Citations sur La reine violée, tome 1 : Eclose entre fleurs de lys (8)
Il n'y a pas de lieux plus terrifiants que les ténèbres au cœur des forêts profondes. Elles sont le refuge des puissances du mal, le séjour des géants et des monstres, des sabbats de Satan, des fées et des magiciens. Elles abritent proscrits et brigands, ermites et hommes sauvages comme ceux du charbon. Et Vincennes était celle qui avait la plus mauvaise réputation, sur laquelle couraient des légendes des plus horrifiques.
L'épée royale symbolisait l'essence sacrée et chevaleresque du roi. Par la force de l'Esprit saint, elle lui conférait la puissance de défendre ses sujets contre la méchanceté, celle de protéger l’Église des infidèles. Priver le roi de son épée, c'était priver le royaume et la religion de la sauvegarde divine. La reine se devrait de la rendre, et la rendre, c'était ...se rendre.
Charles tenait la main d'Isabelle bien serrée et l'entraînait plus avant dans l'extravagance. Qui aurait pu reconnaître dans cette grande fille de joie et ce petit page masqué, le roi et la reine de France ?
L'hôtel de Saint-Paul grouillait de figures carnavalesques et grotesques. C'était le jour des mille fantaisies, de l'exubérance et de l'irrévérence. C'était le jour de la fête des Fous.
Aujourd'hui, les humbles gens des basses cours étaient grands seigneurs ; les petits clercs, papes ; les servis serviraient les serviteurs. Le monde se devait d'être cul par-dessus tête.
L’air était saturé de plumes et de duvets, de l’odeur âcre des fientes. Ce n’était que roucoulements, pépiements, cancanements dans une agitation fébrile, giflée de grandes envolées d’ailes déployées, tandis qu’Étienne distribuait du grain. Les oiseaux d’Isabelle avaient ici leurs quartiers d’hiver. Au printemps, certains seraient lâchés, d’autres maintenus en cages dans les jardins.
Il faut combattre les forces du mal avec les mêmes armes qui appellent les forces du bien, dit tout soudain la Visconti. La prière ! Prier Satan, c’est l’apprivoiser. Il est un ange déchu, mais un ange, les oraisons à son adresse le flattent. Ainsi, on obtient son soutien contre ses ennemis bien plus efficacement que celui de Dieu, épuisé de sollicitations.
La cour de France n’est que jeunes loups affamés menés par de grands fauves avides.
Une fille fort belle, il fallait l’admettre, et cette beauté la servait. Au printemps de cette même année, lors des fêtes du Mai, elle lui avait ordonné de se tenir au plus près du roi de France et de le séduire. Comptant sur le charme d’Ozanne et l’appétit charnel de Charles VI, elle espérait qu’il en ferait sa favorite. La douairière veillait à pousser des gens à elle dans les allées du pouvoir.
L’homme n’avait pas de prunelles. C’était l’un de ces nombreux errants, moines mendiants, mages ou astrologues, hirsutes et déguenillés, qui sillonnaient les routes. Certains étaient fort bavards et radoteurs, mais il était recommandé de les laisser dire avec patience et respect. D’aucuns prétendaient que leur charabia était l’invisible et mystérieuse voix du Seigneur et qu’il était mal avisé de moquer leur incohérence, de peur de s’attirer le mauvais œil.