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EAN : 9782859205775
101 pages
Le Castor Astral (01/10/2004)
3.42/5   12 notes
Résumé :

" Ma vie. " Quand je pense à ces mots, je vois devant moi un rayon de lumière. Et, à y regarder de plus près, je remarque que cette lumière a la forme d'une comète et que celle-ci est pourvue d'une tête et d'une queue. Son extrémité la plus lumineuse, celle de la tête, est celle de l'enfance et des années de formation. Le noyau, donc sa partie la plus concentrée, correspond à la prime enfanc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
« Ma vie. Quand je pense à ces mots, je vois devant moi un rayon de lumière. »
Avec ces mots Tomas Tranströmer amorce la narration autobiographique de ses années d'enfance et invite le lecteur à pénétrer dans son cercle de lumière, cette « comète » qui ravive l'éclat des souvenirs de ses premières expériences de jeune garçon dans les années 1930-1940.

La lecture du récit autobiographique du poète suédois, récompensé par le Prix Nobel de Littérature en 2011 est émouvante à plus d'un titre.
D'abord parce que le texte est l'unique ouvrage en prose de Tomas Tranströmer ce qui le dote d'une valeur fondamentale lorsque l'on sait que le poète est réputé pour sa production restreinte malgré le succès de ses oeuvres traduites en près de 60 langues.

Ensuite parce que ce manuscrit n'était pas au départ destiné aux lecteurs, mais aux deux filles de l'auteur, ce qui lui confère un caractère encore plus intime et personnel, une proximité touchante et pudique, l'impression de faire partie de l'entourage de l'auteur, de partager à travers l'espace et le temps, le legs d'un échantillon de vie, de la naissance du premier souvenir à 3 ans jusqu'à la parution à 17 ans des premiers poèmes dans le journal du collège.

Enfin parce qu'un accident vasculaire cérébral survenu en 1990, peu après la composition de ce texte, a placé l'auteur dans l'incapacité d'entreprendre plus avant la rédaction de ses mémoires, la commotion l'ayant laissé paralysé du côté droit et atteint d'importants troubles du langage.
A la lumière de ce tragique évènement, la brièveté du récit, qui ne concerne que les années d'enfance - de la naissance de Transtörmer en 1931 à la fin de la classe terminale en 1948 -, résonne avec encore plus d'intensité et accentue d'autant plus l'émotion que l'on peut retirer de cette lecture.

Construit par fragments, « Les souvenirs m'observent » se développe au gré de thèmes particuliers par lesquels se fond « un choix de sentiments qui subitement s'enflamment » pour révéler la personnalité de l'auteur : le musée, l'école primaire, la guerre, les bibliothèques, le collège, l'exorcisme et le latin, tous ces thèmes jouant un rôle fondamental dans la construction de l'enfant et le développement du poète en devenir.

C'est avec beaucoup de simplicité et de pudeur que Tomas Tranströmer dévoile ses années d'enfance : sa naissance à Stockholm en 1931, le divorce de ses parents et la crainte de paraître différent aux yeux de ses camarades, son attirance pour les bibliothèques et les musées, son penchant pour les disciplines plutôt scientifiques, son âme de collectionneur, l'éducation dispensée sévèrement dans les établissements scolaires de l'époque, son rejet du nazisme malgré son jeune âge et son irritation devant l'attitude « d'une troublante neutralité de la Suède face à l'Allemagne »…
L'amour pour l'Art et les Belles Lettres ne transparaît quasiment pas dans cette période d'apprentissage où Tomas Transtörmer se rêve davantage en explorateur ou en entomologiste qu'en poète !
Cette disposition à la poésie, qui comblera par la suite toute son existence, apparaît aux alentours de ses 16 ans avec sa scolarité au collège et la découverte des oeuvres classiques en latin et des vers d'Horace, ou ceux plus modernes de Paul Eluard.
Le récit s'achève malheureusement au moment où la poésie entre totalement dans la vie de l'adolescent et se clôt avec la publication de ses premières productions poétiques dans le journal du collège en 1948.

La narration bienveillante de cette enfance somme toute ordinaire, qui ressemble à tant d'autres, a le pouvoir de retenir et de fasciner tant elle tisse une proximité avec le lecteur, un peu comme on partagerait les souvenirs d'un proche ou d'un membre de la famille.
De plus, les sentiments et les impressions que l'on vit à cet âge - fierté, peur, doute, camaraderie -, chacun les expérimente à un moment donné de son enfance ; identification ou projection se font alors naturellement, permettant de créer une bulle d'intimité et de partage entre le lecteur et le poète.

S'il ne dévoile pas le travail artistique et poétique de l'auteur, le récit autobiographique « Les souvenirs m'observent » donne cependant la vision d'un homme de valeur, accessible, authentique et sincère, et offre une belle lecture, chaleureuse, chargée d'émotion et de sensibilité.

Le chapitre de cette enfance heureuse et généreuse se referme avec les tous premiers poèmes de jeunesse du Prix Nobel, tels ces quelques vers comme une conclusion au temps passé:

En ce pauvre et bel instant qui lutte
Contre l'armée des secondes
Et se noie dans les remous
Mais me survit pourtant
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Un petit livre sur un présentoir avec la mention « Prix Nobel de littérature 2011 », ça m'intrigue. le nom de l'auteur m'est inconnu. le titre « Les souvenirs m'observent » et sur la couverture une série de portraits d'un garçon de 11 ans me poussent à lire cet ouvrage. Dans ce volume, l'auteur nous livre en quelques chapitres, les souvenirs les plus marquants de sa vie et le livre s'achève par une série de poèmes de cet homme dont les qualités littéraires ont été reconnues de la Suède au Japon, de la Chine aux Etats-Unis. Une véritable découverte qui me donne envie d'en savoir plus sur cet auteur. G
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
On a toujours l’impression d’être plus jeune qu’on est.
Je porte en moi tous mes visages passés, comme un arbre ses cernes.
C’est leur somme qui fait de moi ce que je suis.
Le miroir ne reflète que mon dernier visage, pourtant je reconnais tous ceux qui l’ont précédé.
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Je porte en moi tous mes visages passés, comme un arbre ses cernes. C'est leur somme qui fait de moi ce que je suis.
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Je porte en moi tout mes visages passés comme un arbre ses cernes, c'est leur somme qui fait de moi ce que je suis, le miroir ne reflète que mon dernier visage, pourtant je connais tout ceux qui l'ont précédé.
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Durant ces mois obscurs, ma vie n’a scintillé que lorsque
je faisais l’amour avec toi.
Comme la luciole qui s’allume et s’éteint, s’allume et s’éteint
– nous pouvons par instants suivre son chemin
dans la nuit parmi les oliviers

Durant ces mois obscurs, ma vie est restée affalée et inerte
alors que mon corps s’en allait droit vers toi.
la nuit, le ciel hurlait.
En cachette, nous tirions le lait du cosmos, pour survivre
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Videos de Tomas Tranströmer (12) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Tomas Tranströmer
« Rares sont les auteurs suédois qui ont joué un rôle dans la littérature mondiale. Swedenborg (1688-1772) fut l'un d'eux […]. Un autre fut le Strindberg (1849-1912) des dernières années […]. » (Kjell Espmark)
« La voix de Tomas Tranströmer (1931-2015) est celle d'un homme de notre temps, un homme dont les poèmes nous apprennent qu'il a voyagé […] ; un homme qui est surtout très ordinairement père de deux enfants, qui prend sa voiture pour se rendre à son travail, dort parfois dans des hôtels, et plus souvent encore dans sa propre maison en Suède. […] Rien là qu'un lecteur de cette fin de siècle n'ait pu vivre lui-même. […] […] ses poèmes nous semblent […] un « parti pris des choses ». […] Un monde complexe s'étend sur la page : ainsi la nature suédoise, rugueuse sans être inhospitalière - des fortes profondes, des racines tortueuses, des fjords semblables à des déchirures dans la terre, des pierres partout, la neige surtout. […] Tranströmer ne se voue pas, en le recensant, à la banalité du monde contemporain. […] Trop humble, Tranströmer, c'est-à-dire trop rieur ; il déclarait discrètement éprouver ce litige en évoquant toutes ces « choses qu'on ne peut écrire ni passer sous silence » […] Qu'elle soit métaphore, analogie ou comparaison, l'image redouble la chose, la sort de cette indifférence où le langage que Tranströmer dit « conventionnel » la tient ; la sort de son idiotie en lui donnant un reflet, cette différence dont notre regard nécessairement la doue. Sans doute ce langage « conventionnel » suffit-il à désigner les objets que nous plions à nos usages : leur silence, c'est-à-dire leur façon d'être absents des mots, signale assez notre familiarité avec eux. Mais lorsque soudain nous réalisons leur présence dans son épaisseur et sa différence véritables, alors leur altérité radicale nous apparaît. Ni les noms communs ni nos usages quotidiens n'épuisent ce surplus […]. Ce surplus est l'appel auquel l'image répond […]. Réaliser, c'est prendre conscience et rendre réel ; c'est réponde à la nécessité que deux vérités s'approchent, « l'une de l'intérieur, l'autre de l'extérieur », l'une dicible, l'autre visible, et dialoguent par-delà leur séparation. […] Tel est le sens du face-à-face que crée la poésie. […] le pouvoir infini de création verbale qu'exprime l'image poétique est la métaphore de notre rapport infini au monde. Par lui, nous accédons à la conscience de ce qui nous dépasse. […] » (Renaud Ego)
« […]
Un an avant ma mort, j'enverrai quatre psaumes à le recherche de Dieu. Mais cela commence ici.
Un chant sur ce qui nous est proche.
Ce qui nous est proche.
Champ de bataille intérieur où nous les Os des Morts nous battons pour parvenir à vivre.
(Tomas, Tranströmer, Un artiste dans le nord) »
0:00 - Les pierres 0:45 - Kyrie 1:19 - de la montagne 2:03 - Sombres cartes postales II 2:20 - Haïkus I 2:31 - Haïkus X 2:45 - Générique
Référence bibliographique : Tomas Tranströmer, Baltiques, traduit par Jacques Outin, Éditions Gallimard, 2004
Image d'illustration : https://sis.modernamuseet.se/objects/83349/tomas-transtromer
Bande sonore originale : So I'm An Islander - Lonely Secrets We Had Lonely Secrets We Had by So I'm An Islander is licensed under a CC BY-SA 3.0 Attribution-ShareAlike license.
Site : https://www.free-stock-music.com/soimanislander-lovely-secrets-we-had.html
#TomasTranströmer #Baltiques #PoésieSuédoise
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