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Critique de bilodoh


Difficile de rendre justice à une pièce de théâtre comme les Belles-soeurs en faisant seulement la lecture, car la mise en scène innovante d'André Brassard a très bien servi le texte et beaucoup contribué à son succès initial, tout comme le talent des grandes comédiennes qui ont incarné les personnages.
C'est une pièce qui marque un moment charnière du développement du théâtre québécois. En rupture d'abord avec la linéarité du théâtre habituel, elle intègre des monologues qui arrêtent l'action et même des choeurs comme dans les tragédies antiques.
Rupture aussi par l'usage du joual, la réhabilitation de la langue populaire qui jusque-là n'avait pas sa place dans le milieu élitiste du théâtre. La scène devient un reflet de société, qui autorise alors des gens ordinaires à s'exprimer et cette prise de parole à l'affirmation de l'identité québécoise. Il faut dire que la pièce a été jouée pour la première fois en 1968, dans le contexte de la révolution tranquille et à une époque d'effervescence internationale.
Rupture aussi par la présence exclusive des femmes, de quinze femmes en même temps! Des femmes à la limite de la caricature, qui racontent, avec un humour tragique, leurs misères, misère de la pauvreté, de l'esclavage d'une vie monotone et sans espoir.
Rupture encore par les thématiques : pas de grands sentiments ou d'émois mystiques, mais la jalousie et la honte, les déchirements et les chicanes mesquines. La pièce aborde aussi des sujets tabous à l'époque comme la sexualité et l'avortement.
Malgré le pathétique des thèmes, ce n'est pas une pièce triste, mais pleine d'humour, avec beaucoup de rythme. Il faut croire que la spécificité du contexte québécois n'empêche pas de toucher l'universel, car l'oeuvre a été traduite dans une vingtaine de langues et jouée un peu partout.
Un classique du théâtre à lire ou encore mieux, à voir sur scène…
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