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Critique de patatipatata


Dès les premières répliques, j'ai été gagnée par l'enthousiasme de Moan à qui je dois la découverte de cette pièce de Michel Tremblay.

Nous sommes transportés dans les années 1965, au coeur d'un quartier modeste d'une petite ville canadienne, où les femmes, mères de famille sans emploi, étouffées par la routine des taches ménagères ingrates, n'ont pour seul espace de rêve qu'un catalogue. Pas un catalogue de bijoux, de fanfreluches, non ! un catalogue d'objets du quotidien, une sorte de Complainte du Progrès à la Boris Vian.
Pour obtenir un poêle, un frigidaire, un set de cuisine «pis toute la patente», il leur faut donc patiemment collectionner des timbres. Or, Bingo ! l'une d'entre elles gagne un concours. Tout le catalogue d'un coup et un million de vignettes à coller. Pour se faire, elle invite ses soeurs, belles-soeurs et voisines à une «party». Mais tout va partir en vrille assez rapidement. Jalousie, médisance, hypocrisie vont poindre leur nez.

«MARIE-ANGE BROUILLETE . Moé, chus pas contre les timbres, c'est bien commode. Si Y'avait pas les timbres, j'attendrais encore après ma patente pour hacher la viande. Mais chus contre les concours, par exemple !
LISE DE COURVAL . Pourquoi, donc ? Ça rend une famille heureuse !
MARIE-ANGE BROUILLETTE . Peut-être, peut-être, mais ça fait chier les familles qui vivent alentours, par exemple !»

On prie, on récite des neuvaines mais on envie, on se place au-dessus des autres, on se met en colère. On assiste là, à une belle démonstration des sept péchés capitaux !
Les mères se plaignent de leurs filles qui ne pensent qu'à niaiser avec des nonos aux vues (entendez à s'amuser au cinéma avec des gars qui n'ont pas inventer la poudre -je ne garantis pas la traduction-).
Quant aux hommes, les grands absents de cette pièce, on en parle, on en parle ...

La pièce écrite en joual s'entend plus qu'elle ne se lit. Comme si l'auteur avait composé un livret d'opéra. Chaque femme aura droit à son Aria, des monologues où le coeur s'épanche sur les désillusions, la solitude, les drames, les regrets, les rêves déçus, pour venir ensuite se replacer dans le choeur des petites bassesses.
Si on laisse un peu de côté l'exotisme savoureux de la langue et l'humour très présent dans ce texte, on pourrait presque penser que cette pièce est une tragédie déguisée en comédie.
Encore merci à Moan pour ce grand plaisir de lecture.
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