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EAN : 9782850761072
158 pages
Dervy (01/01/1990)
4/5   1 notes
Résumé :
Le devenir du christianisme, face au bouddhisme rayonnant, et à la montée de l’Islam.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Ces nestoriens étaient en étroites relations avec l’islam et, comme l’a rappelé Guénon, « ils exercèrent une actions importante quoi qu’énigmatique, dans les débuts de l’islam » ; ils étaient aussi en rapport de voisinage géographique avec les Sabéens, introduits à la cour des Khalifes de Bagdad, Sabéens chez lesquels, toujours selon René Guénon, on prétend que s’étaient réfugiés, après un séjour en Perse, les derniers néo-platoniciens.

Il y eut, à n’en pas douter, une certaine affinité entre le nestorianisme et l’islam des débuts de l’hégire. L’islam semble alors avoir été soutenu par les chrétiens nestoriens. Selon la « Chronique de Séert », dès 632 le Catholicos aurait envoyé une ambassade auprès du prophète Mohammed pour obtenir sa bienveillance à l’égard des chrétiens. Si l’on en croit le Catholicos Iso’Yahb III, ancien élève de l’école de Nisibe, ancien évêque de Ninive et métropolite d’Arbelès avant son élection au Catholicossat de Séleucie-Ctésiphon, non seulement les musulmans n’attaquent pas la religion chrétienne mais :

« recommandent notre foi, honorent les prêtres et les saints du Seigneur, sont les bienfaiteurs des églises et des monastères. »

Est-ce vraiment l’islam conquérant dont il s’agit ? Y a-t-il des affinités qui nous échappent ? Ou est-ce d’une « iranisation » de l’islam qu’il est question dans ces affirmations, compte tenu de l’importance prise par la Mésopotamie dans le rayonnement musulman ?

Toujours est-il que tous les médecins, astronomes, philosophes à la cour d’Al Mansour ou de Haroun Al Rashid sont chrétiens. Au VIIIe siècle, à l’époque du pontificat de Timothée Ier, il y avait un métropolite nestorien à Damas, des évêques à Jérusalem et Alep, un évêque au Yémen, et l’évangélisation progressait sur les bords de la Caspienne ainsi qu’en Transjordanie. Damas se substitue à Séleucie et le Catholicossat, de plus en plus « officialisé » par le gouvernement, étend son autorité aux Melkites et aux Jacobites. Une charte délivrée par l’Imâmat Suprême de l’islam au Catholicos nestorien en 1138 est on ne peut plus significative :

« La charte du suprême imâmat de l’islam (puissent ses ordres être couronnés de succès) t’es conférée afin que tu sois le catholicos des chrétiens nestoriens qui habitent la ‘’Cité de la Paix’’ (Bagdad) et toutes les contrées de l’islam ; tu es qualifié pour agir comme leur chef et aussi comme le chef des Grecs, jacobites ou melkites, représentés ici ou non, qui pourraient s’opposer à eux en une contrée quelconque. Tu es le seul de tes coreligionnaires qui soit autorité à porter les insignes connus du catholicossat dans vos églises et vos lieux de réunion… Si quelqu’un… entre en litige avec toi ou te résiste, se révolte contre tes ordres, refuse d’accepter tes décisions ou trouble la paix, il sera poursuivi et puni pour sa conduite jusqu’à ce qu’il se ressaisisse et renonce à son obstination, afin que les autres soient détournés d’une semblable conduite, et que les dispositions de vos canons soient préservées dans leur intégrité. » (pp. 54-55)
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On pensera que cette brève histoire d’interminables controverses présente bien des traits affligeants ; elle est parfois à peine croyable étant donné l’objet qu’elle se propose de connaître et magnifier : « Celui qui est Amour. » Toutes les divergences d’école ne prouvent finalement que l’impossibilité de rendre compte d’une façon adéquate, des mystères ineffables. La plus grande habileté conciliaire consistera donc à fournir des explications suffisamment ambigües pour que toutes les « tendances » y puissent souscrire. On a pu écrire qu’à l’époque des Conciles : « En Orient, tout le monde s’occupait de théologie, depuis les fonctionnaires pétris de culture classique, jusqu’aux moines et aux matelots illettrés. » C’était vraiment « soumettre la nature de Dieu au jugement souverain de la démocratie » (…) on assiste là, en quelque sorte, à une laïcisation de la théologie, à une dérive vers les conceptions historicistes désacralisantes, à une chute de niveau qui annoncent, à bien des siècles de distance, le prophétisme social et le cléricalisme syndical. C’est déjà l’apogée du littéralisme juridique cher aux légistes, de la ratiocination intellectualiste de nature « philosophante », et les « débatteurs » conciliaires n’ont pas l’armature mystique – disons ésotérique – qui leur permettrait de desserrer le corset dialectique.

Ce rétrécissement, aux limites de la dialectique raisonnante, signifie la disparition de la Gnose, et témoigne du dénivellement mystique. Quand on tient compte de la chronologie des événements et que l’on voit l’Islam surgir, alors que s’achèvent les derniers Conciles, on est amené à se demander si cette « gnose »(1) n’était pas passée dans cette nouvelle religion, dépourvue, pour sa part, d’institutions analogues à l’église juridique. On a donc pu écrire que l’époque conciliaire, après la répression du mouvement montaniste, a été caractérisée par une progressive disparition de l’inspiration prophétique et de l’herméneutique spirituelle au profit du magistère dogmatique.

Quoi qu’il en soit, un des « fruits amers » des débats conciliaires fut la chute de la théologie dans les abysses de l’historicisme désacralisant et des affrontements dialectiques.

(1) Que nous ne confondons pas avec le gnosticisme, mais à laquelle nous donnons le sens que lui attribuaient Clément d’Alexandrie et les Didascales. (pp. 127-129)
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Nous voulons pour preuve cette faculté assimilatrice et « centrale » du nestorianisme, qui ressortit au « don des langues » paulinien, ce que révèle en l’occurrence l’inscription de la stèle de Si-Nang-Fou, dont le texte est attribué à un prêtre, Adam, ou King-Tsing, d’origine persane et qui collabora après 782 à la traduction d’un texte bouddhique du ouïgour en chinois.

Cette stèle de Si-Nang-Fou, érigée dans la dernière partie du VIIIe siècle témoigne, par son exposé doctrinal, d’une curieuse alliance entre le christianisme nestorien et les doctrines orientales.

La sculpture représente, au sommet, deux dragons tenant une perle, symbole en usage dans le bouddhisme. Un fronton triangulaire orné d’une croix flottant au-dessus d’un nuage, lui-même entouré de deux fleurs de lotus – emblème du christianisme avec la croix, de l’islam avec le nuage et du bouddhisme avec le lotus –, surmonte un cartouche composé de neuf grands caractères. (pp. 63-64)
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