Rien ne saurait entraver l'amour que l'on peut porter aux siens, des liens du sang aux amis, le courage et la volonté de s'affranchir des épreuves qui jalonnent les chemins, de croire en sa propre étoile, il ne suffit pas de le dire mais d'agir, de se secouer, de laisser passer des orages, de savoir profiter des instants de joie quand ils veulent bien se manifester, de rebondir plus haut et plus fort, d'essuyer des larmes de tristesse qui surgissent inopinément, on est tous à la recherche d'une paix, qu'elle soit intérieure ou en sauvetage désespérée, cela commence par des petits bonheurs, ceux-ci pourraient finalement devenir ... si grands !
Je mets un point d'honneur à alterner des lectures alternatives entre fiction, inspirée ou non d'histoire vécue et de témoignages vrais, pour reprendre la ligne directrice de la page de l'auteure, ne jamais oublier, dénoncer pour comprendre comment les choses ont-elles pu déraper, sensibiliser pour mettre en exergue des thèmes tabous, garder des traces du passé afin de vivre avec et de regarder enfin devant, c'est tout à la fois ce qui motive la philosophie de ce roman d'une incroyable énergie forçant le respect, je remercie
Murielle Toy pour sa confiance de me l'avoir proposé ainsi que son éditeur Histoire D'être pour l'envoi.
Cette histoire d'Iris, femme de gendarme, mère au foyer, elle nous concerne tous, que l'on soit ou non parents, que l'on ait ou pas des enfants, qu'on a été confronté directement ou pas à ce qui va se révéler comme une onde de choc, c'était pourtant un jour de vacances comme les autres, une discussion anodine et tout va s'emballer, il y aura désormais un avant et un après ...
Comment trouver la force et le courage de rester debout quand tout se ligue contre vous, quand toutes les institutions administratives démontrent des failles dans leur système, même ses prétendues meilleures amies qui vous lâchent au moment où elles devraient vous soutenir, le laxisme des uns contraste avec l'hypocrisie des autres, ce cri d'une mère indignée et révoltée, je l'ai ressenti et l'ai entendu, des pensées intimes aux tourments intérieurs, mon coeur de lecteur a vibré et se souviendra longtemps, difficile de rester indifférent dans son combat quand on est hypersensible, Iris s'exprime, comme souvent dans les récits inspirés de vécu, à la première personne, une expérience traumatisante peut prendre une toute autre résonance si les mots fusent et sonnent vrai, l'oiseau laisse échapper une plume pour foncer dans le tas et ne pas s'embarrasser de facilités narratives, ni de tire-larmes, un style direct et sans concession, pas de demi-mots, il faut percuter les consciences, ne pas prendre de gants quand c'est tout l'avenir de son enfant qui est en train de basculer, quand c'est tout une famille touchée de plein fouet, un engrenage terrible et terrifiant qui va durer plusieurs années.
Le combat farouche d'une mère, l'instinct maternel n'est jamais aussi bouleversant lorsque tout semble se figer autour de soi, à la recherche de la moindre lucarne de lumière, on n'imagine pas ces periodes d'impuissance face à l'immobilisme, la solitude des êtres, les nuits à hurler en silence pour ne pas réveiller la maisonnée, toute cette douleur sans fin, l'attente interminable des décisions de justice, les désillusions s'enchaînent depuis trop longtemps, puiser au fond de soi jusqu'à absorber toute son énergie, l'accablement devant l'absurdité de la situation, quand l'indicible touche la chair de sa chair, il est des mots qui n'ont plus de raison d'être.
Le portrait d'une famille au bord de l'éclatement, le silence du père interpelle mais comme tout un chacun, la psychologie permet d'appréhender des récurrences, l'enfance brisée et les conséquences irréparables, personne n'est épargnée, c'est pourquoi ce roman brille sur plusieurs terrains, celui de rétablir la vérité, prêcher le faux pour obtenir le vrai, la parole de l'un contre l'autre mais à additionner un et un, le constat est juste sans appel !
Vous découvrez bien assez tôt l'origine du drame, ce qui va rapidement devenir le théâtre quotidien d'un parcours du combattant digne d'une héroïne des temps modernes, une audace à faire pâlir même les plus endurcis des personnes rompues à l'exercice, un récit parfois insoutenable mais indispensable pour crever l'abcès, tout ce qui touche à l'enfance demande une attention et une délicatesse à double épreuve, tout le monde y est passé et peut donc éprouver quelque peu empathie et compassion pour toutes les jeunes victimes de harcèlement ou pire.
Briser la loi du silence, le chemin de la reconstruction est long, entre résilience et l'amour blessé, la vie de Kevin défie toute les craintes et incertitudes, le risque de sombrer corps et âme ne tient souvent qu'à un fil, discorde et injustice défilent dans ce boulevard du crépuscule mais rien n'est jamais perdu quand une voix s'élèvera et soulèvera des montagnes, Iris parviendra-t-elle à défendre sa famille au détriment parfois de sa santé et surtout aura-t-elle suffisamment de mental pour mener la mission d'une vie, son sacerdoce et finalement le sacrifice ultime.
Sauver son fils.
Les petits bonheurs sont si grands regorgent de leçons de vie, dans le regard de l'autre ou dans l'écoute, je me suis d'autant plus senti concerné de par mon statut de travailleur handicapé, ce qui est arrivé à Kevin est un sommet d'incompétence à plusieurs niveaux, l'auteure se garde bien, et c'est tout à son honneur, de porter un jugement radical mais de proposer une autre approche, de choisir la voie de la sagesse, de privilégier le dialogue quitte à raviver des souvenirs douloureux, de tendre la main plutôt que de répondre par la violence en rendant coup pour coup, c'est le plus beau métier du monde, et tout le monde s'accorde à défendre l'idée, le rôle d'une mère de famille, Iris en est l'une de ces plus belles rencontres.
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