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Critique de chocobogirl


Madrid, fin des années 80. Paco Cortès, écrivain de roman policier, termine sa dernière oeuvre avec passion.

"Les dernières phrases résonnèrent dans la tête de leur créateur comme les accords d'une symphonie proche de l'apothéose, juste avant que la salve d'applaudissement n'éclate."

Mais Paco est plutôt un looser. Sa femme l'a quitté à cause de son infidélité et il croit dur comme fer pouvoir la récupérer à base de fleurs et de pension alimentaire. Il ne comprend pas que sa passion pour le roman policier fait obstacle à tout réconciliation.
Car Paco est passionné par le crime. Il pond des intrigues à la pelle dans des intrigues pleines de clichés.

" Tout doit parfaitement coller dans un roman policier, sinon, on s'arrange pour que ça colle. Un roman policier est comparable à une comptabilité scrupuleusement tenue : au bout du compte, il faut que ça tombe juste. Or, pour obtenir un tel résultat, le bon auteur de littérature criminelle a des as dans sa manche. Un peu comme un tricheur."

"A Madrid, on commettait un assassinat à la fois, tous les trente-six du mois. Pas l'ombre de cette merveille d'hécatombe où quinze ou vingt bonhommes clamsaient, truffés de balles, dans le bon décor, avec le bon mobile, les bons suspects, comme savait si bien le faire le maitre des maitres, Raymond Chandler. Vingt morts dans un bled de cinq mille habitants, le rêve ! Ici, il fallait se décarcasser pour arriver à tirer quellque chose des passages à tabac dans les bureaux de la Guardia Civil avec leur crucifix flanqué de la photo du Caudillo et de celle de Primo de Rivera, l'Absent... Soporifique au possible. "

Auteur bas de gamme, il se contente de publier en série des romans convenus chez un éditeur plus intéressé par leurs ventes que par leur qualité littéraire...

" Alors Paco, qu'est-ce que tu en dis ? Tu me fais un polar et un roman à l'eau de rose, en attendant que je trouve quelqu'un. Après tout, pour toi, torcher une merde noire ou une merde rose, c'est du pareil au même."

De plus, sa passion l'a conduit à animer un club fermé d'amateurs : Les amis du crime parfait où ces derniers débattent théorie policière et construisent de faux crime parfait (c'est à dire dont on n'aurait pas assez de preuves pour accuser l'assassin ). Chaque membre y porte le surnom d'un héros de la littérature policière : Maigret, sherlock Holmes, Miss Marple, Perry mason,...

Nous allons donc suivre ce petit groupe pendant une période agité de l'Espagne, lors de la tentative de coup d'état qui rappellera à certains la guerre civile.
Leur quotidien se déroule lentement, ponctué de quelques accros : la brouille de Paco avec son éditeur et sa décision de devenir détective, ses tentatives pathétiques pour retrouver sa femme, la fidélité de Modesto, en admiration devant son oeuvre, l'assassinat de son beau-père dont il va être soupçonné, la passion de l'un pour les armes à feu, celle de l'autre pour une jeune femme,...
Bref rien de bien enthousiasmant...
En effet, il faudra attendre la page 230 sur 363 ( ! ) pour que l'action bouge quelque peu. Paco décide de retrouver l'assassin de son beau-père et se lance dans une enquête digne des intrigues qu'il créait. Pistes, déductions, indices, témoignages des prévenus,... Paco se croit dans un de ses romans.
Alors le crime sera-t'il parfait ? je vous laisse le découvrir !

Je dois dire que cette lecture ne m'a pas vraiment emballée... Beaucoup d'ennui face à une histoire qui ne décolle pas. L'idée de départ me paraissait originale mais je ressors déçue de ma lecture.
On y trouve pourtant de bons passages humoristiques où les éditeurs et les policiers en prennent pour leur grade.

" Modesto revint à 10 heures le lendemain matin (...), comme l'inspecteur le lui avait indiqué. C'était l'heure à laquelle le commissaire divisionnaire chargé de l'enquête (...) prenait son service. Effectivement, il arriva à 11h30. "

"...la police, composée en fin de compte de fonctionnaires ayant un faible pour la bureaucratie, n'est jamais pressée, elle aime les détours autant que les délinquants aiment les raccourcis"

mais ces séquences ne suffisent pas à amener un peu d'action dans une histoire qui en manque cruellement. Quel paradoxe pour un texte qui se veut pencher vers l'univers du roman policier !
Le club des amis du crime parfait ne nous donne finalement qu'assez peu d'éléments de leurs discussions et seules quelques pages nous laisse entrevoir leur travail théorique sur le crime, très intéressant ceci dit. L'intrigue, au final, ne tourne pas autour de ce fameux club qui ne sert que de point de départ.
Ce roman n'est d'ailleurs pas à prendre comme un polar mais aussi comme le témoignage d'une époque.
C'est peut-être ce qui rattrape quelque peu le reste : les tensions politiques sont exacerbées et la tentative de coup d'état fait ressurgir dans la tête du peuple les traumatismes de la guerre civile. On y découvrira aussi que les conséquences restent importantes pour les bourreaux comme pour les victimes, même bien des années plus tard, et que l'esprit de vengeance ne s'est pas apaisé devant l'immunité de certains activistes.

Bref c'est un roman qui aurait pu être très original dans son traitement du crime et par l'humour incisif qui point régulièrement dans les dialogues mais qui est, à mon goût, complètement plombé par la lenteur et l'inaction de l'intrigue. Dommage...

Lien : http://legrenierdechoco.over..
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