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EAN : 9782234019591
232 pages
Stock (30/11/-1)
3.87/5   35 notes
Résumé :

Fumée est le roman d un homme sur le point de se marier qui retrouve, au hasard d une villégiature, son grand amour de jeunesse. Abandonné une première fois, il devra lutter désespérément pour ne pas l être à nouveau... Paru en 1867, Fumée marque un tournant dans la vie de Tourguéniev, qui s y montre impitoyable pour la vacuité de la haute société russe.

Autre résumé:
Est-il possible de renoncer à une existence heureuse pour tente... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Ivan Tourgueniev, Fumée (1867)

En 1867, Tourgueniev vit désormais à Baden-Baden ville d'eaux mondaine et internationale, où il a rejoint sa maîtresse Pauline Viardot (et le mari de celle-ci) qui y donne des cours de chant, et où séjourne une importante colonie russe. C'est là qu'il situe son bref roman.
Satire mordante de la bourgeoisie russe, Fumée (Дым), qui se décompose en trois périodes différentes, a provoqué l'indignation d'une partie du public et de la critique. La traduction française est du prince Augustin Galitzine, personnage «très catholique», qui a supprimé les passages «scabreux», rétablis ensuite à l'initiative de Mérimée.

Le projet de mariage de Litvinov et d'Irina, fille du prince Ossinine, se heurte au père de la jeune fille qui bien qu'à peu près ruiné et en disgrâce, rejette cette mésalliance. Invitée un jour au bal de la cour, Irina est remarquée par un jeune général riche et prétentieux, Ratmirov, inspiré par un personnage réel, et part avec lui en abandonnant son fiancé. C'est le premier temps, mais il ne sera révélé que plus tard, dans un retour en arrière du récit

Dix ans plus tard, à Baden-Baden, Litvinov attend l'arrivée de Tatiana, sa fiancée, qu'accompagne sa tante. Il y évite le contact avec ses compatriotes, nombreux au casino, et décrits comme fort superficiels dans une série d'épisodes secondaires. Un jour, il croise son ancien amour, Irina, qui brille au centre d'un petit groupe mondain de compatriotes, mais avec lesquels elle s'ennuie. Elle redécouvre en Litvinov un homme authentique et bon, et manoeuvre fort habilement pour le reconquérir en cachette de son mari. Litvinov sait qu'elle n'arrive pas à la cheville de Tatiana, mais ne peut résister à son charme, et décide d'abandonner sa fiancée comme lui-même avait été abandonné. le bon et lucide Potouguine, l'un des rares personnages positifs du roman, tente en vain de lui ouvrir les yeux, mais en vain. Il annonce qu'il en aime une autre à Tatiana, qui lui rend sa liberté avec beaucoup de noblesse d'esprit et de généreuse abnégation. La tante essaie encore de lui ouvrir les yeux («Il est temps encore»), mais toujours en vain. Litvinov, désormais libre, propose à Irina la fuite commune fort romantique qu'elle avait acceptée, mais elle tergiverse, n'ose plus fuir, et ne lui offre finalement, la mort dans l'âme, qu'une place d'amant secret, de N° 2. Il refuse et décide de repartir. Irina le rejoint sur le quai de la gare et le supplie de revenir, tandis que de son côté, il lui propose de monter dans le train avec lui. Chacun reste amoureux de l'autre, mais elle reste sur le quai, abandonnant Litvinov une seconde fois, de manière encore plus dramatique que la première, pour retourner auprès de son mari et de sa vie morne, rappelant l'épilogue des Trois Soeurs et d'Un mois à la campagne. le roman rappelle aussi Nuits blanches et Premier amour.

Litvinov est rentré en Russie où il gère son domaine, silencieux et solitaire. Il sait que Tatiana vit seule avec sa tante, et décide un jour de lui écrire. Elle l'invite, il se jette à ses pieds, et comme l'écrit Tourgueniev, «Le lecteur aura deviné la suite». Cette fin heureuse n'a été ajoutée qu'in extremis, car à côté de cette histoire d'amour qui finit bien, le roman est l'occasion d'une cruelle galerie de portraits où l'auteur brocarde à coeur joie les courtisans, les slavophiles réactionnaires, et en général toute la haute société et ses bavardages. «Fumées, fumées» répète à plusieurs reprises le héros.

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Un Russe d'une trentaine d'années, Grègoire Mikhaïlovitch Litvinof est à Baden-Baden - à l'époque (1862) ville très cosmopolite et fort prisée de nombreux Russes - où il attend sa fiancée Tatania.
Il y revoit Irène, une femme dont il fut éperdument amoureux et qui l'avait abandonné. Celle-ci est mariée à un général.
le voilà dès lors fort perturbé…

Outre la relation de l'imbroglio de la vie sentimentale du héros, de ses hésitations, de ses regrets, de son désespoir, de ses colères, de son amour, Ivan Tourguénief nous dresse un tableau peu reluisant de la société mondaine russe, il nous décrit les dialogues creux qui s'y font, les ragots, la prétention de certains de ces Russes à chercher l'approbation de l'Occident sans pour autant ne pas s'extasier devant l'avenir aux couleurs de l'arc-en-ciel de leur pays.
J'avoue que ces conversations mondaines ont pu de temps à autre me lasser mais elles sont nécessaires à l'auteur pour brosser le portrait de ces Russes de la haute société.

Les tourments ressentis par Litvinof sont bien exposés et font pressentir une issue douloureuse qu'un happy end inespéré viendra compenser.





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C'est à Baden-Baden, lieu de villégiature très apprécié par la « bonne » société russe de 1862, que Litvinof a choisi de faire venir sa promise Tatiana, accompagnée de sa tante (chaperon oblige). Tandis le jeune homme d'une trentaine d'année, fils de marchand, trompe l'attente en les attendant (enfin, surtout Tatiana), le hasard va remettre sur sa route Irène, la femme qu'il a passionnément aimé dix ans plus tôt…

C'est le deuxième livre que je lis de Tourgueniev (le précédent était Premier amour) et là encore, je suis restée sur ma faim, sans pouvoir véritablement l'expliquer, et alors même que la fin m'a prise à contre-pied. Je ne sais pas, c'est peut-être un peu trop lisse à mon goût.

Pourtant, ce roman ne manque pas de profondeur. L'auteur dissèque véritablement avec brio le sentiment amoureux, sa fébrilité et ses tourments. Avec une écriture sensible et teintée d'amertume, il déploie toute une palette d'amours contrariés et une certaine volubilité de la vie. Et puis, il n'est pas tendre avec l'aristocratie et ne lésine pas à dénoncer la vacuité de cette prétendue élite russe. « Fumée ! Fumée ! et rien de plus. » Certaines discussions m'ont cependant paru un peu pesantes. Il y manque peut-être une certaine interaction. Litvinof observe, écoute mais ne participe que rarement aux discussions « politiques ». En revanche, les descriptions des personnages sont admirablement réussies car pleines de vie. le personnage le plus intéressant selon moi est celui d'Irène, femme de forte personnalité mais assez ambigüe. Les personnages secondaires ne sont pas en reste, en particulier celui de Potoughine…
Enfin bref, un roman avec d'indéniables qualités et une lecture agréable, mais allez savoir pourquoi, qui ne m'a pas transcendée plus que cela…
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Fumée
Roman (1866)
Ivan Tourgueniev (1818-1883)

Il y a des auteurs pour qui la vie n'est pas simple, ils se la disent d'ailleurs avec talent dans leurs romans, et pourtant ils avaient comme celui dont il en retourne ici, tout pour être heureux au départ. Ils vont trainer comme ça sur leur mine un quelque chose de grave qui ne dit pas tout, indéfinissable. Mais en tout cas, notre Ivan qui en impose physiquement n'est pas genre à se plaindre. Quand sa mère, la princesse forte de 5000 hectares, et de je ne sais combien d'âmes sujettes, sévère, qui va tout faire dans la maison, partit, il s'en alla, l'âme lancinante ; cette légère mélancolie il ne la passera jamais aux autres, étant trop bien élevé à l'ancienne dans une famille de renom où la rigueur était à peine tenable, mais il en restera des stigmates, indéniablement qui vont donc nourrir la complexité du personnage. Il n'avait rien d'un taciturne, forgeant une amitié durable avec les gens. Peut-être que sur une femme oui, la femme de sa vie, mariée, son ilôt de confort, il en fit davantage, son coeur ne va s'arrêter jamais pour une autre, il lui donna tout son amour. Il s'agit là en fait d'une amitié amoureuse, une sorte de dilection. Seul un psychologue pourrait mettre des mots sur ce singulier rapport. En citation, je vais mettre ses derniers mots pour elle, un poème anthologique qui illustre bien le personnage.

Il ne faut pas que j'oublie dans ce court portrait d'amateur qui me vient comme ça en me frottant à la célèbre figure d'Ivan Tourgueniev, la grande culture du brave homme qu'il se plaisait à faire partager auprès de ses amis nombreux. du mystère qu'il dégageait aussi, on s'aperçoit qu'il était foncièrement tourné vers les autres, - comme s'il voulait les prendre à témoin de quelque chose qui s'apparente à un destin hors normes -, sauf avec peut-être encore plus de mystère dans sa relation avec les femmes, mais pour lui, il faut peut-être revenir à l'enfance, l'adolescence, formule un peu passe-partout de nos jours mais qui semble bien s'appliquer à l'écrivain russe qui fut la coqueluche d'une montagne d'adorateurs russes dès le milieu du siècle de sa naissance et de sa mort.


Fumée, il semble que l'intitulé était conçu pour la partie polémique de ce livre vue en premier lieu comme cible où va se nicher une histoire d'amour qui paradoxalement va se construire, suivre les méandres de la société qui la porte et venir en épilogue impromptu adoucir son cours tumultueux et dérangeant.

Tourgueniev semble las du temps qui passe en Russie impériale et qui se répète, empêtrée dans ses vieux démons. Il ne se remet pas des querelles sempiternelles qui éclatent dans les sénacles entre les intellectuels de l'époque, hauts lieux de l'élite bourgeoise de la capitale du nord. Il semble définitivement incompris et va du coup s'employer férocement à la dénigrer, à la rejeter. Sa vie propre semble en correspondance avec sa fiction : ce sera réellement son départ du pays qui l'a vu naître où il reviendra en séjours espacés pour peaufiner ses fictions. La France qui va l'accueillr sera le pays où il partage le plus à la fois sa légèreté et sa liberté. Et encore, il ne faut pas trop fantasmer là-dessus, il donnait volontiers son amitié aux français, mais a-t-il cessé d'être russe pour autant. Curieusement son déracinement lui fera miroiter les qualités profondes d'une Russie épurée rendant visible un peuple bon et humain pas vu par tout le monde. C'est un peu une espérance à la Gogol qu'il cultivait l'attachant Ivan.

C'est une véritable aventure amoureuse que nous conte Tourgueniev, à la russe ai-je envie de dire, dans un style décousé mais qui plaît, tellement on la voit proche d'autres auteurs célèbres. Tout cela s'agence bien, au milieu de ses rancoeurs envers la société russe ; j'ai eu juste un peu de mal à coller à l'intrigue quand Irina entre dans une forme de jeu contre toute attente, même si la qualité de la relation sera sauve. J'ai eu l'impression de voir une autre personne ! N'est-ce pas aussi la personnalité complexe et secrète de l'auteur qui transparaît ? Cultiver quelque peu cette ambivalence servit en tout cas à Ivan Tourgueniev puisqu'il fut un des auteurs les plus lus chez ses contemporains. PG
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On se sent bouleverser, désorienter dans cette troublante histoire d'amour qui nous fait ramener à la surface les nuits blanches et le premier amour qui, dans la même lancée, présente l'homme flétri par les faiblesses de son coeur, anéanti par un amour inaccessible mais qui bouleverse l'être et toute sa vie...
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Incipit :

Il y avait foule, le 10 août 1862, à quatre heures devant le fameux salon de conversation de Baden-Baden. Le temps était délicieux : les arbres verts, les blanches maisons de la ville coquette, les montagnes qui la couronnent, tout respirait un air de fête et s’épanouissait aux rayons d’un soleil éclatant ; tout souriait, et un reflet de ce sourire indécis et charmant errait sur les visages, vieux et jeunes, laids et avenants. Les figures fardées et blanches des lorettes parisiennes ne parvenaient pas elles-mêmes à détruire cette impression d’allégresse générale ; les rubans bigarrés, les plumes, l’or et l’acier scintillant sur les chapeaux et les voiles ; rappelaient au regard l’éclat animé et le léger frissonnement de fleurs printanières et d’ailes diaprées ; mais les notes criardes de leur jargon français n’avaient rien de commun avec le ramage des oiseaux.
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Que dix Anglais, par exemple, se réunissent, ils entameront tout de suite la conversation sur le télégraphe sous-marin, sur l’impôt, sur le coton, sur la possibilité de tanner les peaux de souris, c’est-à-dire sur quelque chose de positif, de déterminé ; mettez ensemble dix Allemands, aussitôt entreront naturellement en scène le Schleswig-Holstein et l’unité de l’Allemagne ; avec dix Français, quelques efforts qu’ils fassent eux-mêmes pour l’éviter, il vous faudra immanquablement entendre disserter sur « le beau sexe » ; que dix Russes s’assemblent, immédiatement jaillit la question, vous avez pu aujourd’hui vous en convaincre, de la valeur et de l’avenir de la Russie, dont ils vont chercher l’origine jusque dans les oeufs de Léda. Ils pressent, ils sucent, ils mâchent cette malheureuse question comme font les enfants de la gomme élastique... et avec le même résultat. Ils ne savent y toucher, bien entendu, sans tomber aussitôt sur la pourriture de l’Occident. Il nous bat sur tous les points, cet accident, et il est pourri !
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Le gouvernement nous a délivrés de la glèbe, grâces lui en soient rendues, mais l’habitude de la servitude s’est ancrée trop profondément en nous pour que nous puissions rapidement nous en débarrasser. En tout et partout, il nous faut un maître. La plupart du temps, ce maître est un être vivant : parfois c’est une certaine tendance, comme, par exemple, en ce moment, la manie des sciences naturelles. Pourquoi ? quels motifs nous poussent à nous assujettir ainsi volontairement ? C’est un mystère ; tel est, paraît-il, notre nature. L’important est que nous ayons un maître, et il ne fait jamais défaut. Notre fierté comme notre bassesse sont serviles. Vient un nouveau maître, à bas l’ancien.

Chapitre V
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« Fumée ! fumée ! » répéta-t-il à plusieurs reprises, et subitement tout ne lui sembla que fumée : sa vie, la vie russe, tout ce qui est humain et principalement tout ce qui est russe. Tout n’est que fumée et vapeur, pensait-il ; tout paraît perpétuellement changer, une image remplace l’autre, les phénomènes succèdent aux phénomènes, mais en réalité tout reste la même chose ; tout se précipite, tout se dépêche d’aller on ne sait où, et tout s’évanouit sans laisser de trace, sans avoir rien atteint ; le vent a soufflé d’ailleurs, tout se jette du côté opposé, et là recommence sans relâche le même jeu fiévreux et stérile.
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Peut-être (ici Potoughine se courba davantage), peut-être craignez-vous de tomber entre ses mains ? C’est possible, mais peut-on échapper à des mains quelconques ?
Litvinof eut un sourire forcé.
—- Vous croyez ?
—- On ne peut y échapper. L’homme est faible, la femme est tenace, le hasard tout-puissant ; se résigner complètement est impossible…et ici il y a beauté et sympathie, chaleur et lumière, comment s’y dérober ?
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