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Suite scènes-sketches de vie quotidienne plutôt amusantes, plutôt légères la plupart du temps avec cette écriture à la première personne qui provoque nécessairement un faisceau de projections sur le personnage principal. Reconnaissons-le souvent énervant, par sa nonchalance, et sa chance. La télévision n'est pas si centrale que ça, elle permet par contraste de considérer la vie, oui avec tous ses sens.
Le coté énervant du bonhomme est compensé par l'humour qui perle dans nombre des situations décrites.
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Le ton qu'emploie Jean-Philippe Toussaint dans son roman "La télévision" m'a d'emblée surprise. Ayant en mémoire l'atmosphère tragique, voire nébuleuse, des titres lus auparavant, je ne m'attendais pas à trouver dans celui-ci autant d'humour et de légèreté.

Le narrateur passe l'été à Berlin, avec pour projet la réalisation d'une étude sur le peintre Titien Vecellio. Il y est seul, puisque sa femme et leur fils de cinq ans sont partis passer les vacances en Italie.
Il n'est pourtant guère assidu...
Oisif, contemplatif, il se donne de multiples prétextes pour passer ses journées au parc ou à la piscine, s'imaginant ainsi entretenir son inspiration, alors qu'en réalité il laisse vagabonder son esprit d'une pensée futile à l'autre, s'attardant sur des événements a priori insignifiants, mais auquel il accorde une importance qui peut paraître démesurée.

Et c'est justement ce qui fait essentiellement le charme de ce roman, que de parer des détails d'une ampleur insolite, leur donnant une dimension burlesque et décalée. Ainsi, il ne se passe pas grand-chose, dans "La télévision", mais c'est malgré tout avec plaisir que l'on y retrouve, à chaque séquence de lecture, son héros à la fois désinvolte, observateur, et qui manie avec talent l'auto-dérision.

L'un des événements marquants que vit le narrateur, est sa décision d'arrêter de regarder la télévision. le titre du roman m'avait laissée penser que ce sevrage cathodique y occuperait une grande place. Or, ce n'est pas vraiment le cas. Même si cette décision semble importante pour le héros, puisqu'il l'évoque à intervalles réguliers, soit parce qu'il en fait part aux personnes qu'il rencontre, soit parce qu'il doit lutter, parfois, contre la tentation d'allumer son poste, on ne peut pas dire qu'elle constitue le thème principal du récit.

Néanmoins, Jean-Philippe Toussaint lance à ce sujet des pistes de réflexion intéressantes, même si elles ne sont pas véritablement approfondies. Il s'interroge notamment sur la part de responsabilité de la télévision dans le fait que les individus, à partir du moment où il se retrouvent sur la scène médiatique, s'attardent davantage à commenter leurs actions qu'à les mener. L'efficacité, la créativité régresseraient ainsi au profit de la capacité à communiquer, à paraître. Il déplore également le caractère furtif, superficiel, lié au rythme des images qu'elle impose au téléspectateur, le privant de la possibilité d'exercer son esprit d'analyse.

Le narrateur, pourtant conscient de ces limites et de ces inconvénients, n'en éprouve pas moins des difficultés, parfois, à se passer de la télévision. Parfois seulement, car la plupart du temps, il oppose à la trépidation et à l'instantanéité du petit écran, sa nonchalance et son don d'observation.

Un roman différent, donc, de ce à quoi je m'attendais, mais grâce auquel j'ai passé un bon moment.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Le titre, comme le propos - m'y retrouvant en partie - ont soulevé chez moi une certaine attente, qui s'est avérée bientôt décevante. Ceci n'est pas un essai sur la télévision, mais un récit picaresque sur les déboires d'un chercheur à Berlin, qui cesse de voir la télé, symptôme plus global d'une procrastination permanente. A l'image de son héros, le roman reprend quelques unes des critiques intello classiques, parfois faciles, contre la télévision (zapping, programmation, froideur), mais c'est surtout un prétexte à une divagation sur des moments de vie. On aurait pu ainsi attendre un surcroît de vitalité, un gain en intensité, il n'en est rien et on reste condamné aux miettes et aux fragments de vie, signe d'un mal plus grand, mais obscur, traité sur le mode de la dérision. le va et vient avec le sujet-titre est assez régulier, sans qu'on puisse établir de liens nets entre les intrigues distendues, mais somme toute assez banales, de la vie de couple, de voisin, d'amis ou d'artistes. Berlin est bien survolée, en toile de fonds, mais quasiment la résonnance historique du lieu n'est guère approfondie. C'est ce qui m'a laissé sur ma fin au bout déjà de 150 pages. C'est donc plutôt comme une badinerie, qui confine souvent à l'exercice de style et au pastiche proustien qu'il faudra prendre ce livre pour y trouver son plaisir. de ce point de vue, il reste plaisant.
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Voilà jusqu'où nous a conduits le nouveau roman : à la négation de ce qui constitue l'intérêt d'un roman. C'est l'histoire d'un type qui part à Berlin pour écrire mais qui n'y parvient pas (ça sent l'autobiographie...). Il se lève de son bureau, boit un café, fait un tour dans un parc, va à la piscine, serre la main d'une vague connaissance, retourne à son bureau, reprend un café, etc. Pas de personnages (à part ce triste sire), pas d'intrigues, pas de dialogues. Si encore ce monsieur en panne d'écriture avait des choses à nous dire, s'il avait à nous présenter une réflexion sur l'existence, sur le sens de la vie, sur l'absurdité de nos actions ou de nos relations, on l'écouterait volontiers. Mais rien, il n'a strictement rien à dire. On s'ennuie jusqu'à la dernière page.
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Le héros de ce livre éteint son poste de télévision,car il est devenu un programme de télévision lui-même.Des épisodes se suivent aussi plats et sans intérêt les uns que les autres .Comme dans "plus belle la vie". Hooper n'est pas loin.Mais l'écriture est élégamment descriptive,en très au-dessus des autres "nouveaux romans".C'est très méchant pour la recherche universitaire .
Berlin ,bof!Mais le narrateur se prend tout de même pour Titien, qui ne remercia même pas l'immense Charles Quint de lui avor ramasser son pinceau,lui non plus ne remercie pas le lecteur de dire du bien d'un livre qui n'en est pas un.


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Livre au programme de la prochaine réunion du café littéraire auquel je participe dans ma commune.
J'imaginais, compte tenu du titre, que j'allais devoir lire un essai dans le style "avantages et inconvénients de la télévision".

Quelle bonne surprise en découvrant qu'il s'agissait d'un roman, certes minimaliste, dans la lignée du mouvement littéraire le nouveau roman, avec en plus une dimension humoristique.

Le narrateur est historien d'art. En 1995 il prend une année sabbatique pour rédiger un essai sur Titien ou le Titien. Installé à Berlin avec sa famille, il se retrouve seul pendant un mois d'été, Delon, son épouse, étant partie en vacances en Italie avec leur petit garçon.

Après avoir regardé à la télévision l'arrivée du tour de France sur les Champs Élysées, il décide d'éteindre définitivement sa télévision.

Alors qu'il est censé travailler sur son essai il va passer ses journées à procrastiner. Il se trouve mille et une occupations qu'il nous raconte par le menu comme ses repas, sa toilette et son habillement,ses promenades,la pinacothèque, la piscine, le nettoyage des vitres, l'arrosage des plantes,etc.
Même s'il lui arrive de réfléchir à son essai, la télévision reste omniprésente non seulement dans sa tête mais aussi dans ses yeux tournés vers les fenêtres des immeubles éclairés par les écrans de télévision.

Ce bref roman pourrait paraître sans intérêt, mais le style ironique et drôle de l'auteur divertit et réjouit le lecteur/lectrice.


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Aux premières pages de ce livre, je trouvais le sujet intéressant: notre héros se décide à arrêter de regarder la télévision, comme ça, sans crier gare, d'un seul coup. Puis, ce sujet sur la télévision s'estompe pour laisser place à d'autres activités anodines mais qui prennent, sous la plume de Jean-Philippe Toussaint des allures d'un vaudeville bien écrit et rondement mené. Qu'est ce que je me suis régalé à la lecture de ce livre. Et quand je pense que notre héros a éteint sa télévision pour avancer dans un ouvrage qu'il a décidé de mener à terme mais dont il aura finalement peine à en voir le bout. Comme quoi, la télévision, elle nous empêche de vivre des aventures, bien réelles celles-là mais qui rendent notre quotidien bien plus amusant.
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Lorsque j'avais lu, avec suprême délectation, La Salle de bain de J-Ph. Toussaint, je m'étais aperçu que, au-delà d'un procédé stylistique très original, la narration à la première personne constituait au fond la représentation de l'état psychique de la dépression – une excellente représentation.

Dans ce roman, percevoir une intention similaire a été plus évident : l'état psychique représenté est cette fois l'aboulie, le manque de résolution d'un chercheur universitaire face à son travail – une recherche à mon goût très alléchante sur l'art et le politique à l'époque du Titien et de Charles Quint. Serait-il nécessaire d'ajouter ici combien l'identification à la condition du narrateur est aisée pour quiconque ait exercé un travail semblable dans sa vie… ?

La télévision donc, c'est la résolution du protagoniste d'arrêter de la regarder, faite à la fois de moralisme attendu et de pusillanimité dans sa manière de s'y conformer, qui constitue le principal emblème de sa conduite dominée par les prétextes qu'il trouve pour justifier son inactivité. de surcroît la télévision, comme objet physique d'émission de sons et d'images, représente aussi la principale occasion de savourer les descriptions de Toussaint, si particulières, précises, menues, matérielles, très Nouveau Roman en somme – particulièrement la première, toute en syntaxe nominale, qui s'étend en une seule phrase de la moitié de la p. 22 jusqu'au début de la p. 25.

De ces descriptions tout aussi réussies, il y en a d'autres, qui situent facilement le lecteur dans le Berlin estival [un] où le narrateur passe son temps entre parcs, piscines et la pinacothèque de Dahlem, éloigné de sa famille [deux], et négligeant allégrement les plantes [trois] dont les Drecher, ses voisins partis en vacances, lui ont confié les soins – les trois autres pôles descriptifs.
En contrepartie, les moments d'action sont rares, mais ne manquent pas d'une extraordinaire cocasserie : je pense en particulier à la scène au parc du Halensee où le héros, dans son plus simple appareil, fait la rencontre de Hans Heinrich Melchelius, son directeur de recherche et octroyeur de bourse d'étude, ainsi qu'à celle, chez les Drecher, où il s'évade des toilettes pour atteindre la cuisine et extraire du réfrigérateur la fougère qu'il y avait placée.
En fait, l'humour est omniprésent dans le roman, à la fois dans l'auto-ironie de la situation du narrateur, dans l'hypertrophie descriptive, tout comme dans les quelques actions. Il culmine dans la chute du roman : trois téléviseurs en simultané ! Quelque chose me pousse à choisir un fragment du premier cas d'espèce :

« […] il y avait plutôt lieu de se réjouir, dans le fond, que, depuis bientôt trois semaines, par scrupules exagérés et souci d'exigence perfectionniste, je m'étais ainsi contenté de me disposer en permanence à écrire, sans jamais céder à la paresse de m'y mettre. » (p. 115)
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N°919– Juin 2015

LA TELEVISION- Jean-Philippe Toussaint – Les éditions de Minuit.

Le narrateur raconte qu'il a passé un été à Berlin, seul (son épouse et son enfant étaient en Italie) en compagnie d'un téléviseur qu'il ne regardait qu'avec modération au point qu'il était tout à fait capable de s'en passer. A quarante ans, il ne faisait rien en dehors des fonctions vitales, de la lecture et du sport. Rien, c'est beaucoup dire puisque, historien d'art, il avait choisi de mener à bien une étude du Titien Vecellio ( dit le Titien, 1488-1576), c'est à dire un vaste essai, remis d'année en année, et financé par une fondation privée, sur la relation entre les arts et le pouvoir politique. Pour cela il avait abandonné son poste à l'université, s'était rendu au Augsbourg où le peintre y avait rencontré Charles Quint. En effet, le narrateur entendait fonder son étude sur « l'épisode du pinceau »(apocryphe sans doute mais repris dans une nouvelle d'Alfred de Musset) au terme duquel l'empereur se serait baissé pour ramasser le pinceau tombé des mains du peintre.

Devant l'ampleur de la tâche, il prend soudain conscience que la télévision est anesthésiante et décide de s'en passer. En effet, il considère que la télévision n'impose chaque jour rien d'autre que des illusions de la réalité auxquelles il faut impérativement résister. Cela donne une série d'aphorismes, parfois assez inattendus sur le sujet.[« Or, c'est pourtant comme cela qu'il faudrait regarder activement la télévision : les yeux fermés ». ] Il livre à son lecteur un tas de petites anecdotes qui émaillent sa vie de célibataire berlinois temoraire. Il croit apercevoir un cambrioleur, s'occupe des plantes de ses voisins partis en vacances, croise l'image furtive d'une femme nue dans l'immeuble d'en face, se promène au gré de ses envies dans la ville ou se baigne nu dans un lac, autant d'épiphénomènes où domine le farniente, il est vrai entrecoupés de vagues recherches à la bibliothèque qui le distraient de son travail, ce qui n'occasionne chez lui aucun état d'âme particulier. Un peu cossard quand même ! Et puis pas très constant dans sa démarche, puisque l'interdiction qu'il s'est lui-même posée de ne pas regarder la télévision ne vaut, à ses yeux, que dans son microcosme personnel. Quand il est à l'extérieur de son appartement, cela en compte plus. Parfois au hasard des émissions, il croise des images de femmes qui le font toujours un peu fantasmer. Il ne peut d'ailleurs pas croiser l'une d'elles dans la rue sans être ému. Ces moments de furtif plaisir oculaire donnent d'ailleurs lieu de sa part à des évocations délicieusement sensuelles qu'il corrige parfois en posant ses yeux sur un téléviseur allumé, comme pour se punir lui-même.

Et son travail dans tout cela ? Il trouve toujours une bonne raison pour le remettre à plus tard, la piscine ou un musée par exemple, d'autant qu'il trouve toujours quelque chose de plus intéressant, qui monopolise son attention et qui donne lieu à de longues réflexions et à des descriptions aussi précises que pertinentes. Il lui arrive même de croiser un portrait de Charles Quint qui devrait lui rappeler son but initial mais que nenni ! Après tout, l'idée de cette étude, vieille de 4 ans déjà, pourra bien attendre encore un peu !

Ce roman est en fait une balade dans Berlin l'été ainsi qu'une réflexion humoristique écrite avec sa jubilation coutumière sur la télévision et son emprise sur ceux qui la regarde. Il le fait naturellement en n'oubliant pas de s'attarder sur le petit détail anodin qui aurait échappé au commun des écrivains et auquel il donne, on se demande bien pourquoi, une importance soudain démesurée mais sans pour autant que son lecteur ait l'impression de l'inutilité. Quant au téléviseur, Il se résout à le traiter par le mépris, c'est à dire à le regarder, même avec une certaine insistance, mais sans l'allumer !

En tout cas cela m'a procuré, malgré des phrases toujours aussi longues, une lecture jubilatoire. Faute sans doute de mener à son terme son travail universitaire, l'auteur a au moins accouché de ce roman ; ce n'est déjà pas si mal.
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Fin, hilarant, profond: c'est le meilleur Toussaint, en tout cas dans une veine que je préfère à la trilogie de Marie, plus "commerciale".
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