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EAN : 9782710370369
272 pages
La Table ronde (11/09/2014)
4/5   21 notes
Résumé :

Un enfant voit son père tué à bout portant durant les premières heures de la guerre civile espagnole. Soixante-dix ans plus tard, dans les rues de León, il tombe par hasard sur l'un des phalangistes présents ce jour-là. Le vieux monsieur, entrepreneur à la retraite et notable local, refuse de lui révéler l'endroit où son père a été enterré.

Témoin de cette scène : José Pestaña, professeur d'histoire à l'université et membre d'un groupement po... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
C'est par la voie de la fiction que cet auteur espagnol choisit de revenir sur l'un des épisodes les plus dramatiques de l'histoire de son pays, et en tout cas celui qui marque le plus fortement de son empreinte la société espagnole d'aujourd'hui. C'est en tout cas ce que démontre brillamment ce livre.

Le roman s'ouvre dans la ville de Léon sur une rencontre fortuite. Celle d'un vieil homme avec son fils devenu historien, qui s'est irrémédiablement éloigné de lui, et celle, simultanée, avec un vieil homme qui reconnaît en lui l'un des phalangistes ayant assassiné son propre père en 1936.
S'ensuit une enquête à la fois privée et publique pour découvrir ce qui s'est réellement passé : qui a tiré la balle qui a tué cet homme et qu'a-t-il été fait du corps, jamais retrouvé? Ce qui est particulièrement intéressant dans ce livre, c'est sa façon d'aborder les choses. La profession exercée par l'un des protagonistes - le fils devenu historien pour tenter de comprendre comment son père a pu devenir phalangiste - l'amène à poser un regard distancé sur les événements, alors même qu'il en est parti prenante, l'obligeant par là-même à accomplir le chemin inverse de celui qui l'a amené à choisir une profession qui lui permettait de chercher à comprendre son père sans l'interroger directement. Au-delà de ce cas de schizophrénie individuelle, ce que Trapiello démontre, c'est précisément la difficulté qu'ont les Espagnols à regarder et à évaluer ce pan de leur histoire récente.
Il s'efforce d'apprécier les événements non pas en termes de bons et de mauvais, mais en termes de vaincus et de vainqueurs. Dès lors, on ne peut escamoter le fait que les Républicains ont eux aussi commis des exactions. Mais il est impossible aujourd'hui de leur en faire reproche; on ne peut que les taire pour ne pas leur faire payer deux fois le prix de leur défaite.
Au contraire, il reste primordial de débusquer les vainqueurs d'hier, les franquistes qui ont réussi à faire carrière jusque sous le régime démocratique né après le décès du Caudillo, sans pour autant créer une fracture au sein de la société. Exercice ô combien délicat et périlleux, tant toutes les familles peuvent être encore sensibles au sujet et combien il peut être tentant pour certains de jouer les hérauts d'une Vérité moralement irréprochable... pour mieux servir leurs propres intérêts personnels.

Pour traduire son propos, Trapiello a choisi de recourir à un procédé de narration tout à fait classique, mais qui se révèle ici particulièrement judicieux: en alternant le point de vue des différents protagonistes, il parvient à restituer toute la complexité de la situation et à en faire ressortir toutes les zones d'ombre et les non-dits.

Pas étonnant qu'El pais l'ait élu meilleur livre de l'année, comme le proclame le bandeau qui le ceint.

Lien : http://delphine-olympe.blogs..
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Troublant, émouvant, puissant! C'est par le roman qu'à choisi Andrès Trapeillo de s'intéresser à la guerre d'Espagne.
Un historien, fils de phalangiste, est spécialisé dans la guerre civile espagnole. Il a sans doute choisi cette voie pour tenter de comprendre son père, avec qui il est en désaccord avec ses convictions. Quand, se promenant dans les rues de León, il rencontre celui-ci qui se fait aborder par un vieux paysan qui l'accuse publiquement d'être l'assassin de son père lors de ce terrible chapitre de l'histoire de ce pays. S'en suit alors une quête pour découvrir la vérité historique des faits. Une autre enquête est menée parallèlement par d'autres chercheurs de l'université de León. Les ambitions des uns et des autres sont forts différentes. Les chercheurs entrent ainsi dans une sorte de mauvaise compétition. les uns cherchant d'avantage le scandale et la vengeance des vaincus, Pepe, quand à lui, essaye d'épargner les sensibilités en tentant de rester objectif, malgré que l'histoire touche directement son père et sa famille.
Ici, le narrateur nous conte l'histoire en se plaçant dans chacun de ses personnages. Il emploie la première personne du singulier pour l'ensemble des intervenants, basculant d'un point de vue à l'autre. Chaque chapitre est donc un autre Je.
Au début, ce choix m'a un peu perturbé mais très vite, c'est lui qui donne les couleurs à ce roman. le sujet est délicat, l'Espagne n'a pas encore cicatrisé de ses blessures. Les deux camps ont commis des exactions mais les vaincus, les démocrates républicains, payèrent le plus lourd tribu de cette guerre fratricide. Et puis, quand c'est les idées des fascistes, soutenus par l'église qui l'emporte, nous savons tous que c'est la liberté la première victime.
Plusieurs questions restent sans réponse. Et si cela avaient été eux, les vainqueurs, auraient-ils aussi fait subir des crimes, des tortures et des privations aux réactionnaires? Et si j'avais vécu à cette époque, quel camps aurais-je choisi? Et enfin, qui a voulu cette guerre, uniquement les phalangistes ou les deux partis?
Ce roman historique est lourd de sens, il révèle une Espagne qui n'est encore qu'une jeune démocratie, qui commence seulement à guérir de son histoire. Ce roman vous prend par les tripes, vous colle à la peau et vous émeut du premier au dernier mot. Il est aussi un plaidoyer magnifique sur la profession d'historien, leur responsabilité à tenter d'écrire l'histoire sans être juge et parti.
Au final, que retiendrons nous de l'histoire? Celle qui fut vraiment vécue ou celle écrite par les historiens?
Pour conclure, ce roman est magnifique, absolument à lire.
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Espagne;
Un universitaire, professeur d'histoire, a publié avec succès des ouvrages sur la guerre d'Espagne vécue par la génération de son père;
Un jour de pluie, une rencontre, brève mais intense, entre deux hommes que l'âge et la condition séparent bouleverse l'historien qui oriente ses recherches vers l'événement lointain qui lui est révélé.
La difficulté de l'entreprise et les implications personnelles ne sont pas moindres.
Car il faut bien tenir compte de la situation à partir de 1934 et de la complexité humaine.
Comment aurions-nous réagi?

De quel côté nous serions-nous laissé convaincre et entraîner?

La forme romancée facilite la lecture et le sérieux de l'analyse m'a pleinement satisfaite.
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J'aurais plutôt mis un 3+, mais je ne suis pas vraiment "entrée" dans ce livre pourtant intéressant qui raconte la guerre civile espagnole et ses conséquences jusqu'à l'heure actuelle par les yeux d'un historien, de son père, franquiste engagé très jeune, du reste de sa famille, de son entourage universitaire et du fils d'une victime de cette guerre civile.
Ce livre a le mérite de poser beaucoup de questions.
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Une très belle histoire témoignant des conséquences, aujourd'hui encore, de la guerre civile sur les histoires de famille : beaucoup de secrets, d'incompréhensions générationnelles. le style est intéressant car on passe de la pensée d'un personnage à un autre devant une même situation. La traduction française est réussie et permet d'apprécier ce livre à sa juste valeur. Je recommande !
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critiques presse (1)
Telerama
10 décembre 2014
Dans ce livre bouleversant, élu meilleur roman de l'année 2012 par le quotidien El País, Andrés Trapiello énonce les questions qui, sept décennies plus tard, continuent de tarauder l'Espagne, et notamment celle-ci : comment évaluer les souffrances endurées par les descendants des victimes des deux camps ?
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Ce qui nous importe à nous les historiens, c’est de trouver la bonne distance, ni trop près, ni trop loin. Trop loin, on peine à comprendre ; et à trop approcher les faits qu’on étudie, on risque de les détruire. Robert Capa disait : si votre photo est ratée, c’est que vous n’étiez pas assez près. L’historien est un spectateur qui sait que le monde est tout sauf un théâtre, il doit l’observer à la bonne distance, de face, et droit dans les yeux. Seuls les bourreaux visent la nuque.
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Nous avons transformé les livres d'histoire en fictions et devons maintenant recourir à la fiction pour raconter l'Histoire. Etrange paradoxe. Une chance qu'il nous reste le roman...La littérature doit prendre de la hauteur, or, mon récit ne parvient pas à s'extraire de l'Histoire, et je m'embourbe inéluctablement dans les faits, quand je voudrais les traverser et les laisser derrière moi.
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J'approuve qu'ils aspirent à la république. C'est aussi mon cas. Seulement ce n'est pas dans les fosses communes qu'il faut la gagner, c'est dans les urnes. (p.213)
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On ne peut pas vivre sans se souvenir, mais pour survivre, il faut oublier.
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L'historien a les mêmes ogligations qu'un juge : il doit entendre toutes les parties et ne se laisser ni influencer ni abuser (p.220)
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Video de Andrés Trapiello (1) Voir plusAjouter une vidéo

Andrés Trapiello : Les cahiers de Justo Garcia
Depuis un café à Madrid, Olivier BARROT s'entretient avec Andrés TRAPIELLO au sujet de son roman intitulé "Les cahiers de Justo Garcia" dont l'histoire se déroule durant la guerre civile espagnole.
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