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Gérard Marino (Traducteur)Gilbert Dagron (Préfacier, etc.)
EAN : 9782251380995
288 pages
Les Belles Lettres (04/09/2009)
4.12/5   21 notes
Résumé :
428 est une année sans autre événement mémorable que la chute du royaume d'Arménie, perdu aux confins d'un Empire romain déclinant. Pourtant, cette année ordinaire est loin d'être une année sans histoire : rien n'est fait, rien n'est joué, tout est en train de se faire. Le paganisme s'étiole avec panache, les nouveaux gouvernants ont des noms qui quelques années auparavant auraient semblé barbares. Les temps changent, imperceptiblement : le crépuscule de l'Antiquité... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Voici une approche historique intéressante : l'arrêt sur image. Nous sommes en 428. Après plusieurs siècles de domination, Rome agonise lentement. Par extraordinaire, cette année-ci est plutôt calme. Pas d'invasion, pas de grosse guerre... Un petit fait en apparence presque anodin tout de même, noté en une ou deux phrases par les chroniqueurs : le dernier roi d'Arménie est déposé. Un roi devenu totalement fantoche, d'un royaume en fait gouverné par les grands féodaux, mais un petit royaume faisant tampon entre les deux superpuissances de l'époque : l'empire romain et l'empire perse sassanide.

L'auteur part de cet évènement pour nous peindre, d'Est en Ouest et avec clarté, l'état de ce qu'il reste de l'empire romain. Un sacré boulot, car il est totalement inextricable. En externe, les grandes invasions ont tout bouleversé. Certains peuples, les Wisigoths et les Vandales notamment, ont accepté de devenir vassaux de Rome contre des terres ; mais la faiblesse de l'empire rend cette tutelle assez théorique. Un nouveau système politique se met peu à peu en place.

En interne, il est encore plus compliqué. Les périodes de stabilité politique sont rares. Entre l'empire d'occident et celui d'orient (dont la capitale n'est même plus Rome mais Ravenne) demeurent des liens complexes. Mais surtout, le christianisme s'est imposé comme religion d'Etat, bouleversant le rapport au pouvoir traditionnel. Ce qui ne veut pas dire que le paganisme ne résiste pas, notamment à Athènes ; mais c'est surtout entre chrétiens que les choses sont invraisemblablement compliquées. Les querelles christologiques font rage, les excommunications pleuvent ; rivalités politiques et inimitiés personnelles s'y mêlent. Persécutions et autodafés se succèdent.

En somme, de nouvelles structures et un nouvel ordre émergent péniblement du chaos provoqué par l'effondrement progressif des anciennes. le passage de l'empire romain au Moyen-Âge est un gros trou noir pour beaucoup de personnes – moi compris je dois dire. Ce livre m'a permis d'y voir un peu plus clair dans le processus complexe qui mena de l'un à l'autre.

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Un panorama passionnant de l'Empire romain à son crépuscule


496, 1492, 1789, si ces dates nous rappellent de grands événements historiques, qu'en est-il de 428 ? À vrai dire c'est une année on ne peut plus ordinaire en Europe. Plutôt que de nous parler d'un grand évènement ou de mouvements qui se poursuivent sur plusieurs siècles, l'historien Giusto Traina choisit une approche originale en nous emmenant faire un grand tour du bassin méditerranéen au milieu de cette période très peu abordée et relativement méconnue qu'est l'Antiquité tardive.


On y retrouve un empire romain divisé en deux, christianisé, affaibli mais pas pour autant à l'agonie. Sa partie occidentale tiendra encore une cinquantaine d'années, l'empire romain d'orient, lui, survivra sur plus d'un millénaire. Province par province, on suit les faits politiques, militaires, sociétaux et religieux de l'époque : À Constantinople, une lutte venimeuse se joue entre la pieuse et intransigeante soeur de l'empereur d'orient Théodose et son épouse plus tolérante vis-à-vis des païens. En Égypte, les incursions des berbères de Lybie se multiplient tandis que dans les villes, le christianisme se fait de plus en plus en plus dur vis-à-vis des religions traditionnelles et que le saint et ascète Siméon le stylite séduit les foules en restant perché en haut d'une colonne. À Athènes en revanche, le néo-platonisme résiste et jouit d'un certain prestige. Évènement le plus marquant de cette année, en Arménie, le dernier roi de cet état chrétien, qui joue le rôle de tampon entre l'Empire romain et la Perse, est déposé et les Sassanides prennent de facto le contrôle de la région. En occident, la crise que traverse l'empire se fait plus sensible : l'empereur n'est qu'un enfant et c'est, de fait la reine-mère Galla Placidia et la cour qui tiennent le pouvoir. La capitale n'est plus Rome, encore convalescente après sa mise à sac 18 ans plus tôt mais s'est déplacée à Ravenne. Peu à peu, les romains évoluent et rejettent les moeurs classiques : les théâtres et les cirques sont critiqués et abandonnés, les thermes sont maintenant désignés comme des lieux de luxure et de péché tandis que les anciens temples sont souvent reconvertis en monastères. Les barbares, eux se romanisent... en partie. Il nait, en Espagne et en Gaulle, des communautés et des royaumes, qui, vassaux sur le papier, deviennent plus ou moins indépendants du pouvoir central. Sur le plan militaire, Aetius, général victorieux et étoile montante de l'armée impériale, retarde l'inéluctable débâcle et reconquiert des territoires perdus quelques années plus tôt. Bref, c'est un espace diversifié et foisonnant dans lequel on est transporté. Loin des clichés manichéens et des images d'Epinal, l'auteur nous fait découvrir cette époque trouble avec toutes ses nuances et démontre, s'il le fallait, que les années « ordinaires » comme cette fameuse année 428 n'en sont pas pour autant inintéressantes.


Pour qui est curieux de l'Histoire, le livre est aussi passionnant qu'édifiant. C'est un voyage incroyable dans cet âge bâtard entre Antiquité et Moyen-âge et on revient encore plus curieux qu'on y est venu avec une longue liste de recherches à faire pour compléter cette lecture. le livre est, de plus, tout à fait accessible et devrait faire le bonheur tant du néophyte que du lecteur chevronné sur l'histoire de l'antiquité. Un seul menu reproche : des notes de bas de pages trop nombreuses et la bibliographie surabondante (sans doute une marque de rigueur de l'historien) n'apportent rien au lecteur lambda que je suis et occupent un bon tiers de l'espace du livre.


J'ai beaucoup aimé ce livre et j'ai trouvé intéressante et originale la démarche de cet auteur. Je recommande l'ouvrage à tous les amateurs d'Histoire. Un grand merci à PhilippeCastellain pour sa critique du 10 juin qui m'a permis de découvrir ce livre.
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Giusto Traina est universitaire, professeur d'histoire ancienne. Il s'agit donc d'un livre d'Histoire sérieux bourré de bibliographie et de notes (100 pages). Ce livre n'est pourtant pas inaccessible au profane, des cartes permettent de s'orienter dans les toponymes parfois oubliés.

Pourquoi l'auteur a-t-il choisi cette année 428? La réponse est dans le titre : une année ordinaire dans l'Empire romain.
le roi d'Arménie est déposé, incapable, à la demande des nobles arméniens, fin d'une dynastie.
Nestorius, évêque d'Antioche, vient prendre le poste d'évêque à Constantinople. Nous suivons son périple de Syrie à la Ville, traversant l'Anatolie.  Nous allons, d'ailleurs, beaucoup voyager au cours de cette lecture, dans l'empire et à ses frontières - limes.

A la tête de l'Empire d'Orient, se trouve Théodose II, entouré de sa soeur Pulchérie et de sa femme Eudoxie. Les controverses religieuses sont vives entre courants monachisme et ecclésiastiques, des conciles se réunissent pour éliminer les hérésies, Theodorius sera d'ailleurs déposé au concile d'Ephèse (431)  . On rencontre en Syrie Siméon le stylite qui attire les foules perché sur sa colonne de 9 m de haut, Rabboula,  d'une rigueur ostentatoire.  A côté de l'orthodoxie l'arianisme est adopté par les Goths, manichéisme et zoroastrisme viennent de Perse et ont des adeptes. le paganisme est encore vivace, sous forme de syncrétisme parfois, ou plus officiellement à Athènes où les philosophes font encore école. Eudoxie, l'impératrice est grecque et ne s'est convertie au christianisme à son mariage. Les controverses religieuses m'ont paru assez absconses pour la non-spécialiste que je suis et j'ai parfois lu en diagonale. 

A la tête de l'Empire d'Occident : Valentinien III est le cousin de Théodose II. mais on note la forte personnalité de Galla Placidia, fille de Théodose Ier et mère de Valentinien. La capitale politique de l'Empire d'Occident est Ravenne . A Rome, règne le pape Celestin et les sénateurs se réunissent encore. le paganisme résiste encore. La ville se remet du sac d'Alaric (410) et se reconstruit. 

Les Barbares ne menacent pas encore l'Italie, si les Burgondes sont installés en Aquitaine, le général Aetius remporte en 428 une victoire à Cologne et à Mayence sur les Francs. D'ailleurs les armées d'Aetius sont souvent composées de barbares, des Huns.
En 428 Gunderic, roi Vandale, s'empare de Séville. Les Vandales étaient établis en Espagne avant de déferler sur l'Afrique du nord. Ils étaient convertis à l'arianisme. 

En Afrique du nord, nous rencontrons Saint Augustin, évêque d'Hippone âgé de 74 ans. 

Nous avons ainsi fait un tour de la Méditerranée avant de nous intéresser à l'Egypte où Cyrille, adversaire des Juifs et des païens dirige une véritable milice à Alexandrie. le christianisme se développe dans les fractions populaires non hellénisées en une église copte. Chenouté abbé des communautés cénobites du Monastère Blanc et un représentant du peuple opprimé. le Ramasseum et les temples païens sont martelés. mais il reste encore des traces des religions préchrétiennes. le temple d'Isis à Philae est encore ouvert au culte. 

De l'Egypte on passe en Palestine avant de terminer le périple en Perse...

Un beau voyage! 
Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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L'auteur a choisi une méthode assez originale pour aborder l'histoire. Ici, pas de recentrage sur une région particulière de l'Empire, pas de monographie d'un personnage. Il nous convie au contraire à une photographie à un instant T à travers l'ensemble des terres de l'Empire. Cette démarche est assez rare, mais elle permet d'avoir une bonne vue d'ensemble et de mettre en relation les hommes et les zones géographiques entre eux. le danger dans ce type d'ouvrage est en effet de juxtaposer les monographies sans pour autant mettre en valeur ce qui les relie. L'auteur évite bien cet écueil et du coup nous trace un portrait très vivant de cette année 428. Il met particulièrement bien en avant l'intérêt que représente à la fois pour la Perse et pour Byzance de la main mise sur le royaume d'Arménie, zone tampon entre les deux grandes puissances de l'époque

A vrai dire j'ai quand même un petit regret. le propos est assez centré sur l'Empire romain d'Orient et d'Occident. J'aurais aimé un peu plus de détails sur l'histoire des Vandales, au-delà de la conquête de Genséric, sur la Bretagne de Vortigern et avoir aussi plus d'information sur la Perse Sassanide.

L'auteur n'en reste pas moins un véritable érudit comme nous le montre tout son récit. Il est particulièrement prolixe sur le développement des hérésies et sait nous montrer les tendances à la dissociation qui se font jour au sein des Eglises.
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Professeur d'histoire ancienne à l'université de Rouen, Giusto Traina nous offre un panorama des différents espaces géographiques du monde romain. Pour chaque lieu clé, l'historien nous conte les divers évènements et micro-évènements qui se sont déroulés en 428. On découvre ainsi, au cours de cette année, les enjeux de l'empire romain qui est en pleine transition. 428 est en effet une date « ordinaire » qui montre bien les conflits et les transformations que doit subir le monde romain. A travers des lieux tels les bords du Nil et des personnages comme Saint Augustin, Giusto Traina nous fait découvrir un peu plus de l'Antiquité Tardive. C'est un livre que j'ai trouvé très ludique et, pourtant, très instructif. J'ai donc beaucoup aimé cet ouvrage et je le recommande chaudement.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Malgré les changements en cours, la Rome du pape et des lieux saints n'avait pas complètement éclipsé celle des fastes impériaux. La ville était encore le siège du sénat, et beaucoup de ses membres, indépendamment de leurs convictions religieuses, s'efforçaient de défendre la tradition. L'autonomie politique des sénateurs s'était considérablement réduite et leur paganisme ne se manifestait que par les interventions, plus ou moins tolérées, d'un cercle restreint de sénateurs, qui tentaient de préserver les hauts lieux de la Ville. Cependant, le sénat n'était pas pour autant ravalé au rang d'assemblée municipale de Rome.
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La condition de fonctionnaire impérial était avantageuse, mais cette profession n'était pas sans danger. Si le responsable d'un bureau égarait des documents d'archive, il risquait la peine de mort et seul un miracle pouvait le sauver.
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Les textes chrétiens ou d'inspiration chrétienne, qui représentent la plupart des sources, laissent dans l'ombre la persistance du paganisme, ou n'en parlent que pour exalter la lutte implacable des "athlètes du Christ" contre les fantômes du passé.
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Dans l'Antiquité tardive, le temps n'était pas le même pour tous les hommes et n'avait pas à leurs yeux la même importance. (p.24)
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Video de Giusto Traina (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Giusto Traina
Giusto Traina dresse l'histoire de la mauvaise réception de l'Antiquité, traquant et commentant avec malice interprétations fantaisistes et orientées, récupérations politiques, élucubrations discutables et autres affirmations erronées.
En librairie le 15 septembre 2023. Pour plus de détails, cliquez ici (https://www.lesbelleslettres.com/livre/9782251454764/le-livre-noir-des-classiques).
Dans la catégorie : Italie et Rome antiqueVoir plus
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