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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je continue mon exploration des auteurs "classiques" russes, avec encore un journal, celui de "l'homme superflu", cette fois !
Présenté dans la préface comme une critique à peine voilée de la société bourgeoise provinciale russe, j'avoue que j'ai un peu peiné à la voir, cette critique, car les autres y sont présentés comme mieux, et meilleurs à tout point de vue que l'auteur du récit.

J'ai plus ressenti dans ce récit le malaise et les contradictions d'un type qui n'arrive pas à s'adapter ni à s'intégrer à une société à laquelle pourtant il adhère et dont il voudrait faire partie, tout en ne la supportant pas.
En fait de critique de société, donc, j'y ai plutôt lu une auto-flagellation personnelle pour "incapacité sociale", d'un gars qui se reproche de n'avoir pris que de mauvaises décisions pour arriver à son but, en vain, forcément. Comme ce "petit père" est à l'article de la mort, il évoque ce qui est sans doute le seul souvenir "heureux" de sa vie, son amour pour Lise. Non payé de retour, ce qui en fait aussi un souvenir fort malheureux. Et dans l'auto-critique, il y va à fond, bien plus que dans la critique de "la société". Les autres sont aimables, ont des sentiments "justifiés" par rapport à ses actes, etc etc, alors que lui est tout le temps à côté de la plaque, jouissant de ses mauvais sentiments, voulant la mort du rival pourtant si parfait et aimable.


A part ma petite déception de ne pas arriver à percevoir ce qui semble trop subtil pour moi, c'est fichtrement bien écrit et bien traduit, plutôt finement observé et assez désespéré, finalement. Il est dit encore dans la préface que seul le "début" de la vie du héros (dont je n'arrive pas à me souvenir du nom !) a quelque chose en commun avec celle de Tourgueniev. Je pressens cependant que ses ressentis sont plus proches de ceux de l'auteur qu'il ne l'est dit. Car je sais assez précisément de quoi il parle. Sans vouloir pourtant autant que lui absolument m'intégrer à une "société" que je n'apprécie pas, je comprends ce questionnement permanent du "qu'est ce qui ne tourne pas rond chez moi pour que je sois aussi inadapté", et le fait de se réfugier dans "la nature". Je suis donc moi aussi une "femme superflue". J'ai juste eu la chance de rencontrer deux trois personnes tout aussi "superflues" que moi, dont mon mari, ce dont je ne remercierai jamais assez la vie, sans doute... Arf !
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Le narrateur le sait, il va bientôt mourir. Au printemps, à trente ans. Il vit seul avec son chien et la vieille servante Tiérentievna. Il décide de tenir son journal. Pour y raconter quoi ? Il se sent tellement insignifiant. Il commence par résumer son enfance, une période morne et sans joie. Il aimait passionnément un père joueur et fuyait une mère vertueuse mais peu chaleureuse. A la mort du père, la famille est ruinée. Il doivent partir à Moscou. Il se souvient des parfums du jardin, du bruit de la cloche...Mais il s'en veut d'être aussi sentimental. Il choisit alors d'exposer son caractère: celui d' un homme parfaitement de trop, superflu, et va en donner la preuve en racontant sa passion contrariée pour Elise.

Le narrateur, affublé d'un patronyme ridicule, est un jeune homme parfaitement banal mais profondément solitaire, en décalage permanent par rapport à la société qui l'entoure et par rapport au moment présent. Il est trop timoré pour agir quand il le faudrait, trop indécis, trop spectateur. Toujours à côté de la plaque. Quand il réagit, il est trop tard. On a décidé pour lui. La chance est passée. Il a été évincé. Il se retrouve tout seul. Reste la nature, son chien et la brave Tierentievna.
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Le Journal d'un homme de trop 1850
Ivan Tourguéniev (1818-1883)
Collection Folio à deux balles.


Avant de parler de cette oeuvre de jeunesse, je voudrais parler de l'homme ou de la vie de l'homme qui impressionnait Flaubert par sa culture, sa forte personnalité si singulière, si mystérieuse, au delà de la normalité. Quel destin pour Tourguéniev qui fut le plus grand écrivain russe incontesté dans les années 1860, sa célébrité rayonnait dans le coeur des russes qui virent en lui le grand prosateur après les poètes de l'Age d'or, la stature de cet homme puissant d'apparence, bel homme qui plus est dont le souffle semblait venir de loin, de très loin, de cette terre russe encore fumante du passage des conquérants, de la race des seigneurs. Il ne craignait pas d'aller affronter l'Europe dont les maîtres allemands et la France en particulier sa pensée, ses moeurs libertaires avec laquelle il se sentait en osmose. Dans les cénacles pétersbourgeois, il bravait ses pairs slavophiles de sa toute puissance. Il n'avait cure de ce qu'on pouvait dire de lui, les railleries glissaient sur lui comme sur la plume d'un canard. Cependant,Il n'était pas indifférent au sort de la Russie rurale qui peinait à sortir de ses vieux démons sur fond de tsarisme. Les ennuis ne tardèrent pas à arriver pour ce grand propriétaire terrien qui s'interessait au progrès. Un amour, peut-être l'amour de sa vie en Madame Pauline Viardot la cantatrice dont on parle tout le temps à son propos, lui fit précipiter son exil vers la France ; il était sûr de son fait avec fierté, mais pas toujours de ses sentiments, mais je pense que l'analyse qu'il faut en faire relève de la psychologie. Annie Anargyros du métier l'a très bien fait dans son Tourgueniev un écrivain entre deux rives, mieux que je ne saurais le faire sûrement. Voyons un peu ce qu'elle dit :

" Tourgueniev a du mal à choisir : il est constamment tiraillé entre des attirances, des passions contraires, des positions politiques opposées. Il est lié viscéralement à son domaine de Spasskoïé, à la maison où il est né, à la vie, aux saisons, aux paysages russes. Attaché à la campagne et aux forêts où il a passé son enfance, Il se passionne pour les paysans et les petites gens qu'il rencontre au cours de ses promenades et des parties de chasse qu'il affectionne. Ces rencontres seront pour lui une source précieuse d'inspiration.

>>> Pourtant, il passera la plus grande partie de son temps à voyager.

>>> Une des raisons de cette errance sera sa rencontre avec la cantatrice Pauline Viardot, qui va orienter sa vie : il la suit dans tous ses déplacements, s'intallant auprès d'elle et de sa famille quand elle s'établira en France, puis en Allemagne, puis à nouveau en France, ce qui le maintiendra constamment dans la nostalgie du lieu qu'il vient de quitter.."

On oublie trois fois sur quatre avant de critiquer, voire de réprouver, le désarroi de l'artiste, j'ai pensé à cela très fort quand hier je me suis frotté à Gauguin ; ici à mon sens il en va de même, plus j'avance dans la connaissance du grand Ivan, plus je me dis que l'homme était miné de l'intérieur, et si l'on veut bien voir ici dans Ce Journal d'un homme de trop les aspects on va dire semi autobiographiques, cela transpire à chaque page où il semble que l'écriture est pour lui un sacerdoce malgré ses aspects dilletantes de jeunesse déclamés sur un ton presque gogolien. Ou d'ailleurs il a le mieux expliqué cela, c'est encore dans sa correspondance avec Flaubert qui avait parfaitement pointé cela, il s'en est ouvert à lui son ami dû au niveau élevé et privilégié de leur relation ..

Tourguéniev était un écrivain parce qu'il écrivait, contrairement à Gontcharof sa bête noire à qui on l'associait par de nombreux points communs, qui écrivait peu. On retiendra somme toute de ce dernier un seul grand roman, les deux autres étant médiocres. Pour Tourgueniev, on ne compte plus les grands romans, assez variés du reste. Ses débuts furent marqués par la poésie qui n'emballa pas les foules, sans doûte était-il influencé par Pouchkine, mais il abandonnera assez vite cette narration mi-réaliste mi-fantastique pour aller vers quelque chose de plus contemplatif, la nature par exemple. Ses descriptions parfois longues servies par une plume talentueuse, étaient certes déliées, mais un peu faibles sur le plan de la localisation. M. Hofmann dira que " le lecteur se demande parfois s'il se trouve dans le gouvernement d'Orel ou en Haute-Savoie. "On peut néanmoins décerner un brevet d'authenticité à ses écrits tant il était soucieux du détail juste dans ses portraits. Il se disait lui-même un piètre imaginatif pour concevoir. "Je n'ai jamais pu créer qui ne soit dû qu'à mon imagination. Pour créer un personnage, il me faut un homme en chair et en os." ..

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Je poursuis mon escapade dans le monde de la littérature russe.
Après Dostoiveski, Tolstoï et Gogol, je viens de découvrir Tourgueniev et son journal d'un homme de trop.
Magnifique écriture d'une beauté sans nom.
Les sentiments sont disséqués d'une manière extraordinaire, et j'avoue que j'ai une petite préférence pour cet auteur russe.
Récit très court, se lisant vite.
J'ai ressenti beaucoup d'empathie envers le héros, ou peut-être devrais-je écrire l'anti héros.
C'est triste, beau et bouleversant.
Prochaine étape dans ma pérégrination du monde littéraire russe : "Premier amour" de Tourgueniev (et oui encore lui) et Pouchkine.
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Dire que j'ai aimé ce livre, concis et très court mais puissant est un euphémisme.

Toute l'âme des auteurs Russes du XIXème siècle semble y être rassemblée.
Tiens je vais le relire. Il me tend les bras chaque fois que je passe devant ma bibliothèque. Je vais céder ....
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LE JOURNAL D' UN HOMME DE TROP d' IVAN TOURGUÉNIEV
Tchoulkatourine se meurt et il se remémore le moment le plus important de sa vie. Près de sa demeure campagnarde, il va tomber amoureux d'une jeune fille et nous fait revivre ses illusions broyées par un prince puis par un de ses amis. Il se voit homme sans importance, homme de trop.
Une nouvelle toute simple et qui résonne si fort. À lire, un grand de la littérature russe.
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Tourgueniev (1818-1883) est l'auteur en 1850 de cette nouvelle qui s'intitule « le journal d'un homme de trop » parue dans la revue « Les Annales de la patrie ». Elle fût pendant près de dix ans censurée et l'écrivain voué à l'exil en France. Tourgueniev fait partie de ces auteurs russes du XIXème siècle que j'admire plus que tout, au côté des Gogol, Dostoïevski, Tolstoï et autres Pouchkine. L'histoire est celle d'un jeune homme russe, il a trente ans et il se sait condamné parce que malade. Il va alors consacrer les derniers jours de son existence à écrire le journal des événements qui ont marqué sa vie, « Je vais me raconter ma propre vie. » Il y dresse un portait sans concession d'une société russe en province sclérosée et insipide, où le mensonge est une règle et le mépris des gens « biens-nés » pour les autres catégories de la population un mode de vie avec lequel il convient de ne pas transiger. Notre narrateur se dévoile ainsi peu à peu, son amour pour une jeune femme au doux nom d'Elisabeth, un amour qui ne se peut… parce que notre homme le reconnaît il ne peut rien contre ce destin qui l'a voué à une lutte sans espoir contre ses faiblesses, ses propres démons, il est cet « homme de trop » à qui tous se refusent, ce paria magnifique, assez proche finalement du narrateur des « Nuits blanches » de Dostoïevski. Il est parfaitement lucide sur sa condition d'homme et c'est ce qui semble, bien avant la maladie, le condamner, la maladie n'étant que l'agent de celle qui ne se refuse à personne. « Je n'ai pas fui le bonheur, j'ai même essayé de l'atteindre en prenant à droite et à gauche. » La description de l'état vécu lorsque l'on est pris par les turpitudes de la passion est fine et d'une férocité rare. Parce que cet homme de trop ne se voyait exister que dans le regard de l'être aimé, mais il ne peut rien contre son destin, fataliste il écrit « Je cesse d'être de trop en rentrant dans le néant. » Une lecture que je vous conseille vivement, un ouvrage très court mais riche tant dans la forme que sur le fond, tour à tour émouvant et drôle par son cynisme assumé, c'est à mon sens un véritable bijou de la littérature russe du XIXème siècle.
Lien : https://thedude524.com/2009/..
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Nous nous sommes tous retrouves un jour dans notre vie dans la peau d un homme de trop.....tres beau sujet,c est vraiment brillant,tout y est ,et ca,en peu de ligne,bravo Mr Tourgueniev.
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