse s'aggrave, l'avocatier donne des fruits, un homme est accusé, la mère de la fillette vient au village, et Lucio continue de fuir dans ses lectures. Vous l'aurez compris, ce personnage m'a insupporté au plus haut point, alors que j'ai apprécié les autres personnages et ce manque d'empathie est pour beaucoup dans le fait que je n'ai pas trop accroché. Sinon, ce livre est original, les digressions dans des romans imaginaires ne m'ont pas dérangée, elles m'ont évoqué parfois Paul Auster (il y a pire comme référence !) et j'ai bien aimé m'immerger dans l'atmosphère lourde de cette bourgade.
C'est un écrivain à découvrir, mais en sachant que c'est tout de même assez spécial.
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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Une réflexion intéressante sur la frontière parfois fragile pour les lecteurs passionnés entre réalité et fiction...
Lien : http://armande22.over-blog.com
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