Un témoignage très fort sur la déportation. L'écriture est vive, et se lit très bien. Un ouvrage qui m'a beaucoup marqué, malheureusement aujourd'hui il n'est plus édité en papier.
Commenter  J’apprécie         535
Témoignage d'une jeune fille, arrêtée par la gestapo pour faits de résistance. Il ne s'ait pas à la base d'un témoignage mais d'un exutoire de Béatrix quelques mois après sa libération de Ravensbrück. Elle ressent le besoin d'écrire pour se libérer... Elle ne sera éditée que de nombreuses années après.
Pourquoi a-t-elle été arrêtée, elle n'en dit rien. Elle ne relate ici que sa vie en captivité. Une première partie retrace les semaines emprisonée à Montluc, dans une prison près de Lyon, puis ses 9 mois à Ravensbrück. Principalement sous forme de dialogues avec les autres prisonnières, elle raconte ses quelques mois d'enfer en tant que prisonnière française.
En lisant ce récit, j'ai éprouvé comme un malaise, une interrogation. Ce témoignage est différent de ceux qui ont survécu à la shoah. Peut-être est-ce dû au fait que l'auteur n'est pas juive et dont le traitement en tant que prisonnière a peut-être été différent, même si ces mois ont été très éprouvants.
Peut-être est-ce dû au fait qu'elle avait à peine 20 ans et qu'elle a gardé, malgré tout, une certaine "joie de vivre" insouciante.
En me renseignant sur ce camps "Ravensbrück", je n'ai trouvé nulle part le nom de Béatrix de Gontaut-Biron. Je trouve aussi étrange que ce récit soit si peu lu, et si peu plébiscité. Je n'ai trouvé que peu d'informations relatives à l'auteur et à ce qu'elle a vécu à cette époque. Pourquoi ?
Quoiqu'il en soit, il est intéressant de connaître ce côté de l'Histoire : les déportés politiques emprisonnés.
Commenter  J’apprécie         443
Temoignage interessant d'une jeune fille ayant vécu la vie des camps de concentration
La fin m'a un peu dérangée,face à l'ingratitude et commentaire désobligeant de l'auteur vis-à-vis de la Suède qui a permis à un certain nombre de prisonniers de quitter les camps avant la fin de la guerre;c'est pour moi le seul bémol
Commenter  J’apprécie         160
Nous n'avons plus de noms. Nous faisons, à notre tour, partie de l'immense mer de détresse. Nous sommes les bagnardes de Ravensbrück. Nous n'avons plus de pays, plus de maison, plus de famille, plus d'individualité, nous sommes plongées dans le collectif incolore. Nous sommes des êtres soumis à d'atres lois que celles des hommes, dans un monde qui n'a rien de commun avec celui que nous venons de quitter.
— Ma nièce revient d'un camp de concentration.
Aussitôt, l'auditoire devient très intéressé.
— Pas possible, si jeune.
— Eh ! oui, la pauvre petite, et il est clair que mon oncle
me laisse la parole.
— Avez-vous beaucoup souffert, mademoiselle?
— Mangiez-vous à votre faim ?
— Avez-vous subi de mauvais traitements?
— Les Allemands étaient-ils corrects avec vous ?
— Avez-vous reçu des nouvelles de chez vous ?
— Avez-vous rencontré de bonnes amies ?
— Aviez-vous de l'eau chaude ? une armoire ? un tapis ?
de l'argent? etc.
Autant de questions stupides, posées souvent par des gens
considérés intelligents.
Mon numéro est 57978 et celui de Maman 57 977.
Cela veut-il dire que cinquante-sept mille neuf cents prisonnières ont pénétré ici ? Quelques mois plus tard, les numéros avaient atteint cent vingt-trois mille.
Vous qui lirez ceci, vous connaissez déjà le camp de Ravensbrück, vous savez tous aussi ce qu'est un Block, une Blockova (chef de Block), une Stubova (chef de chambrée). Vous savez que chaque Haftling (prisonnière) porte sur le bras gauche un numéro matricule surmonté d'un triangle dont la couleur varie selon les catégories auxquelles elle est assimilée et que le rouge signifie : détenue politique, le noir : asociale, le vert : criminelle, le mauve : une secte religieuse, les évangélistes et l'étoile jaune : le juif. Vous savez aussi qu'il y a les Lagerpolizei (policières) qui ne se privent pas de battre leurs camarades délinquantes, qu'il y a des SS qui, pour une bagatelle, laissent leur prisonnière sanglante dans la rue du camp, qu'il y a un four crématoire dont la flamme qui s'échappe de la cheminée rougit trop souvent le ciel. Vous savez aussi qu'il y a une tente surnommée la "tente de la mort", d'où l'on sort des cadavres puants. Il y a des femmes gelées dans les prisons, il y a les lapins, jeunes polonaises servant aux expériences, il y a des nouveaux-nés étranglés et des enfants stérilisés, il y a une poudre blanche destinée à rendre le sommeil à celles qui l'avaient perdu et le leur donnèrent pour l'éternité, bref, vous savez qu'il y a :
Du sang, des cris, des larmes
Et la mort pour ceux qui fuient...
Et maintenant, va commencer pour moi un récit difficile, celui des longs jours passés dans ce bagne dont si peu sont revenues. Et du petit nombre d'entre nous qui ont revu notre France, beaucoup déjà ont conté leurs "souvenirs" poignants et héroïques.
Vous qui lirez ceci, vous connaissez déjà le camp de Ravensbrück, vous savez tous aussi ce qu'est un Block, une Blockova (chef de Block), une Stubova (chef de chambrée).
Vous savez que chaque Häftling (prisonnière) porte sur le bras gauche un numéro matricule surmonté d'un triangle dont la couleur varie selon les catégories auxquelles elle est assimilée et que le rouge signifie : détenue politique, le noir : asociale, le vert : criminelle, le mauve : secte religieuse, les évangélistes et l'étoile jaune : le juif. Vous savez aussi qu'il y a les Lagerpolizei (policières) qui ne se privent pas de battre leurs camarades delinquantes, qu'il y a des SS qui, pour une bagatelle, laissent leur prisonnière sanglante dans la rue du camp, qu'il y a un four crematoire dont la flamme qui s'échappe de la cheminée rougit trop souvent le ciel. Vous savez aussi qu'il y a une tente surnommée la "tente de la mort", d'où l'on sort des cadavres puants.
Il y a des femmes gelées dans les prisons, il y a les lapins, jeunes Polonaises servant aux expériences, il y a des nouveaux-nés étranglés et des enfants sterilisés, il y a une poudre blanche destinée à rendre le sommeil à celles qui l'avaient perdu et qui le leur donnèrent pour l'éternité, bref, vous savez qu'il y a :
Du sang, des cris, des larmes
Et la mort pour ceux qui fuient....