Football

L'écriture de Jean-Philippe Toussaint m'évoque un carrelage de salle de bain : elle est blanche et lisse, on se croirait chez Jean-Pierre Raynaud. Cette impression me vient-elle uniquement du titre de son premier roman (je n'ai pas vu le film qu'il en a tiré, pour ne pas gâcher mes impressions), renforcée par la blancheur Minuit?
Heureusement, Toussaint est fin, drôle, intelligent, et cette blancheur prend parfois un relief proche du cataclysme, sans qu'on l'ait vu venir. Il sait créer des images qui marquent, des obsessions.
Football m'a paru bien léger : Toussaint peut se permettre, à la limite de la provocation, d'aligner des pages bien superficielles, au moins faciles. Je les lui pardonne pour quelques réflexions lâchées discrètement, et surtout les pages où il se décrit écrivant.
L'aspect autobiographique m'a gêné, décidément je n'aime pas le concept d'autofiction (il n'est pas annoncé ici).
Pour moi ça a été une lecture rapide, un peu décevante, mais je suis toujours sensible à cet humour discret et souvent intellectuel.

Plus aussi passionné que quand il était jeune supporter de football belge dans les années 70, Jean-Philippe Toussaint garde malgré tout un certain sympathie pour ce sport et analyse avec certain recul, presque du détachement, son rapport à cette passion et au folklore qui l'entoure depuis toujours, avec notamment un joli passage concernant le moment où l'on entre dans un stade, quand on découvre le lieu, que l'on prend la température, que l'on sent l'ambiance, que l'on découvre à coté de qui on est assis… Les fans de foot comprendront, les autres sans doute un peu moins. Mais que l'on ne s'y trompe pas, car si le livre s'appelle bien football, c'est surtout de Jean-Philippe Toussaint dont il est question ici, et à ce titre, le livre est un peu décevant. L'auteur, un peu en dilettante, ne fait qu'effleurer son sujet avec un récit jamais réellement captivant. Plus journal de bord ou carnet de voyage que véritable roman, Football constitue une parenthèse sans conséquence dans la bibliographie de cet auteur phare des Editions de Minuit.

Jean-Philippe Toussaint avoue tout de go sa crainte que son livre ne rencontre pas énormément de lecteurs : si l'on s'en tient aux clichés, pas les littéraires, son public habituel, généralement peu amateurs de football, ni les sportifs, qu'on imagine assez éloignés de la littérature. Mais il a oublié une catégorie : les lectrices femmes de footballeurs, ceux en pantoufles, du dimanche, etc. et il y en a beaucoup! ;-)...Et ça marche ! Je me suis retrouvée dans son rapport au foot à la fois distancié mais intrigué, le rapport au temps particulier qu' induit un match, le réconfort, aussi, qu'il amène, car le foot, c'est la vie -on meurt rarement pendant un match, c'en serait presque incongru. J'ai moins goûté ses tribulations footballistiques personnelles, n'étant pas forcément séduite par sa petite personne d'auteur. Intéressant cependant, pour curieux, sportifs ET littéraires (car bien sûr qu'ils existent!), pour les hommes et les femmes, bref, un large panel finalement, M. Jean-Philippe Toussaint, n'ayez crainte!

Auparavant, j'avais déjà lu deux ouvrages de l'auteur : Fuir et La Télévision, ouvrages que j'avais appréciés. Donc, je mettais quelque espérance dans ce nouvel opus et j'ai eu une légère déception, car je m'attendais à un livre entier parlant de football par la plume de quelqu'un réputé pour être un intellectuel. En réalité, le football n'occupe réellement que la moitié du livre, l'autre moitié n'ayant pour rôle de raconter la vie et "les états d'âme" de Jean-Philippe Toussaint avec quelques incursions sur le football, mais sans plus.

Donc légèrement déçu, même si, d'un autre côté, les chapitres ne parlant pas directement de football sont tout de même intéressants, notamment celui parlant brièvement de la société dans laquelle nous vivons, qui est tout simplement sensationnel...
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