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Critique de Serpolette


Le peintre d'aquarelles, c'est Marcel. Et Marcel, c'est un des plus beaux personnages des romans de Michel Tremblay. Un des plus attachants.
Il apparait dans plusieurs volumes des Chroniques du Plateau Mont-Royal : il a d'abord été "l'enfant-fou", qui vit dans son monde, qui parle avec le fantôme de son chat et qui apprend le piano avec d'autres fantômes : de belles dames qui tricotent... Mais sa mère a fini par le faire interner à 23 ans et il a passé sa vie à l'asile.
C'est un vieil homme que l'on retrouve dans le peintre d'aquarelles. Un vieil homme qui peint les montagnes qui lui ont d'abord fait si peur et la mer qu'il n'a jamais vue. Il discute toujours avec des fantômes : celui de sa mère, avec ses cheveux qui flambent, et toujours celui de son chat, Duplessis. Et puis il a des lunettes de soleil, pour se rendre invisible.
Et il décide de tenir son journal. Un journal pour "se faire du bien"... pour "le travail du soulagement".
Le peintre d'aquarelles est donc un récit à la 1ère personne, c'est Marcel qui parle, avec le langage savoureux du Québec que l'on retrouve dans tous les romans de Michel Tremblay. C'est un journal un peu particulier, sans dates (sauf une, pour l'un des derniers chapitres), qui lui sert aussi bien à raconter son quotidien, qu'à parler de peinture, à évoquer des souvenirs ou à s'interroger sur l'effet de ses médicaments. Et à parler de ses fantômes.
Ce qu'il raconte est quelquefois touchant, quelquefois terrible.
J'ai découvert les romans de Michel Tremblay avec le peintre d'aquarelles. Autant dire que j'ai commencé par la fin. Au travers des souvenirs de Marcel, ce qu'on saisit de son enfance, de son internement aussi (sur lequel il ne s'appesantit pas) donne de lui une image tellement émouvante, qu'en refermant le livre je n'avais plus qu'une envie : trouver tous les autres volumes des Chroniques du Plateau Mont-Royal qui parlent de lui. Ce que j'ai fait. Et j'ai relu le peintre d'aquarelles ensuite.
L'histoire de Marcel, c'est celle d'un être pas comme les autres, d'un enfant à la fois aimé et rejeté par sa mère, qui se réfugie dans son monde et qui n'en sortira plus. Dans le peintre d'aquarelles, il a 76 ans. Il peint depuis des années, il expose même ses tableaux dans la galerie d'une femme qui s'est prise d'amitié pour lui. Et désormais il écrit. Au travers de la peinture et de l'écriture, il cherche à déposer ce qui le trouble et à revenir sur l'histoire de sa vie.
Ça donne une succession de très courts chapitres, des récits dans lesquels Marcel écrit comme il parle, mais aussi des dialogues truffés d'expressions en joual, le parler québécois.
Seul bémol pour moi dans ce livre : le dernier chapitre, le "postlude", qui casse pour moi le récit en apportant ce que j'ai vu comme une tentative de le rationnaliser. Mais ce ne sont que les deux dernières pages... quant à moi, j'ai choisi de les oublier...

Les autres romans de Michel Tremblay qui parlent de Marcel :
La grosse femme d'à côté est enceinte. (qui se passe en 1942)
Thérèse et Pierrette à l'école des Saints-Anges. (en 1942)
Le premier quartier de la lune. (en 1952)
Un objet de beauté. (en 1963)
Le peintre d'aquarelles. (en 2016)

J'en oublie peut-être... ;-)
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