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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Dans un village perdu du désert mexicain le jeune Remigio pêche, au fond de son puits, le cadavre d'une petite fille. Avant que quiconque ne le découvre, son père Lucio le convainc de faire disparaitre le corps, sans rien dire, alors même que la police enquête sur sa disparition.
Lucio est un drôle de type. Il tient la bibliothèque d'un village où personne ne lit. Il est le seul à consulter les ouvrages avec lesquels il entretient de curieux rapports. Il les soumet à une censure drastique selon des critères fantaisistes connus de lui seul, vouant aux oubliettes ce qui n'a pas l'heur de lui plaire. De plus, il a la fâcheuse tendance à lier tout ce qui arrive aux livres qu'il a lus, se tournant souvent vers les fictions qui jalonnent ses étagères pour y trouver l'inspiration. Aussi il ne peut s'empêcher d'établir une correspondance entre la jeune morte du puits et l'héroïne de son livre favori " La mort de Babette ". Comme elles se ressemblent physiquement, Lucio nomme donc la petite inconnue Babette et suggère à son fils de l'enterrer sous l'avocatier du jardin, comme le fait le tueur dans le roman intitulé "Le pommier "...

L'intrigue serpente à travers la trouble histoire d'amour de Remigio avec les fruits de son avocatier et la fille morte, mêlée à l'énigmatique rencontre de Lucio avec la mère de celle-ci. La frontière entre la fiction et la réalité, déjà bien floue, le devient encore plus lorsque cette mère admet avoir également confondu le personnage fictif de Babette et sa vraie fille et qu'elle ne semble pas très intéressée par la recherche de son meurtrier.
Cette histoire de meurtre s'avère être presque un prétexte pour révéler le thème central qui est Lucio en tant que lecteur puisque toute l'intrigue est guidée et expliquée à travers ses lectures. Elle dissimule une réflexion subtile, un peu trop pour moi.., sur le sens de la littérature en tant que création artistique et la relation auteur-livre-lecteur.
J'ai trouvé ce roman extrêmement déconcertant. En créant la confusion, David Toscana m'a désorientée et bousculée dans mes habitudes de lectrice indécrottablement accrochée au réel pour m'entraîner dans une sorte d'étourdissement où la compréhension de la réalité ne cesse de se désintégrer. Une drôle de lecture qui m'a donné du fil à retordre !
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Lucio vit à Icamole, un petit village mexicain où sévit une importante sécheresse. Il y a tenu une bibliothèque, avant qu'elle ne soit fermée par les autorités, faute de lecteurs; veuf et seul, il y passe ses journées à lire, censurant les ouvrages qui ne satisfont pas à ses critères littéraires. Il n'est pas rare qu'il harangue des passants, comme s'il n'avait pas quitté les pages qu'il vient de lire, les frontières entre le réel et la fiction étant pour lui fort poreuses. Lorsque son fils Remigio lui apprend qu'il a découvert le cadavre d'une fillette dans son puits, c'est par la littérature qu'il va communiquer avec ce dernier, et qui sait, peut-être en faire un lecteur… J'ai beaucoup aimé ce roman de cet auteur mexicain que je découvre, qui met de l'avant tant une critique sociale, avec son côté polar, qu'un questionnement sur l'écriture : qu'est-ce qui fait de la bonne littérature ? Une ode au refuge extraordinaire qu'est la lecture.
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A Imacole, bled paumé du nord du Mexique, la sécheresse semble ne jamais vouloir prendre fin. Seul Remigio a la chance d'avoir encore un peu d'eau au fond de son puits pour arroser son avocatier. Mais le jour où il y trouve le corps d'une enfant de 12-13 ans, il se dit que ce puits risque de lui attirer bien des ennuis. Cachant sa macabre découverte, il se rend chez son père Lucio, le bibliothécaire du village, pour lui demander conseil…

Pas la peine d'en dire davantage, ce n'est pas un roman qui se résume, c'est un roman dans lequel il faut juste croquer à pleines dents. Ne serait-ce que pour se régaler de la verve et de la lucidité de Lucio, un « ultimo lector » incorruptible passant au tamis de ses goûts littéraires chaque ouvrage aspirant à rejoindre les rayonnages de sa bibliothèque. Ceux n'ayant pas à ses yeux de qualités suffisantes finissent en enfer, une pièce où il élève des cafards dévoreurs de livres médiocres. « le feu ne lui semble pas un châtiment approprié, car il confère à un livre prétentieux l'utilité de produire de la chaleur, la gloire de devenir lumière. L'enfer doit être quelque chose qui consume lentement, parmi l'urine et les mâchoires qui avec ténacité réduisent en miettes couvertures, jaquettes et photographies d'auteurs immortalisés, les hommes dans une pose intellectuelle, les femmes dans leur désir de beauté. » Lucio est donc un grand malade, un fou de littérature autour duquel va graviter une cohorte de personnages plus savoureux les uns que les autres.

C'est un texte qui peut paraître foutraque, où la réalité ne cesse d'être transfigurée par l'imaginaire, où l'on se demande si c'est la fiction qui devient réelle où si c'est le réel qui n'est que fiction. On peut facilement perdre le fil mais peu importe. C'est un texte auquel il ne faut pas tenter de résister. Se laisser prendre par la main, se laisser porter par les mots et profiter d'une atmosphère incomparable, hors du temps et des modes. Un grand moment de littérature ! Moi qui pensais être hermétique au réalisme magique latino-américain, je constate avec plaisir que ce n'est pas le cas. Borges me voila !
Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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"El ultimo lector" est un court roman de David Toscana, auteur mexicain contemporain.

L'écriture est à la fois sèche et poétique et le thème onirique : dans un minuscule village en proie à la sècheresse et perdu au nord du Mexique, Lucio, le bibliothécaire bénévole est le seul à lire. Il lit tout le jour des romans qu'il classe en deux catégories : les véridiques, qui accompagnent, précèdent ou suivent la voie étroite et sobre de la vie, et les mensongers, les maladroits, les inutiles, écrits par des auteurs ignorants de leur art. Or Lucio (= Lumière) n'aime pas les faussaires : les premiers rejoignent les étagères de sa bibliothèque, les seconds sont livrés à l'enfer et détruits par les cafards.

Pendant ce temps, à deux pas de chez lui, son fils, Remigio, trouve au fond de son puits le cadavre d'une fillette assassinée.

Qui a tué la fillette ? Que faire de son corps ?

Dans un jeu optique très efficace, le réel se reflète dans le roman, et le roman finit par s'emparer du réel, à tel point qu'on ne sait plus où commence l'un et ou finit l'autre.

J'ai eu un peu de mal à pénétrer dans cette histoire à la fois douce et aride, et aussi passablement subtile. Puis peu à peu la magie a produit son effet, et j'ai adhéré à l'histoire, au moment même où j'ai renoncé à la comprendre.

Finalement, la littérature, c'est comme la vie : il faut accepter que bien des choses restent inexpliquées. David Toscana excelle à dire le mystère inhérent aux choses banales.





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Voici un roman très dépaysant, dans l'espace (une région désertique et assoiffée du Mexique) et dans la littérature. Un bibliothécaire "désavoué" maintient coûte que coûte son activité dans un petit village reculé, triant dans son stock les livres "lisibles" et ceux dont les défauts de style ou de narration les destinent aux enfers (des insectes). S'ajoute à ce tableau un crime non résolu, qui est presque une péripétie dans l'obsession un peu folle du bibliothécaire.
Il faut voir, à mon sens, ce roman comme une émanation du réalisme magique sud-américain, doté d'une riche galerie de personnages, plein de poésie et d'allusions historico-politiques à côté desquelles il est facile de passer, mais sans que cela ne complique la lecture. Nombre de romans sont décrits et commentés, sans que l'on sache exactement ceux qui sont réels et ceux qui sont imaginés.
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réflexion sur les frontières entre fiction et réalité
Bien sûr on pense tout de suite au Maître Garcia Marquez, et le nom même de Melquisedec m'a rappelé la prophétie de "cent ans de solitude" de Melquiades, mais l'écriture ici est sèche, épurée, elle n'est pas dans la séduction.
Et Lucio le bibliothécaire ne se laisse séduire ni par la détresse de son flls, ni par les livres faciles à ses yeux ni par un possible amour.
David Toscana ne nous laisse nous appesantir ni sur les causes (la faim, la sécheresse, la culpabilité ?) ni sur la résolution de l'énigme, un bon auteur ne s'y abaisserait pas.


Le Mexique reste au coeur de cet ouvrage avec Porfirio Diaz, qui finit ses jours à Paris, dont le règne de trente ans se termine avec l'insurrection de Francisco Villa.
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Le village d'Icamole tire sa fierté d'un épisode historique, celui de la défaite de Porfirio Díaz face aux forces loyalistes du gouvernement fédéral. La lettre qu'un soldat écrivit alors à sa bien-aimée pendant sa longue agonie sur le champ de bataille en est devenue l'emblématique relique. Mais cet événement remarquable, à part pour les habitants d'Icamole, est dorénavant aussi oublié que l'océan qui, dans un passé bien plus lointain, a recouvert ces terres qui n'en gardent plus que quelques fossiles.
Ecrasés par une terrible et interminable sécheresse, les villageois doivent leur survie aux bidons d'eau fournis par les autorités, que le vieux Melquisedec transporte dans sa carriole. Remigio avait jusqu'à présent pu se passer de cet approvisionnement, le fond de son puits conservant un reste d'eau. Mais ce dernier est inutilisable depuis qu'il y a trouvé le cadavre d'une fillette à la peau blanche et aux yeux gris.

Il ne confie cette découverte qu'à son père Lucio, bibliothécaire de ce village où personne ne lit. Il n'empêche, il a fort à faire avec toutes ces caisses de livres pour décider de ceux, rares, qui auront mérité de rejoindre les rayonnages de sa bibliothèque. Les autres échouent dans une pièce condamnée, où ils sont dévorés par les cafards. Il faut dire que Lucio exerce envers la littérature une intraitable exigence : il la veut à la fois crédible et extraordinaire, réaliste mais dénuée de toute considération bassement matérielle -rien ne l'horripile davantage que les détails consuméristes rappelant l'hégémonie de la culture états-unienne. Il attend des livres une vérité lui expliquant le monde, et ne comprend pas l'abîme qui pour les autres sépare la vie du papier. Lui-même interprète les signes du réel à l'aune des intrigues de ses romans préférés.

C'est ainsi que dans "El ultimo lector", la réalité se colore des possibilités de la fiction et en perd du même coup son caractère définitif et certain. le sens à donner aux événements y fluctue, et l'atmosphère qui hante le village, que l'enquête sur la disparition de la fillette sort à peine de sa torpeur, en acquiert une dimension onirique qui semble à tout moment pouvoir virer au cauchemar.

Pour autant, ses héros sont quant à eux bien palpables, ne serait-ce que par l'ampleur de la solitude qui les plombe, révélée à Remigio par son obsession pour le cadavre enterré dans son jardin, qu'il tente d'adoucir en caressant la peau d'avocats glissés dans ses draps.

A lire.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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C'est un livre dont la lecture m'a beaucoup plu: certes, Lucio est un peu bizarre, avec sa manie d'entremêler des éléments de fiction à la réalité, mais il n'en est que plus attachant. Les descriptions sont fabuleuses, à tel point qu'on s'y croirait: l'avocatier de Remigio, la façade décrépie de la bibliothèque, les trilobites et la petite chapelle, tout y est.
C'est un roman un peu étrange mais agréable à lire, que rappelle d'autres grands noms de la littérature latino-américaine tout en s'en démarquant nettement. L'intrigue policière est vraiment mineure car c'est beaucoup plus qu'un roman policier. Un roman multiple, qui nous perd avec ses oscillations entre fiction et réalité, mais qui n'en est que plus remarquable!
Lien : http://encres-et-calames.ove..
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Le roman de David Toscana est un peu difficile à résumer car le personnage principal en est plus certainement la bibliothèque de Lucio plutôt que tous les personnages qui y passent où s'y arrêtent. On cotoie dans ce livre une atmosphère particulière, plutôt agréable, un peu Borgésienne. J'ai aimé que la littérature y tienne la première place, qu'elle soit le lieu de toutes les explications et de toutes les histoires possibles. J'ai aimé ce travail de sélection inutile que Lucio entreprend, ces livres censurés sur des critères burlesques, et leur passage "en enfer", éventuel.
Un roman original, qui pour moi a la dimension d'un classique, et qui donne sans conteste une image forte à la littérature mexicaine. Mais sa narration peut également paraître au lecteur un peu froide et détachée...c'est ici une question de goût
Lien : http://antigonehc.canalblog...
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