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Jean-Philippe Toussaint (Autre)
EAN : 9782707346582
48 pages
Editions de Minuit (07/01/2021)
3.7/5   71 notes
Résumé :
Je passe ma convalescence à Ostende, immobilisé dans un fauteuil roulant, après avoir été victime d’un attentat. Les travaux qui ont commencé sur le toit du casino bouchent progressivement la vue de ma fenêtre. Le jour n’entre quasiment plus dans l’appartement, mon horizon se scelle, le paysage disparaît irrémédiablement.
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Petite texte court, dense, précis...Le héros se retrouve en fauteuil roulant.. amnésique momentané ou pas... Plus rien à l'horizon, que la solitude, la mer et le ciel mais pour combien de temps?..
Le style est fluide, on se laisse porter comme sur les vagues...une parenthèse dans la vie de cet homme qui en devient spectateur, commence alors une lente introspection pour convoquer ses souvenirs...arrivera-t-il à remonter à la surface, à retrouver le cours de sa vie?
Roman qui envoûte par l'écriture de l'auteur.
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« La Disparition du paysage a été créé le 12 janvier 2021 au théâtre des Bouffes du Nord avec : Denis Podalidès, sociétaire de la Comédie-Française » trouve-t-on en exergue de ce magnifique texte de Jean-Philippe Toussaint. J'aurais aimé y être… Ce très bref récit de 48 pages (et il commence à la page 9), imprimé avec des marges et une police conséquentes, m'a entraînée dans un tourbillon d'émotions. Peut-être depuis des mois, un homme, convalescent, en fauteuil roulant, regarde par la fenêtre d'un appartement situé à Ostende. Il reçoit matin et soir la visite d'une aide-soignante qui ne parle pas français. Il ne sait pas ce qui lui est arrivé, il ne sait pas pour combien de temps il est là, il ne souffre pas, mais éprouve « un étonnement inébranlable » et perçoit le présent avec une acuité nouvelle. Voilà ce que nous apprend le premier paragraphe.
***
Je ne crois pas avoir lu quelque chose de Jean-Philippe Toussaint depuis La Salle de bain, roman qui, je l'avoue, ne m'avait pas conquise, alors que ce texte me bouleverse. Ce convalescent qui n'a pas complètement perdu la mémoire et qui cherche à rassembler des souvenirs qui lui échappent est un écrivain : il ne sait pas trop ce qui appartient au réel ou ce qui résulte d'un univers qu'il se construit en regardant par la fenêtre. C'est une odeur qui le transportera d'abord à Ostende, puis dans un autobus à Bruxelles, lui infligeant alors « une intrusion intolérable du réel dans [s]on univers personnel. » L'écriture est magnifique, précise, intense, bouleversante. Les trois dernière pages… à pleurer. Lisez-le, d'urgence !
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☁ « Ma conscience s'est éteinte. Cela fait des mois, peut-être des années, que je suis maintenant à Ostende. J'ai le sentiment que c'est toujours l'hiver. Je regarde devant moi par la fenêtre et je vois le brouillard qui semble ne jamais cesser, comme les mouettes immuables. »
(P.37)

☁ Une chambre dans un appartement à Ostende. On ne sait quelle période, on sait seulement la pièce carrée, fermée, la grande fenêtre pour seule évasion, la vue sur l'horizon éternellement beige et nébuleux, le brouillard aveuglant. On sait le drame aussi, l'immobilité et l'absence, encore et toujours l'absence, celle qui suit l'abandon, on sait l'oubli, les souvenirs évaporés, un autre genre de lumière, brûlante et incandescente, instantanée celle-ci ; un flash.

☁ Alors la fenêtre et l'horizon pour échappatoire, pour seul espoir. Sans plus personne, il n'y a rien à sauver, il n'y a que l'attente et la contemplation pour salut. Coup du sort ou triste hasard, devant cette fenêtre se construit un immeuble qui, petit à petit, efface l'horizon, efface la lumière, efface la clarté. Tout devient sombre, c'est une éclipse, l'ombre à tout jamais, il n'y a plus d'avant, plus d'après.

☁ Monologue intérieur d'un homme touché par un drame, La disparition du paysage est le récit d'un effacement, d'une chute lente et annoncée, inévitable. A travers l'immobilité physique et l'impasse du passé, l'auteur prouve l'importance d'une perspective, si possible infinie, à l'image du ciel et de la mer qui se frôlent toujours sans jamais s'unir. Et contempler le paysage, avant qu'il ne disparaisse.
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A Ostende, un homme se retrouve dans un fauteuil roulant dans une chambre avec vue sur la mer en ayant perdu le souvenir de l'accident qui le place dans cette situation inédite et inconfortable. Il évoque quelques bribes de son passé professionnel, son amnésie n'est donc pas totale, et il bénéficie des soins d'une infirmière et de la visite furtive de sa femme Madeleine. Son présent se résumant à l'observation de la plage est bientôt occulté par la surélévation du casino jouxtant sa fenêtre. Son paysage disparaît en même temps que les quelques visites dont il bénéficiait. Ce texte court très bien écrit est évocateur d'un enfermement qui s'installe.
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Un bijou littéraire. Une envolée qui m'a touchée au coeur - comme rarement. Un sujet qui me brûle toujours et m'émeut. Des mots qui affleurent à la lisière de mes propres souvenirs. Entamez, vous aussi, sa lecture dès cet instant, toutes affaires cessantes. Promis vous n'en sortirez pas indemne.
L'écriture pure et raffinée de Jean-Philippe Toussaint m'affecte et me trouble avec une vivacité unique. Certains passages m'évoquent des pensées si personnelles – qu'à la condition d'avoir le talent littéraire de l'auteur – je m'imagine les écrire moi-même…
Vous l'aurez compris ce petit livre est mon coup de foudre de ce début d'année.
Dans un autre style, j'avais adoré lire L'urgence et la patience de cet auteur. J'avais ressenti cette même adéquation avec ses mots. Une sensation si précieuse et si rare.

Lien : https://laparenthesedeceline..
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Mon passé disparu est comme un de ses rêves qu'on vient de faire et dont on ne se souvient plus au réveil, même si nous sentons sa présence très proche qui nous hante. Le rêve oublié est là, à portée de main, mais il nous reste inaccessible. Les paupières encore close, on essaye de le retrouver, de l'exhumer des profondeurs du sommeil où il demeure enfuit. On revient en arrière, on tâtonne, on essaye de l'aborder par une image, un lieu ou un visage qu'on a reconnus, et, à partir de là, sur cette base si fragile, on tire mentalement très lentement Le fils d'Ariane du rêve oublié pour faire remonter à la conscience la scène qui dans le rêve précède immédiatement le visage reconnu puis la scène qui précède encore, jusqu'à récupérer le rêve en entier, comme lorsqu'on tire sur une branche de plante grimpante qui a envahi la façade, et qu'avec précaution, sans briser la liane qu'on tient dans les mains, on fait venir à soi, en détachant une à une les vrilles qui la retiennent aux anfractuosités de la pierre, avant de tirer un dernier petit coup sec pour faire dégringoler en cascade le maximum de végétation convoitée.
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Un matin, au réveil, le brouillard a complètement envahi l’encadrement de la fenêtre. Aussi loin qu’on peut observer, la plage a disparu dans la brume. La mer semble s’être retirée pour toujours. À force de scruter l’horizon, je finis par apercevoir dans l’extrême lointain une imperceptible ligne d’écume blanche, vivante et faiblement effervescente. Le brouillard ne se dissipe pas de la journée. Au loin, on entend les deux notes régulières d’une corne de brume qui doit provenir du phare au bout de l’estacade, et qui jette dans le vide une mélodie déchirante qui a des accents de glas. Rien ne me menace physiquement, mais j’ai peur. Je me sens oppressé devant l’horizon que bouche le brouillard. Parfois, sur la digue, surgit le phare avant rond et blanc d’un vélo fantomatique, qui glisse lentement dans l’atmosphère puis disparaît.
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Peu à peu, en l’absence de sollicitations extérieures, mon imagination commence à dépérir. Je m’affaisse, je ne suis plus qu’un vide, une absence. Je ne suis plus vraiment moi-même, mais étais-je encore moi-même depuis le drame ? Je suis devenu un état de léthargie impersonnelle. Plus rien ne me porte vers le monde extérieur.
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De la fenêtre, on aperçoit la mer par-dessus le toit du casino. Je reste là du matin au soir dans mon fauteuil roulant. Je ne fais rien, j'éprouve la monotonie des heures, mon œil construit des figures géométriques, assemble les éléments épars qui sont à ma disposition, la mer, le ciel,  les rides de la plage déserte. Je devine au loin les silhouettes minuscules de promeneurs en anoraks qui marchent avec un chien le long de la mer. Il n'arrive vraiment rien dans ma vie pour que la seule présence d'un chien sur le rivage fasse figure d'événement.
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"(...) depuis le drame, l'immobilité à laquelle je suis contrait semble avoir paralysé non seulement mes membres, mais également mon esprit. Ce n'est qu'au terme d'intenses efforts que je parviens enfin à m'échapper vers l'imaginaire."
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Videos de Jean-Philippe Toussaint (62) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Philippe Toussaint
Philippe de la librairie le Divan partage ses lectures de la Rentrée littéraire 2023 "Une rentrée littéraire sans Jean-Philippe Toussaint c'est moins bien, donc là on en a deux, c'est formidable."
Notre mot sur "L'Échiquier" de Jean-Philippe Toussaint ----- https://bit.ly/3MrAIZy #coupsdecoeurduDivan #PhilippeDivan #lechiquier #jeanphilippetoussaint #leseditionsdeminuit #booktok #litteraturefrancaise #litteraturetraduite #ebook #livrenumerique Tous nos conseils de lecture ICI : https://www.librairie-ledivan.com/
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