Les préludes et fugues pour orgue de Bach fournissent les exemples les plus probants de points d'orgue, à la condition toutefois qu'ils soient exécutés dans une église ou un temple dont l'acoustique permet un effet d'écho équilibré.
Une fois parvenu au point d'orge, placé en général par Bach quelques mesures avant la fin du prélude ou de la fugue qui le suit, l'interprète s'interrompt, laissant à l'écho le soin de porter le son jusqu'à son expiration, à laquelle fait suite un silence si assourdissant et si présent qu'il porte le sentiment esthétique à des sommets inégalés.
La réalité du quotidien, celle qui est tenue depuis longtemps pour acquise et dont tous les aléas ou presque sont maîtrisés au moyen d'habitudes rapidement prises et de modes de pensée rassurants, qui la regarde encore ? Les artistes, certainement, les philosophes, parfois.
Le summum de l'art du silence est le point d'orgue. Il s'agit d'un arrêt sur une note, jusqu'à ce que le son s'éteigne de lui-même.