Voyeuse, Iris ?
Un brin menteuse/tricheuse, plutôt. Et sur les réseaux sociaux et les sites de rencontre en particulier, c'est de bonne guerre : qui y annonce vraiment son âge, qui affiche une photo récente en profil ? Le hic, c'est lorsque l'interlocuteur manifeste l'envie d'aller plus loin et que la rencontre doit avoir lieu.
Iris a toujours réussi à se dérober. Elle va aux rendez-vous, mais elle ressemble tellement peu à sa description que les hommes ne la reconnaissent pas. Elle, en revanche, les voit, à chaque fois.
Là, elle se mord les doigts d'avoir loupé François, et lui est en colère : à quoi joue-t-elle ?
Alors elle s'explique, via quelques mails, où elle raconte sa vie, sa vraie vie, pas la version glamour qu'elle donnait à voir pour séduire.
Ce court roman épistolaire a le mérite d'être sobre, réaliste et émouvant. Bien différent, malgré un sujet proche, des bluettes dégoulinantes de Daniel Glattauer ('Quand souffle le vent du nord' et suite(s ?)) et de Bondoux-Mourlevat ('Et je danse, aussi').
J'ai découvert hier à la médiathèque cette collection 'Mondes en VF' (éditions Didier), destinée aux classes de FLE. Le style est accessible, en effet, et de nombreuses notes en bas de page définissent le vocabulaire moins courant.
Je ne sais pas si les récits sont tous abordables, en revanche. Ainsi la pièce 'Une vie parfaite' (Neil Jomunsi) demande une capacité d'abstraction - comme la plupart des récits de SF - guère compatible avec les débuts dans l'apprentissage d'une langue...
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Je devais appeler ma patronne Nathalie. Elle trouvait très sympa d'employer une femme « du tiers-monde ». Des années que je n'avais pas entendu cette expression. Les premiers jours, elle a voulu me montrer qu'elle me traitait comme son égale. Elle partait travailler en laissant la porte de son placard ouverte pour me montrer sa confiance. Mais elle avait beau être « ouverte à d'autres cultures », le jour où elle m'a entendue chanter une berceuse en créole à son bébé, elle m'a dit : « C'est joli, votre petit refrain, Mélina, mais vous savez, il faut qu'elle n'entende que sa langue maternelle pour bien la parler ensuite, sinon elle n'aura plus de repère. Je suis sûre que vous connaissez de jolies chansons françaises… »
[ une nourrice à domicile ]
Se séparer des enfants, c'est toujours le problème. Personne ne nous demande jamais : « Est-ce que vous aimez ces enfants dont vous vous occupez toute la journée ? et jusqu'à quel point ? Est-ce que vous aurez très mal quand vous ne les verrez plus ? Vous savez bien que ce ne sont pas vos enfants. (…) Vous avez souvent changé de famille, non ? Ça fait partie de votre travail. Qu'est-ce que vous éprouvez, au juste, au moment du départ ? »
(…)
Tout le monde a le mode d'emploi pour les courses, le ménage, les sorties d'école et les devoirs. Personne ne l'a pour la 'coupure'. C'est le mot que j'utilise à la place de 'séparation' car il y a un lien qu'il faut couper. Au début, je me sens mal et il m'arrive de pleurer. C'est pour ça que je cherche très vite une autre maison avec d'autres enfants.
J'adore ce mot, le "profil". Tout le monde sait bien qu'un profil peut être très différent du visage de face. On dit aussi que chacun a un bon et un mauvais profil. Disons que j'ai un peu retouché le mien.