Comme dans tout couple, elle et Loïc vivaient des hauts et des bas. Ce n’est pas toujours facile de garder la flamme allumée avec sept enfants.
J’avais énormément de notes et de temps d’enregistrement. Je devais démêler tout ça de façon concise. C’était primordial pour un journaliste de savoir vulgariser ses écrits.
Il ne faut jamais oublier que les victimes d’un meurtrier stimulé par une cause liée à une motivation sont déshumanisées. Elles ne sont que des objets sans valeur nuisibles à la société. Ce qui simplifie la tâche quand vient le temps de décider entre passer à l’acte à nouveau ou non.
Comment un être humain pouvait-il être capable de faire subir une telle abomination à un autre être humain? Il y avait l’acte de tuer. Celui d’humilier sa victime. Et celui de profaner son corps, tel un vulgaire morceau de viande.
Je sais exactement ce que cela représente de faire face à la mort atroce d’un proche. Pour être sincère avec vous, il est faux de prétendre que le temps arrange les choses. On n’oublie jamais. Mais toute cette torture, on finit bel et bien par l’apprivoiser.
Comme nous le disions, il a de l’empathie pour une cause. Il ne tue donc pas simplement pour se procurer du plaisir, sans motivations ni objectifs, tel un psychopathe. Un psychopathe n’a aucun sentiment. Il se nourrit d’émotions fortes et malsaines. Il n’a pas de remords face à ses actes violents, car il ne distingue pas le bien du mal. Il n’a pas de vie sociale. Il manipule les gens, il joue avec eux. Ses victimes sont de vulgaires jouets, sans plus, qui ne méritent ni de vivre ni de mourir. Il s’agit d’un jeu sadique qui l’amuse. Il ne s’agit pas non plus d’un meurtrier qui tue pour un motif matériel, tel qu’une somme d’argent importante. C’est une évidence. Et il ne cherche pas à assouvir ses pulsions sexuelles. Je suis presque certaine que l’autopsie nous apprendra qu’il n’y a eu aucune agression sexuelle sur le corps.
En tant que journaliste, je croyais qu’il y avait des limites à respecter, à ne pas franchir. Rien ne nous obligeait à tout dévoiler. Je pensais aux proches de la victime. En plus, je n’avais reçu aucune indication sur ce que je pouvais ou non divulguer.
Qui ne risque rien n’a rien.
J’aimais bien cet homme à la peau noire comme l’ébène. Toujours à l’heure, matin et soir, peu importait le trafic ou la température. Il jasait juste assez sans s’immiscer dans ma vie personnelle. Seulement quand je lui ouvrais une porte. Il souriait toujours, en plus d’être fort sympathique
Mon beau grand sourire et ma facilité à communiquer en public n’étaient qu’une façade. J’étais observatrice. Ceci étant dit, en tant que journaliste, je pouvais soutirer n’importe quoi à n’importe qui. On me faisait confiance, j’avais la sympathie des gens. Nous méritions tous une oreille attentive. Avec de l’empathie, on réussissait les meilleures enquêtes! Or, j’avais aussi mes points faibles: il m’était difficile de mettre une barrière entre faits et émotions, et je devais faire beaucoup d’efforts pour écrire de la façon la plus concise possible.