AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Ninilechat


Minh Tran Huy est française... et c'est une figure du monde littéraire. Elle a été rédactrice en chef adjointe au Magazine littéraire, et chroniqueuse sur diverses émissions (Des mots de minuit, le Bateau Livre...) Mais le Vietnam a toujours été là -n'est ce pas le cas pour tous les descendants des boat people et autres, qui ont gardé au coeur la nostalgie du pays des ancêtres?
Dans son premier roman, La Princesse et le Pêcheur, finaliste du Goncourt du premier roman et du prix des Cinq continents, prix Gironde Nouvelles écritures 2008, on rencontre les contes traditionnels vietnamiens. Son livre suivant est d'ailleurs un recueil de contes, le Lac né en une nuit et autres légendes du Vietnam.
Dans Les inconsolés, l'héroïne, Lise, est une métisse. Ce roman ambitieux est une histoire d'amour sans avenir -mais une grande histoire d'amour-, qui flirte avec le thriller (qui est cette "autre" qui rédige un chapitre sur deux?, et puis, on commence quand même par une scène où un cadavre lesté est abandonné aux fonds d'un étang....) et peut être avec une histoire de fantôme (chinois....?)
Un intérêt de ce roman réside dans une description fine et intelligente des rapports sociaux. En effet les parents de Lise, tous les deux ingénieurs, sont issus de milieux modestes: la mère, française, de petits paysans; le père, vietnamien, lui aussi de travailleurs de la terre. de plus, il a quitté son pays natal dans des conditions dramatiques. L'un et l'autre n'ont pas vraiment intégré leur changement de classe sociale. Ils continuent à vivre en "petit", à acheter des vêtements bon marché; on va faire du ski: mais en louant l'appartement le plus minable possible, alors que leur salaire leur permettrait d'avoir un train de vie bien plus confortable. Je trouve que cette analyse de la difficulté du passage de milieux sociaux n'a pas si souvent été décrite avec cette acuité.
Ce couple, il n'est pas bien dans sa peau. Pourquoi est il si mutique, ce père? Si indifférent à sa famille? Qu'y a t-il eu, dans son passé extrême-oriental, qui explique ce repli sur lui même? Et pourquoi cette mère, qui est cependant aimante, passe t-elle son temps à dévaluer la petite Lise, très typée vietnamienne alors que sa soeur aînée a droit à tous les compliments?
Pourtant, Lise qui se pense moche et sans intérêt va vivre une grande histoire passionnelle avec Louis, rejeton d'une famille richissime et prédestiné à une brillante carrière dans les affaires, alors qu'elle même, passionnée de culture, s'oriente vers le journalisme. Là encore, l'opposition des deux milieux sociaux ne manque pas d'intérêt. Louis certes fait de belles études; mais il n'a aucun intérêt pour la culture au sens large. Ils s'aiment passionnément; ils ne feront jamais un couple.
A côté donc d'une histoire sentimentale un peu convenue, on peut apprécier l'analyse psycho-sociologique faite par Minh Tran Huy. Ce que je lui reprocherais? Au moins cinquante pages de trop. Certes, le livre n'est pas très épais mais il aurait gagné à être encore allégé. L'auteur ressasse un peu trop, par exemple, les relations difficiles entre Linh et sa mère. On a compris! Et puis aussi, un peu de pédanterie.... que d'allusions à des écrivains, des peintres ou des films de cinémathèque: derrière la très cultivée Lise, on voit bien que se cache la très très cultivée Minh Tran Huy...
Quant à l'écriture, elle est agréable.
Commenter  J’apprécie          50



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}