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Critique de LeFeuilleteurDeLivres


Dans la plaine de Carrhes (Haute Mésopotamie), le 9 juin 53 av. J.-C., l'armée romaine connaît l'un des plus grands désastres militaires de son histoire. Les légions romaines menées par Marcus Licinius Crassus, pourtant supérieures en nombre, essuient une défaite cuisante, d'autant plus humiliante que – fait assez rare dans l'histoire de Rome – les enseignes sont prises.

Les textes classiques nous permettant de restituer le déroulement de la bataille n'offrent qu'une vision partielle (occidentale) ; il nous manquera toujours le pendant oriental. En outre, les sources sont en désaccord sur de nombreux points ; elles ne permettent pas de restituer l'ensemble de la bataille, de pénétrer complètement la stratégie de Crassus et encore moins celle des Parthes.

Toutefois, en replaçant les textes dans leur contexte de production, en analysant la position politique et les intentions des auteurs (en ayant à l'esprit, par exemple, que la principale source sur le sujet, la Vie de Crassus de Plutarque est une oeuvre « biographique » et non « historiographique », genres nettement distincts dans l'esprit des Anciens), il semble qu'on puisse trouver, sinon matière à une reconstitution précise des évènements, l'occasion d'explorer « certains aspects historiques et historiographiques (…) d'une complexité fascinante ». C'est à ce formidable voyage que nous convie Giusto Traina.

Si les sources accablent Crassus, l'auteur propose – sans nier la part de responsabilité du général – de pousser plus loin la reconstitution de cette campagne militaire, bien plus complexe qu'elle n'apparaît sous la plume des Anciens.

Carrhes, dans la mémoire des Romains, figurait à la fois comme la preuve de la nécessité d'arrêter l'expansion vers l'est pour la gloire et le pouvoir, entreprise nulla belli causa, et comme un outrage à effacer, une vengeance à consommer.

La description de la bataille n'occupe qu'une quinzaine de pages. Tout l'intérêt de ce livre – outre l'analyse de la bataille proprement dite et des forces en présence – est de présenter brillamment l'« avant » et l'« après » Carrhes, replaçant cette défaite historique dans le contexte de la fin de la République, avec tous les bouleversements que les Romains connurent alors, et même au-delà, avec une analyse de la mémoire de la bataille sous le Principat.
La lecture de ce livre est en outre enrichie par une quinzaine de figures, dont des cartes et des schémas de la bataille.
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