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EAN : 978B00G45WHKQ
Hachette (30/11/-1)
3/5   4 notes
Résumé :
Une histoire de complot qui met en scène un royaliste, un prêtre, un chouan et un républicain dans une France qui s’apprête à faire de Bonaparte un Empereur.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Si vous n'avez jamais entendu parler de Gustave Toudouze, surtout pas d'inquiétude, vous n'êtes pas seuls ! Jusqu'à ce que je tombe sur un exemplaire à 1€ du Mystère de la chauve-souris lors d'une braderie aux livres, c'était également mon cas. Et, d'après mon expérience, il ne me paraît pas anormal que Gustave Toudouze ait disparu des mémoires, après avoir connu un certain succès en son temps.

Le mystère de la chauve-souris... C'est bien le titre, allié à la jolie couverture à l'ancienne du livre, qui m'a fait de l'oeil. On imagine aisément un roman policier sauce XIXème, teinté de mystère (forcément) et baignant dans une ambiance brumeuse et nocturne. Bon, pour ce qui est de la nuit et de la brume, on ne peut pas se plaindre. Pour ce qui est de l'ambiance, en revanche, c'est pas vraiment ça. Mais on a surtout affaire à deux gros défauts. Premièrement, de mystère, il n'y a pas. C'est carrément décevant. Pour tout dire, je me suis sentie complètement flouée. On apprend très vite que la Chauve-souris est le surnom d'une vieille femme qui porte une cape et voilà tout, en gros. Deuxièmement, ce roman, non pas policier, ni même fantastique, mais historique, se révèle en partie être un plagiat de L'ensorcelée de Barbey d'Aurevilly, mâtiné de Chevalier des Touches.

Si le décor n'est pas tout à fait le même que chez Barbey, Gustave Toudouze ayant choisi la Bretagne, et plus particulièrement les environs de Crozon, et non le Cotentin, le noeud de l'histoire et sa trame viennent tout droit des deux romans que je viens de nommer : au tout début du XIXème siècle, sous Bonaparte pas encore empereur, une jeune noble exilée en Grande-Bretagne revient dans son pays natal pour y fomenter une révolte et renverser le général. Beaucoup de détails renvoient à Barbey, jusqu'au personnage du prêtre monarchiste à la sévère physionomie, qui ne peut que rappeler (bien faiblement, il est vrai) Jehoël de la Croix-Jugan. Toudouze l'a même affublé d'un prénom presque similaire à celui du héros de L'ensorcelée : Judikaël ! Bref, toujours est-il que Anne de de Coëtrozec, l'héroïne, est loin de présenter le charisme des personnages de Barbey, et que, surtout, n'est pas Barbey qui veut. D'ailleurs, je doute que Gustave Toudouze en ait eu l'ambition.

Il s'agit donc là d'un simple roman de divertissement, à prétexte historique, pas désagréable et sans grande prétention. le début, avec son arrivée nocturne d'un personnage inquiétant sur les côtes bretonnes, n'est pas mal fichu du tout et accroche le lecteur. Les personnages secondaires que sont les deux espions du pouvoir en place sont les plus réussis et nous poussent à aller jusqu'au bout d'une lecture, qui, sans eux, rendrait le roman un rien ennuyeux. J'imagine que de genre de livre pouvait plaire à l'époque de sa publication ; aujourd'hui, ça passe sans doute moins bien. Cela dit, ça reste une curiosité, notamment pour les amateurs de romans historiques et, en particulier, de Barbey d'Aurevilly : il n'est pas inintéressant de voir comment la littérature populaire a réutilisé une matière très riche pour la reconvertir dans le domaine du pur divertissement. Et les connaisseurs du Finistère auront le plaisir de retrouver des noms et des sites qui leur sont bien connus...
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« Hé ! camarade, que signifie Ann Askelgroc'hen ?
– La Chauve-Souris. »

En ce début du 19è siècle sur la presqu'île de Crozon, la colère gronde.
Certains élaborent une conspiration contre Bonaparte, souhaitant un retour à la monarchie. D'autres, républicains, plus nombreux, espèrent empêcher le retour du despotisme, la sourde et progressive arrivée d'une dictature plus absolue encore, plus écrasante pour le pays que la monarchie renversée et détruite par la révolution.

Parmi eux on trouve Anne de Coëtrozec, Naïc, luttant pour le retour à la monarchie ;
sa nourrice Monik Kervella, fidèle à cette famille aristocratique, un peu sorcière ;
un prêtre, apôtre guerrier , l'abbé Judikaël le Coat, n'hésitant pas à se servir de sa croix comme d'une arme ,mêlant foi chrétienne et superstitions ;
un vieux paysan , le " Massacre-Bleu " de la Chouannerie, dit Tonton Maõ ou le Tamm Pilou, (marchand de chiffons), ne se séparant jamais de son penn braz (bâton) et fredonnant sans cesse des couplets de " l'Ann hini goz " , qui sont autant de messages destinés au ralliement et à la rebellion ;
Jean- Marie , dit Yannou, jeune officier, petit-fils de la vieille Monik Kervella, désirant le retour d'une république plus juste.
Plus ou moins mêlés à cette conspiration, le père Troadec et ses sept fils, de solides pêcheurs de Camaret, naviguant à bord de leur bâteau : « les sept frères »

Face à cette association suspecte, deux espions Parisiens se sont infiltrés dans la région et logent à l'auberge de Camaret : « À l'abri de la tempête », tenue par Corentine Troadec, la mère des sept grands Gârs.

L'un, qui se fait appelé le chevalier de L'Espervier, est tout de suite pressenti comme dangereux. Il a des airs d'une araignée et son nom évoque– l'Épervier – « Ar sparfel » : l'oiseau de deuil pour les gens de l'Armorique. Malgré tout, c'est un fin limier, il agit avec souplesse, discrétion…

À l'inverse, Etienne Ridolin, se faisant passer pour marchand de chevaux et colporteur, est beaucoup moins délicat. Très crédule, il en aura vite assez de ces Bretons superstitieux, avec leurs légendes sur l'Ankou : « Ils vous font froid dans le dos ces enragés de Bretons. ». de plus, il a bien du mal à les comprendre avec leur langue rocailleuse ! Trop pressé de retourner à sa vie tranquille à Paris, il commettra des erreurs…

C'est une merveilleuse histoire qui nous est contée sur ces terres de légendes, habitées par ces paysans et pêcheurs fiers de leur pays et toujours prêts à en découdre, impitoyables dans la Révolution.
Émerveillement aussi face à ces descriptions grandioses de cette côte sauvage,de ces grottes qui semblent maléfiques, mais pas pour tout le monde…Elles sont bien utiles aux activités de contrebande fréquentes à cette époque et à la conspiration...et aussi des contrées à l'intérieur du pays encore plus imprégnées des croyances druidiques.

Qui de l'araignée ; « Ann Askelgroc'hen », ou de l'Epervier, ; «Ar sparfel », remportera la partie ?



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Auteur de romans historiques plus volontiers destinés à la jeunesse, Gustave Toudouze nous a laissé une oeuvre copieuse et envoûtante, qu'il alimenta durant trente ans, entre 1873 et 1904, plus quelques ouvrages laissés inachevés et terminés par son fils Georges Gustave Toudouze (avec lequel il ne faut pas le confondre).
Hélas, la plupart des romans de Gustave Toudouze ayant été publiés par Victor Havard, éditeur relativement confidentiel aux faibles tirages, ils sont devenus excessivement difficiles à trouver. Seuls les romans publiés à la fin de sa vie par Hachette, et réimprimés par la suite à de nombreuses reprises dans la Bibliothèque Verte, ont bénéficié d'une diffusion massive.
Mais outre qu'à ce moment-là, Gustave Toudouze n'a plus forcément l'inspiration de ses débuts, il est contraint à une limite de pages imposées par Hachette qui est difficile à gérer pour ce grand admirateur d'Alexandre Dumas, et qui aimait lui aussi étaler ses récits.
De cette dernière période, « le Mystère de la Chauve-Souris », publié en 1900, reste son ouvrage le plus renommé. Principalement parce que c'est, aujourd'hui encore, l'un des rares romans pour la jeunesse qui met en scène des Chouans, et qui le fait avec une relative objectivité, saluant leur conviction, leur bravoure et leur esprit de sacrifice, mais suggérant tout de même qu'il ne sert à rien de lutter contre le sens de l'Histoire. Tout cela serait très beau, si Gustave Toudouze savait lui-même où il allait, mais, apparemment improvisé au jour le jour, « le Mystère de la Chauve-Souris » oscille entre le roman d'aventures historiques, le roman fantastique teinté de surnaturel et le roman policier, voire d'espionnage. Cette instabilité nuit profondément à un récit, qui se retrouve à piétiner entre plusieurs actions contradictoires, et le plus souvent sans grandes conséquences sur le déroulement de l'intrigue.
L'action se passe au tout début du XIXème siècle, durant les dernières années du Consulat, dans un petit village breton proche du goulet de Brest. Là, vit clandestinement toute une bande de Chouans restée fidèle à la monarchie, ainsi qu'à la mémoire du héros local, le baron Huon de Coëtrozec, mort sur le champ de bataille au cours d'une chouannerie menée par Georges Cadoudal et Vincent de Tinténiac. La fille unique du baron, Anne de Coëtrozec, encore enfant, s'était réfugiée en Angleterre. Devenue une jeune femme, elle rentre clandestinement en France pour appuyer le projet de Mathieu Plourac'h, dit "Massacre-Bleu", un Chouan qui a décidé d'ourdir un complot contre Bonaparte, afin de le faire enlever et de le déporter sur l'île lointaine de Sainte-Hélène. (Ah, mais où sont-ils allés chercher une idée pareille ?)
Seulement voilà, organiser un tel attentat coûte de l'argent, et le mystère plane sur la fortune du baron de Coëtrozec, qu'il aurait dissimulée peu de temps avant sa mort afin qu'elle ne tombe pas entre les mains des Républicains. Veuf, il avait confié le secret de l'emplacement de son trésor à la nourrice de sa fille, Monik Kervella, une bigouden un peu rebouteuse, et qui, avec les années, est devenue gâteuse et semble vivre dans un monde intérieur où nul ne peut la rejoindre. Parallèlement à ces faits, deux agents de Fouché, Parfait Lespervier et Etienne Ridolin, informés d'une possibilité de complot chouan, descendent à l'auberge du village, et commencent à enquêter discrètement…
Et Dieu sait qu'il y a des choses à apprendre dans ce village, où, étrangement, toutes les réunions des Chouans sont survolées, à une dizaine de mètres de hauteur, par une chauve-souris géante, qui flamboie parfois d'une aura surnaturelle pendant la nuit. C'est évidemment très gênant pour des complotistes voulant rester discrets, mais ceux-ci ne remarquent jamais la créature qui les surplombe, laquelle cependant est visible de loin par tous les habitants et suscite bien des conversations superstitieuses dans le village. Cependant, esprits rationalistes, les deux espions de Fouché mettront beaucoup de temps à prendre au sérieux ces rumeurs délirantes…
Pendant ce temps, prise de crises de lucidité qui ressemblent diablement à des crises de possession, et durant lesquelles elle s'exprime en termes sibyllins, Monik Kervella révèle à sa filleule Anne que le trésor du Baron est caché au sein d'un marais voisin, vaste de plusieurs hectares. Impossible d'obtenir un renseignement plus précis, mais la courageuse Anne de Coëtrozec décide de partir dans les marais à la recherche du trésor familial, accompagnée de "Massacre-Bleu" et d'une sorte de prêtre guerrier chouan, nommé Judikaël le Coat, fortement inspiré d'un personnage de « L'Ensorcelé » de Jules Barbey d'Aurevilly, et qui est l'objet d'une description hilarante de deux pages, laquelle représente le point d'orgue de ce roman - point d'orgue par ailleurs parfaitement inutile, car à l'image de nombreux autres personnages qui émaillent ce roman, il ne sert pas à grand-chose; l'action se concentrant principalement sur Anne de Cöetrozec, "Massacre-Bleu" et les deux espions de Fouché.
La jeune baronne va donc écumer les marais à la recherche du trésor de son père. le trouvera-t-elle ? Évidemment que non, voyons, allez donc dénicher un coffre enterré quelque part dans un marais de la taille d'une ville, sans coordonnée géographique, ni un quelconque point de reconnaissance... Mais, en attendant, Gustave Toudouze noircit bien trente pages pour en arriver à cette évidence, tout en rappelant que la folle équipée est toujours survolée par une chauve-souris géante !
Sans trésor, le projet d'enlèvement tombe à l'eau. Chacun s'y résigne, sauf "Massacre-Bleu" qui décide de financer l'enlèvement de Bonaparte en attaquant le fiacre de son collecteur d'impôts. Malheureusement pour lui, tous les Chouans n'approuvent pas ce projet trop risqué, et finalement Mathieu Plourac'h va mener cette attaque avec seulement quelques complices. Hélas, rapidement, la résistance des soldats protégeant le fiacre va faire dégénérer l'attaque en un bain de sang, qui sera aggravé par l'exécution du policier Etienne Ridolin, démasqué et abandonné sur un îlot en pleine tempête, lequel sera balayé par les flots impétueux...
Cette avalanche de crimes mènera bientôt Lespervier sur les traces de "Massacre-Bleu", qui sera arrêté puis exécuté avec ses complices, alors qu'ils s'apprêtaient à partir vers l'Angleterre. Un soldat aperçoit alors la gigantesque chauve-souris qui plane au-dessus d'eux, et tire sur elle avec son fusil. La créature s'abat morte en atteignant le sol, et reprend alors la forme de Monik Kervella, faisant de ce personnage la première bigouden-vampire de l'histoire de la littérature (et la dernière aussi, me semble-t-il). Quant à la jeune Anne, elle parvient à fuir les soldats de Fouché, et rejoint un ami d'enfance sur lequel elle espère pouvoir compter. Mais celui-ci, entre temps, est devenu bonapartiste, et finit par convaincre la jeune femme que Napoléon, c'est l'avenir. Aussi, ils laissent tous deux tomber la politique et se marient. Et voilà, c'est fini.
On l'aura compris, « le Mystère de la Chauve-Souris » est ce que l'on appellerait aujourd'hui un "nanar". À la fois farfelu et mollasson, enchaînant des situations sans issue et des personnages grotesques et inutiles, le roman, qui se veut pourtant d'une totale intensité dramatique, ne peut aujourd'hui que nous apparaître comme risible du début à la fin, tant par son lyrisme exacerbé et souvent ridicule que par cet incompréhensible statisme poussif du roman d'aventures qui n'arrive pas à démarrer. Ajoutons à cela cette ridicule histoire de bigouden-vampire qui, non seulement, n'apporte rien au récit, mais dont le fameux mystère ne sera même pas éclairci. Pourquoi Monik Kervella se transforme-t-elle en chauve-souris et pourquoi survole-t-elle les conspirateurs ? Libre au lecteur d'en déduire que la transformation en chauve-souris géante est une recette de grand-mère, une forme d'expression de la sénilité ou une conséquence de l'abus de chouchen…
On rit beaucoup en lisant ce livre, mais quand on ne rit pas, l'action languissant en permanence, on s'ennuie ferme. La principale qualité de ce roman, c'est avant tout son décor : grand amoureux de la Bretagne, comme le sera aussi son fils, Gustave Toudouze décrit avec inspiration et poésie les falaises rocheuses, la mer et ses colères, les marais à perte de vue, les vieilles maisons bretonnes, les paysages humides et verdâtres, avec un authentique souci d'immerger son lecteur dans un paysage, ce qui est plutôt réussi, et d'arriver ainsi à lui faire avaler son récit abracadabrant, ce qui est clairement perdu d'avance.
Néanmoins, les amateurs de littérature bretonne trouveront dans ce roman des ambiances qui leur sont familières, au sein d'un récit qui leur paraîtra plutôt original comparé aux classiques de la littérature régionale. Pour les autres, « le Mystère de la Chauve-Souris » demeure un roman à lire au second degré, en se demandant quelle mouche - ou quelle chauve-souris - a bien pu piquer l'auteur...
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Avant qu’il eût achevé sa phrase et complété sa pensée, la porte, s’ouvrant toute grande sous un poing solide, livra passage à une sorte de géant aux larges épaules, aux grisonnants cheveux roux, courts et frisés dont les yeux bleu de mer mettaient comme des fenêtres ouvertes sur l’espace dans une peau tannée, couleur de cuivre rouge.[…]
« Kornéli, te v’là déjà de retour ! s’exclama Corentine.[…]
« Enfin, me v’là à meilleure heure que je ne pensais, avec les petits, quoi ! tous en bonne santé !... On est revenu, on est content et on va souper de fameux appétit ! »[…]
Les petits entrèrent à sa suite, se dandinant lourdement sous le poids de leurs bottes de mer.
- D’abord Alcide, l’aîné, ayant les six pieds de haut de son père, aussi fort, aussi large de poitrine, l’air placide et doux sous des cheveux blonds, ne paraissant pas ses trente ans révolus ;
– Hervé, autre colosse, châtain clair celui-là, l’œil brun, avançait une face violente rougie par le sel des embruns de l’Océan, des bras herculéens aux poings énormes ;
– la haute taille, la carrure épaisse de Loïz supportaient, sur un cou gros comme un mât, une tête ronde couverte d’une masse de cheveux noirs, et des yeux de goudron, brillant sous la double barre de sourcils touffus, complétaient sa ressemblance avec sa mère ;
– Yves, plus ramassé, n’avait pas la stature gigantesque de ses trois aînés et de son père ; il se rattrapait en largeur ; avec l’acajou sombre de ses longs cheveux et de sa barbe naissante, ce même reflet de feu qui s’allumait en lueurs rapides dans ses prunelles trahissait une certaine facilité à la colère.
Les vingt et un ans de Yan se voyaient dans sa sveltesse, sa peau plus blanche que celle de ses frères ; des nerfs d’acier soutenaient cette charpente qui n’avait pas encore atteint son complet développement et des yeux clairs illuminaient sa figure franche ;
– châtain aux prunelles grises, du gris breton des jours de brume, Alan, le suivant, souple, merveilleusement proportionné, paraissait plus petit qu’il n’était réellement à côté des géants ses frères, mais le granit de ses muscles valait celui des côtes de Bretagne ;
– le dernier, Pierrik, le mousse, cheveux roux et œil vert d’Atlantique, c’était Kornéli Troadec, tel qu’il devait être à douze ans.
Quand les petits, comme les appelait leur père, furent tous entrés, la salle, bien qu’assez vaste, sembla pleine[...]
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Ann hini goz.

La vieille est de pur sang breton
L'autre de Gauloise a le nom...

C’est la vieille qui est ma douce,
C’est la vieille qui l’est toujours !...

Nargue du Gaulois corrompu:
Dans sa peau le diable est cousu!

Nargue de la Gauloise aussi:
Son pied fourchu sent le roussi!

Berceuse :

Toutouic la la, mon petit enfant,
À te bercer, petit mignon,
Ta mère est ici, mon bel enfant,
À te bercer, petit chéri!...

Ta mère est ici, petit agneau,
Qui te chante une petite chanson.
L'autre jour elle pleurait dru,
Aujourd'hui, elle sourit, ta petite mère...

Toutouic la la, mon petit oiseau
Au beau milieu de ton rosier,
Pour t'envoler au ciel, mon petit ange,
Ne déploie pas ta petite aile...

Ho! ho! petit cheval blanc
Porte Pierrot à la messe!...
Ho! ho! petit cheval gris
Porte Pierrot à l'église!...
Ho! ho! petit cheval bleu
Porte Pierrot à la promenade.



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Brusquement elle eut un cri, un sursaut, le filet lui tombant des mains, et ses prunelles, immobilisées d'effroi, s'arrêtèrent sur un visage inconnu, blême, d'où jaillissaient avec une acuité, une pénétration d'instrument mortel, des regards semblables à des pointes d'acier fixées sur elle, pour ainsi dire dans sa chair, dans sa pensée. Dans la pénombre de la pièce, on ne distinguait un peu nettement que cette face pâle, tout le reste du corps si grêle disparaissant sous les plis du manteau sombre roulé autour des épaules et retombant jusqu'à terre.
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« Ils vous font froid dans le dos ces enragés de Bretons et on jurerait qu’ils fréquentent constamment tous ces fantômes, tous ces invisibles de la nuit, dont ils vous causent comme de connaissances à eux !... Ce ne sont pas les vivants qui me feraient peur, bien sûr, mais ce sont les autres !... Je n’entends pas grincer une roue de charrette, sans craindre de tomber sur leur satané Chariot de la Mort conduit par un squelette grimaçant, leur Ankou comme ils disent !... Je ne regarde plus une haie d’ajoncs, sans penser y apercevoir, ainsi qu’eux, tout un tourbillon d’âmes !... Sans compter les mauvaises rencontres, les lavandières, les nains, les géants, tout un tas de mauvais monde !... Ah ! non, j’en ai assez !... »
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À cette première sensation d’effroi qu’elle avait ressentie, et dont elle était à peine remise, en voyant se dresser tout à coup devant elle, sans qu’elle l’eût entendu entrer, ce pâle visiteur, s’ajoutait en ce moment un second pressentiment, éveillé dans son âme superstitieuse de Bretonne, au choc de ce nom de l’Espervier ; malgré elle ses lèvres avaient traduit par le mot troublant de Ar Sparfel – l’Épervier – l’oiseau de deuil pour les gens de l’Armorique, celui qui frappe à la vitre pour annoncer que la mort est là, qu’elle rôde autour de la maison.
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