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Jacques Imbert (Traducteur)
EAN : 9782290305348
126 pages
J'ai lu (20/06/2000)
3.91/5   45 notes
Résumé :
Seul et triste, Sanine voit approcher la vieillesse et se souvient. Il avait vingt ans quand il fit étape à Francfort, au retour d'un voyage en Europe. La première fois qu'il vit Gemma, dans la confiserie de sa mère, il en tomba follement amoureux. Gemma est belle, brune, parée de toutes les vertus et, très vite, partage son inclination. Pour elle, Sanine est prêt à tout : il se bat en duel, il l'arrache à son fiancé, un premier commis infatué de lui-même obtient sa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Ivan Tourgueniev, Les Eaux printanières (1871)


Avec Les Eaux printanières (Вешние воды), fort proche thématiquement de fumées, Tourgueniev opère un virage vers le romanesque pur, délaissant les considérations sociales et politiques avec un roman autobiographique, puisqu'il déclare que c'est son histoire. le titre évoque poétiquement, et avec le pessimisme de Tourgueniev, l'immaturité affective et le passé, dont les erreurs ne peuvent être rattrapées. le roman commence d'ailleurs par l'exergue suivant, extrait d'une vieille romance russe: «Joyeuses années, Heureuses journées, Vous avez passé comme des eaux printanières».

L'action se passe surtout en Allemagne, là où vit Tourgueniev.

Dimitri Sanine, de petite noblesse, a désormais 52 ans. Solitaire, il se souvient amèrement de l'épisode de ses 22 ans qui a ruiné sa vie. Son amour pour Gemma était pur et prometteur, mais il a tout gâché à cause de sa faiblesse et d'un destin capricieux qui l'ont fait succomber au jeu cruel de Maria Nicolaïevna pour lequel il a un coup de foudre passager.

A l'époque, en 1840, le jeune Dimitri fait un petit héritage qu'il consacre à voyager en Europe. Rentrant en Russie par Francfort, il pénètre dans une boutique italienne, et y découvre la jeune fille de la maison, dont il apprendra avec déplaisir qu'elle est fiancée à un riche Allemand que la mère voit avec faveur car il pourrait renflouer la boutique, mais qui s'écoute beaucoup parler.

Quand Emilio, 14 ans, le jeune frère de Gemma, est pris d'un malaise, Dimitri a les gestes qu'il faut, est considéré comme son sauveur, et la famille reconnaissante lui demande de prolonger son séjour. Il aide au magasin, et on chante des airs de Manuel Garcia, le père de Pauline Viardot et de la Malibran. Dimitri se croit un jour obligé de défendre l'honneur de la jeune fille et provoque un duel contre un militaire un peu grossier avec elle, alors le fiancé est resté assez passif. Les adversaires ne veulent pas d'effusion de sang, tirent à côté, et se réconcilient. Gemma admire son héros, déjà amoureux d'elle, et délaisse bientôt l'Allemand pour le Russe après une scène d'une grande intensité psychologique, et ils décident de se marier. La jeune italienne adoptera la religion orthodoxe, et arrache de son cou une petite croix catholique en pierre précieuse qu'elle lui offre comme un gage. Pour se marier, il faut de l'argent. Dimitri décide de vendre ses terres de Toula, et investira l'argent dans la boutique. Mais le destin va bifurquer quand il rencontre son ami d'enfance, Hippolyte Polozov, venu à Francfort faire des emplettes pour son épouse, la séduisante et riche Maria Nicolaïevna, qui séjourne à Wiesbaden. L'ami lui propose de l'accompagner à Wiesbaden où il pourra négocier la vente de ses terres avec Maria. Ce que Dimitri ignore, c'est qu'Hippolyte ferme les yeux sur les aventures de sa femme, et que le couple décide même de faire un pari à la Cosi fan tutte. Maria est certaine de pouvoir séduire Dimitri tandis qu'Hippolyte parie le contraire, car Dimitri est trop amoureux de Gemma. Maria prétexte un délai pour examiner sa demande, et en profite pour l'inviter en l'absence de son mari, l'amener au théâtre dans sa loge, et lui faire des propositions de plus en plus précises. Même s'il est fiancé, «cela ne porte pas à conséquence». Un jour, Maria et Dimitri sont surpris par un orage dans les bois et doivent se réfugier dans une cabane, d'où ils ne sortent qu'après trois heures. C'est ainsi pudiquement que l'auteur apprend l'issue du pari au lecteur. Honteux, Dimitri écrit à Gemma qu'il ne reviendra pas, et lui avoue la vérité. Il devra vivre désormais dans le souvenir amer de ce bonheur manqué.

Trente ans ont passé. Dimitri revient à Francfort comme en pèlerinage, mais on ne rattrape pas le temps perdu. La boutique n'existe plus. Il réussit cependant à trouver l'adresse de Gemma à New York. Il lui écrit pour implorer son pardon. Elle répond en lui donnant de ses nouvelles. Sa mère est morte, Emilio aussi, sur les barricades, avec Garibaldi. Elle est mariée, et l'aînée de ses quatre enfants, dont elle joint la photo, va bientôt se marier. Dimitri retrouve la petite croix qu'il avait reçue de Gemma trente ans plus tôt, et l'envoie comme cadeau de mariage à la future épouse, portrait fidèle de la Gemma d'autrefois.

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La littérature russe classique n'est pas toujours d'un abord facile et pourtant, elle est fascinante. Elle me fascine depuis des années. Tourgueniev est un des écrivains russes les plus accessibles et j'ai eu le plaisir de découvrir un coup de coeur dans "Les eaux printanières".

L'écriture est virtuose avec ce soupçon d'humour tout en subtilité derrière lequel se dissimule la critique sociale. Le roman s'articule autour d'un trio amoureux : Dmitri, Gemma et Maria Nicolaevna. Je n'ai pas envie de trop vous en dire sur ces trois-là, non par paresse mais pour attiser votre curiosité.

Le récit se passe en Allemagne, bien que deux de ses personnages principaux soient russes et c'est une belle occasion pour le lecteur de résider comme un touriste à Francfort et de s'y mêler à ses habitants cosmopolites. Nous sommes en 1840, à une époque où les Européens ne connaissent de la Russie que ses clichés et la blâme pour son système de servage archaïque qui révolte les classes supérieures d'Occident (qui ont le bon goût de n'avoir d'esclaves que dans leurs colonies).

Comme son titre l'indique, il y a dans "Les eaux printanières" un air de fraîcheur et de romanesque adorable ; la séduction, base de la narration, est véritablement partout, dans chaque phrase comme dans chaque sourire de femme. Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu un roman de Tourgueniev et celui-ci ne sera certainement pas le dernier.


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Sanine a 52 ans, il vit à St Petersburg, il regrette sa jeunesse et jette un regard sur son passé, il se souvient …
A 22 ans, l'été 1840 Sanine, riche et indépendant décide de visiter l'Europe, à Francfort il fait la rencontre d'une jeune et belle italienne, Gemma, dont il sauve le frère Emilio. La famille de Gemma,
pleine de reconnaissance, invite Sanine à passer quelques jours avec eux. Notre héros magnanime, va aussi défendre l'honneur de Gemma dans un duel contre le jeune militaire Daenhoff trop entreprenant. Il n'en fallait pas plus pour que débute l'idylle entre les deux jeunes gens, Gemma rompt ses fiançailles et nos amoureux vont convoler en juste noce. Mais, Sanine doit vendre sa propriété en Russie pour s'installer en Allemagne et subvenir aux besoins de son ménage. Pour ce faire, il rencontre Maria Nicolaevna Posolov, la femme d'un ancien ami d'études. Maria, est une intrigante qui désire faire la conquête de cet homme « pur » et follement amoureux. La coquette s'amuse et Sanine se laisse ensorceler oubliant la belle Gemma. Maria jouit de sa victoire : « quand on réussit ce qui semblait impossible il faut s'en saouler jusque là ! … Pourquoi rencontrait elle si peu d'obstacles, elle voulait vaincre encore, encore ». Sanine, victime de ses faiblesses, devra vivre dans un souvenir amer d'un bonheur manqué, avec un mépris et une honte de lui-même. Mais qu'est donc devenue notre belle et généreuse Gemma, « la belle âme » ?
le récit est vivant, romanesque et sentimental à souhait, agréable à lire. Tourgueniev peint à merveille ce drame de la vie et fait une étude, psychologique profonde des personnages. Gemma la pure et généreuse Sanine contradictoire, faible et l'indécis mais capable d'héroïsme, Maria l'indépendante et cruelle coquette. Finalement l'espoir d'un immense bonheur et d'un amour partagés s'effritent et meurent. La réalité de la vie est accablante avec Tourgueniev, ce qui domine le récit c'est la fuite d'un bonheur que l'on touchait presque. Mais je vous laisse découvrir la fin…





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Il a fallu que Maria Nicolaevna entraîne Sanine vers les eaux printanières pour que son coeur du jeune homme bascule vers d'autres horizons oubliant d'un seul coup Gemma.

Il a fallu que Polosov présente Sanine à sa femme Maria Nicolaevna pour que la vie du couple soit bouleversée. Il a fallu que Sanine rencontre Polosov pour pouvoir vendre sa maison à la femme de ce dernier. Il a fallu qu'il y ait le mot mariage entre Gemma et Sanine pour que celui-ci veuille vendre sa propriété.

Il a fallu que Sanine defie un duel avec l'officier Daenhoff pour que l'amour entre Gemma et Sanine soit révélé. Il a fallu que Gemma rencontre Sanine pour que Gemma mette en doute son amour pour M. Kluber. Il a fallu qu'Emilio s'évanouisse pour que Sanine rencontre Gemma à quelques heures de son voyage...

Il a fallu trente années après pour que Sanine passe au crible tous ces souvenirs. Il a fallu finir le livre pour pouvoir l'aimer et comprendre une chose: le temps dans la vie d'un homme s'en va toujours devant et jamais en arrière...

Il a fallu...
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Un livre très émouvant sur le temps qui passe, et qui n'efface pas les passions de jeunesse.
Sanine se souvient de l'été de ses vingt ans.
A cette époque, Il se trouve à Francfort et y rencontre la fille d'un confiseur d'origine italienne.
Il tombe amoureux de cette jeune femme prénommée Gemma, (le gemme, la pierre précieuse en italien) et la défend contre des officiers grossiers et surtout l'empêche de se marier avec un commis ennuyeux et infatué de lui-même.
Il parvient à obtenir la main de Gemma et décide de vendre sa propriété familiale de Toula pour pouvoir financer le développement de la confiserie familiale.
Pour ce faire, il a l'idée de retrouver un ancien camarade, Polozov, en séjour également en Allemagne, le camarade ayant épousé une femme très riche, Maria Nicolaïevna.
Il va ensuite traiter avec Maria pour vendre le domaine, mais ce sera pour lui le premier pas vers un piège.
Maria est une femme belle, captivante mais aussi très séductrice.
Sanine va oublier dans les bras de Maria sa réelle mission.
Bien des années plus tard, il se souviendra et essaiera de se faire pardonner par Gemma, celle qu'il avait éperdument aimée avant de se faire happer par Maria.
Une magnifique oeuvre, sobre, délicate.
Les personnages sont attachants; beaucoup de retenue aussi.
Tourgueniev nous évite de tomber dans trop de sentimentalisme.
Des personnages qui restent fidèles à eux-mêmes, malgré les vicissitudes de la vie; c'est ce qui m'a le plus émue dans ce roman.
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Citations et extraits (38) Voir plus Ajouter une citation
... Il rentra dans son cabinet de travail après une heure du matin. Il renvoya le serviteur, qui avait allumé les bougies, puis il se jeta dans un fauteuil près de la cheminée et se prit la tête entre ses mains.
Jamais encore il n'avait ressenti pareille fatigue physique et morale. Il avait passé toute la soirée avec des dames charmantes, des hommes cultivés; certaines de ces dames étaient belles, presque tous les hommes montraient de l'esprit et des talents; lui aussi avait été un causeur brillant... et pourtant jamais encore ce "dégoût de la vie", ce taedium vitae, dont les Romains parlaient déjà, ne s'était emparé de lui et ne l'avait étouffé avec une telle violence. Un peu plus jeune, il aurait pleuré d'abattement, d'ennui, de contrariété, mais là, une amertume aussi mordante que celle de l'absinthe envahissait son âme. Telle une nuit noire d'automne, une masse tenace et infecte, épaisse et répugnante, l'engluait de tous côtés, et il ne savait comment fuir ces ténèbres, cette amertume. Attendre le sommeil était vain; il ne s'endormirait pas.
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Il passa en revue tous les âges, – lui-même venait d’entrer dans sa cinquante-deuxième année – et il n’en épargna aucun. Toujours le même effort dans le vide, toujours fouetter l’eau avec des bâtons, toujours se mentir à soi-même, à demi-sincère, à demi-conscient. – Puis, tout à coup, sur la tête tombe la vieillesse, comme la neige… et avec la vieillesse la crainte de la mort qui va toujours en augmentant, qui dévore et qui ronge… et après, le saut dans l’abîme ! Et c’est pour les privilégiés que la vie s’arrange ainsi !… Heureux qui ne voit pas avant la fin s’étendre sur lui, comme la rouille sur le fer, les maladies, les souffrances…
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Après avoir échangé des saluts avec messieurs les officiers et être remonté en voilure, Sanine, s’il n’éprouva pas un sentiment de plaisir, se sentit tout au moins plus léger, comme après une opération chirurgicale. Mais en même temps une autre impression le bouleversa, vive comme un sentiment de honte. Ce duel dans lequel il venait de jouer un rôle, lui apparut comme quelque chose de faux, de conventionnel, de banal, une plaisanterie l’étudiant et d’officier. Il pensa au médecin flegmatique et se rappela comme il avait souri en les voyant, lui et le baron Daenhoff, après le duel, presque bras dessus, bras dessous… Il revit Pantaleone payant à ce même médecin les quatre louis… Non, non, tout cela n’était pas beau !
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Sanine rentra à l'hôtel quasiment au pas de charge. Il sentait, il se rendait compte que c'était l'unique endroit où, seul avec lui-même , il ferait enfin la lumière sur ce qu'il avait, sur ce qui lui arrivait réellement. En effet, sitôt entré dans sa chambre, sitôt assis et accoudé à son bureau, le front appuyé sur les paumes des mains, il poussa un cri douloureux et sourd : "Je l'aime, je l'aime à la folie ! ", et tout son être s'embrasa comme des charbons qu'on aurait tout à coup activés en soufflant leur épaisse couche de cendres morte. Un instant... et il n'était déjà plus capable de comprendre comment il avait pu être assis à côté d'elle.. d'elle ! et lui parler, sans autant sentir qu'il adorait jusqu'à la frange de son habit, qu'il était prêt, comme disent les jeunes gens, à "mourir" à ses pieds".
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Ces jeunes gens aimaient pour la première fois ; tous les miracles du premier amour s’accomplissaient en eux. Le premier amour, c’est une révolution ! Le va-et-vient monotone de l’existence est rompu en un instant ; la jeunesse monte sur la barricade, son drapeau éclatant flotte très haut, et quel que soit le sort qui lui est réservé – la mort ou une vie nouvelle – elle envoie à l’avenir ses vœux extatiques.
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