AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,77

sur 149 notes
Pour cette lecture, je pense avoir fêté Pâques avant les rameaux!
En effet, j'aurais adoré découvrir ces secrets d'écriture, d'inspiration, de révélations d'extase éprouvé à la découverte de grands auteurs, si ces aveux avaient concernés un de mes écrivains fétiches. Non que je fustige Jean-Philippe Toussaint, c'est juste que je ne le connais pas.




Il n'en reste pas moins que certains passages m'ont conquise, comme cette histoire d'arroseur arrosé, lorsque l'épisode de la première lecture de Proust devient lui-même une madeleine (la relecture suscite le souvenir des circonstances exactes de la lecture initiale!). de même pour la comparaison très adroite des relations analogues entre littérature et cinéma et entre mathématiques et biologie.




Je vais donc devoir faire le chemin à l'envers et aller à la découverte des écrits précédents de l'auteur, pour pouvoir relire cet essai (ce n'est pas un pari intenable, il faut à peine une heure pour le lire) et devenir cette fois complice de ces secrets partagés, du plus matériel ( carnets, stylos, machines à écrire) au plus conceptuel (de l'influence de Beckett) en passant par les rencontres marquantes (Jérôme Lindon, Beckett encore).
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
Commenter  J’apprécie          200
Cette petite centaine de pages est un vrai trésor. Ce n'est pas un roman, loin de là, pas vraiment un essai mais plutôt des textes autour de l'écriture, de la lecture, du souvenir, des moments fondateurs pour un écrivain, des rencontres qui illuminent une vie. C'est écrit simplement comme s'il s'adressait directement à celui qui le lit. Il nous parle de ce qui fait l'essence de Jean-Philippe Toussaint, les rencontres qui l'ont rendu écrivain, les lectures qui l'ont foudroyé mais aussi de ce qui le pousse à écrire encore et encore.
Au départ, je pensais lire un vibrant hommage à la littérature, essai (trop) intelligent réservé au milieu littéraire et à quelques initiés érudits. En fait pas du tout. Si vous avez un tout petit aimé lire dans votre vie, si quelquefois vous avez été enthousiasmé par un livre et si vous avez une toute petite curiosité pour ces êtres d'exception que sont ces hommes et ces femmes qui arrivent à traduire si magnifiquement avec des mots, sentiments, émotions, destins, "L'urgence et la patience" est forcément un livre que doit passer entre vos mains. J'y ai trouvé tout d'abord de quoi satisfaire ma curiosité : l'intimité littéraire de Jean-Philippe Toussaint nous y est dévoilée avec pudeur, intelligence et sincérité. Il nous fait approcher au plus près de son processus de création, nous présentant les bureaux qui ont supporté l'écriture de ses romans, évoquant la discipline d'athlète à laquelle il est obligé de s'astreindre, les méandres de la création. Puis, il parle des livres, de ceux qu'on oublie jamais, qui accompagnent une vie, des oeuvres qui nous éblouissent tellement qu'on garde en mémoire l'endroit où on les a lues, les odeurs qui flottaient au moment de leur lecture, la lumière exacte qui éclairait les pages. Ces sensations que tout un chacun a éprouvé dans sa vie sont minutieusement, malicieusement évoquées pour notre plus grand plaisir.
La fin sur le blog
Lien : http://sansconnivence.blogsp..
Commenter  J’apprécie          170
20 000 lieues sous l'écriture.

Lire Jean-Philippe Toussaint, ça passe ou ça casse.
Ecrivain fétiche des fameuses Editions de Minuit au style minimaliste et à l'humour décalé.
J'avais beaucoup aimé lire ses romans «La Salle de bain» (1985), «La Télévision» (1997, Prix Victor Rossel) et «Fuir» (2005, Prix Médicis).

Ici, dans «L'Urgence et la Patience», il nous plonge 20 000 lieues sous l'écriture.
Respirez !
Ecrivain comme si vous l'étiez ! Immersion totale !
Le livre, ce «rêve de pierre» (Baudelaire).
Le rêve de liberté, de l'inconnu, de l'audace, du risque et du fantasme.
La pierre solide et ferme du travail inlassable.
L'urgence de l'impulsion, de la fougue, de la vitesse et de la fragilité. Rimbaud et Dostoïevski.
La patience de la lenteur, la constance et l'effort. Flaubert et Kafka.
Il FAUT lire le «Journal» de Kafka, authentique et presque maladive déclaration d'écriture pour comprendre le dur labeur de l'écrivain. Non le génie ne tombe pas du ciel !
L'écrivain pousse sa charrue dans l'éreintante terre des mots. En serrant les dents. Souvent.
«L'urgence est un état d'écriture qui ne s'obtient qu'au terme d'une infinie patience.»
Descente en scaphandrier dans les fonds de l'écriture.
Respirez.
«Il faut plonger, très profond, prendre de l'air et descendre, abandonner le monde quotidien derrière soi et descendre dans le livre en cours, comme au fond de l'océan."
Secret intime d'écrivain : «Il faut éteindre beaucoup de vie réelle pour obtenir le concentré d'une seule page de fiction."
La méthode Toussaint vaut bien la méthode Dunkan !
C'est un livre sur la lecture aussi.
Lire les fabuleux 8 000. Où comment le lecteur téméraire devient un alpiniste accompli.
Lire «Ulysse» de Joyce, «Au-dessous du volcan» de Malcolm Lowry, «L'Homme sans qualités» de Musil ou «Le quatuor d'Alexandrie» de Durrell. Bon courage pour certains que ne citerai pas !
Faut s'accrocher ferme. Pas peur du vertige. de la chute.
De l'abandon.
(Non, cherchez pas, y'a pas le livre de Dunkan dans les 8 000 !)
Des conseils : lire Proust en commençant par la deuxième partie de «Du côté de chez Swann» en sautant «Combray» et en allant directement à «Un amour de Swann». J'approuve !
La pente (ou la montée) semble plus douce. Descendre (ou remonter) par «Combray». Avec rappel. Aller plus haut comme dirait Tina Arena ! (Non, cherchez pas, y'a pas de livre de Tina Arena ! Non, cherchez pas, vous dis-je, même sur la morne plaine, y'a pas !)
Lire Dostoïevski. Un autre 8 000. A couper le souffle. Paliers de décompression obligatoires. Retour sur le plancher des vaches difficile. J'approuve aussi !
Des citations.
«Un livre doit être la hache qui brise la mer gelée en nous.» Kafka.
J'adore.
«J'ai l'amour du mot, les mots ont été mes seuls amours, quelques uns.» Beckett. J'adore aussi.
Des hommages. Beckett. Jérôme Lindon le directeur emblématique des Editions de Minuit, décédé en 2001.
Un livre qui donne envie de lire et...d'écrire...Un livre qui donne envie est toujours un bon livre !
Pour moi, ça passe...
Ecrire c'est «Fermer les yeux en les gardant ouverts.»
Expirez ! Remontez à la surface...
Commenter  J’apprécie          171
Il est toujours intéressant d'entrer dans les coulisses de la création. Jean-Philippe Toussaint nous y convie à travers plusieurs textes parus séparément, qui retracent la naissance de l'acte d'écriture, ses influences, ses coups de coeur et la lente maturation, distordue par l'urgence ou la patience, qui préside à l'écriture. J'ai bien aimé la fluidité de sa pensée, sa conscience éclairée du travail d'écrivain, sa façon d'énoncer ses maîtres (dont Beckett, Proust et Dostoïevski).
Commenter  J’apprécie          130
Le goût pour la gastronomie peut se manifester de deux manières : soit se contenter du seul plaisir de la dégustation, soit s'intéresser aussi à la recette. En ce qui me concerne, j'aime bien connaître la recette.

C'est un peu la même chose avec la littérature. Je ne dirais pas qu'il s'agit de recette mais Jean-Philippe Toussaint nous dévoile ici quand même un peu de sa tambouille - désolé pour le mot, je ne le veux pas péjoratif, disons alors 'processus créatif'.

Et cette ouverture de la cuisine au public nous fait découvrir ce qui doit bien se dérouler dans toutes les cuisines littéraires. L'écriture sort-elle en jet ou par un petit suintement continu et laborieux? L'acte d'écrire est-il ramassé dans le temps, compact ou au contraire discontinu, haché de longues pauses de respiration où l'esprit et l'imagination vagabondent ? L'écrivain travaille-t-il à partir de notes? La fiction est-elle un concentré inspiré des expériences vécues de l'auteur? Jusqu'à quel point faut-il corriger un texte, quand celui-ci est-il considéré comme achevé? Quel est le processus qui permet de plonger en soi comme un apnéiste pour aller chercher l'étincelle qui déclenche le jaillissement d'un texte ?

Hormis les processus à l'oeuvre dans la cuisine où se concocte la littérature, Toussaint nous fait partager son admiration pour quelques-unes de ses figures tutélaires : Dostoïevski et Crime et Châtiment , Proust, Beckett. Sans oublier son amitié pour son éditeur Jerôme Lindon.
Commenter  J’apprécie          90
L'urgence et la patience aura eu l'avantage de me faire découvrir un célèbre inconnu (Mea culpa! Mea culpa!): Jean-Phillipe Toussaint (romancier ayant par ailleurs obtenu le prix Médicis général pour Fuir en 2005) et de m'envoyer illico découvrir ses autres oeuvres car, m'étant fourvoyée sur le tître (évocateur d'un rapport au temps), je n'ai pas vraiment apprécié la lecture de ses secrets d'écriture.
De ses souvenirs (du premier vrai livre lu tardivement alors que ses intérêts le portaient vers le dessin et le cinéma, des premiers mots tapés à deux doigts jusqu'aux phrases plus rythmées pour rejoindre une musique, de ses multiples bureaux de Paris et d'ailleurs cocons inspirateurs jusqu'aux hôtels inventés de ses livres); de ses confidences d'écriture paradoxale entre urgence(qui requiert l'impulsion) et patience(qui "requiert l'effort") et de sa confession d'admiration-fascination pour Samuel Beckett; j'avoue n'avoir retenu que quelques pages (sur 106 de ce bref essai autobiographique) celles qui s'attachent aux "pouvoirs de la littérature".
C'est en effet grâce à Crime et châtiment de Dostoïevski (lu à 20 ans sur "les conseils avisés de sa soeur") que Jean-Philippe Toussaint a ressenti sa première impulsion d'écriture.Il est vrai que le lecteur s'identifie plus ou moins fort aux personnages principaux (ici à Raskolnikov qui commet un crime) et que la lecture (par une curieuse alchimie) peut entraîner une catharsis libératrice. Désolée pour le reste du livre. Peut-être que si j'avais connu l'auteur... son portrait....Bon....Autre avis sollicité!
Commenter  J’apprécie          80
Un essai lumineux pour percer le mystère de l'écriture !

« Un livre doit apparaître comme une évidence au lecteur, et non comme quelque chose de prémédité ou de construit. Mais cette évidence, l'écrivain, lui, doit la construire.
Il y a toujours en jeu, dans l'écriture, ces deux notions apparemment inconciliables : l'urgence et la patience. »
Faire sonner les mots comme des notes de musique.

Ce sont des pages généreuses qui donnent envie d'écrire, de relire Proust en sautant « Combray », Dostoïevski, Kafka, Beckett « J'ai l'amour du mot, les mots ont été mes seuls amours, quelques uns. »

Une irrésistible envie de lire, la dernière page tournée, en se laissant bercer par la musique des mots.
Commenter  J’apprécie          50
L'écrivain parle ici des deux qualités opposées nécessaires à l'écriture: d'abord l'urgence, l'impulsion, la fougue, la vitesse qu'il faut pour se lancer, ensuite la patience, la lenteur, la constance, l'effort pour accoucher.
Pour lui qui se voudrait aérien mais qui est très organisé avec un côté monacal, tout importe: la condition physique, l'alimentation, ses lectures. S'il mettait un an pour écrire un livre à ses débuts, en y consacrant tout son temps, il lui en faut maintenant trois, en écrivant tous les jours et dans un lieu neutre, un appartement loué, en Corse ou à Ostende. Travailler chez lui, à Bruxelles, lui est impossible.
Il n'hésite pas à entrer dans les détails les plus matériels: sa préférence pour les carnets Muji sur lesquels il écrit exclusivement. (Il est très lu par les Japonais) et les marques de ses stylos préférés, «avec bille en carbure de tungstène, pointe fine ou micro»
«Je croyais aimer la littérature mais c'est l'amour de la papeterie que j'ai, ma parole!»
Ses chapitres s'intitulent: le jour où j'ai commencé à écrire – Mes bureaux - Dans le bus 63 où il a lu «Malone meurt» de Beckett, en fin d'après midi – Moi, Rodion Romanovitch Raskolnikov où il avoue s'être complètement identifié au meurtrier de Dostoïewski.

Celui que j'ai préféré cependant, c'est celui sur Proust, un des rares auteurs à commencer par la patience et à terminer par l'urgence. Il prend tout son temps. Il n'existe pas de première version de son oeuvre. Il se contente de vivre.
«C'est sa vie, la patience et l'urgence, c'est son oeuvre.»
Proust est pour lui, le sommet de la littérature. C'est le livre non pas le plus lu mais le plus relu. Sur les conseils de sa mère il a sauté tout Combray la première fois, pour commencer par «Un amour de Swann» et ça lui a bien réussi.
Ses livres préférés ensuite :
Au-dessus du volcan
L'homme sans qualités
Le quatuor d'Alexandrie
J'aime bien cette réflexion :
«Les meilleurs livres sont ceux dont on se souvient du fauteuil dans lequel on les a lus.»
J'ai aimé lire ce livre et le conseille à tous ceux qui s'intéressent aux méthodes, manies, voire névroses de ceux qui font de l'écriture leur métier.
Lien : http://liratouva2.blogspot.f..
Commenter  J’apprécie          50
Avec sa distance ironique coutumière, Jean-Philippe Toussaint livre ici son art poétique. Il évoque les chocs littéraires qui l'ont incité à écrire : " Crimes et Châtiments ", Proust, Beckett. Et sa rencontre avec Jérome Lindon, d'une tendresse implacable. Passionnant.
Commenter  J’apprécie          40
Comment devient-on écrivain ? Jean-Philippe Toussaint nous livre sa recette.
Une recette parmi d'autres et une recette que je ne referai pas !
Commenter  J’apprécie          40




Lecteurs (337) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (5 - essais )

Roland Barthes : "Fragments d'un discours **** "

amoureux
positiviste
philosophique

20 questions
849 lecteurs ont répondu
Thèmes : essai , essai de société , essai philosophique , essai documentCréer un quiz sur ce livre

{* *}