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EAN : 9782757811764
177 pages
Points (04/03/2010)
3.8/5   30 notes
Résumé :
Présentation de l'éditeur
Cette jeune fille avait tout, la beauté, le talent, une famille qui l'aimait. Elle était la Belle de Montgomery, la fille du président de la Cour suprême d'Alabama. Tout le monde l'admirait et elle pouvait tout se permettre. Mais elle a tout perdu en perdant sa tête. Elle est devenue folle. Et j'en suis passionnément amoureux.

Biographie de l'auteur
Jacques Tournier a notamment traduit les deux romans de Francis... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Pourquoi donc parle-t-on autant de Zelda Fitzgerald ces dernières années ? Depuis Alabama Song de Gilles Leroy, qui nous a mis l'eau à la bouche, avouons-le avec cette semi-fiction, Jacques Tournier, traducteur de Gatsby le Magnifique, de Tendre est la nuit et de moultes nouvelles nous livre une biographie partielle mais juste et basée essentiellement sur la correspondance entretenue entre les deux époux tout au long de leur vie, correspondance que lui a remise leur fille Frances dite Scottie (née en 1921) quelques mois avant de décéder d'un cancer en 1986. Je ne vais pas vous faire un parallèle entre les deux, ça n'a presque rien à voir, mais vous parler de ce que Jacques Tournier a extrait de cette correspondance passionnée. Cette femme connue pour ne pas avoir été reconnue en son temps, en tant que femme, en tant qu'écrivain, danseuse, peintre, méritait bien qu'on s'attarde sur son âme, qui a basculé très vite dans la folie mais qui gardait malgré tout une terrible lucidité. Si la schizophrénie avait pu se traiter à l'époque autrement que par des chocs d'insuline, qu'en aurait-il été ? En quittant Paris pour ne jamais revenir, voilà ce qu'a dit Scottie (entre autres) à Jacques Tournier : ” Il faut que vous lisiez leurs lettres. Elles prouvent à quel point ils se sont aimés, avec quel courage, quelle constance, quelle compréhension mutuelle, d'un amour souvent déchiré mais intense.” “Déchiré” est un euphémisme….

Ils se sont aimés, battus, jalousés aussi, quittés par la force des choses mais l'amour n'est mort qu'avec eux. Ils sont enterrés côte à côte, comme Zelda l'avait souhaité au cimetière de Rockville dans le Maryland, et la dernière phrase de Gatsby le Magnifique est gravée dans la pierre : ” So we beat on boats against the current, horne back ceaselessly into the past”. Ou en français ” Et nous luttons ainsi, barques à contre-courant, renvoyés sans fin au passé”.

Qu'a-t-elle été d'autre, Zelda, qu'une barque ballottée par des flots trop agités et cruels pour elle ? L'ombre trop vite fanée d'un mari cannibale mais aimant ? La conscience aigüe, au début de sa maladie, de ce qu'elle représentait encore pour son mari et sa volonté qu'il soit reconnu était parfois touchante alors qu'il s'était servi d'elle pour le personnage de Nicole dans Tendre est la nuit ; avant d'avoir tout lu, elle lui écrit : ” Chéri, le livre est grand, l'émotion de plus en plus forte, (…) on a les larmes aux yeux en découvrant comment le monde en mutation réduit à néant leur faculté de décision personnelle. C'est le but que doit se fixer un grand livre et toi, tu l'as atteint. C'est subtil, délicat, d'une telle beauté d'écriture qu'on ne peut que s'incliner devant elle, une contribution majeure à ce que les écrivains vont être obligés de créer dans les années futures”. Visionnaire Zelda ? Avant qu'elle ne découvre la deuxième partie, que ça la détruise complètement, il faudra la réhospitaliser après cette lecture choc. Rien ne sera plus jamais comme avant. Scott va se dissoudre dans le gin avec une frénésie jamais atteinte, son livre est un succès mais ne se vend pas, nous sommes en 1932, en pleine Dépression, les Fitzgerald sont rentrés de France et ce monde triste à mourir qui les attend va également aggraver l'état de Zelda. de cliniques privées très chères (c'est Scott qui paye et il commence à avoir du mal), en hôpitaux, elle fait des haltes dehors. Ils vivront à La Paix (en français le nom !), une grande maison un peu miteuse où Zelda apprend à connaître sa fille de douze ans, qui a été élevée par des nurses jusque là. Elle a abandonné la danse après s'être fait saigner les pieds. Il faut dire qu'elle avait commencé à 27 ans…

Nous avons des passages magnifiques quand, elle décide de vider ses malles et, sous les yeux de Scottie, met leur contenu aux enchères, devant un public invisible. Chaque chose est un souvenir de son glorieux passé. “Le premier cadeau de ton père, lui dit-elle. le Post venait de lui acheter une nouvelle. Avec l'argent, il m'a offert cet éventail, accompagné d'une orchidée, la première qu'une jeune fille du Sud ait épinglée à son corsage.” Et Jacques Tournier d'ajouter :” En ouvrant ensemble les dernières malles, Zelda lui offrira des fragments d'anciens temps, dans un plaisir de confidence.” Mais elle s'ennuie, son livre écrit en trois semaines “Accordez-moi cette valse“, alors qu'elle est internée sera un flop commercial également et recueillera des critiques terribles. Elle s'abîme dans les souvenirs, de plus en plus, comme si elle voulait se prouver que tout ça a bien été réel… Son mari l'y encourage, lui aussi est un naufragé du temps, celui qui ne revient pas, celui que l'on regrette à jamais car y sont inscrits nos instants de gloire, d'amour les plus intenses, les plus funestes aussi. Voilà ce qu'il lui écrit : ” Tu dois penser que je me cache derrière des métaphores, mais c'est l'absolue vérité. Je veux te voir ici avec moi. Les regrets du passé ne me quittent pas.” Mais la folie vient de frapper fort, elle a ses premières hallucinations auditives, elle devient de plus en plus bigote, voire obsessionnelle à la fin : Dieu lui parle. Elle doit avertir le monde que le péché va l'anéantir. Lorsqu'elle est retournée vivre avec sa mère à Montgomery, Alabama, pour éviter des frais de clinique à Scott qui vit de plus en plus chichement à Hollywood, il lui arrive d'errer dans les rues, de frapper aux portes en criant des imprécations ! Elle a beaucoup peint à cette époque.


Times Square by Zelda

Mais si nous entrons dans ce livre avec l'éclat des rires qui résonnent sur la Riviera ou à Paris pendant les Années Folles, le bruit des verres qui s'entrechoquent dans la fureur des nuits, tout doucement, les larmes remplacent ces rires, les cris sont des hurlements de douleur, les pas se font légers, les ombres crépusculaires remplacent les êtres pleins de vie qu'ils étaient, avec la mort de Scott en 1940 d'abord, puis celle de Zelda qui périra dans l'incendie de son asile et qui ne sera identifiée que grâce à un chausson de danse à côté d'elle. C'était en 1948.

Scott et Zelda sur la Riviera (photo)
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"Et nous luttons ainsi, barques à contre-courant, renvoyés sans fin au passé." Ce sont les mots que Zelda à fait graver sur la tombe de Scott avant de le rejoindre pour l'éternité.

Gilles Leroy puis Jacques Tournier ont à nouveau mis le feu aux poudres l'un avec Alabama song (2007) et l'autre avec Zelda (2008). L'énigmatique histoire de Scott et Zelda fait encore couler de l'encre bien que nous ne saurons sans doute jamais la vérité. Leurs vies d'écrivains restent un mystère, qui des deux avaient le talent ? Scott et Zelda sont à la fois un mythe et une histoire d'amour dans lesquels se mêlent folie et alcoolisme.



Jacques Tournier, traducteur des deux romans de Francis Scott Fitzgerald : Gatsby le magnifique et Tendre est la nuit a rencontré à Paris Frances alias Scottie, fille de Zelda et Scott, peu avant qu'elle ne décède d'un cancer en 1986. Lors de cet entretien, Scottie annonce qu'elle enverra une partie de la correspondance de ses parents, dès son retour aux États-Unis. Tournier la recevra après avoir appris son décès. Cette correspondance sert d'architecture à ce roman.



Zelda est née à Montgomery en Alabama, troisième des filles du juge Sayre, qui a baissé les bras sur son éducation. Zelda est une frondeuse. C'est en 1918, à l'âge de 18 ans qu'elle rencontre le lieutenant Francis Scott Key Fitzgerald jeune recrue au camp de Shéridan : très vite ils seront amants, très vite ils seront fiancés. Alors que plus tard, admise à la clinique de Prangins (Suisse), elle écrira "Me serrer contre lui, glisser ma tête entre son oreille et son col d'officier, c'était comme plonger vers les réserves souterraines d'un luxueux magasin d'étoffes…"

Après deux romans à succès Scott et Zelda en pleine gloire, quittent l'Amérique pour la France. Les fêtes et l'alcool coulent à flots, leur folie dépensière, obligent Scott à écrire encore et encore. Mais il boit comme un trou persuadé que l'alcool l'aide. Zelda malgré son âge, se met à la danse, sous l'égide d'une ballerine russe, avec le rêve de devenir une étoile de renommée internationale. À force de travail et de souffrance elle décrochera un engagement en Italie et aura un succès d'estime le temps d'une première. Tandis que Lui écrit pour subvenir à leurs dépenses, tandis que sa dépendance à l'alcool est proportionnelle à la production de ses nouvelles, persuadé qu'il trouve l'inspiration dans le Gin qu'il absorbe, Zelda sombre peu a peu dans la schizophrénie. L'un et l'autre supportent mal d'être séparés comme ils supportent mal de vivre ensemble leurs échanges épistolaires sont poignants, irréels. Alors qu'elle est internée à la clinique psychiatrique de Prangins (Suisse) et que lui n'a pas l'autorisation de lui rendre visite leur correspondance s'étoffe.

L'avortement de Zelda, enceinte d'Édouard Josan, pilote français rencontré sur la riviera est sûrement une pierre à l'édifice de sa folie. Scott est jaloux et vit très mal cette aventure, non seulement il l'oblige mais commandite l'avortement envers et contre son avis.

De retour aux États-Unis, Zelda va vivre désormais entre la clinique et sa mère dans la maison de son père, décédé. C'est dans cet établissement psychiatrique qu'elle écrit son seul roman Accordez-moi cette valse. Lorsque Scott l'apprend, il a une peur bleue car lui aussi écrit son quatrième livre Tendre est la nuit, qui commence à voir le jour. Leurs sources sont leurs propres existences et le risque qu'elle lui fasse de l'ombre, l'affole. C'est pourquoi il demande à l'éditeur de lui retourner le manuscrit pour le modifier, le tronquer.

Scott s'éteindra en 1940 dans la misère à Hollywood, Zelda vivra jusqu'en 1948 date à laquelle elle périra dans l'incendie de l'hôpital psychiatrique dans lequel elle résidait.

J'ai évidemment apprécié cette lecture, plus que je ne l'aurai cru. J'ai tardé à faire ce billet ce qui le rend sûrement un peu décousu, un peu trop bref. En lisant, j'ai placé des morceaux de papier (ouate fine et légère) entre de nombreuses pages voulant citer cet endroit et puis cet autre et le livre est tombé de la table essaimant tous mes marques pages improvisés.



Zelda écrit à Scott :

À Paris, tu buvais trop et tu le savais, tu te plaignais du bruit de l'appartement, des domestiques qui faisaient mal leur travail, tu voulais que je leur apprenne à te respecter, mais ils savaient que tu sortais toutes les nuits, que les chauffeurs de taxi devaient te porter jusqu'à dans l'escalier quand tu consentais à rentrer, tu dormais tout habillé, tu ne te levais que pour déjeuner, tu pouvais à peine t'asseoir à table, alors comment veux-tu ? Moi, il fallait que je m'occupe et j'ai pris des leçons de danse avec madame Egorova. Elle ressemblait à un gardénia. Elle avait des images de beauté dans la tête, et je voulais qu'elle se serve de moi pour donner vie à ces images de beauté

Je passe l'après-midi à regarder la pluie, en griffonnant des phrases creuses et en pensant à toi. Quand quelqu'un force ainsi la porte de votre front et glisse ainsi jusqu'à vos lèvres à travers les douces sinuosités du cerveau, c'est comme Hannibal franchissant les Alpes — je t'aime chéri.



Je n'existe que quand tu es là, je ne vois qu'à travers tes yeux, je suis comme enfermée à l'intérieur de toi.



Scott écrit à son éditeur à propos de : Tendre est la nuit.

— Henri, j'hésite entre plusieurs sujets, mais celui qui me tente serait l'histoire d'une femme qui aime un homme avec excès. Par peur de le perdre, elle décide de le détruire. Elle n'a pas peur d'une rivale, mais d'elle-même, peur de trop l'aimer. Pour parvenir à le détruire, elle l'épouse. Contrairement à ce qu'elle espérait, elle l'en aime davantage. Elle devient également jalouse de la réussite de cet homme sur le plan professionnel et cherche à l'égaler. └ partir de là, c'est encore assez flou. Je pense qu'elle va se suicider, mais lentement, comme le font les femmes, en buvant trop, en couchant à droite et à gauche, en faisant le vide autour d'elle. Voilà mon sujet. Qu'en pensez-vous ?

Zelda écrit à Scott à propos de : Accordez-moi une valse.

Bien sûr, mon doux coeur, je me soumets avec bonheur à tout ce que tu proposes. Je savais que j'avais entassé trop trop d'évènements les uns sur les autres, que j'avais perdu le fil du récit. Je te demande simplement de comprendre ceci : les corrections que je vais faire seront purement formelles, car le matériau que j'emploie m'appartient et m'a beaucoup coûté en émotion, et j'ai le droit de m'en servir pour raconter l'histoire de moi-même contre moi-même, la seule que j'ai envie de raconter.

Scott dit de Zelda :

Tout le monde l'admirait et elle pouvait tout se permettre. Mais elle a tout perdu en perdant la tête. Elle est devenue folle. Et j'en suis passionnément amoureux.

Scottie :

On a beaucoup écrit sur mes parents depuis toutes ces années, beaucoup rêvé et fantasmé, formulé beaucoup d'hypothèses. Pour les uns, par exemple, c'est l'alcoolisme de mon père qui aurait rendu ma mère folle. Pour d'autres, c'est l'inverse : mon père s'est mis à boire parce que ma mère était folle. Si on me pose la question, je réponds que je n'en sais rien. Ça reste pour moi une énigme. Et c'est en partie cette énigme qui a fait d'eux un couple mythique.

Et vous qu'en pensez-vous ?
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S'il est un reproche que je ferai à ce livre, c'est qu'il est bien trop court. Mais ce sera vraiment le seul tort que j'aurai à lui faire.
Zelda et Francis Scott – couple mythique pour l'éternité, et couple controversé. Et si l'on cessait de prendre partie ? La plupart des biographes, quand ce ne sont pas les lecteurs, ressentent le besoin d'être Pro-Francis ou Pro-Zelda. Jacques Tournier, lui, a eu la chance de rencontrer Scottie, leur fille, qui lui a remis les lettres de ses parents – et la preuve qu'ils se sont aimés jusqu'au bout. Je préfère lire ce genre de révélation à d'autres, plus croustillantes, dont se repaissent certaines biographies non autorisées de vedettes.
Jacques Tournier nous raconte la vie de Zelda, vie "brûlée" littéralement, vie de passion amoureuse, de passion littéraire, avec un mari qui s'inspira d'elle pour le personnage central de Tendre est la nuit. Oui, le livre est un chef d'oeuvre – quel prix dut payer Zelda, après l'avoir lu, peu le savent. Zelda elle-même a écrit un roman, en a commencé un autre, jamais terminé. Elle séjournera dans des cliniques privées, des hôpitaux, en France, aux Etats-Unis, et Francis Scott de chercher (et trouver) de quoi payer les factures de ces établissements. Bienvenue dans un monde sans sécurité sociale, sans assurance maladie. Et Scottie de grandir, élevée par des nurses, sa mère ne la découvrira réellement qu'à l'adolescence.
Zelda, un livre indispensable pour tous ceux qui veulent en savoir plus sur le couple Fitzgerald.
Lien : http://deslivresetsharon.wor..
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Depuis ma lecture de Z, le roman de Zelda de Therese Anne Fowler et Gatsby le Magnifique de F. Scott Fitzgerald, j'ai envie d'en savoir plus sur ce couple mythique de la première moitié du XXe siècle. Leur histoire romanesque faite d'amour, d'insouciance puis d'une relation parfois malsaine m'a tout de suite intéressé. Ce condensé écrit par le traducteur de Gatsby le Magnifique entre autres retrace les dix dernières années de la vie de Zelda passées en sanatorium et autres hôpitaux psychiatriques. Je vais donc vous faire une petite chronique pour un petit livre (178 p.).

Cette histoire a été pour moi poignante et émouvante. Nous suivons les allers-retours de cette femme entre un domicile (qui change sans arrêt) et les hôpitaux. Elle a du mal à se réadapter à une vie normale. Elle semble toujours lointaine et enfermée dans le passé et ses souvenirs. A peine Zelda reprend pied qu'une nouvelle rechute survient à cause d'évènements comme la mort de son père, l'écriture de Tendre est la nuit où Scott retranscrit mot pour mot leurs lettres ou encore la mort de Scott lui-même. Les symptômes sont assez impressionnants. Elle entend des voix d'abord celle de Scott puis de Dieu et de Jésus-Christ. Elle fait également et régulièrement des crises d'eczéma.

Je vais maintenant vous parler de la forme. L'auteur s'appuie sur la correspondance entre F. Scott Fitzgerald et Zelda. Jacques Tournier retranscrit également sa rencontre avec leur fille Frances Scott Fitzgerald (1921 – 1986) dite Scottie. J'ai vraiment aimé ces parties où nous découvrons carrément leurs pensées et ce qu'ils se confient. D'ailleurs, la franchise brutale de Scott envers Zelda m'a beaucoup marqué. Il est parfois à la limite de la manipulation et de la méchanceté. Mais la tendresse qui transparait de ces écrits reste indéniable. Ils semblent s'aimer sans se comprendre. Zelda a toujours rêvé d'obtenir une reconnaissance pour ces multiples talents (écriture, peinture et danse) mais c'était sans compter par les multiples entraves que Scott lui imposait. Deux égo qui se sont rencontrés pour finalement se détruire : Zelda en sombrant dans la folie et Scott en se noyant dans le gin. Ce couple représente le reflet d'une époque désenchantée. Jacques Tournier fait de nombreux rapprochements entre la vie du couple et les romans qu'écrit Scott ou celui qu'a écrit Zelda. Un gros bémol est venu ternir ma lecture. L'auteur nous expose des faits sans apporter d'explication. Pourquoi Zelda sombre-t-elle dans cette folie? J'aurais apprécié qu'il aille plus loin.

Une petite lecture vraiment enrichissante et intéressante qui ne fait qu'attiser ma curiosité. L'auteur a su m'émouvoir. Mais il ne s'agit pas d'un coup de coeur car il manque une partie explicative sur le pourquoi de la chute vertigineuse de Zelda vers la folie.
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Zelda et Francis Scott Fitzgerald incarnent à eux seuls une époque. Nul ne pourra affirmer le contraire s'il a un peu lu sur les années 20 et les figures marquantes de celles-ci.

Et si l'auteur de Gatsby le magnifique, celui qu'on désigne comme étant le chef de file de la Génération perdue, un courant littéraire auquel Gertrude Stein a donné le nom, est bien davantage connu que son épouse en tant qu'écrivain, elle n'a pas moins mené une carrière parallèle dans l'ombre de celui-ci. Moins éblouissante, il est vrai. Toute femme, si belle, si talentueuse, et tel était le cas de Zelda, n'aurait pu prendre le devant de la scène avec un mari tel que Fitzgerald, dont l'alcoolisme brûlera le restant de génie qu'il possédait encore aux dernières heures de sa vie alors qu'il tentait de gagner sa vie comme scénariste à Hollywood.

À cette époque, Zelda avait perdu la raison depuis longtemps, ou du moins ne la possédait plus assez souvent pour être en mesure de vivre au coeur de la société. C'est en effet en 1926, alors qu'elle a 26 ans, qu'elle commence à être rongée par la maladie qui aura de plus en plus d'emprise sur elle : la schizophrénie. Alors que Scott publie sous son nom les nouvelles qu'elle a écrites, elle tente de se réfugier dans un monde où il ne pourra entrer en compétition avec elle, le ballet. Puis, ce sera la peinture pour laquelle elle semble assez posséder un oeil et une main sûrs. En fait, Zelda était douée pour tout. Et le grand écrivain des années folles, malgré tout l'amour qu'il éprouvait pour Zelda, ne pouvait accepter qu'elle soit son égale, et encore moins qu'elle le dépasse.

C'est cela que raconte Jacques Tournier, connu aussi sous le nom de Dominique Saint-Alban, traducteur de Fitzgerald, dans ce récit intimiste où l'on s'attache à ces héros que la vie, l'amour, la maladie, l'alcool et les rêves finiront par briser tout en faisant d'eux des icônes qui avaient inspiré à la dramaturge québécoise Johanne Beaudry une pièce créée en 1984 dont je me souviens encore. Un très beau récit, comme un constat, sans jugement, juste éclairé avec pudeur par les souvenirs de Scottie, la fille de Zelda et Scott, relayés par l'auteur qui a eu l'occasion de la rencontrer.

Zelda, une femme brisée par la maladie et par celui qui l'aimait.

Lien : http://lalitoutsimplement.co..
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Egorova la conduit à la barre, lui saisit la jambe, la tire vers elle en tordant la cuisse et Zelda pleure. Mais de soulagement. Elle touche enfin la frontière de son royaume. D'une leçon à l'autre, la douleur devient plus intense. Elle a des bleus aux genoux, là où les muscles ont été torturés. Chaque soir, elle se frictionne longuement les jambes avec un onguent. Pendant les premières semaines, elle s'attache les pieds aux barreaux de son lit et dort, les orteils tournés vers l'extérieur. Détestant sa difficulté à faire bouger son corps, elle s'oblige à le dompter dans un effort désespéré, et se lance frénétiquement dans des kilomètres de pas de bourrée. C'est ce qu'elle peint de toile en toile, à travers ces corps disloqués, aux mains difformes, aux pieds tordus, aux mains démesurées.
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Elle ouvre donc sans angoisse le magazine de février, et soudain tout bascule. Après le sang d'un double meurtre, elle entend Nicole hurler à travers la porte d'une salle de bains : "Je ne te demande pas de m'aimer !", et elle se retrouve à Prangins, lit sans y croire les lettres de Nicole, transcrites presque mot à mot de celles qu'elle écrivait à Scott, et finit par se découvrir elle-même, dans la pénombre d'une chambre, défigurée par l'eczéma. C'est au-delà de ce qu'elle peut supporter.

[à propos de Tendre est la nuit]
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Chéri, le livre est grand, l'émotion de plus en plus forte, (…) on a les larmes aux yeux en découvrant comment le monde en mutation réduit à néant leur faculté de décision personnelle. C'est le but que doit se fixer un grand livre et toi, tu l'as atteint. C'est subtil, délicat, d'une telle beauté d'écriture qu'on ne peut que s'incliner devant elle, une contribution majeure à ce que les écrivains vont être obligés de créer dans les années futures.
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Il faut que vous lisiez leurs lettres. Elles prouvent à quel point ils se sont aimés, avec quel courage, quelle constance, quelle compréhension mutuelle, d'un amour souvent déchiré mais intense
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Nos années de jeunesse ont été des années joyeuses, des années où le libre arbitre était notre seule religion, des années de fête et de grâce.
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