Les humains recensent 4 forces naturelles qui les entourent : l'Eau qui les abreuvent, l'Air qu'ils respirent ; le Feu qui les réchauffent et la Terre qui les nourrit et les portent.
Lucas et Annabelle sont deux personnages solitaires très proches de leurs environnements. Lucas est le bras droit de son père à la scierie, nulle part il ne se sent mieux qu'au sein de sa communauté d'Utoh et de la forêt qui jouxte le village.
Annabelle est l'étrangère au regard si particulier, solitaire et timide, arrivée un bon matin, attirée par cette forêt et la presqu'île toute proche. Elle limite ses apparitions au village et travaille à domicile. Qu'est-ce qui pourrait rapprocher ses deux protagonistes sinon l'amour de la forêt et la conviction qu'ils sont différents sans pouvoir se l'expliquer. Est-ce cela tomber amoureux : se reconnaître en somme ?
Victor et son père vont venir jeter le trouble dans cette aventure hors du commun qu'est la vie dans la congrégation de Lucas et de ses compagnons au regard si caractéristique.
J'ai été happée pour le récit de cette lutte pour la sauvegarde de la forêt qui telle celle de Brocéliande est habitée à ses heures par des créatures que le lieu magique abritent.
L'épilogue ouvre de nouvelles perspectives à ce conte moderne qui vous rappelle qu'il ne faut pas seulement chérir et se battre pour les gens que l'on aime mais aussi pour la planète qui nous permet de nous épanouir. Un joli moment de lecture. Merci Les Éditions Encre Rouge pour cette belle découverte !
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Reçu dans le cadre de la dernière opération Masse Critique de Babelio, je ne savais pas trop à quoi m'attendre avec ce livre. Je l'avais coché car sa 4e de couverture m'intriguait pas mal et me faisait bien envie, mais c'est tout. Enfin... j'étais quand même un peu méfiante à cause de son air de roman auto-édité, car il faut avouer que l'on trouve un peu de tout dans ceux-ci et que l'on est parfois déçu.
Ce ne fut pas le cas ici, et il se trouve que j'ai même beaucoup apprécié ce roman. La 4e de couverture présente assez bien l'histoire, même si je m'étais imaginé un autre type de créature, pour les "habitants de la forêt" dont il est question. Ce qui ne veut pas dire que j'ai été déçue. Je n'avais juste pas pensé que ce serait ce type de créatures.
Anabelle Quibem est vraiment une jeune femme très discrète, réservée (le mot est faible) et mal à l'aise face aux gens. Elle ne se sent bien que seule, au milieu des arbres de la forêt. On comprendra petit à petit pourquoi. Annabelle a un pouvoir qui la rend radicalement différente des autres personnes, et de ce fait extrêmement méfiante envers le genre humain tout entier. Sa plus grande peur est que quelqu'un découvre sa particularité, et c'est pour cela qu'elle préfère s'isoler et ne se lier à personne, même si, au fond d'elle, elle souffre de cette solitude autant qu'elle en a besoin.
C'est un personnage attachant malgré son besoin de discrétion presque maladif, et ses difficultés à communiquer avec les autres. le fait que l'on voit les choses de son point de vue la plupart du temps aide sûrement beaucoup à s'identifier à elle et donc à l'apprécier.
Quand on n'est pas dans la tête d'Anabelle, on est dans celle de Lucas, le deuxième personnage principal de ce roman. Contrairement à Anabelle, il est natif de cette presqu'île. Il a lui aussi un "pouvoir" surnaturel, mais lui, il le vit comme une malédiction. Il n'a jamais pu se faire à l'idée de ne pas être totalement humain et déteste sa nature. Cela s'explique par le fait que ses parents ne l'y avaient pas du tout préparé quand il était enfant, alors qu'ils savaient qu'il y avait de fortes chances pour que son pouvoir se révèle un jour, puisque c'est un pouvoir héréditaire, familial. Mais comme sa mère ne le possédait pas, elle, ils n'étaient pas sûr qu'il en hériterait. Quand sa vraie nature s'est révélée, Lucas a été très malade pendant des mois, et sa mère, ne le supportant pas, est partie, le laissant seul avec son père.
Lucas ne s'est jamais vraiment remis du départ de sa mère, de son absence au moment où il aurait eu le plus besoin d'elle, mais au lieu de lui en vouloir à elle, il s'est mis à éprouver une rancune tenace envers son père et son "clan" tout entier, ainsi qu'un mal-être permanent, le sentiment insupportable de ne pas être un homme mais un monstre qu'aucune femme ne pourra jamais aimer et qui ne pourra jamais avoir une vie normale.
Pour cacher cette douleur, il s'est forgé une carapace de colère, de sarcasmes et de froideur, et malgré son physique impressionnant et sa beauté, il reste indifférent à l'effet qu'il peut produire sur les femmes. Au fil du temps, il s'est enfermé dans une solitude morose (et souvent alcoolisée). Malgré ce portrait qui peut paraître peu attrayant, j'ai immédiatement ressenti de l'empathie pour Lucas car on sait ce qui le rend comme ça, et je n'ai pas pu le trouver antipathique. Au contraire, je l'ai trouvé extrêmement touchant, et ses réactions au contact d'Anabelle n'ont fait que renforcer mon attachement à ce personnage.
La rencontre entre ces deux êtres abîmés par la vie et à la sensibilité exacerbée se fera de façon inattendue, et surtout très surprenante pour eux, car à ce moment-là, ils se révéleront l'un à l'autre leur pouvoir, leur vraie nature, sans le faire exprès. Dès lors, plus rien ne sera comme avant pour eux. La surprise passée, ils n'auront qu'une envie : se revoir et en savoir plus l'un sur l'autre. Mais surtout, ils auront cette merveilleuse sensation, pour la première fois de leur vie, de ne plus être seuls.
En effet, Anabelle découvre qu'elle n'est pas l'unique être au monde à avoir des pouvoirs, et qu'il y a toute une communauté de gens devant lesquels elle peut se dévoiler sans crainte. Quant à Lucas, il se sent enfin apaisé. Dès qu'Anabelle est présente, il est transformé : sa colère s'évanouit, ses traits perdent leur apparente froideur, il semble en paix et de fait, il se réconcilie réellement avec sa nature, car il comprend immédiatement, instinctivement, qu'il a enfin trouvé une femme qui ne le verra pas comme un monstre, mais qui aimera ses deux facettes. Sa douceur, sa grâce, sa timidité, son physique tout en finesse... il aime tout chez elle, et il ne se sent beau et digne d'être aimé qu'à travers ses yeux à elle.
J'ai vraiment aimé ce mélange de fantastique et de romance, ainsi que l'écriture simple et poétique à la fois. C'est du fantastique très proche de la nature et des éléments, et j'ai trouvé que cet aspect était non seulement très agréable, mais aussi très bien amené, par petites touches, progressivement, de façon à nous donner l'impression que tout cela était normal, naturel.
Quant à la romance, elle est toute mignonne, toute douce, très touchante. de plus, il n'y a quasiment pas de scène de sexe, et la seule que l'auteur s'est permise est très soft, plus suggérée que vraiment décrite. Et ça, c'est très appréciable ! de même, le fait que la romance arrive assez tard dans l'intrigue m'a bien plu, car du coup, l'histoire n'était pas centrée uniquement dessus -même si tout était fait pour nous y amener.
J'ai savouré tout ce qui se passe avant leur rencontre, le fait que l'auteur prenne bien son temps pour installer le décor, l'ambiance, et surtout, les personnages. Avant qu'ils ne se retrouvent face à face, dans une scène très belle et d'une étrange intensité, on les connaît déjà très bien chacun de leur côté, et cela apporte un plus dans la compréhension de leur comportement et de leurs réactions.
Malgré cela, les deux personnages principaux m'ont un tout petit peu agacée par leur tendance à s'auto-interdire d'être heureux, comme ça arrive souvent dans les romances, mais heureusement, ça n'a pas duré longtemps.
En toute fin du roman, l'auteur met en place les éléments qui préparent la suite, et l'on sent bien que des problèmes s'annoncent non seulement pour nos deux tourtereaux mais pour toute la communauté qui les entoure, l'île où se déroule l'histoire et surtout pour la forêt qui en occupe une grande partie et qui est tellement importante dans cette histoire qu'elle en est presque un personnage à part entière.
Donc, à suivre...
Conclusion : Un roman qui mêle adroitement fantastique et romance, avec une histoire captivante, des personnages très attachants, et un style tout en douceur et poésie. Un premier tome réussi.
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Elle se surprend à faire un pas vers l'animal qui esquisse d'abord un mouvement de recul, puis poste fermement ses pattes dans le sol dans uns position d'observation et de défi. La jeune femme avance encore. Elle progresse lentement, mais sans trembler. À quelques centimètres de la bête, elle tend la main pour caresser sa fourrure.
Un instant, elle se demande si elle n'est pas un peu trop téméraire. Mais cette réflexion n'arrête pas sa main qui disparaît dans le poil de la bête, épais et doux. Elle frôle la peau chaude et croit percevoir un frisson chez l'animal qui baisse le museau sur son bras pour en humer l'odeur et plisse les yeux comme le ferait un gros chat.
La lumière décline. Oui, la nuit arrive. Il y a quelques semaines, elle annonçait l’habituelle fin du jour. La nuit était synonyme de repos. Elle était l’ombre bienveillante qui veillait sur le sommeil d’Annabelle. La nuit était une retraite : elle cachait les être étranges et révélait sous d’autres traits, inquiétants, les créatures ordinaires.
Un instant elle se demande si elle n'est pas un peu trop téméraire. Mais cette réflexion n'arrête pas sa main qui disparaît dans le poil de la bête, épais et doux. Elle frôle la peau chaudeet croit percevoir un frisson chez l'animal qui baisse le museau sur son bras pour en humer l'odeur et plisse les yeux comme le ferais un gros chat.